PREMIÈRE PARTIE. GRANDEUR DE LA POLOGNE MONARCHIQUE. 1. Quelques mots sur Kiow. 20 Terres-Russiennes. 3° Pièces historiques. Races. - Divisions historiques. Pertes et Conquêtes. cienne Pologne. Descriptions de l'an PIÈCES JUSTIFICATIVES. QUELQUES MOTS SUR KIOW. Kiow est principalement un centre de souvenirs anciens et historiques, et la nouvelle puissance russe voudrait s'y laver, comme dans un baptême, de son usurpation originelle, et de ses autres iniquités. Cette considération nous décide à nous arrêter un peu plus longtemps sur l'importance du rôle que la ville de Kiow semble commencer à jouer dans l'histoire actuelle. Après le débordement des peuplades du nord sur l'empire romain, les élémens bouleversés des nationalités européennes se sont trouvés, par l'effet du mouvement universel, réorganisées dans une partie de l'Europe, tandis que dans l'autre où continuèrent les oscillations déterminées par les invasions plus long-temps continuées des barbares, le sang des habitans de l'Asie n'a pu se confondre dans le sang des nations attaquées, ni s'assimiler les peuples envahis. Il en est résulté que, dans la partie occidentale et méridionale de l'Europe, il n'est plus question d'envahissemens, qu'il y règne un esprit de civilisation générale, une préoccupation d'intérêt universel qui tendent au bien-être matériel et moral des sociétés: tandis que dans le Nord les empiétemens et les conquêtes semblent être jusqu'à présent le seul élément vital des puissances. Là où se trouvent les limites du pays habité par les masses inertes, mais bien caractéristiques, appartenant aux races germaniques, là se montrent des peuples dont les uns, étouffés par les autres, paraissent attendre un moment propice pour éclore et prendre place sur la scène de la vie politique et sociale. Tout l'espace qui s'étend de la mer Baltique jusqu'à la mer Noire et la mer Adriatique, est précisément ce pays des Slaves dont le passé et l'avenir ne sont jusqu'à présent qu'une intéressante énigme. Des hordes de barbares y détruisirent d'abord, en passant, les traces des origines antiques; puis les hordes du Caucase s'y fixèrent pour ravager le pays par le pillage; enfin les Normands et les Tartares y pénétrèrent à leur tour; et cependant l'historien ne saurait découvrir et signaler le moment où, dans cette région incessamment envahie, se serait implantée la race slave. Il semble que cette terre portait dans son sein l'élément du peuple qui lui était propre, et qui, plusieurs fois enseveli par les invasions successives, reparaissait dans les momens propices plus resplendissant d'originalité et de force native. Il fut un temps où les nations de ces contrées avaient commencé å prendre un développement très étendu sous l'influence du christianisme; mais leur âge mur n'était point encore arrivé, et la Pologne peut être comparée à ces fertiles champs de blés qui, verdoyans en automne, doivent rester tout l'hiver sous la neige pour reparaître au printemps riches des moissons luxuriantes. ; L'aspect de tout le pays slave est bien triste pour le moment chaque fois cependant que brille une lueur d'espérance pour l'humanité, les yeux du monde entier se tournent vers ces contrées avec un sentiment d'amour et d'attente indéfinissables. Jusqu'à quel point l'étude de l'histoire pourrait-elle justifier cette préoccupation et cet espoir universel? On abuse de la vérité en disant que rien ne se répète dans les fastes du monde. L'ordre moral tout comme le monde physique, quoique inépuisable dans la variété de ses phénomènes, doit également avoir des règles fixes d'après lesquelles ses mouvemens s'opèrent. Lorsque la religion du Christ dut transformer la société, la puissance romaine sembla vouloir aider son action sur un point des masses immenses de différens peuples. Aujourd'hui que le christianisme se lève, pour ainsi dire, de nouveau sur l'humanité et que fermentent dans une partie de l'Europe les élémens d'un vaste renouvellement social, une puissance politique semble également préparer les voies au principe régénérateur, en convoquant, dans une autre partie de l'Europe, comme une assemblée générale des peuples de l'univers. A un terrain ainsi travaillé il ne manquera que la semence. Bien d'autres observations nous autorisent encore à mettre l'empire russe en parallèle avec l'empire romain. Si le pressentiment général d'une nouvelle époque pour l'humanité n'est pas un rêve de malade qui tourmente inutilement le monde; si, par la loi naturelle des réactions sociales, le Midi doit s'acquitter envers le Nord en lui donnant un évangile de civilisation en retour de ses enchérissemens de barbarie; pourquoi le Czar Moscovite, divinité artificielle qui offrait en sacrifice de si nobles, de si précieuses victimes |