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dans la suite, soit pour les développer avec plus d'étendue, soit pour les défendre contre les erreurs qui servent de principes à la Révolution française.

CHAPITRE II.

De la Liberté.

jusqu'à

Il n'est point de sentiment plus profondément gravé dans le coeur de l'homme, que l'amour de la liberté: mais, comme tous les autres sentimens naturels, l'amour de la liberté demande à être éclairé et contenu. Jusqu'où s'étend la liberté que la Nature accorde à tous les hommes ? quel point cette liberté naturelle peut-elle être modifiée par les institutions sociales? La réponse à ces deux questions fixera le vrai sens du mot de liberté, qui est un de ces termes équivoques que les chefs de factions jettent au milieu du peuple, pour servir de cri de guerre et de signal à la sédition.

La liberté, dans l'acception la plus étendue, est le droit et le pouvoir de faire ce qu'on veut.

L'homme a-t-il le droit et le pouvoir de

faire tout ce qu'il veut? Non: son droit est borné par la Nature aussi-bien que son pouvoir. Des êtres sujets à l'erreur, et entraînés par des passions ne peuvent prétendre à une liberté illimitée. Si tous avoient le droit de faire tout ce qu'ils voudroient, nul n'en auroit le pouvoir. Les volontés contraires se heurteroient sans cesse: les droits seroient toujours en opposition, et l'effet infaillible de cette lutte de tous contre tous seroit l'anéantissement de tout droit et de toute liberté. La conservation du genre humain, l'intérêt même de chaque individu demandent que la liberté soit renfermée dans des bornes prescrites par une loi. La loi est donc la règle et la mesure de la liberté. Pour savoir jusqu'où s'étend la liberté de l'homme, il faut connoître les lois auxquelles il est soumis.

D'abord il existe pour tout le genre humain une loi fondée sur la nature de l'homme, et sur ses rapports, soit avec l'Auteur de son être, soit avec ses semblables. Cette loi éternelle, immuable, imprescriptible établit une différence entre le pouvoir physique, et le droit, dirige l'em ploi de nos facultés, et fait de l'homme un

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Etre moral. Antérieure à toute autre loi, indépendante de tout fait humain, la loi naturelle n'est autre chose que la raison de Dieu qui, conduisant tous les êtres à leur fin, par des moyens conformes à leur nature, a voulu que le bonheur et la perfection de l'homme dépendissent de l'usage qu'il feroit de sa liberté.

Cette volonté du suprême législateur, la loi naturelle nous est intimée par la raison, par l'instinct moral, et par la conscience. Par la raison qui découvre entre la nature de l'homme, et certaines actions des rapports de convenance, ou de disconvenance non moins réels, non moins invariables, qu'entre les idées dont se forment les axiomes spéculatifs. Par l'instinct moral, ou ces sentimens naturels, ces mouvemens indélibérés, de justice, d'humanité, de compassion, de reconnoissance qui, dans le coeur même du méchant, ne cédent qu'à la passion et à l'intérêt. Par la conscience qui, après l'action, nous cite à son tribunal, nous absout, ou nous condamne, et porte dans notre ame l'espoir ou l'épouvante, la paix: ou le remords.

Une seconde loi qui, comme la première,

émane immédiatement de la Divinité fait de l'homme un Etre réligieux, et lui impose, en cette qualité, des devoirs dont la raison, abandonnée à elle-même, n'auroit pu découvrir qu'une foible partie. Cette loi est connue par la Révélation, et quoique fondée sur des dogmes incompréhensibles pour la raison humaine, elle n'en est pas moins obligatoire, à l'égard de tous ceux à qui elle est annoncée, parce que le fait de la révélation est appuyé sur des preuves certaines, capables de persuader, et de convaincre quiconque cherche la vérité de bonne foi, et sans craindre de la rencontrer. Le fait de la Révélation une fois constaté, ces dogmes que l'esprit humain ne peut concevoir deviennent l'objet d'une foi que la raison elle-même avoue et justifie, et à laquelle nous voyons que les hommes les plus éclairés, les plus sages, les plus vertueux ont toujours fait gloire de se soumettre.

Enfin, obéissant à la voix de la Nature et du besoin, l'homme s'unit à ses semblables et devient un Etre social. Il se lie par des conventions: il acquiert des droits, en s'imposant des devoirs: il consent à obéir, pour être protégé: il rapproche et circons

crit

crit les bornes de la liberté que lui laissoient la nature et la religion.

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Les lois que les hommes se donnent euxmêmes forment le droit politique, le droit civil, et le droit des gens, en ce qu'il ajoute au droit naturel. Le droit politique a pour ob jet les rapports de ceux qui gouvernent, avec ceux qui sont gouvernés: le droit civil, les rapports qu'ont entre eux les membres d'un même Etat: le droit des gens, les rapports de nation à nation.

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Dans la déclaration des droits de l'homme et du citoyen, rédigée par l'assemblée constituante, il est dit, article IV, que la liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui. Ainsi, Ainsi, continue-t-on, l'exercice des droits naturels de chaquè' homme n'a de bornes que celles qui assu"rent aux autres membres de la société la jouissance de ces mêmes droits. Ces bornes ne peuvent être déterminées que par la loi. «

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Cette définition de la liberté est vicieuse, en ce qu'elle ne renferme pas, et que par là même, elle exclut les devoirs que nous prescrivent la loi naturelle et la religion, soit envers Dieu, soit envers nous-mêmes, soit

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