où par la reconnoissance. Mais, quel qu'en ait été le titre primordial, une fois établies par la loi, ou affermies par le temps, cest distinctions de classes, et les priviléges qui en découlent sont des propriétés, d'autant plus sacrées, qu'elles sont liées à l'ordre public, et qu'on ne peut les attaquer, sans ébranler les fondemens de la Constitution. 3 * ་ Dans un Etat ordonné, les prérogatives des premiers rangs défendent et garantis sent les droits des classes inférieures. Un coup frappé sur les premiers ordres menace tous les citoyens. Le principe sacré de la propriété une fois entamé, on ne peut plus dire où s'arrêtera le brigandage. Le décret qui supprimoit en France la noblesse héréditaire, préparoit à la bourgeoisie les réquisitions forcées d'argent, de denrées et de soldats. La différence des rangs forme dans l'Etat une sorte de magistrature, naturelle et indé pendante de l'autorité, dont elle rend l'exer cice plus aisé pour le Souverain, et plus doux pour les sujets. Toutes les conditions reçoivent des conditions supérieures l'exemple de l'obéissance: toutes apprennent à tempérer la rigueur du commandement à l'égard des conditions inférieures. De là naissent ces t 2 (C dule s'emporte, ou se laissé entraîner si facilement. Ce sont des ancres qui retiennent de vaisseau de l'Etat entre deux écueils également redoutables, le despotisme et l'anarchie. S'ils tombent sous les coups du Gouvernement, le prince devient despote; si c'est le peuple qui les anéantit, l'Etat est dissous.. Dans ce dernier cas, l'inégalité naturelle reprend la place de l'inégalité politique. Car la nature est encore plus forte que le peuple... Dans nulle autre Constitution, peut-être, ces pouvoirs intermédiaires n'étoient plus sagement; ménagés que dans la monarchie française. Les trois grands objets de toute association politique, la religion et les moeurs, la défense de l'Etat, le travail et l'industrie. indiquoient le partage naturel des trois ordres, Le Clergé aspiroit à la confiance et à la considération par la vertu et par les lumières, La Noblesse étoit payée de son sang par l'honneur, et par des distinctions qui ne coûtoient rien à l'Etat. La carrière des arts du commerce et des richesses étoit ouverte au Tiers-état, $ Le plus foible de ces jouissoit du premier rang. ordres, le, Clergé C'étoit un hom * mage rendu à la religion; et la saine politique demandoit que cette prérogative fût laissée à celui des trois ordres qui pouvoit le moins en abuser, et qui prenoit ses membres dans les deux autres. Le Clergé avoit conservé le droit de s'imposer lui-même, Loin d'être jaloux de ce privilége, les deux autres ordres devoient y voir un reste précieux de l'ancien droit de la nation, lequel rappeloit sans cesse à nos rois l'origine et la destination des subsides, k 1 7 Les Nobles étoient personnellement exempts de certains impôts: mais leurs biens Y étoient soumis. Ils payoient par les mains E de leurs fermiers. Le Clergé avoit racheté la Capitation, et il remplaçoit le vingtième par le don gratuit. Toutes les impositions indirectes tomboient sur le Clergé et sur la Noblesse, comme sur le Tiers-état. L'inégaE lité dont on se plaignoit, avec raison, dans la répartition des charges publiques, naissoit ! bien moins des priviléges de la Noblesse et du Clergé, que de l'abus du crédit et des richesses. } 4150 i 1 Les trois ordres ne formoient pas des castes separées. Des actions éclatantes, le service militaire, la magistrature, trop sou Des esprits étroits n'envisageoient cette inégalité que comme une source intarissable de jalousies et de débats, soit entre les citoyens, soit avec le Souverain. Ils ne voyoient que les vices des hommes", sans 1 apercevoir la sagesse des institutions. Ils ne comprenoient pas que c'est par la rivalité et l'opposition d'intérêts entre les différens ordres de l'Etat, que se soutient la liberté publique. Une harmonie parfaite, une égalité absolue entre tous les citoyens seroit infailliblement l'effet et la preuve d'une oppression générale, car il seroit insensé de l'attendre de la vertu. 毋 - D'autres réformateurs ont prétendu que l'esprit de corps nuisoit à l'esprit public, et que, pour attacher également tous les citoyens à la patrie, il falloit éteindre ces sociétés particulières, ces corporations qui partageoient les affections que la société géné vale a seule droit de revendiquer. C'étoit bien peu connoître la nature humaine en général, et la nation française en particulier, que de proposer à vingtcinq millions d'hommes, pour unique objet de leur culte et de toutes leurs affections cette idole métaphysique qu'on appelle la patrie. 1 trie. Lycurgue, avoit opéré ce prodige dans une ville petite, pauvre et vertueuse. Mais dans un vaste empire, dans nos temps modernes, avec nos moeurs, nos arts, notre commerce et nos vices, la plupart des hommes tiennent plus à leur famille, et à la petite société, dans laquelle ils ont un rang marqué, et un intérêt sensible et immédiat, qu'à la société générale, dans l'immensité de laquelle ils sont comme perdus. L'art du législateur consiste, non à étouffer les sentimens que la nature nous inspire pour tout ce qui nous approche, mais à les diriger vers un but commun, ensorte que personne ne puisse aimer sa famille, sa profession, sa ville, sa province, sans aimer l'Etat, et que la prospérité publique devienne l'effet infaillible, quoique souvent inaperçu de tout ce que font entreprendre les affections particulières. Il est impossible d'évaluer tous les avantages que procuroit à la France cette multitude de corps ecclésiastiques et civils, dont la gloire et l'intérêt allumoient dans les ames une émulation qu'un intérêt plus général, et dès-lors plus foible, n'auroit pas excitée. Ces admirables institutions ne sont plus. Le ni |