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Au nom de la Commission chargée de l'examen des

Ouvrages envoyés au concours.

MESSIEURS,

L'an dernier , un de nos honorables collègues, en vous faisant le rapport , au nom de la Commission chargée de l'examen des ouvrages envoyés au concours , exprima le regret que nous devions éprouver de ne pouvoir accorder que des mentions honorables, et, pour tracer une route plus sûre aux écrivains qui voulaient bien répondre à notre appel, il consigna à la fin de son excellent travail le résumé de toutes nos pensées en ce peu de mots : « « Le livre que vous » voulez mettre entre les mains de vos patrones , » Messieurs , doit proposer , à ces jeunes imagina» tions , des exemples et non des règles de mo» rale......... C'est l'enfant qui entre dans la

» vie, et qui la trouve plus difficile que s'il était » conduit et soutenu; il faut le montrer dans ses » hésitations, dans ses fautes, dans ses malheurs,

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pendant qu'il la traverse, avec le travail pour » pain quotidien, les châtiments quand il se livre » au mal, et les récompenses de la conscience et » de la société, quand il résiste et fait courageuse»ment le bien. »

Tel était, Messieurs, notre programme. Votre Commission a dû examiner si les ouvrages que nous avons reçus s'y sont fidèlement conformés.

Cinq nous ont été envoyés. Un seul nous aparu réunir toutes les conditions désirées par nous; je vous en rendrai compte en terminant ce rapport.

Le n° 5, intitulé le Délassement des Ouvriers, a pour but de démontrer par des exemples mis en action, que la morale enseignée par la religion, peut seule rendre heureux et qu'il y a toujours malheur pour ceux qui s'en écartent. Pensée sublime, Messieurs; vous regretterez de ne pouvoir encourager, par un prix, celui qui a voulu la rendre sensible aux enfants, par un développement pratique. Mais malheureusement, la forme est contraire à nos désirs. L'au

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teur a fait neuf nouvelles. Ce plan est trop léger en lui même, et ne laisse pas des impressions assez profondes dans l'esprit des jeunes lecteurs. L'auteur, en relisant les n° 2, 5 et 7, demeurera convaincu que ces charmantes narrations appartiennent à un monde dans lequel ne vivront jamais nos enfants.

Ce dernier reproche s'adresse encore, et avec plus de force au n° 3, Pierre ou les Dangers d'un caractère faible; le style de ce livre est facile et même élégant; mais pourrions-nous mettre dans les mains de nos pupilles, l'histoire d'un jeune homme devenu riche tout à coup, puis trompé par les amis du monde ? Ce sont de ces vérités qu'il ne faut pas chercher à faire descendre, et qui d'ailleurs seraient peu comprises par nos patronés.

Le n° 2, intitulé Georges, Jacques et Joseph, avait reçu au dernier concours, une mention honorable, sous le titre du Contre-Maître. Malgré les corrections et les additions de l'auteur, cet ouvrage, fort intéressant du reste, par la simplicité et la pureté de la morale qu'il enseigne, est peutêtre au dessus de l'intelligence de ceux auxquels il serait destiné. L'action n'est pas assez vive, et il serait à craindre que cet ouvrage manquât de l'at

trait dont les enfants surtout ont si grand besoin pour achever la lecture d'un ouvrage de ce genre.

Les Frères Miran, no 1, présente, dans les premières pages, des scènes de famille tellement touchantes, des détails d'intérieur de ménage tellement suaves, que c'est avec regret qu'on est obligé de reprocher à l'auteur de cette production une suite d'épisodes qui ne se rattachent pas toujours heureusement au sujet, et qui, en faisant perdre de vue les héros du livre, les frères Miran , fatiguent l'attention et nuisent à l'intérêt.

Enfin, Messieurs, Étienne et Valentin , n° 4, a paru , à l'unanimité des membres de votre Commission, une oeuvre bien conçue. L'unité du sujet, les hésitations, les fautes, les malheurs, les compenses de la conscience et de la société, tel était votre programme: l'auteur d'Etienne et Valentin a suivi avec la plus exacte fidélité toutes vos prescriptions; il a voulu peindre deux frères dont l'un n'a pour seul défaut qu'une faiblesse d'amour fraternel, et l'autre, au contraire, enfant gâté (le plus grand malheur qui puisse frapper une éducation), est menteur et hypocrite.

Tous les détails de cet ouvrage respirent la simplicité; l'action s'enchaîne avec facilité; la lecture en est agréable; la morale en est pure. Une grande vérité, chrétienne restera profondément gravée dans le cœur de nos jeunes lecteurs lorsqu'ils auront lu le touchant chapitre de la Prière : cette vérité, c'est que, dans la prière, l'homme peut puiser consolation, force et courage.

Dans l'incendie de leur ville natale, Etienne et Valentin avaient perdu leurs père et mère, au moment où, de retour d'une visite à leurs parents, ils revenaient au toit paternel avec les petits cadeaux d'un de leurs oncles. Après s'être abandonnés pendant quelques instants à leur profonde douleur, ils prirent la résolution d'aller tenter la fortune à Paris. Valentin était enclin au mensonge; sur la route, il abusait des malheurs qui les avaient accablés, lui et son frère, et dissimulait l'existence des parents qui lui restaient, pour exciter à un plus haut degré la commisération publique. Etienne blâmait sévèrement la conduite de son frère, mais de manière, cependant, à ne pas l'irriter, parce qu'il craignait toujours de lui faire du chagrin.

A l'arrivée des deux frères à Paris, Etienne tâcha de gagner quelque argent en faisant les com

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