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SOIXANTE-HUITIÈME BULLETIN DE LA GRANDE-ARMÉE.

Osterode, le 29 mars 1807.

Le 17 mars à 3 heures du matin, le général de brigade Lefevre, aide-de-camp du prince Jerôme, se trouvant avec 3 escadrons de chevau-légers et le régiment d'infanterie légère de Taxis, passa auprès de Glatz pour se rendre à Wunchelsbourg. Quinze cents hommes sortirent de la place avec deux pièces de canon. Le lieutenant-colonel Gerard les chargea aussitôt et les rejetta dans Glatz, après leur avoir pris 100 soldats, plusieurs officiers et leurs deux pièces de canon.

Le maréchal Masséna s'est porté de Willenberg sur Ortelsbourg; il y a fait entrer la division de dragons Becker, et l'a renforcée d'un détachement de Polonais à cheval. fl. y avait à Ortelsbourg quelques cosaques ; plusieurs charges ont eu lieu, et l'ennemi a perdu 20 hommes.

Le général Becker, en venant reprendre sa position à Willenberg, a été chargé par 2000 cosaques ; on leur avait tendu une embusquade d'infanterie dans laquelle ils ont donné. Ils ont perdu 200 hommes.

Le 26, à cinq heures du matin, la garnison de Dantzick a fait une sortie générale, qui lui a été funeste. E'le a été repoussée par-tout. Un colonel, nommé Cracaw qui avait fait le métier de partisan, a été pris avec 400 hommes et deux pièces de canon, dans une charge du 19 de chasseurs. La légion polonaise du Nord s'est fort bien comportée; deux bataillons saxons se sont distingués.

Du reste, il n'y a rien de nouveau; les lacs sont encore gelés; on commence cependant à s'appercevoir de l'approche du printems.

SOIXANTE-NEUVIÈME BULLETIN DE LA GRANDE-ARMÉE.

Finckenstien, le 4 avril 1807.

Les gendarmes d'ordonnance sont arrivés à Marienwerder. Le maréchal Bessières est parti pour aller en passer la revue.

Ils se sont très-bien comportés et ont montré beaucoup de bravoure dans les différentes affaires qu'ils ont eues.

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Le général Teulié, qui jusqu'à présent avait conduit le blocus de Colberg, a fait preuve de beaucoup d'activité et de talent. Le général de division Loison vient de prendre le commandement du siége de cette place. Le 19 mars, les redoutes de Selnow ont été attaquées et emportées par le 1 régiment d'infanterie légère italienne. La garnison a fait une sortie. La compagnie de carabiniers du 1er régiment léger et une compagnie de dragons l'ont repoussée. Les voltigeurs du 19 régiment de ligne se sont distingués à l'attaque du village d'Allstadt. L'ennemi a perdu dans ces affaires trois pièces de canon et deux cents hommes faits prisonniers.

Le maréchal Lefebvre commande le siége de Dantzick. Le général Lariboisière a le commandement de l'artillerie. Le corps de l'artillerie justifie dans toutes les circonstances la réputation de supériorité qu'il a si bien acquise. Les canonniers français méritent, à juste raison, le titre d'hommes d'élite. On est satisfait de la manière de servir, des bataillons du train.

L'Empereur a reçu à Finckenstein une députation de la Chambre de Marienwerder, composée de MM. le comte Groeben, le conseiller baron de Schleinitz et le comte de Dohna, directeur de la Chambre. Cette députation a fait à S. M. le tableau des maux que la guerre a attirés sur les habitans. L'Empereur lui a fait connaître qu'il en était touché, et qu'il les exemptait, ainsi que la ville d'Elbing, des contributions extraordinaires. Il a dit qu'il y avait des malheurs inévitables pour le théâtre de la guerre, qu'il y prenait part et qu'il ferait tout ce qui dépendrait de lui pour les alléger.

On croit que S. M. partira aujourd'hui pour faire une tournée à Marienwerder et à Elbing.

La seconde division bavaroise est arrivée à Warsovie. Le prince-royal de Bavière est allé prendre à Pultusk le commandement de la première division.

Le prince héréditaire de Bade est allé se mettre à la tête

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de son corps de troupes à Dantzick, Le contingent de SaxeWeymar est arrivé sur la Warta. (1)

Il n'a pas été tiré aux avant-postes de l'armée un coup de fusil depuis quinze jours.

La chaleur du soleil commence à se faire sentir; mais elle ne parvient point à amollir la terre. Tout est encore gelé le printems est tardif dans ces climats.

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Des courriers de Constantinople et de Perse arrivent fréquemment au quartier-général.

La santé de l'Empereur ne cesse pas d'être excellente. On remarque même qu'elle est meilleure qu'elle n'a jamais été. Il y a des jours où S. M. fait 40 lieues à cheval.

On avait cru, la semaine dernière, à Warsovie que l'Empereur y était arrivé à dix heures du soir; la ville entière fut aussitôt et spontanément illuminée.

Les places de Praga, Sierock, Modlin, Thorn et Marienbourg commencent à être en état de défense; celle de Marienwerder est tracée. Toutes ces places forment des têtes de pont sur la Vistule.

L'Empereur se loue de l'activité du maréchal Kellermann à former des régimens provisoires, dont plusieurs sont arrivés à l'armée dans une très-bonne tenue, et ont été incorporés.

S. M. se loue également du général Clarke, gouverneur de Berlin, qui montre autant d'activité et de zèle, que de talent dans le poste important qui lui est confié.

Le prince Jérôme, commandant des troupes en Silésie, fait preuve d'une grande activité, et montre les talens et la prudence qui ne sont, d'ordinaire, que les fruits d'une longue expérience.

SOIXANTE-DIXIÈME BULLETIN DE LA GRANDE-ARMÉE. Finckenstein, le 9 avril 1807. Un parti de 400 Prussiens, qui s'étaient embarqués à Koenigsberg, a débarqué dans la presqu'île, vis-à-vis de

(1) Warta ou Warthe, rivière qui prend sa source vers les frontières de la Silésie, et se jette dans l'Oder à Kustrin.

Pillau (1), et s'est avancé vers le village de Carlsberg. M. Mainguernaud, aide-de-camp du maréchal Lefebvre, s'est porté sur ce point avec quelques hommes. Il a si habilement manœuvré qu'il a enlevé les 400 Prussiens, parmi lesquels il y avait 120 hommes de cavalerie.

Plusieurs régimens russes sont entrés par mer dans la ville de Dantzick. La garnison a fait differentes sorties. La légion polonaise du Nord et le prince Michel Radzivil qui la commande se sont distingues. Ils ont fait une quarantaine de prisonniers russes. Le siege se continue avec activité. L'artillerie de siége commence à arriver.

Il n'y a rien de nouveau sur les différens points de l'armée. L'Empereur est de retour d'une course qu'il a faite à Marienwerder et à la tête de pont sur la Vistule. Il a passé en revue le 12 régiment d'infanterie légère et les gendarmes d'ordonnance.

La terre, les lacs, dont le pays est rempli, et les petites rivières commencent à dégeler. Cependant il n'y a encore autune apparence de végétation.

SO:XANTE-ONZIEME BULLETIN DE LA GRANDE-ARMEE.

Finckenstein, le 19 avril 1807.

La victoire d'Eylan ayant fait échouer tous les projets que l'ennemi avait formés contre la Basse-Vistule, nous a mis en mesure d'investir Dantzick et de commencer le siége de cette place. Mais il a fallu tirer les équipages de siége des forteresses de la Silésie et de l'Oder, en traversant une

(1) Pillau est une ville de la Prusse orientale, département allemand, avec un port sur la mer Baltique, à l'entrée du golphe de Frisch-Haff, à 40 m. de Koenigsberg, go de Dantzick. C'est la clef de la Prusse du côté de la mer. Les vaisseaux les plus gros s'y arrêtent et s'y allégent pour traverser plus aisément le Frisch-Haff jusqu'à Koenigsberg. Les Suédois s'en emparèrent en 1626, et en augmentèrent les fortifications; ils l'abandonnèrent en 1655. Frédéric-Guillaume-leGrand mit les fortifications dans l'état où elles sont, et le roi de Prusse y jeta les fondemens de la ville. Les Russes bombardèrent la forteresse en 1759, et la prirent l'année suivante. On y fait de fort belles dentelles, et la cote voisiuc fournit beaucoup d'estnrgeons,

étendue de plus de cent lieues dans un pays où il n'y a pas de chemins. Ces obstacles ont été surmontés et les equipages de siége commencent à arriver. Cent pièces de canon de gros calibre, venues de Stettin, de Custrin, de Glogau et de Breslaw, auront sous peu de jours leur approvisionnement complet.

Le général prussien Kalkreuth commande la ville de Dantzick. Sa garnison est composée de 14,000 Prussiens et 6000 Russes. Des inondations et des marais, plusieurs rangs de fortifications et le fort de Wechseilmund ont rendu difficile l'investissement de la place.

Le journal du siége de Dantzick fera connaître ses progrès à la date du 17 de ce mois. (1) Nos ouvrages sont parvenus à 80 toises de la place; nous avons même plusieurs fois insulté et dépalissadé les chemins couverts.

Le maréchal Lefebvre montre l'activité d'un jeune homme. Il était parfaitement secondé par le général Savary; mais ce général est tombé malade d'une fièvre bilieuse à l'abbaye d'Oliva qui est à peu de distance de la place. Sa maladie a été assez grave pour donner pendant quelque temps des craintes sur ses jours. Le général de brigade Schramm, le général d'artillerie Lariboissière et le général du génie Kirgener ont aussi très-bien secondé le maréchal Lefebvre. Le général de division du génie Chasseloup vient de se rendre devant Dantzick.

Les Saxons, les Polonais, ainsi que les Badois, depuis que le prince héréditaire de Bade est à leur tête, rivalisent entr'eux d'ardeur et de courage.

L'ennemi n'a tenté d'autre moyen de secourir Dantzick que d'y faire passer par mer quelques bataillons et quelques provisions.

En Silésie, le prince Jérôme fait suivre très-vivement le siége de Neiss.

Depuis que le prince de Pletz a abandonné la partie,

(1) On trouvera le journal da siége de Dantzick en entier, ainsi que capitulation, à la suite du 77 Bulletin. (Note du Rédacteur.)

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