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'Allarme dans Pekin.

De fi triftes nouvelles portées à Pekin y causèrent une grande allarme.L'Empereur convoqua auffitôt une Affemblée extraordinaire de Princes & de Miniftres pour délibérer fur ce qu'on feroit dans une circonftance fi fâcheufe, où il étoit à craindre que l'ennemi ne pénétrât plus avant. Le résultat des délibérations de ce grand Confeil fut, « que le Viceroi Yuenyntay » avoit eu tort de fe laiffer enfer» mer dans Leaoyang; que fon prédéceffeur Hyontinpié enten» doit la guerre de ce pays-là mieux » que perfonne, & qu'il falloit l'y » renvoyer fans perdre temps, » avec les troupes qu'il deman>>.deroit.

En conféquence de cet avis donné au Monarque, il fe fit de grandes levées de foldats à Pekin & dans le Petcheli; mais les troubles qui s'élevèrent cette année en

néanmoins une petite treffe de cheveux qui leur pend fur l'épaule. Il y a quelque chofe d'approchant dans la

manière dont on repréfente les anciens François. Serionsnous originairement un peu Tartares?

Man

diverfes Provinces de la Chine ne permirent pas à l'Empereur d'agir efficacement contre les Mancheoux. Ceux-ci eurent par là. Inacbeau jeu: cependant ils n'en abu- tion des sèrent pas; voyant qu'on les laif- cheoux. foit en repos, ils s'y remirent auffi eux-mêmes, & fe continrent à peu-près dans les bornes de leurs conquêtes, c'est-à-dire dans la partie orientale du Leaotong. II fe forma même peu à peu une forte de correfpondance entre les deux peuples, qui devoit naturellement leur être utile.

,

Ce fut durant ce calme, que mourut en 1626 le Prince Taytfou, premier Roi de fa nation & fi digne en effet du thrône, où les Mancheoux l'avoient élevé. Esclaves avant lui, jusques dans Mort leurs déferts, ils y vivoient fans deTayt loix & fans difcipline: Taytfou fils" brifa leurs fers, en les tirant de Taytfong lui la barbarie; & fonda parmi eux fuccéde. une puiffance qui en moins de vingt ans engloutit la Chine. Celui de fes fils qui lui fuccéda, fe

fou; fon

nommoit Taytlong, Prince auffi fage & auffi vaillant que fon pere, d'un génie encore plus actif, ayant l'efprit cultivé par l'étude, & une réputation bien établie chez les Tartares & les Chinois.

Ces derniers, ainfi qu'on l'a dit, ne penfoient pas à inquiéter les Mancheoux ; mais comme il n'y avoit aucun traité entre les deux nations, la guerre pouvoit fe ralumer à toute heure. Pour l'éloigner toujours plus, le Mandarin qui commandoit alors dans la par tie du Leaotong foumife à l'Empire, crut devoir faire quelques démarches propres à concilier les Tayt- efprits, Sous prétexte d'un comfong re- pliment de condoléance qu'il deçoit une ambaf voit, en qualité de bon voifin au 1ade de Prince Taytfong, fur la mort rédu Vice- cente de fon pere, il lui envoya roi de une ambaffade des plus folemnel

la part

Leao

tong.

les, compofée de fept Mandarins. Le Chef de ces envoyés, appellé Lylama, avoit ordre de s'attacher à bien connoître le nouveau Roi, la difpofition des Grands à fon

égard, & les reffources de fon

état.

Cette marque de confidération de la part du Viceroi, plut beaucoup au Prince Mancheou, & il ne tarda pas à y répondre par une députation de trois de fes Officiers, qui devoient faire auprès des Chinois des obfervations toutes femblables à celles dont Lylama étoit chargé. La lettre qu'il leur remit eft une des plus fingulièrès en ce genre, par le mêlange qu'on y voit d'une certaine fierté tartare, avec la franchise & le bon fens qui diftinguèrent toujours le brave Taytfong. Il y prend fans façon la qualité d'Empereur; & pour ne pas déroger au droit qu'il croyoit avoir acquis fur la partie du Leaotong poffédée actuellement par les Mancheoux, il né donne au Mandarin que le titre de Viceroi de Chinyang, (13) qui étoit la Ville où il réfidoit. Cette lettre commence ainsi :

(13) Chinyang qui jourd'hui dans un fubfifte encore au- état de fplendeur, eft

'de Taytfong au

L'Empereur des Mancheoux à Yuent fonhoan, Viceroi de Chinyang.

Lettre >> Si votre Royaume & le nôtre » ont été en guerre, on ne doit Viceroi. » s'en prendre qu'à l'orgueil infup» portable des Mandarins qui gou»vernoient le Leaotong. Ils re» gardoient leur Maître, comme » élevé au plus haut des cieux » & ils fe croyoient eux, des hom» mes céleftes. Non feulement ils » ne faifoient aucun cas des auLetres Princes , que le Tien * a » prépofés au gouvernement des » nations mais ils en venoient »jufqu'à les outrager. Qui pour»roit fouffrir une telle infolence? » Le Tien n'a pas égard à l'éten» due ou à la petiteffe des états » ce qui le touche, c'eft la vérité » ou le menfonge qu'on emploie, » en traitant les uns avec les au»tres. Voilà ce qui l'a porté à

Ciel,

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fitué au centre du
Leaotong, vers le 41
d. 56 m. de latitude,
& le 142 d. de longi-
tude. Cette Ville eft

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regardée à préfent comme la Capitale de la Tartarie orientale: on l'appelle aus Mugden,

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