Page images
PDF
EPUB

ou département de la Haute-Garonne, lui permît de faire davantage. Deux Mémoires ont été adressés à l'Académie. Le premier a pour titre : Etudes d'ethnographie générale de l'élevage en Lauraguais, et pour devise: « Sans le boeuf, le pauvre et le riche auraient beaucoup de peine à vivre. » L'auteur s'est proposé de décrire les différentes espèces d'animaux domestiques du Lauraguais. Il insiste particuliè rement sur les espèces bovine et ovine. Dans un court exposé historique, il rappelle les terribles épizooties du dix-huitième siècle qui, malgré les mesures énergiques prises sous le ministère de Turgot, détruisirent en grande partie le gros bétail dans le midi de la France; puis il en étudie la reconstitution. Il admet que c'est surtout la race garonnaise qui a servi à reconstituer le bétail du Lauraguais. Mais sous l'influence du milieu et des croisements, le type primitif s'est modifié; il s'est formé des types nouveaux, des variétés, des sous variétés dont l'auteur étudie les qualités et les défauts. C'est de beaucoup la partie la plus intéressante de son Mémoire.

Les chapitres consacrés aux espèces ovine, caprine, porcine, canine et de basse-cour sont moins étendus et ne font guère que résumer, en les rectifiant sur quelques points, des travaux déjà publiés.

L'auteur nous renseigne aussi sur les pratiques de production, d'élevage, d'échanges, de ventes; il nous fait connaître les habitudes des propriétaires et il nous donne quelques traits de moeurs curieux et intéressants.

Malheureusement, ce Mémoire laisse à désirer en ce qui concerne l'ordre...; il y a bien des longueurs inutiles. L'auteur, entraîné par un sujet qui le passionne, n'a pas su se borner. Toutefois, comme son travail prouve un véritable dévouement à l'intérêt commun et qu'il sera d'une grande utilité pour ceux qui voudront faire un tableau complet du Lauraguais, l'Académie est heureuse de lui décerner une médaille d'argent de 2o classe.

Le second Mémoire est une Etude sur les lichens de l'arrondissement de Villefranche (Haute-Garonne). Il a pour

auteur M. Fagot, notaire à Villefranche-de-Lauraguais. M. Fagot n'a pas décrit les espèces de lichens qu'il a recueillies; il les a simplement énumérées en indiquant les localités où il les a récoltées et en renvoyant aux principaux ouvrages où elles ont été étudiées. Le travail de M. Fagot dénote une compétence d'autant plus méritoire que la spécialité qu'il a choisie est plus ingrate et que les guides qu'il a pu trouver sont plus rares; aussi, l'Académie est-elle heureuse de lui décerner une médaille d'argent de 1re classe.

La Classe des Lettres, plus favorisée cette année-ci que celle des Sciences, avait à distribuer des médailles d'encouragement, le prix Ozenne et le prix Gaussail.

Pour l'obtention de médailles d'encouragement, l'Académie a reçu un certain nombre d'ouvrages dont deux seulement lui ont paru dignes d'être mentionnés. Le premier a pour auteur M. Lambercy et a pour titre : Au pays de sainte Germaine. C'est un ouvrage agréable à lire, mais sans recherches originales sur le sujet; il ne contient aucun document nouveau et n'a d'autre mérite que quelques impressions personnelles dues à une excursion à Pibrac et racontées d'une façon pittoresque. Le second a pour auteur M. l'abbé Dufor, ancien aumônier militaire et actuellement curé de Labarthe-Rivière. L'abbé Dufor a soumis au jugement de l'Académie trois petits volumes, ayant pour titre : De viris illustribus, mulieribus rebusque Convenarum. Il s'est proposé, en les composant, de faire aimer davantage son pays natal en le faisant mieux connaître. C'est là, assurément, un but louable; c'est un mérite aussi d'écrire dans un style vif, alerte, imagé, primesautier et bien personnel; mais l'abbé Dufor ne connaît pas ou tout au moins ne pratique pas la véritable méthode historique, et, en dépit de ses assertions, sa documentation est insuffisante. Aussi l'Académie, tout en rendant hommage au sentiment patriotique qui l'a inspiré et à la persévérance tenace avec laquelle il a accompli son œuvre, ne peut que le remercier de son envoi et reconnaître le mérite et les qualités littéraires dont il a fait preuve.

La seule niédaille que l'Académie ait cru devoir décerner est attribuée à un travail d'une haute importance et qui rendra de grands services. Il a pour auteur M. Roumieux, greffier de la Cour d'assises de la Haute-Garonne. Mettant à profit les loisirs intermittents que lui laisse la procédure, M. Roumieux a classé et inventorié les archives du greffe de la Cour d'appel de Toulouse, qui possède tous les dossiers des juridictions ordinaires et extraordinaires de 1790 à 1810. Il est question de réunir cette importante série à la section judiciaire des archives départementales de la Haute-Garonne pour en permettre la consultation par les intéressés. Les dossiers étant pèêle-mêle, dans un désordre invraisemblable, il n'était pas possible de songer à leur transfert avant d'en entreprendre au moins le classement sommaire. Le personnel des archives ne pouvait être distrait de ses occupations habituelles pour s'adonner à cette tâche; c'est alors que M. Roumieux s'est offert spontanément pour mettre en ordre liasses et cahiers. Il a eu la patience de débrouiller tous les dossiers, de les grouper, de constituer des séries et de rédiger un répertoire contenant les noms des parties en cause, ce qui facilitera singulièrement les recherches.

Actuellement l'oeuvre touche à sa fin et l'installation des pièces pourra bientôt s'effectuer dans le local qui leur est réservé aux archives du palais.

En accordant à M. Roumieux une médaille d'argent de 1re classe, l'Académie n'a pas voulu seulement récompenser l'œuvre très méritoire qu'il a accomplie et à laquelle elle se plaît à rendre hommage, mais elle espère que son exemple sera suivi pour le plus grand profit des études historiques. Sans compter les archives privées qui réservent plus d'une découverte aux chercheurs, ils sont encore nombreux les fonds des dépôts communaux ou hospitaliers qui n'ont jamais été l'objet d'un dépouillement méthodique. L'Académie serait heureuse de stimuler le zèle des travailleurs et de leur donner un témoignage de son estime comme celui qu'elle décerne aujourd'hui à M. Roumieux.

10e SÉRIE. TOME V.

23

Pour la première fois, notre Compagnie avait à décerner le prix Ozenne. Deux ouvrages nous ont été adressés pour ce concours; mais l'un d'eux a été écarté sans examen parce qu'il avait déjà été récompensé par l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. L'autre ouvrage, auquel nous n'avons pas hésité à décerner le prix, non pas parce qu'il n'avait pas de concurrent, mais à cause de sa valeur réelle, a pour titre Les chroniques de la Faculté de médecine de Toulouse, du treizième au vingtième siècle, et il a pour auteur M. Barbot, docteur en médecine.

M. Barbot n'est pas un inconnu pour l'Académie qui a déjà couronné quelques-uns de ses travaux historiques et qui est heureuse de lui accorder aujourd'hui la plus haute récompense dont elle dispose.

Les Chroniques de la Faculté de Médecine représentent plusieurs années de travail, elles forment deux volumes in-8° de 850 pages environ, illustrés d'une centaine de dessins, de portraits et de plans hors texte.

Le premier volume, le plus important, renferme l'histoire de la Faculté depuis ses origines (1229) jusqu'à la Révolution; le second comprend la période contemporaine de 1793 à 1905.

Peut-être eût-il mieux valu que l'auteur limitât ses recherches à la matière du premier volume, afin de donner plus d'ampleur, plus de solidité, plus de cohésion à l'étude de l'ancienne Faculté, et il eût certainement trouvé dans l'immense et si riche collection des Comptes de l'Hôtel-de-Ville sur les services publics des professeurs de médecine, des chirurgiens-jurés et des médecins des hôpitaux, des renseignements suffisants pour compléter ceux que lui avaient déjà fournis sur les vieux maîtres toulousains les archives notariales et les registres du Parlement. Mais avec une trop rare modestie, M. Barbot déclare dans sa préface qu'il n'entend pas faire œuvre d'historien et qu'il n'a voulu que poser pour ses successeurs les jalons indicateurs d'une histoire complète et définitive. L'Académie espère que M. Barbot écrira lui-même cette histoire, nul n'est assurément mieux désigné ni plus qualifié.

Bien que M. Barbot n'ait pas d'autre prétention que celle d'être un simple chroniqueur, ces deux volumes n'en présentent pas moins un véritable intérêt. Dans un premier chapitre, il étudie l'origine et l'enfance de l'Université de Toulouse, née du naufrage de la nationalité méridionale à la suite des guerre religieuses du treizième siècle; il consacre le second chapitre à la Faculté des arts dont jusqu'au seizième siècle releva à Toulouse l'enseignement de la médecine; puis il montre dans les chapitres suivants l'épanouissement de la Faculté de médecine au seizième, au dix-septième et au dix-huitième siècles. Les chirurgiens et l'enseignement de la chirurgie, les apothicaires et les accoucheurs, enfin l'Hôtel-Dieu, c'est-à-dire l'enseignement clinique, sont ensuite l'objet de chapitres spéciaux. Cette étude est exclusivement faite avec des textes sobrement commentés et en majeure partie inédits.

Le second volume, tout en laissant la place principale aux textes, donne un peu plus d'ampleur à l'histoire proprement dite de la Faculté. Il prend la Faculté de médecine au milieu des troubles révolutionnaires et la montre se réorganisant péniblement, à côté de la Société de médecine, par l'enseignement provisoire, jusqu'à la création de l'Ecole impériale de médecine et de chirurgie en 1806; il étudie ensuite la création de l'Ecole secondaire de médecine et de pharmacie en 1820, sa transformation en Ecole préparatoire en 1840, sa réorganisation en 1855, son ascension à l'Ecole de plein exercice en 1887 et son triomphe comme Faculté mixte en 1891. En terminant, M. Barbot rend un hommage mérité à tous ceux qui par leur énergie, leur activité et aussi leur habileté ont su triompher de toutes les difficultés et ont réussi à doter Toulouse d'une Faculté dont la prospérité croissante est la meilleure justification et la meilleure récompense de leurs efforts.

Les deux volumes de M. Barbot sont d'un intérêt pénétrant. Il s'en dégage pour nous non seulement l'attrait d'une esquisse historique judicieusement conçue et puisée à ses sources originales, mais encore, par le spectacle de la puis

« PreviousContinue »