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La gymnopédice fut de l'inftitution expreffe de Lieurgue. Cette Danfe étoit compofée de deux chœurs, l'un d'hommes faits, l'autre d'enfans: ils danfoient nuds, en chantant des hymnes en l'honneur d'Apollon. Ceux qui menoient les deux chœurs étoient couronnés de palmes.

La Danse de l'innocence étoit très-ancienne à Lacédémone : les jeunes filles l'exécutoient nues devant l'autel de Diane, avec des attitudes douces & modeftes, & des pas lents & graves. Hélene s'exerçoit à cette Danse lorfque Théfée la vit, en devint amoureux, & l'enleva. Il y a des auteurs qui prétendent que Pâris encore prit, pour elle, cette violente paffion qui coûta tant de fang à la Grece & à l'Afie, en lui voyant exécuter cette même Danse. Licurgue en portant la réforme dans les loix & les mœurs des Lacédémoniens, conferva cette Danfe, qui ceffa dès-lors d'être dan gereuse.

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Dans cette République extraordinaire, les vieillards avoient des Danfes particulieres qu'ils exécutoient en l'honneur de Saturne, & en chantant les louanges des premiers âges.

Dans une espece de branle qu'on nommoit hormus, un jeune homme lefte & vigoureux, & d'une contenance fiere, menoit la Danse; une troupe de jeunes garçons le fuivoit, fe modeloit fur fes attitudes, & répétoit fes pas une troupe de jeunes filles venoit immédiatement après eux avec des pas lents & un air modefte. Les premiers fe retournoient vivement, fe mêloient avec la troupe des jeunes filles, & repréfentoient ainfi l'union & l'harmonie de la tempérance & de la force. Les jeunes garçons doubloient les pas qu'ils faifoient dans cette Danfe, tandis que les jeunes filles ne les faifoient que fimples; & voilà toute la magie des deux mouvemens différens des uns & des autres en exécutant le même air.

S. V.

Danfe de Archimime dans les funérailles des Romains.

ON adopta fucceffivement à Rome toutes les cérémonies des funérailles

des Athéniens; mais on y ajouta un ufage digne de la fageffe des anciens Egyptiens.

Un homme inftruit en l'art de contrefaire l'air, la démarche, les manieres des autres hommes, étoit choifi pour précéder le cercueil; il prenoit les habits du défunt, & fe couvroit le vifage d'un mafque qui retraçoit tous fes traits: fur les fymphonies lugubres qu'on exécutoit pendant fa marche, il peignoit dans fa Danfe les actions le plus marquées du perfonnage qu'il repréfentoit.

C'étoit une oraifon funebre muette, qui retraçoit aux yeux du public toute la vie du citoyen qui n'étoit plus.

L'Archimime, c'eft ainfi qu'on nommoit cet orateur funebre, étoit fans

partialité; il ne faifoit grace, ni en faveur des grandes places du mort, ni par la crainte du pouvoir de fes fucceffeurs.

Un citoyen que fon courage, fa générofité, l'élévation de fon ame, avoient rendu l'objet du refpe& & de l'amour de la patrie, fembloit reparoître aux yeux de fes concitoyens; ils jouiffoient du fouvenir de fes vertus; il vivoit, il agiffoit encore; fa gloire fe gravoit dans tous les efprits; la jeuneffe Romaine frappée de l'exemple, admiroit fon modele; les vieillards vertueux goûtoient déjà le fruit de leurs travaux, dans l'efpoir de reparoître à leur tour fous ces traits honorables quand ils auroient

ceffé de vivre.

Les hommes indignes de ce nom, & nés pour le malheur de l'efpece humaine, pouvoient être retenus par la crainte d'être un jour expofés fans ménagement à la haine publique, à la vengeance de leurs contemporains, au mépris de la postérité.

Ces perfonnages futiles, dont plufieurs vices, l'ébauche de quelques vertus, l'orgueil extrême, & beaucoup de ridicules, compofent le caractere, connoiffoient d'avance le fort qui les attendoit un jour, par la risée publique à laquelle ils voyoient expofés leurs femblables.

La fatyre ou l'éloge des morts devenoit ainfi une leçon utile pour les vivans. La Danfe des Archimimes étoit alors dans la morale, ce que l'anatomie eft devenue dans la physique.

S. VI.

Danfe de l'Hymen.

UNE troupe légere de jeunes garçons & de jeunes filles couronnés de

fleurs, exécutoient cette Danfe dans les mariages, & ils exprimoient par leurs figures, leurs pas, & leurs geftes, la joie vive d'une noce. C'eft une des Danfes qui étoient gravées, au rapport d'Homere, fur le bouclier d'Achille. Il ne faut pas la confondre avec les Danfes nuptiales dont je vais parler; celle-ci n'avoit que des expreffions douces & modeftes. Mais la corruption des mœurs fit dégénérer cette douce modeftie, en une lafciveté des plus licentieufes, fur-tout à Rome, qui prit les vices des Grecs avec leurs arts, & fans perfectionner ceux-ci porta les autres à de plus grands excès.

S. VII.

Danfe nuptiale.

ELLE étoit en ufage à Rome dans toutes les noces : c'étoit la peinture

la plus diffolue de toutes les actions fecretes du mariage. Les Danfes laf eives des Grecs donnerent aux Romains l'idée de celle-ci, & ils furpaffe

rent de beaucoup leurs modeles. La licence de cet exercice fut pouffée fi . loin pendant le regne de Tibere, que le Sénat fut forcé de chaffer de Rome par un arrêt folemnel tous les danfeurs & tous les maîtres de Danse.

Le mal étoit trop grand fans doute lorfqu'on y appliqua le remede extrême; il ne fervit qu'à rendre cet exercice plus piquant la jeunesse Romaine prit la place des danfeurs à gages qu'on avoit chaffés, le peuple imita la nobleffe, & les Sénateurs eux-mêmes n'eurent pas honte de fe livrer à cet indigne exercice. Il n'y eut plus de diftinction fur ce point entre les plus grands noms & la plus vile canaille de Rome. L'Empereur Domitien, enfin, qui n'étoit rien moins que délicat fur les mœurs, fut forcé d'exclure du Sénat, des peres confcripts qui s'étoient avilis jufqu'au point d'exécuter en public ces fortes de Danses.

A

S. VIII.

Danfe du premier jour de Mai.

ROME & dans toute l'Italie, plufieurs troupes de jeunes citoyens des deux fexes fortoient de la ville au point du jour; elles alloient en danfant au fon des inftrumens champêtres, cueillir dans la campagne des rameaux verds; elles les rapportoient de la même maniere dans la ville, & elles en ornoient les portes des maisons de leurs parens, de leurs amis; & dans la fuite, de quelques perfonnes conftituées en dignité. Ceux-ci les attendoient dans les rues, où on avoit eu le foin de tenir des tables fervies de toutes fortes de mets. Pendant ce jour tous les travaux ceffoient, on ne fongeoit qu'au plaifir. Le peuple, les magiftrats, la nobleffe confondus & réunis par la joie générale, fembloient ne compofer qu'une feule famille; ils étoient tous parés de rameaux naiffans: être fans cette marque diftinctive de la fête, auroit été une espece d'infamie. Il y avoit une forte d'émulation à en avoir des premiers, & delà cette maniere de parler proverbiale en usage encore de nos jours, on ne me prend point fans verd.

Cette fête commencée dès l'aurore & continuée pendant tout le jour, fut par la fucceffion des temps pouffée bien avant dans la nuit. Les Danses, qui n'étoient d'abord qu'une expreffion naïve de la joie que caufoit le retour du printemps, dégénérerent dans les fuites en des Danfes galantes, & de ce premier pas vers la corruption, elles fe précipiterent avec rapidité dans une licence effrénée. Rome, toute l'Italie étoient plongées alors dans une débauche fi honteufe, que Tibere lui-même en rougit, & cette fête fut folemnellement abolie. Mais elle avoit fait des impreffions trop profondes on eut beau la défendre, après les premiers momens de la promulgation de la loi, on la renouvella, & elle fe répandit dans prefque toute l'Europe. C'eft-là l'origine de ces grands arbres ornés de fleurs, qu'on plante dès l'autore du premier jour de Mai dans tant de villes, au devant

des maifons de gens en place. Il y a plufieurs endroits où c'eft un droit de charge.

Plufieurs auteurs penfent que c'eft de la Danfe du premier jour de Mai que dériverent enfuite toutes les Danfes baladoires fondées par les peres de l'Eglife, frappées d'anathême par les Papes, abolies par les ordonnances des Rois de France, & févérement condamnées par les arrêts des Parlemens. Quoi qu'il en foit, il eft certain que cette Danse réunit à la fin tous les différens inconvéniens qui devoient réveiller l'attention des Empereurs & des Magiftrats.

DANTZIC, ou DANTZIG, Ville de la Pruffe Polonoife.

CETTE ville eft dans le palatinat de Pomerellie, fur les rivieres de

Rodaune & de Motlaw avec une fortereffe fur la Viftule à un mille de la mer Baltique. Sa pofition jointe à la bonté de fon port, l'a rendue une des villes les plus commerçantes du Nord. Il s'y fait entr'autres un prodigieux commerce de grains; elle eft par cette raifon extrêmement peuplée, & l'on y compte au-delà de foixante mille habitans; la religion luthérienne eft la dominante; cette ville qui autrefois tenoit un rang diftingué parmi les villes anféatiques, jouit encore aujourd'hui fous la protection des Rois de Pologne, de privileges & d'immunités confidérables, tels que le droit de battre monnoie, d'affifter par fes députés aux dietes de Pologne, & d'y donner fon fuffrage pour l'élection d'un Roi. La ville eft proprement compofée de deux villes, de la vieille & de la nouvelle, avec quelques fauxbourgs. On y compte douze Eglifes Luthériennes, deux Réformées & fept Ca Catholiques, avec un College de ci-devant Jéfuites & quelques Couvens, II y a un College ou gymnafe académique Luthérien, qui eft pourvu de fept Profeffeurs & d'un Lecteur en langue Polonoife. Les hôtels de ville de la vieille & de la nouvelle ville, la douane & l'arfenal, quoique d'un goût ancien, méritent qu'on en faffe mention. La ville entretient ordinairement une garnison, & elle pourroit paffer pour forte, fi au feptentrion & au couchant, elle n'étoit commandée par des hauteurs qui la dominent, quoiqu'on n'ait rien négligé pour la défendre de ce côté-là. Comme elle fait en quelque façon partie de la Pologne, elle a participé auffi aux différentes révolutions qu'éprouva ce Royaume.

Impofitions & Droits dans la Ville & le territoire de Dantzic.

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On ne connoit dans la ville & territoire de Dantzic que deux fortes

d'Impofitions. La premiere confifte dans une capitation, à laquelle font affujettis depuis 1717, tous les habitans, fans diftinction.

Le total de cette Impofition qui a été réglée pour la ville & le terri toire de Dantzic, monte à feptante-cinq mille florins, (le florin de Dantzic vaut vingt-quatre fous monnoie de France.) qui font annuellement portés dans la caiffe de l'adminiftration pour l'entretien des troupes : mais dans la répartition qui s'en fait, on impose beaucoup au-delà de ces feptante-cinq mille florins, & c'eft cet excédent qui entre dans la caiffe de la ville, pour fubvenir à fes charges.

Tous les gens établis & mariés dans la ville & le territoire de Dantzic, paient, fans diftinction d'état, un florin par mois & cinq florins vingt grains par an, dont le produit eft pareillement verfé dans la caiffe de la ville. Les Magiftrats, les Echevins, leurs Secrétaires, les Eccléfiaftiques, les Médecins & les Militaires font exempts de cette contribution.

Indépendamment de ces Impofitions perfonnelles, on perçoit différens droits. 1o. Le droit de douane maritime qui fe leve fur les navires & fur les marchandises qui entrent & qui fortent; la moitié du produit de ce droit appartient au Souverain en conféquence d'anciens traités.

2o. Le droit de zulage qui fe perçoit fur toutes les marchandifes que les négocians ou les bourgeois de la ville expédient, ou qui leur font expédiées par mer; l'objet de ce droit eft de remplacer le montant de ce que le Souverain tire dans le droit de douane.

3o. Les droits d'entrées ou d'accifes, qui fe levent fur toutes les denrées qui entrent dans la ville pour la confommation des habitans.

4o. Enfin la ville de Dantzic poffede des biens patrimoniaux, dont les revenus forment un objet affez confidérable.

C'eft avec le produit de ces Impofitions & droits, qui eft fujet à des variations fréquentes fuivant que le commerce eft plus ou moins floriffant, la ville de Dantzic foudoie une garnifon nombreufe, qu'elle entretient fes fortifications, fes ponts, fes canaux & tous les édifices publics qui font à fa charge.

que

DATAIRE, f. m.

LE Dataire est le premier & le plus important des Officiers de la da

serie de Rome, où il a toute autorité. Quand cette commiffion eft remplie par un Cardinal, comme elle eft au deffous de fa dignité, on l'appelle Pro-dataire, c'eft-à-dire, qui eft au lieu du Dataire.

Cet Officier représente la perfonne du Pape pour la diftribution de toutes les graces bénéficiales & de tout ce qui y a rapport, comme les difpenfes & autres actes femblables, d'

Ce n'eft pas lui qui accorde les graces de fon chef; tout ce qu'il fait relativement à fon office, eft réputé fait par le Pape.

C'eft

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