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d'un autre avis et me semble quand on voit brûler ou tomber la maison de son voisin qu'on a subject de crainte autant que de compassion, vu que la société humaine est un corps dont tous les membres ont une sympathie, de manière qu'il est impossible que les maladies de l'un ne se communiquent aux autres. Or, ce petit livre contient une police universelle, utile indifféremment à toutes les nations et agréable à ceux qui ont quelque lumière de raison et sentiment d'humanité."

2. LES CAUSES VERITABLES DES GUERRES.

Les mauvaises passions des princes sont, d'après Eméric Crucé, les causes véritables des guerres, et cependant tous ont intérêt à jouir des bienfaits de la paix. Sans doute, il y a des obstacles apparents, mais pourquoi les rois n'engageraient-ils pas, ne pousseraient-ils pas leurs sujets à faire d'utile besogne?

3. L'OCCUPATION LA PLUS UTILE.

Et parmi les occupations, quelle est donc la plus utile? "Ce qui apporte des commodités à une monarchie, ... Bref, il n'y a mestier comparable en utilité à celui de marchand qui accroist légitimement ses moyens aux despens de son travail et souventefois au péril de sa vie, sans endommager n'y offenser personne en quoy il est plus loüable que le soldat dōt l'advancement ne dépend que des déspoüilles et ruines d'autruy." (Le Nouveau Cynée, page 30.)

II. LE COMmerce.

1. L'ETABLISSEMENT DU Commerce.

"Si tant est que nous puissions obtenir une paix universelle, dont le plus beau fruict est l'etablissement du commerce; et partat les Monarques doivent pourveoir, a ce que leur subiects puissent sans aucune crainte trafiquer tant par mer que par terre : ce qu'un chacun pourra aisement faire en son estat particulier."(Le Nouveau Cynée, page 32.)

2. FACILITIES OF TRANSIT.

"Watch must be kept to facilitate the means of communication, not only on the great rivers but also on the smaller, and to render these latter capable of carrying boats, since that underlies all convenience of commerce, so much so that those who have no river, form waterways by artificial means, like the Brabant people, who have dug a canal from Brussels to the Scheldt, in order to communicate more easily with Antwerp."

Crucé proposed to join the seas by means of canals, and asked that works should be carried out with that object in Languedoc, recalling the fact that these had been already promised by Francis I. He points out as a useful work the clearing of waste lands in such countries as Provence and Languedoc, in France, which bear witness to incredible neglect.

3. SAFEGUARDING THE SEAS.

He desired the destruction of haunts of pirates, such as Algiers in Barbary, and he asked that ships of war should safeguard "the highways of the sea."

"What pleasure it would be," he exclaims, "to see men go freely here and there and hold intercourse with one another, without any scruples of country, ceremonies, or other such diversities, as if the earth were, as she really is, a dwelling place (cité) common to all!

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Only the savages could oppose such a policy; but if they wish to continue their brutal ways of living, they will be blockaded, attacked, and killed like poor beasts in their lairs."

III. THE PRACTICAL ARTS.

By the side of commerce ("la negotiation ") he placed the practical arts, such as those of the architect, jeweller, watchmaker, the manufacture of silk and linen, and the other mechanical arts, which, he considers, are in no way inferior to the liberal arts in inventiveness and expertness, and which surpass them in usefulness.

2. LA FACILITATION DES COMMUNICATIONS.

"Il faut veiller à faciliter les communications non seulement des grosses rivières, mais encore des moindres, et rendre celles-ci capables de porter bateaux, attendu qu'en cela gist toute la commodité du commerce, si bien que ceux qui n'ont aucune rivière font venir des eaux par artifice, comme les Brabançons qui ont creusé un canal depuis Bruxelles jusques à l'Escaut, afin de communiquer plus aisément avec Anvers."-(Le Nouveau Cynée, page 33.)

L'auteur propose de joindre les mers; il demande que des travaux soient exécutés à cet effet en Languedoc; il rappelle que déjà François I les promettait. Il signale comme une œuvre utile le défrichement des terres incultes; en France, des pays comme la Provence, le Languedoc, témoignent d'une incroyable négligence.

3. "LES CHEMINS DE LA MER."

Il veut la destruction des repaires des corsaires, tels qu'Alger en Barbarie, et il demande que des navires assurent les chemins de la mer."(Le Nouveau Cynée, pages 41-42.)

"Quel plaisir," s'écrie-t-il, "seroit-ce de voir les hommes aller de part et d'autre librement et communiquer ensemble, sans aucun scrupule de pays, de ceremonies ou d'autres diversitez semblables, comme si la terre estoit ainsi qu'elle est veritablement, une cité commune à tous!"

"Les sauvages seuls pourront s'y opposer, mais s'ils veulent continuer leur façon brutale de vivre, on ira les bloquer, assaillir et tuer comme pauvres bestes dans leurs gistes."

III.-L'INDUSTRIE.

A coté du commerce, de "la negotiation," se placent des metiers, comme l'architecture, l'orfevrerie, l'horlogerie, les ouvrages de soie, les toiles et les autres arts mécaniques, qui, selon l'auteur du Nouveau Cynée, ne le cèdent guère en invention ɔu subtilité aux arts libéraux, et qui les surpassent en utilité.

IV.--THE EXACT SCIENCES.

The exact sciences come next. Eméric Crucé gives the first place amongst these to medicine and mathematics, which "have regard to the utility of life." The pursuit of these he would reserve for those men who are distinguished by the nobility of their birth or by the acuteness of their intellect.

These, then, are some occupations which princes might give to their subjects in order to prevent them from troubling the public quietude through idleness. In this way would disappear the causes and pretexts of war which might present themselves in the interior of states.

V.-HUMAN FRATERNITY AND SOLIDARITY.

To the objection that the diversity of nations will provoke dissensions and conflicts, Crucé replies :—

"Why should a Frenchman wish harm to an Englishman, a Spaniard, or an Indian? I cannot wish it when I consider that they are men like me, that I am subject, like them, to error and sin, and that all nations are bound together by a natural, and, consequently, indissoluble bond, which prevents a man from considering another a stranger, unless he follows the common and inveterate opinion which he has received from his predecessors."

VI.-RELIGIOUS TOLERATION.

He affirms the principles of religious toleration with unusual force.

He also sets forth the absolute necessity of toleration.

VII. THE PROPOSED ORGANISATION.

All this leads up to the definite conclusion that general Peace is possible, that internal obstacles may disappear, and that neither diversities of nation nor differences of religion are legitimate causes of war.

"Suppose," he says, "that Peace is signed to-day, and that it is published to the whole world; how do we know that posterity will ratify the articles? Wills are changeable, and the actions of the men of the present time do not bind their successors. To

IV.-LES SCIENCES.

Viennent aussi les sciences. Eméric Crucé met au premier rang des sciences la médecine et les mathématiques, qui "regardent l'utilité de la vie." Il en réserve la culture aux hommes distingués par la noblesse de leur race ou par la subtilité de leur esprit.

Il est donc des occupations que les princes pourront donner à leurs sujets afin d'empêcher que, par oisiveté, ils ne troublent le repos public. Ainsi disparassient les causes et les prétextes de guerre qui peuvent se présenter à l'intérieur des Etats.

V.-LA FRATERNITÉ ET LA SOLIDARITÉ HUMAINES.

Que si l'on objecte que la diversité de pays provoquera des dissensions et des luttes, Crucé répond:

"Pourquoy moy qui suis François voudray-je du mal à un Anglois, Espagnol ou Indien? Je ne le puis quand je considère qu'ils sont hommes comme moy, que je suis subject comme eux à erreur et péché, et que toutes les nations sont associées par un lien naturel et conséquemment indissoluble, qui fait qu'un homme ne peut reputer un autre estrangier, si ce n'est en suivant l'opinion commune et invétérée qu'il a reçue de ses prédécesseurs."

VI. LA TOLERANCE RELIGIeuse.

Les principes de tolérance religieuse sont affirmés avec une rare vigueur. Il expose aussi la nécessité absolue de la tolérance.

VII.-L'ORGANISATION DE LA PAIX PERPÉtuelle.

La conclusion est précise, c'est que la paix générale est possible, que les obstacles intérieurs peuvent disparaitre et que ni diversité de nation, ni différence de religion ne constituent des causes légitimes de guerre.

SON PLAN:

"Posez le cas que la Paix auiourd'huy soit signée, qu'elle soit publiee en plein theatre du monde : Que scavons-nous si la posterité en voudra emologuer les articles? Les volōtez sont

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