Page images
PDF
EPUB

QUATRIÈME PARTIE.

TENTATIVES DES POLONAIS ET DES ETRAN

GERS POUR RECONSTITUER LA POLOgne.

[ocr errors]

TENTATIVES

DES

POLONAIS ET DES ETRANGERS

POUR

RECONSTITUER LÅ POLOGNE.

Après le partage de la Pologne, les trois puissances spoliatrices prirent différentes mesures pour assurer leur conquête. La Russie fit déporter en Sibérie ou enfermer dans des cachots plus de quatorze mille Polonais, dont les plus illustres étaient Kosciusko, Wrawrzecki, Ignace Potocki, Kilinski, Mostowski, Niemcewicz, Zakrzewski. La Prusse jeta dans les prisons de Breslau, de Magdebourg et de Glogau, les généraux Madalinski, Grabowski, Gielgud, et les insurgés de la grande Pologne. L'Autriche ense velit dans les forteresses d'Olmutz, Zaionczecki, Kollontai, Stanislas Potocki, etc. La Russie conçut et appliqua sur-le-champ un système de dénationalisa tion qu'elle a toujours suivi avec un implacable acharnement. C'est qu'en effet le contact de la Lithuanie

[ocr errors]

et d'une partie de ses provinces lui rendait sa conquête très redoutable, et lui prescrivait très impérieusement l'occupation définitive. Néanmoins elle dissimula et suspendit même, pendant de rares intervalles, l'exécution de son plan; elle respecta les institutions nationales et usa de ménagemens de toute espèce, quand elle eut à craindre des soulèvemens provoqués et soutenus par des puissances étrangères; mais quand elle put opprimer en toute sécurité, elle appesantit son joug. Voilà les deux phases de sa politique envers la Pologne. La Prusse s'occupa promptement de déposséder par des moyens perfides les plus riches de ses nouveaux sujets. Feignant de venir à leur secours et de compatir aux maux qu'ils avaient soufferts dans l'invasion, elle leur offrit des sommes d'argent qu'elle recouvra bientôt par une expropriation qu'elle savait inévitable. L'Autriche, fidèle à son système d'énerver, d'affaiblir lentement les peuples qu'elle assujettit, exploita la Gallicie de toute manière par des réquisitions d'hommes, de vivres, d'argent, étendit partout les ténèbres, ferma les sanctuaires du savoir et des arts, et les remplaça par des instituts autrichiens, où on n'enseigne, comme on sait, qu'une science morte, pédantesque et inutile. Les Polonais craignirent bientôt de perdre leur langue, et pour la conserver, fondèrent la Société des Amis des Sciences, à Varsovie (Prusse ).

Les événemens qui se succédèrent en Europe, sous les règnes de Catherine et de Paul Ier, ne donnèrent aux Polonais aucune espérance ni aucune occasion. Mais quand la France, après avoir triomphé de la coalition des monarchies, réunissait ses forces pour prendre contre ses ennemis une offensive formidable; quand elle se fut soumise au plus grand capitaine des temps modernes pour se défendre et se venger; la Pologne entrevit le moment de sa résurrection. La brillante campagne de 1806 qui anéantit en quelques mois la puissance prussienne eut, au-delà de la Vistule, un retentissement électrique et profond. Les promesses de Napoléon, promesses malheureusement trompeuses, contribuèrent encore à exciter l'espérance des Polonais. Quatre jours après l'entrée des Français à Berlin, le général Dombrowski et Wybicki, au service de Napoléon, publièrent par ses ordres, des proclamations qui annonçaient le rétablissement de la Pologne. Aussitôt la Pologne prussienne envoya au camp français plusieurs régimens formés en quelques jours. Plus de douze mille habitans de la Lithuanie et de la Wolhynie accoururent aussi sous les drapeaux de leurs libérateurs. Si Napoléon eût franchi le Niémen, la Pologne tout entière se levait, et il pouvait d'un mot la rétablir; il ne le fit pas, et ce fut là une de ses grandes fautes. Son but même, au milieu de ses expéditions

« PreviousContinue »