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Charles Robert, maître des requêtes de 2e classe au conseil d'État.

M. Delangle remplira les fonctions de vice-président de la commission, M. Manceaux, celles de secrétaire, et M. Charles Robert, celles de secrétaire adjoint.

LES CAISSES D'ÉPARGNE ET DE PRÉVOYANCE.

« Au premier rang des institutions destinées à améliorer la condition des classes laborieuses, se trouvent les caisses d'épargne établies dans le but de recevoir les économies de l'ouvrier, de les mettre en sûreté, à l'abri des séductions, et de les faire fructifier à son profit, tout en les tenant sans cesse à sa disposition.

>> Les caisses d'épargne n'existent en France que depuis quarante ans. Les bureaux s'ouvrirent la première fois, à Paris, le 15 novembre 1818. L'Angleterre nous avait devancés et jouissait du bienfait de cette institution depuis 1816.

» En parlant des caisses d'épargne, il y aurait ingratitude à ne pas rappeler le nom de l'homme de bien. qui pendant plus de cinquante ans ne cessa de se vouer à l'amélioration des classes laborieuses. Toutes les mesures favorables à la morale publique, trouvèrent dans M. Benjamin Delessert le plus ardent défenseur. Il poursuivit avec persévérance la suppression de la loterie et des maisons de jeux, il eut la gloire de con

tribuer à leur abolition. Les salles d'asile, l'enseignement primaire, toutes les institutions de nature à rendre le peuple meilleur et plus heureux furent soutenues et encouragées par M. Benjamin Delessert.

>> Parmi ces institutions, il en était une surtout à laquelle il s'était identifié, et qu'il pouvait, à juste titre regarder comme son œuvre, c'était les caisses d'épargne, dont il stimula l'heureuse propagation par ses soins, ses conseils, ses écrits, et qui pendant trente années appelèrent toute sa sollicitude.

» Bienfaiteur de la caisse d'épargne de Paris à son origine, M. Benjamin Delessert a voulu se survivre par un nouvel acte de bienfaisance. Ce généreux citoyen, mort en 1847, a légué à cet établissement 150,000 fr. pour être employés par dons de 50 francs, à la création de trois mille livrets au profit d'ouvriers.

>> Cet excellent homme mettait ainsi une dernière fois en pratique, cette maxime de son livre (le Guide du bonheur). « Le bonheur des riches ne consiste pas >> dans les richesses qu'ils possèdent, mais dans le >> bien qu'ils peuvent faire. »

>> Le peuple, qui sait garder le souvenir de ces hommes vraiment utiles, qui, à de rares intervalles, passent sur la terre en faisant le bien, le peuple n'oubliera pas le nom de Benjamin Delessert.

>> Le point essentiel pour les ouvriers, c'est d'économiser quelque chose, c'est d'économiser une première fois. Un versement à la caisse d'épargne en appelle promptement un autre; il ne s'agit que d'une bonne résolution à prendre 1.

« Vous donc, ouvriers, laboureurs, vignerons, vous » qui vivez d'un salaire annuel ou quotidien, vous qui » avez besoin d'un capital ou d'une avance pour ne >> pas tomber dans le dénûment par un accident, par >> une maladie ou par la vieillesse, vous tous qui voulez » et qui devez avoir un jour, une semaine, un mois, » une année entre la misère et vous! vous qui voulez >> arriver avec assurance à la possession des premiers » besoins de la vie, une maison, un champ, un capital, » une propriété quelconque ! vous qui voulez avoir une >> famille, une femme des enfants, et assurer après >> vous à cette femme, à ces enfants, ce que tout homme » doit à ce qu'il laisse sur la terre, du pain et de l'édu>>cation; apportez chaque semaine, chaque mois, » quelques centimes, quelques francs, à la caisse pro>>ductive ouverte pour vous! vous y trouverez aisance » pour vous et sécurité pour vos enfants; vos épargnes » seront une leçon et un exemple pour eux; l'esprit

1 Louis Bellet, Code-Manuel des ouvriers.

» d'ordre et d'économie produit à la fin morale et >> richesse; le lendemain ne sera pas toujours mena» çant pour vous; et vous aurez le fruit de votre pré» voyance et de votre travail toujours prêt à rentrer » dans vos mains, grossi par le temps et accumulé par >> l'intérêt, et vous viendrez, à l'heure du besoin, puiser » dans le trésor que vous vous serez préparé : il vous >> rendra toujours plus que vous ne lui aurez confié 1. »

Voici ce qu'écrivait il y a déjà longtemps M. Prévost, agent général de la caisse d'épargne de Paris : « Les » caisses d'épargnes introduisent celui qui n'avait rien » dans la classe de ceux qui ont elles l'intéressent à >> la conservation de la fortune commune; elles sont >> donc un élément de paix publique, et cette vérité a » été consacrée avec éclat par ce fait, qu'au milieu des » nombreuses arrestations qui avait lieu quand l'é>> meute semblait en permanence dans les rues de » Paris, pas un des hommes arrêtés n'était titulaire >> d'un livret. » Ces paroles, vraies à cette époque, nous en sommes sûr, le sont encore aujourd'hui.

Voici quelques renseignements que nous puisons dans les RAPPORTS ET Comptes rendus des opérations de la

1 De Lamartine des Caisses d'épargne.

2 Traité sur les caisses d'épargne.

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