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projet de loi présenté sur l'instruction primaire est adopté par les Chambres, l'instruction primaire se divise en deux degrés : l'un qui représente les connaissances élémentaires dont nulle créature humaine ne peut être privée sans un vrai danger pour elle-même et pour la société; l'autre, plus élevé sans l'être beaucoup, destiné à cette portion du peuple qui sans être riche n'est pas non plus opprimée par l'indigence, et qui a besoin d'une culture un peu plus étendue et plus libérale. Le premier degré, l'instruction primaire inférieure, comprend les écoles dites élémentaires par la nature même de leurs objets; le second degré, l'instruction primaire supérieure, comprend les écoles qu'on nomme bourgeoises parce qu'elles sont faites pour cette partie de la population qu'en Allemagne encore on appelle la bourgeoisie. Ces écoles sont aussi nommées écoles moyennes, parce qu'elles sont intermédiaires entre les écoles élémentaires et les écoles savantes ou gymnases. Ce dernier nom d'école moyenne, tiré de la nature même de la chose, est parfaitement convenable, et déjà le besoin et l'instinct public commencent à le naturaliser en France. J'ai donné ailleurs (1) l'enseignement normal d'une école élémentaire et d'une école moyenne. Ici je n'ai qu'à donner le chiffre total des unes et des autres en Prusse à la fin de 1831.

Dans le tableau ci-annexé, no 4, on verra qu'il y a 22,612 écoles primaires publiques pour les 2,02 1,42 1 enfans qui les fréquentent.

Sur ces 22,612 écoles, il y a 21,789 écoles élémentaires, et 23 écoles moyennes dont 481 pour garçons et

):) Rayport, etc. , page 189 à 199,

342 pour filles. Or, on compte en Prusse 1,021 villes dont 26 seulement ont plus de 10,000 âmes. Ainsi, nonseulement toutes les villes de 10,000 âmes, mais les trois quarts de toutes les villes , ont, outre les écoles élémentaires indispensables à la dernière classe des citoyens, des écoles moyennes pour la bourgeoisie de

ces villes.

Sur le nombre des enfans qui vont aux écoles, les écoles élémentaires sont fréquentées par 987,475 garçons et par 930,459 filles, et les écoles moyennes par 56,889 garçons et par 46,598 filles, ce qui donne la somme totale déjà citée de 1,044,364 garçons et 977,057 filles allant aux écoles. Il faut remarquer qu'en général les écoles élémentaires, surtout dans les campagnes, sont communes aux deux sexes, qui ne sont divisés le plus souvent, au moins dans les classes ioférieures, que par une place distincte dans la même salle, tandis

que

dans les écoles moyennes, toutes les classes de filles et de garçons sont séparées et se font dans des salles différentes, sans aucune communication entre elles.

On compte, terme moyen :

88 enfans pour une école élémentaire, garçons et

filles;
118 enfans pour une école moyenne de

garçons; 136 enfans pour une école moyenne de filles.

Aussi faut-il observer que dans les écoles élémentaires il n'y a ordinairement qu'un seul maître, tandis que dans les écoles moyennes on compte, deux, trois et souvent un plus grand nombre de maîtres et maîtresses. Ceci nous conduit à une dernière considération, celle du nombre des maîtres et maîtresses employés dans les diverses écoles primaires.

Le tableau n° 4 montre que pour les 22,612 écoles publiques, élémentaires et moyennes, de la monarchie, il y a en tout 27,749 maîtres et maîtresses , lesquels sont répartis ainsi qu'il suit :

(22,211 maîtres en titre. 21,789 écoles élémen- 694 maîtresses en titre. taires.

2,014 sous-maîtres et sous

maîtresses.
481 écoles moyennes 1,172 maîtres en titre.
de garçons. 360 sous-maîtres.

538 maîtres en titre.
342 écoles moyennes

289 maîtresses en titre. de filles.

471 sous-maîtres et sous

maîtresses.

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Ces nombres divers donnent un résultat important, savoir, le petit nombre de maîtresses comparé à celui des maîtres. Pour les écoles élémentaires, le nombre de 694 maîtresses, comparé à celui de 22,211 maîtres pour 21,789 écoles, fait voir qu'il n'y a pas une seule école qui n'ait un maître en titre, et je puis-assurer que je n'ai pas trouvé en Prusse une seule école publique qui soit dirigée par une femme. On pense qu'en général le

gouvernement de l'école exige une main virile, sauf au directeur, quand il y a lieu, à s'adjoindre une femme, mais en conservant toujours la direction suprême. Dans les villages, cette femme est ordinairement ou la femme ou la fille du maître d'école. Jamais elle n'est chargée que des leçons accessoires, celles qui se rapportent aux

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travaux de son sexe, et dans les villes, les leçons de chant. Quand l'école est riche et développée. , cette femme a le rang de maîtresse en titre, et il n'y en a que 694 pour les 21,789 écoles élémentaires : or. dinairement, elle n'est qu'une sous-maîtresse, un simple aide pour le directeur. C'est un préjugé, et un préjugé funeste, de croire que, dans des écoles d'externes telles que les écoles publiques, une femme seule soit capable de diriger l'éducation des filles; car alors cette éducation est impossible sur une grande échelle : il se. rait impossible, en effet, de se procurer autant de maîtresses capables qu'il en faudrait pour toutes les classes de filles dans les 21,789 écoles de la monarchie. Il faudrait alors créer des écoles normales pour former des maîtresses d'école, en aussi grand nombre que les écoles normales ordinaires, c'est-à-dire s'imposer des difficultés énormes, et pour un résultat fâcheux; car l'éducation serait loin d'y gagner en gravité, et dans une école de filles, c'est déjà un mauvais enseignement que le spectacle d'une femme qui dirige et d'un homme qui lui sert d'aide. Dans l'école comme dans la famille, le gouvernement appartient à l'homme, et c'est à la femme à l'assister. Il est tout simple que dans les écoles moyennes, qui sont beaucoup plus développées, la part de la femme soit un peu plus grande; aussi voyons-nous ici, pour 342 écoles moyennes de filles, 289 maîtresses. Mais à côté de ces 289 maîtresses sont 538 maîtres. C'est donc toujours un homme qui est à la tête de l'école entière, et c'est toujours lui qui est chargé des leçons les plus importantes. Je regarde cette pratique comme le seul moyen d'avoir des écoles de filles. Mais je me hâte d'ajouter qu'en Prusse comme en Allemagne, la plupart des maîtres

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d'école sont eux-mêmes pères de famille, et qu'ils se marient de bonne heure.

Il ne reste plus qu'à faire connaître les établissemens destinés à préparer des maîtres capables pour les écoles élémentaires et les écoles moyennes ; je veux parler des écoles normales primaires, appelées en Prusse séminaires pour les maîtres d'école ( Schullehrer-Seminarien ).

Il y a deux sortes d'établissemens de ce genre : les petites écoles normales, qui sont en grand nombre, et fort utiles, et qui sont à-peu-près ce que sont ou devraient être nos écoles-modèles; 2° les grandes écoles normales primaires, où le cours d'étude est de deux ou trois ans, et qui comptent chacune de 40 à 100 élèves. Je ne m'occupe ici

que

de ces dernières. Il y en avait, en 1831, 33 en pleine activité, c'est-à-dire, plus qu'il as a de départemens en Prusse, et un département prussien est moins étendu que le nôtre. On verra par le tableau no 5, ci-annexé, la somme des dépenses de chacun de ces grands établissemens, avec la part des départemens et celle de l'État. Cette dernière, à elle seule, est d'environ 331,500 francs, circonstance que jindique afin de donner une idée de l'importance de ces établissemens. Ils fournissent aujourd'hui à-peu-près tous les maîtres des écoles publiques élémentaires et moyennes de la monarchie. J'ajoute que la part de l'Etat dans les dépenses des écoles élémentaires et des écoles moyennes est, d'après un autre tableau annexé au précédent, no 6, d'environ 863,700 francs, ce qui donne en tout 1,194,200 francs, somme considérable pour un pays qui n'a pas 13 millions d'habitans, et dans un système d'instruction primaire où les communes, les départemens et les provinces sont chargées par la loi

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