,, en agiffez autrement, foyez bien Le caractère de bonté du nouveau Souverain, & fon amour pour les fciences le rendoient infiniment cher à tout le monde. Telle fut cependant la fatalité des circonftances, que fon régne fut un des plus déplorables, & pour le Prince & pour les Sujets. Nulle confidération au dehors, beau coup d'intrigues à la Cour, des mécontentemens fans fin, & des révoltes fréquentes dans les Provin Négli Ia Cour des af faires ces. Voilà ce que valurent à l'Empereur Hoaytfong les indignes Miniftres qu'il employa. Il fut le dernier de fa Dynaftie. Son Confeil montra d'abord peu gencede de fagacité ou peu de zéle, en laifdePekin fant repartir Yuentfonhoan, pour au fujet le Leaotong, fans prendre avec lui de juftes mefures pour contende Tar- ter les Tartares, ou pour les tenir au moins en refpect. Ce fut là une faute capitale dont les fuites ne pouvoient être que terribles. tarie. Le Prince Mancheou ne voyant faire aucune démarche pour la paix, éclata enfin contre les Chinois. I fit monter à cheval les plus braves de fa nation; fe mit à leur tête, & ravagea un trèsgrand pays. On prétend qu'il détruifit trois bonnes Villes une douzaine de Bourgs, & plus de vingt petits Forts élevés tout récemment pour la garde de cette frontière. Il ne tenoit qu'à lui de faire encore plus de mal; mais il aima mieux s'arrêter au milieu de fon expédition, pour donner le temps aux Chinois de réfléchir meurement fur les conféquences de cette guerre, qu'ils pouvoient prévenir par un traité. C'est à quoi ils penfoient alors moins que jamais. Le cri des peuples défolés, & le danger que couroit l'Empire, en laiffant croître à fes dépens un Vaffal rebelle, ne touchèrent que foiblement la Cour de Pekin. Les Miniftres ne crurent pas même l'affaire affez férieufe, pour que l'Empereur en dût être inftruit; & effectivement il n'en fçut rien. Les Mancheoux aux portes de fa Capitale, furent les premiers qui lui apprirent leur révolte, & les fuccès qu'elle avoit eu. Pour les obtenir ces fuccès Taytlong eut d'abord recours au feul moyen de les rendre infailli bles, qui n'eft autre que la difcipline militaire, pouffée auffi loin qu'elle peut aller. Après avoir levé une armée des troupes, plus nombreufes, dans laquelle me les il fit entrer beaucoup de Mongoux, nières. Tayt fong lé ... ve des & for huit bão ce Prince divifa toutes fes trou pes en huit grands corps, fous autant de bannières, diftinguées entr'elles par les diverfes couleurs qu'il leur affigna. Le jaune, le rouge, le blanc & le bleu, furent les couleurs des quatre premières qui devoient les porter fans aucun mêlange. Il donna aux quatre autres les mêmes couleurs, pour le fond; mais une large bor dure de couleur différente empêchoit qu'on ne les confondît, foit entr'elles, foit avec les autres. Tous ces corps furent partagés en plufieurs brigades appellées Tchalan, & chaque brigade fut divi fée à fon tour en plufieurs grandes compagnies que les Tartares appellent Nirou. Cet arrangement fait, Taytfong expofa en détail aux Chefs de tribu de fa nation & à quel ques Princes Mongoux, le projet de campagne qu'il méditoit contre la Chine, & les moyens qu'il vouloit prendre pour y réuffir. Tous entrèrent parfaitement dans fes ne vues en avouant de bonne foi qu'un Général fi brave & fi habile, avec d'auffi belles troupes, pouvoit manquer d'être Conquérant. Ce jugement étoit bien fondé; mais il le parut encore mieux lorfqu'à l'iffue d'une revue générale, ce Prince adreffant la parole aux principaux Officiers de l'armée leur tint le difcours que voici. 199 2 cours de Nous devons regarder l'en- Dif ,, treprise qui nous occupe, com- Taytme étant effentielle au bien géné- fong. ral de notre nation; & ne pas oublier que nous allons, vous & moi, exécuter les arrêts du Tien. Gardons-nous par conféquent de rien faire en cette occafion qui foit capable de l'irriter. Vous, Princes, Généraux & ,, autres Officiers de mon armée. écoutez attentivement ce que j'ai à vous dire ce font mes ordres. وو 22 On ne fera aucun mal à ,, ceux qui fe foumettront de bon », gré à nous, ni à quoi que ce |