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et telle est la grandeur du mal et la nécessité d'un prompt remède, que si la réponse de Votre Sainteté ne nous parvenoit point, nous serions forcés de conclure qu'il existe dans les communications des obstacles insurmontables, et nous nous verrions contraints, par ce seul fait et par la force des choses, d'accorder momentanément ces Dispenses.

En parlant ainsi, Très-Saint-Père, nous ✩ sommes bien éloignés de vouloir porter la moindre atteinte aux droits et à la majesté du Siége Apostolique. Elle connoît trop nos sentimens d'amour et de révérence filiale dont nous ne nous départirons jamais, pour voir dans notre détermination rien qui puisse les affoiblir. A Dieu ne plaise, Très-Saint-Père, que nous méconnoissions jamais en vous cette suprême autorité à laquelle nous sommes invariablement attachés, autant par honneur qué par devoir, autant par intérêt que par conscience. Mais ce n'est pas méconnoître une autorité que de la solliciter avec respect et de l'invoquer avec confiance; ce n'est pas la méconnoître que de ne vouloir agir qu'avec les clauses et réserves qui l'attestent et qui la supposent. Il y a plus; en nous accordant la grâce que nous sollicitons, Votre Sainteté fait

un acte conservatoire de son autorité, puisqu'Elle nous donne, par chaque Indult, une nouvelle preuve de ses droits, comme nous y trouvons un nouveau motif de reconnois

sance.

que

Permettez-nous encore, Très-Saint-Père, de profiter de cette circonstance, pour porter à vos pieds de nouvelles supplications, relativement à la viduité des Eglises de France, qui, depuis si long-temps, attendent de Votre Sainteté des Supérieurs et des Chefs Canoniques. Quel affligeant tableau celui que présente la vacance de tant de Siéges, ajoutée à la diminution progressive des Ministres inférieurs, et à cette disette effrayante d'ouvriers évangéliques, qui semble menacer la foi et les mœurs des campagnes d'une ruine entière! Si tout le zèle des Evêques qui se trouvent à la tête de leurs Diocèses peut à peine remédier à un mal si funeste, combien ne se fera-t-il pas sentir davantage dans les Eglises privées de leurs premiers Pasteurs? Nous ne chercherons pas, Très-Saint-Père, à pénétrer les motifs qui dirigent la conduite de Votre Sainteté dans le parti qu'Elle semble avoir pris à l'égard de l'Institution Canonique des Evêques; mais nous croyons pouvoir lui

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représenter, avec tout le respect que nous devons à sa dignité autant qu'à ses malheurs, que, quelles que soient ses raisons, quels que soient les motifs de plainte qu'Elle puisse avoir d'ailleurs, quelque fondées que puissent être ses répugnances, quelque dure et pénible que puisse être sa situation, il n'en est pas moins évident que, dans toutes les suppos sitions possibles, Elle ne sauroit persister dans une résistance qui doit avoir nécessairement

un terme.

Votre Sainteté a sauvé l'Eglise de France par le Concordat : Elle l'a tirée d'un abîme, d'où jamais elle ne fût sortie sans son intervention et le concours de son autorité. Elle étoit déjà la fille de l'Eglise Romaine qui l'avoit nourrie de son lait, suivant l'expression d'un de nos plus célèbres Evêques; elle est devenue aujourd'hui votre propre fille, parce que vous l'avez renouvelée par vos soins paternels et votre suprême puissance. Or, cette Eglise, qui est devenue comme votre ouvrage, cette Eglise si étendue, si importante, qui offre encore pour le bien de si grandes ressources, qui peut encore consoler Votre Sainteté par toutes les améliorations dont elle est susceptible, et à la destinée de laquelle semble atta

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chée celle de l'Univers Chrétien, cette Eglise, Très-Saint-Père, voudriez-vous l'abandonner à elle-même, en refusant de lui donner les Evêques qu'elle réclame, et la réduire ainsi à la triste nécessité et à l'extrémité fâcheuse de discuter les moyens de pourvoir à sa propre conservation?

Nous vous conjurons, Très-Saint-Père, par cette piété tendre, cet amour pour l'Eglise, cette douceur inaltérable et cette simplicité digne des temps apostoliques, que l'Univers admire en vous, de vous hâter de venir au secours de nos Eglises, par la concession de l'Institution Canonique et de l'Ampliation de votre Indult, et de prévenir par là les maux incalculables qui résulteroient inévitablement d'un refus prolongé,

Tels sont, Très-Saint-Père, les vœux et les supplications respectueuses des Evêques soussignés, qui, par la connoissance qu'ils ontde la position et des sentimens de leurs Collègues dans l'Episcopat, ne craignent pas de se présenter à Votre Sainteté comme leurs interprètes, la suppliant de ne voir d'autre but dans la présente lettre que le salut des âmes, la gloire du Saint-Siége, et le bonheur du Pontife qui l'occupe si dignement.

Prosternés aux pieds de Votre Sainteté, nous invoquons sur nous et sur les peuples confiés à notre sollicitude sa Bénédiction apostolique.

Signé

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De Votre Sainteté,

Les très-humbles, très-obéissans et très-dévoués serviteurs et fils,

+Card. FESCH.† C. F. M. Ar

chev. de Toulouse. † Louis-MATTHIAS,

Archev. de Tours.

de Malines.

Doм., Archev.

JEAN-BAPT., Ev. de

Verceil. J. CHRYSOST., Ev. de Casal.

CLAUDE-LOUIS, Ev. d'Orléans.

CHARLES, Ev. de Trèves. JEANBAPT., Ev. de Nantes. + YVES, Ev. de Chambéry et Genève.

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JEAN

FRANÇOIS, Ev. d'Amiens. - † CH., Ev. d'Arras. G. J. ANDRÉ-JOS., Ev. de Metz.

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† ET.-ANT., Ev. de Troyes. LOUIS, Ev. de Versailles.

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- † P.

P., Ev. de Meaux. + FAB.-SEB., Ev.

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