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sance civile ne pouvoit réprimer. Elles rapprochoient, à des époques marquées, les habitans de divers cantons divisés par des animosités invétérées; et les rassemblemens qui se formoient, en ces occasions, contribuerent infiniment au progrès du commerce, et à la splendeur des villes, dont nos barbares ancêtres, dédaignoient le séjour. Dans les temps plus modernes, les fêtes chrétiennes adoucisspient les moeurs des habitans de la campagne, Elles donnoient au peuple des idées d'ordre et de décence: elles écartoient, par des pratiques et des sentimens de religion, le danger de l'oisiveté parmi des hommes grossiers, naturellement portés à chercher le plaisir dans la débauche. Dans ses réjouissances, comme dans ses peines, le peuple a besoin de savoir qu'il est sous l'oeil de la Divinité.

Ces fêtes républicaines, que nos philosophes imitateurs ont empruntées de l'ancienne Grèce, ne conviennent ni à nos moeurs, ni à nos idées, ni à notre climat. Elles manquent essentiellement d'intérêt,, parce quelles ne tiennent pas, commme chez les Grecs, à la Religion. Aussi, dans leur nouveauté même, elles n'ont amuse que la plus

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vile populace, et déjà elles trouveroient à peine des spectateurs, si la tyrannie n'en 'avoit pas fait des lois, et si, au défaut de l'amour, la crainte n'amenoit pas des adorateurs aux pieds de l'idole de la Républi que.

Mais en même temps qu'elle force le peuple français à célébrer des fêtes qui ne lui rappellent que des forfaits, la tyrannie directoriale lui interdit celles dont la conscience lui fait un devoir, et qui seules, au milieu de tant de malheurs, pouvoient soutenir son courage, et lui faire goûter quelque consolation. "Le calendrier républicain constamment repoussé par l'habitude, et par Topinion publique, s'établit par la violence; et chez un peuple qui se dit libre et Souve rain, dans un pays, où la liberté de conscience est proclamée comme loi fondamentale, le Chrétien est forcé de donner au travail les jours que sa religion consacre au répos et à la prière.

Combien est aveugle le fanatisme de l'irréligion! Pour effacer jusqu'au dernier vestige de la foi de leurs pères, les législateurs de la Révolution abolissent un calendrier, qui, au mérite de l'exactitude astrono

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mique joignoit l'avantage inappréciable d'étré commun à toutes les nations de l'Europe; et an risque évident de porter la confusion dans l'histoire et dans les transactions du commer ce, ils imaginent une manière de compter les temps, et une nomenclature des mois qui ne peuvent convenir qu'au climat et aux productions de la France, et qui les séparent, en quelque sorte, de toutes les nations civilisées.

L'abolition du culte catholique en France emporte l'abolition de tout culte, de toute religion, de toute morale. Il ne faut pas comparer cette proscription du Catholi cisme avec la révolution qui s'est faite, au seizième siècle, dans quelques Etats de l'Europe. Luther, Zuingle, Calvin ont porté à l'antique doctrine de l'Eglise des atteintes. mortelles: mais ils ont respecté les principes fondamentaux du Christianisme. Dans toutes les communions protestantes, l'Evangile a continué d'être révéré comme un livre divin. La religion catholique a été proscrite dans quelques pays, et le Christianisme s'y est maintenu avec les vérités morales qui intéressent essentiellement l'ordre politique.

Mais, en France, ce n'est pas à l'Eglise

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catholique seulement, c'est au Christianismile qu'on a déclaré la guerre; et avec le Christianisme tomberont tous les principes religieux eť moraux.~ ́~ ́Car le Christianisme peut bien succéder à une autre religion, mais nulle autre religion ne peut succéder au Christianisme, parce que hulle autre religion ne presente des preuves plus solides, et des caractères de divinité plus éclatais. En vain, comme je l'ai déjà dit, l'on s'efforceroit de remplacer la reli"gion révélée par le Deisife, le Theophilantropisme, ou la religion naturelle: une doctrine qui n'a ni principes arrêtés, ni culte, ni ninistres, ni autorite ne deviendra jamais une religion populaire.

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C'etcit par le Christianisme que le per ple tenoit à ces premiers principes que la philosophie n'a jamais su ni établir, ni dé fendre. Il croyoit en Dieu, à la vertu, à une autre vie, parce qu'il croyoit en J. C. et en son Eglise. Il n'abjurera le Christianisme, que pour se plonger sans remords dans la plus grossière immoralité. Il sera plus corrompu, sans être plus éclairé. Au lieu de croire par habitude des dogmes qui le contenoient dans le devoir, il adoptera sur parole, et sans les comprendre, des opinions

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qui laissent un libre cours à tous les vices, Encore trouvoit-il au fond de son coeur, et dans la voix de sa conscience la preuve de ces principes, ou si l'on veut, de ces préjugés conservateurs de la vertu et de l'ordre social; tandis que ces opinions immorales et désastreuses, toujours en opposition avec les sentimens de la nature, et l'intérêt du genre humain, ne trouvent d'appui que dans le voeu, et l'intérêt momentané des passions.

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Moins la Religion sera réprimante, dit Montesquieu, plus les lois civiles doivent réprimer. Donc, moins le Gouvernenementmo nement, moins les lois civiles seront réprimantes, plus la Religion doit l'être. La France démocratique peut encore moins se passer de religion, que la France monar chique. Elle en aura d'autant plus besoin, que plusieurs de ses lois, la loi du divorce nommément, tendent visiblement à corrompre la morale publique, et que leur funeste influence ne peut être corrigée que par les lois sévères de la religion catholique.

Si après la perte de moeurs publiques, il restoit encore, quelque chose que l'on pût déplorer, je citerois ces magnifiques éta

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