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beaucoup moins grave et la guérison a été très facile. En résumé, six cas d'épithélioma de la lèvre inférieure, dont deux deux fois récidivés et deux autres ayant envahi de 3 à 4 cm la muqueuse buccale, ont guéri sans difficulté par la radiothérapie et avec un nombre de séances qui n'a jamais dépassé 15. Grâce à la précaution que j'ai prise de laisser les malades en surveillance pendant plusieurs mois, je n'ai eu jusqu'ici aucune récidive.

Cancer du sein. Avec eux nous commençons la série des cancers dans lesquels les tissus malades sont séparés de l'extérieur par une couche plus ou moins épaisse de tissu sain et pour lesquels les conditions de traitement deviennent moins bonnes. Dans les premiers temps, je soignais ces malades comme pour les cancers cutanés, me basant sur ce que les tissus interposés étaient des tissus mous et, par suite, facilement traversables par les rayons X; malheureument, l'expérience n'a pas confirmé ce raisonnement théorique. Dans trois cas de cancer du sein opéré et récidivé, et par conséquent très graves, j'ai obtenu une guérison locale avee disparition à peu près complète des ganglions axillaires, mais je n'ai pas empêché la généralisation soit vers le cou, soit vers le médiastin. Aussi ai-je modifié complètement ma technique pour ces malades. Au lieu d'employer des rayons d'un degré de pénétration correspondant à 5 cm d'étincelle équivalente, je me sers maintenant de rayons X beaucoup plus pénétrants correspondant à 10 et même 15 cm d'étincelle équivalente, et les résultats ont été tout autres. Deux cancers, l'un avec des ganglions à l'aisselle et une ulcération considérable sont en très bonne voie de guérison, et les résultats, sans être encore définitifs, sont très encourageants. Vous voyez ici un exemple de l'influence capitale de la technique sur les résultats obtenus. Je ne signale que pour mention une dizaine de malades soignés immédiatement après l'extirpation du sein et simplement dans le but de diminuer les chances de récidive. Le bon résultat obtenu peut, en effet, être dû uniquement à l'opération.

Cancers profonds. - J'ai déjà signalé les difficultés que l'on rencontre dans le traitement de ces graves affections et le peu de certitude des succès que l'on a publiés. La question est à l'étude, et l'expérience clinique seule peut nous fixer sur les cas que l'on pourra traiter avantageusement par la radiothérapie. Je n'ai soigné encore que deux malades et mon opinion n'est pas définitivement établie. Il est probable qu'on ne pourra réussir qu'en employant un faisseau très pénétrant et en enlevant méthodiquement de ce faisceau les radiations peu réfrangibles, ce qui permettra sans danger une action profonde très intense.

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LES

IDÉES PÉDAGOGIQUES DE GOLDSMITH

(SUITE ET FIN.)

PAR HENRI DUMÉRIL'.

III.

Nous savons ce que Goldsmith pensait des écoles anglaises de son temps; nous avons dit les changements qu'il réclamait, soit dans le recrutement du personnel, soit dans la situation faite aux professeurs et aux sous-maîtres. Je continue à passer en revue ses idées sur l'éducation de l'enfance et de l'adolescence.

Un mot d'abord sur l'éducation physique. Il se prononce énergiquement contre Locke et la doctrine de l'endurcissement à outrance. On fortifie ou on tue, ou bien encore on amène ainsi une vieillesse anticipée. « Le nombre de ceux qui survivent à ces rudes épreuves, dit-il, est sans proportion avec le chiffre de ceux qui y succombent. Si on avait tout dûment considéré, on n'aurait pas tellement vanté une éducation commencée par les fatigues et les privations. Pierre le Grand, désirant habituer les enfants de ses marins à une vie pénible, ordonna de ne leur faire boire que de

1. Lu dans les séances du 2 mars et du 4 mai 1905. (Voy. Mémoires de l'Académie des Sciences, Inscriptions et Belles-lettres de Toulouse, 1904, pp. 123-139.)

l'eau de mer; malheureusement, ils en moururent tous'. » Mais il n'est pas non plus partisan d'une éducation amollissante; il recommande la sobriété, la diète lactée: plus occidit gula quam gladius; il faut habituer les enfants à la tempérance, à l'économie, presque à l'avarice.

Passons aux programmes. Notre auteur est très partisan des études classiques : il en écrit un long panégyrique dans son treizième Essai, et il en fait ressortir l'utilité, tant pour former le goût de l'enfant que pour développer chez lui les sentiments moraux. C'est, en effet, au double point de vue de la morale et de l'esthétique littéraire qu'il entend faire étudier l'antiquité grecque et romaine, d'accord en cela avec la plupart des pédagogues de son siècle, qui négligeaient d'ordinaire le point de vue archéologique et philologique. Il n'est pas exclusif d'ailleurs : les sciences exactes, la philosophie, la géographie, l'histoire surtout ne doivent pas être laissées de côté. Le but est de donner à l'enfant des clartés de tout, un esprit large, ouvert à toutes les idées, <«< a liberal turn of thinking. » Ce n'est pas qu'il se dissimule l'écueil à éviter lorsqu'on nourrit une si haute ambition: « On est porté aujourd'hui, dit-il, à faire apprendre aux enfants toutes choses les langues, les sciences, la musique, les exercices physiques et la peinture. De cette manière l'élève sait bientôt parler de tout, mais il ne sait rien à fond. Il a pour tout un goût superficiel, mais il ne montre que son ignorance quand il veut faire parade de son savoir. Jack of all trades, master of none, dit un proverbe anglais. Approfondir un ordre particulier de connaissances, avoir une légère teinture de beaucoup d'autres, voilà l'idéal que recommandent volontiers nos voisins et qui paraît être celui de Goldsmith.

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Pour le bien d'une instruction générale, et même les études classiques mises à part, il ne place pas tous les

1. The Bee, On Education (Works, édition J. W. M. Gibbs, t. II, p. 404). 408.

2. T. II, p.

autres genres d'études sur la même ligne. Il paraît même plutôt hostile à l'enseignement de la rhétorique, funeste, suivant lui, à la véritable éloquence1. « On n'apprend guère plus aux hommes à être orateurs qu'à être poètes.» En certain endroit de ses œuvres, il parle assez dédaigneusement des mathématiques, science accessible aux plus médiocres intelligences. Ce dédain est peut-être celui du renard pour les raisins trop verts. Notre auteur avait peu réussi luimême dans les sciences exactes, et de plus son professeur de mathématiques à Trinity College ne lui avait guère laissé que de mauvais souvenirs. Ailleurs, il est plus juste. « Les mathématiques, écrit-il, vous apprendront à penser avec clarté et précision, et les poètes anciens développeront votre imagination; ce sont ces deux ordres d'études, non les subtilités de la logique ou les spéculations métaphysiques, qui fortifient et perfectionnent l'esprit. La logique et la métaphysique peuvent vous donner la théorie du raisonnement; mais la poésie et les mathématiques vous font faire des progrès dans la pratique et vous rendent aptes à toute sorte de recherches rationnelles3. >>

Il conseille l'étude des sciences physiques dans les écoles, mais d'une manière purement expérimentale. Le maître montrera aux élèves les phénomènes sans en rechercher les causes il suffit d'éveiller leur curiosité. Encore cette étude. sera-t-elle purement facultative'. Tel est, au demeurant, son système général : il faut enseigner aux enfants le plus de faits possible et ne remonter aux causes que lorsqu'ils manifestent d'eux-mêmes le désir de les connaître. A la sortie de l'école, l'adolescent, dont l'esprit sera meublé par le souvenir des simples expériences de la science, sera le mieux disposé du monde à l'enseignement supérieur. L'histoire est de toutes les études celle qu'il recommande

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