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tions d'un premier être, de sa providence, de l'immortalité de notre ame, de la réalité

d'une vie future, où la vertu recevra sa récompense, et le crime son châtiment.

Mais je sais aussi, et l'histoire de toutes les nations, l'exemple de tous les philosophes m'ont appris que ces vérités solennelles ont été, ou presque méconnues, ou étrangement altérées, par-tout où la lumière de l'Evangile n'a pas pénétré; et que, sur ces points si importans pour le bonheur de l'homme et pour la vertu, le Christianisme seul a mis fin aux disputes scandaleuses des Philosophes, et fixé invariablement la eroyance des peuples.

Il est incontestable que le genre humain doit à J. C. la connoissance des vrais principes de la religion naturelle. Quelques Philosophes en avoient entrevu une partie, comme d'autres avoient soupçonné le mou vement de la terre autour du soleil. C'étoient des conjectures, plutôt que des découvertes: leur doctrine demeura renfermée dans leurs écoles, et ne corrigea point les erreurs populaires. Celui-là seul est l'inventeur d'une vérité qui la prouve et qui la persuade, J. C. a prouvé par ses miracles les vérités

fondamentales de la Religion et de la morale, comme Copernic et Galilée ont prouvé le mouvement de la terre par les observations et les calculs astronomiques.

Ce n'est pas par la voie de la philosophic et du raisonnement, c'est par l'autorité de la Révélation, que le genre humain, si longtemps partagé entre la superstition et l'impiété, s'est élevé enfin à la connoissance du vrai Dieu. Détruisez cette autorité, ne donnez au peuple d'autres maîtres que les Philosophes, et bientôt vous verrez renaître les incertitudes, les systèmes, les erreurs les plus

monstrueuses.

Non, me répondront, avec l'auteur d'Emile, quelques philosophes hypocrites, ou plus modérés, nous ne voulons pas détruire la Révélation, nous ne voulons que l'épurer, en la dégageant de ces dogmes incompréhensibles qui blessent la raison, et de ces institutions positives qui surchargent la morale de devoirs inutiles au bonheur des hommes:

,,Qu'on soit juste, il suffit, le reste est arbitraire." (*) Nous rejetons les mystères et les rites du Christianisme, mais nous conservons soi(*) Voltaire.

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gneusement tous les dogmes, ettous les préceptes naturels de l'Evangile.

Si je raisonnois en Théologien, je demanderois à ces réformateurs, de quel droit ils font un choix parmi des vérités également révélées, et dès-lors, également nécessaires; et pourquoi, méconnoissant le principal objet de la Religion, qui est de nous préparer à la vie future, ils la réduisent à n'être que l'instrument de la politique, Mais, je veux bien moi-même ne l'envisager que sous ce rapport; et je soutiens, qu'en séparant la théologie et la morale naturelle des dogmes et des préceptes particuliers au Christianisme, on enlève à la Religion toute son influence ľ sur les moeurs et sur l'ordre public.

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La preuve n'en est pas difficile. Du moment que vous avez appris au peuple à ne plus croire tout ce que lui enseignoit la Religion, il est évident qu'il ne croira plus rien sur l'autorité seule de la Religion, et qu'il ne vous restera pour le convaincre que la voie du raisonnement qui, en matière de religion et de morale, n'a jamais conduit les nations. qu'à l'erreur. Le peuple, pour qui tous les dogmes sont des mystères, tous les préceptes une gêne importune, ne respectera pas plus

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les dogmes et les préceptes naturels, que les Il les res dogmes et les préceptes révélés.

pectera d'autant moins, que vos raisonne mens, combattus d'ailleurs par les sophismes de l'Athée et du Matérialiste, ne seront pour lui qu'une métaphysique inintelligible.

Les dogmes révélés, malgré leur incom préhensibilité, lui donnoient de la Divinité une idée plus sensible et plus touchante que Le Dieu du Christiales dogmes naturels. nisme étoit plus présent à son esprit et à son coeur que le Dieu de la philosophie. L'Etre suprême est un objet de contemplation: le bon Dieu, un objet d'amour. Les préceptes positifs forment nos moeurs et nos habitudes: ils nous préparent à la pratique des devoirs naturels: ils nous rappellent continuelle ment à la Religion que les affaires et les pas sions tendent sans cesse à nous faire oublier. De l'observation de ces préceptes naît la piété, et la piété nourrit et conserve la religion, fait aimer la vertu, apprend à supporter les peines de la vie, que dis-je ? elle les convertit en biens: elle agrandit l'ame, la remplit des plus doux sentimens, et la rend capable des actions les plus héroïques.

Une religion abstraite et philosophique

ne fixeroit point les esprits, n'attacheroit point les coeurs. Elle n'auroit point d'empire sur l'homme, puisqu'elle ne seroit que la raison de l'homme, c'est-à-dire, l'homme lui-même se créant à son gré un système de doctrine et de morale. Chacun y ajoutant, ou en retranchant, selon son caractère, ses goûts et ses idées, elle n'offriroit ni stabilité, ni uniformité, et dégénéreroit pour les uns en impiété, pour les autres en fanatisme, ou en superstition. Quand nous accorderions qu'une pareille religion peut suffire à un Sage, on sent assez qu'elle ne peut convenir à la multitude; et c'est à la multitude qu'il importe, dans les vues de la politique, de donner une religion.

Il en est de la Religion, comme des lois. Les lois naturelles ne suffisent pas toutes seules pour maintenir l'ordre parmi les hommes. Il a fallu y ajouter les lois positives, sans lesquelles les lois naturelles ne seroient ni assez connues, ni assez respectées. Il faut aussi que les dogmes et les préceptes de la religion naturelle soient fixés, promul gués et consacrés par une religion positive. S'il n'y avoit pas une religion positive et des

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