Dieu en trois personnes; il y en a trois qui rendent témoignage au ciel, le Père, le Verbe et l'Esprit-Saint; et ces trois sont une même chose : un seul Dieu, un seul Seigneur, Jésus-Christ, Dieu véritable; saint Jean l'a dit : Dieu, dont le trône est aux siècles des siècles, Dieu qui, dès le commencement, a créé le ciel et la terre : saint Paul l'a dit avant saint Jean, et David avant saint Paul1. Ce Verbe-Dieu s'est fait chair, a demeuré parmi nous, est mort pour nous, est ressuscité pour nous ressusciter avec lui, est monté au ciel pour nous y préparer la place, en viendra de nouveau pour juger les vivants et les morts et consommer toutes choses; tous les apôtres l'ont dit. Une Eglise, un troupeau, un pasteur: une Eglise bâtie par celui qui a bâti l'univers; une Eglise bâtie sur la pierre contre laquelle les portes de l'enfer ne prévaudront point.

Un pasteur, Pierre, auquel il est dit : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise, et : Pais mes agneaux, pais mes brebis. Pierre qui, après l'ascension de son maître, fait élire un apôtre et l'aurait pu élire lui seul; Pierre qui, le premier, promulgue l'Evangile et l'Eglise à toutes les nations assemblées; qui, le premier, y reçoit les Juifs, le premier, y reçoit les gentils, le premier qui décide au concile; Pierre qui s'en va, dans la nouvelle Babylone, établir sa chaire éternelle sur les ruines de l'idolâtrie, et, de là, régir l'univers chrétien.

Avec Pierre, leur chef, il y a les apôtres qui prêchent et fondent des églises jusqu'aux extrémités du monde, ordonnent, par l'imposition des mains, des évêques pour leur succéder, auxquels ils commandent d'en ordonner ainsi d'autres, réglant les qualités qu'ils doivent avoir, les devoirs qu'ils ont à remplir à l'égard des ministres inférieurs et des fidèles, et ceux-ci à leur égard.

Dès-lors on voit comme une armée rangée en bataille. Il y a des règles de discipline pour le bon ordre dans les assemblées, pour la réprimande des esprits légers et inquiets, pour l'excommunication des scandaleux et des hérétiques.

Dès-lors on voit une liturgie pompeuse. C'est un jour de dimanche que saint Jean a sa divine révélation. C'est une assemblée à laquelle préside un pontife vénérable, assis sur un trône et environné de vingt-quatre vieillards ou prêtres. Ce sont des habits sacerdotaux, des robes blanches, des ceintures, des couronnes, des instruments du culte divin, un autel, des chandeliers, des encensoirs, un livre scellé. Il y est parlé d'hymnes, de cantiques et d'une source d'eau qui donne la vie. Devant le trône, et au milieu des

'Heb., 1. Ps. 44, 7, et 101, 26.

prêtres, est un agneau en état de victime, auquel sont rendus les honneurs de la divinité. Sous l'autel sont les martyrs qui demandent que leur sang soit vengé. Un ange présente à Dieu de l'encens, et il est dit que c'est l'emblême des prières des saints ou des fidèles. En un mot, saint Jean nous fait voir nos cérémonies saintes ou transportées du ciel ou transportées au ciel.

Dans saint Paul, on voit également l'assemblée du premier jour de la semaine : un autel du sacrifice, une victime à laquelle les fidèles seuls ont droit de participer, une communion du corps et du sang du Seigneur. Quelques-uns même y participaient indignement. Car alors, comme aujourd'hui, tous n'étaient point parfaits; alors, comme aujourd'hui, il y avait de la paille avec le froment. A côté des vrais apôtres, il y en avait de faux ; à côté des martyrs, il y avait des apostats.; à côté des fervents, il y avait des tièdes ; à côté des édifiants, il y avait des scandaleux. Il y en avait qui tournaient les agapes mêmes en occasion de débauche ; des séducteurs s'introduisaient dans les maisons; même parmi les prédicateurs de l'Evangile, tous n'étaient pas des saints Pauls; plusieurs cherchaient leur propre intérêt et non pas celui de Jésus-Christ: parmi les apôtres enfin, il s'est trouvé un Judas.

Ce n'est ni le siècle, ni le pays, qui fait les saints; mais la foi, l'humilité, la défiance de soi-même, la patience, la charité, la confiance en Dieu seul. C'est toujours dans la douleur que l'Eglise enfante ses élus au ciel. Son unique appui sur la terre, c'est JésusChrist, qui a promis d'être avec elle tous les jours jusqu'à la consommation des siècles.