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DE

BOSSUET

1924.

A ALPHONSE DE VALBELLE.

A Paris, 16 mai 1699.

Si je ne savais, Monseigneur, que vous êtes à présent très bien instruit, et de bonne part, de ce qui se passe ici, je continuerais à me donner l'honneur de vous en écrire; mais je ne puis vous dissimuler ce que je viens de voir. C'est la lettre de convocation de Mgr votre archevêque', où, par une visible affectation, il tâche d'insinuer que le Roi ne demande à votre province que de rendre son mandement commun2; par où il exclut indirectement la

Lettre 1924. L. a. s. des initiales. Collection de Mme veuve Victor Egger, à Paris. Publiée d'abord, mais inexactement, par J. Delort, Voyages aux environs de Paris, 1821, 2 vol. in-8; réimprimée par Labouderie dans les Mélanges publiés par la Société des Bibliophiles français, et par les éditeurs de la Correspondance de Fénelon, t. X, p. 577.

1. Elle se trouve dans la Correspondance de Fénelon, t. X, p. 557. 2. C'est-à-dire que les évêques de sa province adoptent le mandement qu'il a donné. Cette conséquence ne nous paraît pas sortir des paroles de Fénelon: « Je vous envoie une copie de la lettre par laquelle le Roi m'a déclaré ses intentions touchant le bref du Pape qui a condamné mon livre. Vous verrez que Sa Majesté souhaite que nous fassions, dans une assemblée de notre province, ce que j'ai déjà fait en XII - I

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demande inévitable qu'on doit faire au Roi, de la suppression des livres faits en défense. Mais il abuse de ces paroles, et oublie celles où le Roi désire que les provinces procèdent à ce qui est nécessaire à exécuter ponctuellement et avec uniformité la constitution ce qui ne peut subsister sans supprimer ce qui est fait [en] défense d'un livre condamné par le Saint Siège et par son auteur; d'autant plus que tous ces livres, imprimés sans permission et de la seule autorité privée, par eux-mêmes sont rejetables, selon les règles de la police. Je n'ai rien à ajouter, sur cela, à ce que dit le procès-verbal de notre province, et si M. de Cambrai semble en être instruit, il montrera qu'il adhère encore à son livre, puisqu'il s'oppose à la suppression de ce qui est fait pour sa défense. Il est vrai que Rome ne les a pas condamnés, ni même eu le temps de les examiner. Mais il est de droit de condamner les défenses des mauvais livres, et, outre cela, Rome condamnant le livre de l'Explication ex connexione sententiarum, elle condamne par conséquent les interprétations faites en défense de ce même livre'.

mon particulier par mon mandement, pour recevoir et accepter le bref. Pour moi, Monseigneur, je suis tout prêt à faire cet acte commun, et j'ai toute l'impatience que je dois avoir de finir cette affaire... » (A Valbelle, 3 mai 1699, dans la Correspondance, t. X, p. 557 et 558). La lettre du Roi a été imprimée au tome IX des OEuvres de Fénelon, p. 189. On y lit en propres termes: «... ne doutant pas que vous ne soyez bien aise de faire dans l'assemblée des évêques suffragants de votre métropole ce que vous avez fait en votre particulier... >>

3. Bossuet ici dépasse la mesure. Le Pape a déclaré à plusieurs reprises qu'il n'avait pas entendu condamner les explications de Fénelon (Correspondance, t. X, p. 426, 429, 431, 434-438, 553. Cf. H. Bremond, Apologie pour Fénelon, p. 390).

Vous voyez bien, Monseigneur, combien cela est capital, et combien il regarde le soin des évêques d'ôter des mains des peuples les excuses et apologies d'un livre dont la pratique est pernicieuse, et dont la lecture induit à des erreurs déjà condamnées. Je puis vous assurer que le Roi même a trouvé cela très important et sera bien aise de le faire à la supplication des évêques.

Je suis avec respect, comme vous savez, etc. *. J. B., é. de M.

1925. A L'ABBÉ Renaudot.

A Paris, 16 mai (1699].

Je ne puis tarder davantage à vous rendre grâces, Monsieur, du soin que vous avez pris de me donner part d'une lettre qui me donne en effet beaucoup de joie cela est d'ami, et je le ressens. Au reste, quand il vous plaira que nous ayons quelque conférence, vous me ferez plaisir. Je serai libre dimanche, si vous n'êtes point rebuté du moins d'une médecine que je prends demain. La porte vous sera ouverte toute l'après-dînée.

Je suis à vous, Monsieur, comme vous savez. J. B., é. de Meaux.

Suscription: A Monsieur l'Abbé Renaudot, à la porte Richelieu, à Paris.

4. Comme dans la lettre du 20 mai (p. 14), Bossuet n'achève pas la salutation finale.

Lettre 1925. - L. a. s. des initiales, avec suscription de la main de Ledieu. Inédite. Collection H. de Rothschild. Bossuet fait allusion à une indisposition dont il a été question au t. XI, p. 289-290.

1926.

- A L'ABBÉ BOSSUET.

A Paris, ce 18 mai 1699.

J'ai reçu votre lettre du 28 avril. Le Pape a trop de bonté, et vous ne sauriez trop lui marquer ma vive et profonde reconnaissance.

M. le prince de Vaïni m'a fait voir ce matin, dans une lettre de M. l'abbé Pequigny, les sentiments qu'il vous a fait l'honneur de vous expliquer. Ne partez pas, je vous prie, sans me procurer l'amitié d'un si galant homme, si bien intentionné et si savant.

Je me doutais bien qu'on sentirait à Rome la sécheresse de M. de Cambrai', comme on la sent ici. Il est beau au Pape d'avoir dit qu'il sent mieux qu'il ne s'explique, et nous le voulons entendre ainsi pour le bien de la paix; mais nous serons secrètement attentifs à ses démarches.

Je vous envoie à toutes fins le procès-verbal de notre assemblée, avant qu'il s'imprime. Tenez-le fort caché ne le montrez à qui que ce soit qu'à M. Phelipeaux, et qu'il n'en sorte de vos mains aucune copie. J'espère qu'il fera honneur à notre métropolitain et à la province'. Entre nous, on y

Lettre 1926. I. Dans son mandement et dans ses lettres au Pape.

2. Il fut imprimé chez Muguet, in-4. A Rome, on fut mécontent de ce qu'il y était dit que les évêques ne sont pas de simples exécuteurs des décrets du Saint Siège (Lettre d'un janséniste, 16 juin 1699, Affaires étrangères, Rome, t. 396, fo 56: « Les défenseurs de l'infaillibilité ne manqueront pas de se récrier là-dessus et tâcheront de

a adouci bien des choses. Outre les fautes de copistes, on y a encore changé des expressions qu'on n'a pas eu le loisir d'y insérer suppléez à

tout.

Vous voyez la lettre de M. Giori', qui donne sujet à la mienne.

Pour votre départ, quand il ne tiendra qu'à attendre quelque huit ou quinze jours pour voir à Rome M. l'ambassadeur, j'y consens; sinon, je remets à votre prudence d'engager l'affaire de votre indult, et d'en venir attendre ici l'événement par le secours de M. de Monaco. J'ai lu ce matin toute votre lettre à M. de Paris, à Conflans, d'où je viens.

J'avais tant de choses à vous écrire la dernière fois, que l'affaire des Bénédictins' m'a échappé. Elle fait pourtant grand bruit parmi les savants. M. de Chartres a paru prévenu contre eux; j'ai tâché de l'apaiser un peu.

Vous aurez les lettres que vous souhaitez pour les cours de Modène et de Savoie.

Votre conversation avec le Pape sur Mme de Maintenon est considérable: il en sera fait mention. Je vais samedi à Versailles; on est à Marly jusqu'à ce temps-là. On ne peut trop marquer l'obligation qu'on a ici à M. le nonce.

rendre odieuse la conduite des évêques et surtout de M. de Paris; mais je crois qu'on avalera tout doucement la pilule »). Cf. p. 11 et 28. 3. Elle n'a pas été conservée. Voir plus loin, p. 63.

4. Maison de campagne des archevêques de Paris.

5. Au sujet de leur édition de saint Augustin. Voir Ingold, Histoire de l'édition bénédictine de saint Augustin, Paris, 1903, in-8 6. Au Roi et à Mme de Maintenon.

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