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> seront accomplis. Avec l'aide du Tout-Puissant, » j'espère réaliser la régénération de la brave et respectable nation à laquelle vous appartenez. J'en ai » pris l'engagement solennel, et, de tout temps, son » bien-être a occupé mes pensées. Les circonstances politiques seules ont mis des entraves à l'exécution » de mes desseins. Ces obstacles n'existent plus. Deux » années d'une lutte terrible, mais glorieuse, les ont ⚫ aplanis.

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Un peu de temps encore, avec une marche sage, » et les Polonais recouvreront leur patrie, leur nom : » et j'aurai la jouissance de les convaincre qu'ou» bliant le passé, celui qu'ils croyaient leur ennemi » sera celui qui réalisera leurs vœux.

>> Combien il me sera satisfaisant, général, de

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» vous voir venir à mon aide dans ces travaux salu>> taires! Votre nom, votre caractère, vos talens, » seront mes meilleurs appuis.

» Paris, le 3 mai 1814.

» ALEXANDRE. »

Kosciusko vit l'Empereur à Paris, le 8 avril 1814; à son aspect, le prince 'ouvrit ses bras, et l'illustre vieillard s'y précipita. La conversation fut affectueuse et longue; Alexandre promit beaucoup; il promit le rétablissement de la Pologne, l'amnistie du passé, la création d'écoles pour les paysans et les

pauvres des villes. Kosciusko, qui s'était approché d'une carte du Nord, déroulée sur un bureau, indi

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qua du doigt, comme limites de la Pologne, la Dwina et le Borysthène. A cette conclusion, la figure du prince, sans cesser d'être bienveillante, prit quelque chose de soucieux, et Kosciusko vit de suite qu'il n'obtiendrait que des promesses, Il alla avec douleur communiquer ses prévisions à Lafayette, Le lendemain, le grand-duc Constantin disait, dans tous les salons, que Kosciusko était un vieillard tombé en enfance.

CONGRÈS DE VIENNE.

Les plus grandes difficultés qui furent soulevées au congrès de Vienne furent celles de la question polonaise.

Le congrès de Vienne avait à régler les résultats de ce grand combat dont Napoléon avait été le vaincu et Alexandre le véritable vainqueur.

La Russie, qui avait eu la plus grande part à la victoire, devait évidemment se faire la première part du butin. Or, sa part elle l'avait choisie longtemps d'avance : c'était la Pologne, dont les derniers événemens avaient fait ressortir l'importance. Frappé des dangers que venait de courir sa puissance, dit M. de Flassan, l'empereur Alexandre voulait se donner une meilleure frontière occidentale. Mais en réalité il désirait moins une frontière qu'une position prédominante en Allemagne.

En entreprenant leur croisade contre la France, la Russie par le traité de Kalisch (27 et 28 février 1813), la Grande-Bretagne par le traité de Reichenbach (14 juin 1813), et l'Autriche par le traité de Toeplitz (9 septembre 1813), s'étaient engagées envers la Prusse à la reconstruire à peu près telle qu'elle était avant la guerre de 1806. Le grand duché de Varsovie qu'Alexandre s'adjugeait avait été soustrait à la Prusse dès 1806. Il fallait indemniser Frédéric-Guillaume.

Les deux souverains s'étaient entendus à ce sujet avant leur entrée à Paris. En échange du duché de Varsovie, l'empereur de Russie promettait à la Prusse de lui faire accorder une lisière de la Pologne et la Saxe dont on voulait déposséder Frédéric-Auguste pour le punir de s'être séparé de la sainte

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alliance.

La Grande-Bretagne avait acquiescé à cet arrangement par son traité avec la Prusse du 28 septembre 1814. Tel était l'état des questions lorsque s'assembla le congrès de Vienne qui ne s'ouvrait pas pour rendre leur ancienne forme et leur ancienne étendue aux états existans, pour reconstituer ceux qui avaient péri, mais seulement pour régler les indemnités dues aux vainqueurs et les sacrifices qu'on imposerait aux plus faibles. Scholl, plus sage et plus

profond que M. de Flassan (1), s'exprime ainsi sur le congrès. « Le partage de la Pologne a été l'excuse » des bouleversemens auxquels l'Europe a été si

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long-temps en proie. Pour enlever ce prétexte aux conquérans futurs, peut-être aurait-il fallu ren» dre ce pays à son antique et complète indépen>> dance. Cette restauration était devenue impossi»ble; il ne s'agissait plus que de régler le partage de » manière que chaque état limitrophe trouvât sa tranquillité dans la possession d'une frontière mi⚫ litaire. >

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La puissance qui se montra la plus exigeante dans ses prétentions fut la Russie: elle voulait garder le duché de Varsovie. Voici ce qu'en dit l'auteur du congrès de Vienne : « Le fondement des prétentions

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de la Russie se trouve dans l'art. 2 du traité de » Reichenbach, lequel porte que la distribution du » duché de Varsovie et le partage des provinces qui » le formaient aurait lieu entre l'Autriche, la Prusse » et la Russie, d'après les arrangemens à prendre » entre elles sans aucune intervention du gouverne» ment français, l'exclusion de la France avait été » ratifiée par Louis XVIII. »

«Alexandre ne pouvant obtenir des indemnités à sa convenance que dans le duché de Varsovie, déjà

(1) Voir aux Pièces justificatives, un passage de Flassan, t. 1, p. 193, 194.

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