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avec elle, Quoi qu'il en soit du jour où le major Ameil se fut éloigné, le Sénat m'écrivit le lende

main la lettre ste:

«Le Sénat a été très-sensible aux peines que S. E. M. Bourrienne, ministre de France, a bien voulu se donner, en se joignant à lui pour écarter tout accident fàcheux qui aurait pu avoir lieu pendant le temps que le corps du major Ameil se trouvait, avec un grand nombre de prisonniers; dans nos environs.

« Plus les suites d'une scène de violence ou de désordre quelconque entre des troupes qui ne peuvent s'expliquer dans une même langue, auraient compromis la neutralité de cette ville, et lui seraient devenus funestes, plus le Sénat sent le prix de l'amitié de Son Excellence, dont les généreux efforts ont si efficacement secondé les soins du Sénat à maintenir sa neutralité, et prévenir tout accident fâcheux qui aurait pu troubler la tranquillité de cette ville. Le Sénat a la satisfaction de pouvoir assurer à Son Excellence que le sentiment de ses obligations envers elle est partagé de tous les citoyens de cette ville, et que nommément le conseil des Anciens s'est rénni au Sénat pour en rendre expressément à Son Excellence les hommages de sa reconnaissance.

« Le Sénat, en rendant avec joie à Son Excellence cet hommage vrai autant que général, la prie de vouloir bien lui continuer ses bons offices dans toutes les démarches qu'il sera forcé de faire pour le maintien de sa neutralité. Il a l'honnenr de réitérer à Son Excellence? etc., etc. >>

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CHAPITRE XI.

Besoin de protection et sacrifices de Hambourg. Les effets connus avant les causes. Difficultés de ma position. Renseignemens envoyés par moi au gouvernement. Services rendus au ministre d'Angleterre. Ma nomination de ministre du roi de Naples. Les postes soumises au régime français. Félicitations de Napo→ Jéon. Tentative du baron de Grote auprès des villes Anséatiques, et manœuvres déjouées. Vain projet

d'une confédération du Nord. · Devises des villes Anséatiques. Bonté de leur gouvernement. - Publication dans le Moniteur. — Le maréchal Mortier. — Occupation de Hambourg au nom de l'empereur. - Décret de Berlin. Les gouverneurs militaires de Hambourg. Erreur relevée sur le maréchal Brune. Le général

Michaud et Bernadotte. prince de Ponte-Corvo.

Rigueurs tempérées par le

Aux approches de la guerre, l'état de Hambourg, craignant d'être menacé dans son existence politique, s'était plusieurs fois adressé à moi pour demander la protection de la France, et

j'ai dit quel prix l'empereur avait voulu

y mettre. Je réclamai contre cette exigence réellement intolérable; la ville de Hambourg ne pouvait pas payer six millions, après les énormes sacrifices qu'elle avait dejà faits, dans un moment surtout où, par suite de décrets impériaux, l'Elbe et le Weser étaient fermés et bloqués, et lorsque les Anglais occupaient le port de Cuxhaven, ce qui réduisait presque à rien le commerce de Hambourg, autrefois si florissant.

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J'ai anticipé, dans mon dernier chapitre, sur quelques événemens postérieurs à ceux dont j'ai à m'occuper actuellement. Si, en cela, je ne suis pas l'ordre des temps, je crois suivre l'ordre de la raison, car, bien que les causes précèdent ordinairement les effets, il arrive presque toujours que nous voyons les effets, d'abord, et que le temps, ensuite, nous révèle les causes. Je reviens donc aux circonstances qui ont précédé la campagne de Prusse.

Pendant que l'on était inquiet des projets du cabinet de Berlin, ma tâche n'était pas facile à remplir; je faisais tous mes efforts pour tenir le gouvernement français au courant de ce qui se passait ou se méditait sur la Sprée. J'annonçai le premier la nouvelle d'un mouvement inattendu

qui eut lieu dans les troupes prussiennes cantonnées dans les environs de Hambourg. Elles évacuèrent subitement de Lauenbourg, Platzbourg, Haarbourg, Stade, Twisenfelth et Cuxhaven. Ce mouvement extraordinaire donna lieu à une infinité de conjectures. Je ne me trompai point en informant, comme je le fis, le gouvernement français que, selon toute probabilité, la Prusse allait se déclarer ouvertement contre la France et s'allier avec l'Angleterre. Je regrettais vivement que ma position ne me permit pas d'avoir des rapports plus fréquens avec M. Thornton, ministre d'Angleterre près le cercle de la basse-Saxe., Cependant je le vis quelquefois et j'eus deux fois l'oc casion de lui rendre service.

M. Thornton me remit une demande qui lui était personnelle et dont le succès dépendait de l'empereur. Je transmis sa demande avec plaisir en ajoutant dans ma lettre au ministre des affaires étrangères, que la conduite de M. Thornton, à l'égard des Français qui avaient eu affaire à lui, avait toujours été franche et loyale, et que j'au rais grand plaisir à lui annoncer le succès de sa demande. La demande fut accordée; M. Thornton y fut très-sensible.

Dans une autre circonstance M. Thornton s'a

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