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DE L'IMPRIMERIE DE C.-F. PATRIS,

RUE DE LA COLOMBE, N° 4, DANS LA CITÉ.

OU

RECUEIL GÉNÉRAL

DES GÉNÉALOGIES HISTORIQUES

DES MAISONS NOBLES

DE FRANCE,

Formant les matériaux du DICTIONNAIRE UNIVERSEL de la NOBLESSE.

Du nom de NOBLE.

PRESQUE tous les auteurs se sont accordés jusqu'à présent sur les explications qu'ils ont données sur le mot de NOBLE.

Nobilitas nihil aliud est quàm cognita virtus : la noblesse n'est autre chose qu'une vertu connue, dit Ciceron, dans ses épitres.

Varron prétend que noble signifie connu. Porphire affirme que la noblesse représente le mérite des ancêtres et leur vertu éclatante: Nobilitas nihil aliud est quàm claritas splendorque Majorum, honor virtutis præmium. C'est le contraire de l'obscurité des ignobles ou inconnus appelés paysans, c'est-à-dire, gens du pays ou de la campagne.

Les Romains nommaient Paganos, ceux qui ne portaient pas les armes. On appelait Roturiers, ceux qui avaient été vaincus et mis en route ou déroute. On les nommait encore Villains de Villa, RUSTIQUES à rure, et ruptarii, parce qu'ils ouvraient et rompaient la terre par le labourage.

Les latins ont aussi formé le nom quils ont donné à la noblesse, nobilitas quasi noscibi litas; cette qualité de noble étant une marque de distinction qui fait connaître les personnes.

Plusieurs autres auteurs font dériver le mot de NOBLESSE à noscendo, du verbe connaître; car NOBLES, disent-ils sunt quasi noscibiles aut notabiles, n'y ayant rien de plus éclatant et de plus notable que la noblesse.

Quant à moi, sans plonger mes lecteurs dans l'abîme des recherches, sur l'origine des mots de noble ou de noblesse, je dirai qu'ils ne doivent être autre chose, dans le siècle éclairé où nous vivons, que la dénomination d'une classe de citoyens, qui par ses vertus, sa religion et son dévouement au prince et à la patrie, tient le premier rang parmi la nation.

Plusieurs cartulaires nous apprènent que, du temps de Charlemagne, on reconnaissait quatre sortes de personnes. 1o Les nobles, nobiles, les grands, les seigneurs. Cette qualité de noble était d'une si grande distinction, qu'elle était souvent donnée aux personnes des rois. On trouve dans l'histoire de Richard II, roi d'Angleterre, qu'après avoir été arrêté prisonnier et détrôné en 1399, par Henry, comte d'Erby son cousin, il disait en se plaignant : He! que dira le noble roi de France?

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Non-seulement cette qualité de noble est souvent répétée dans les épitaphes des rois mais encore dans les traités et les anciens titres. Les princes du sang l'ont prise dans un grand nombre d'actes. Thibaut, comte de Champagne, est qualifié noble homme, dans un titre de 1232;

20 Les hommes libres , ingenui, qui étaient d'une condition libre, de temps immémorial, nés dans le pays où ils demeuraient. Il y avait parmi eux trois sortes de rangs; celui des magistrats, à qui leur âge et leurs fonctions faisaient donner le nom de pères et de sénateurs ; celui des officiers d'armée qui furent nommés chevaliers, parce qu'ils combattaient à cheval; et celui du peuple, dans lequel étaient compris les soldats et les artisans.

3o Les lites, lites, les serfs, les habitants de la campagnes et les laboureurs. Il y avait trois sortes de serfs. Les premiers étaient ceux qui devaient la taille à leur seigneur, et cette taille était de deux espèces ; l'une sé payait à sa volonté, tantôt plus grande, tantôt plus petite, et l'autre était fixe.

4° Les esclaves, proprement dits, qui ne faisaient pas

des

en quelque façon partie de la république, mais étaient corps, corpora, vivants dans la dépendance absolue de leurs maîtres qui les vendaient et les échangeaient comme ils faisaient de leur bétail.

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En France, sous le règne de Louis Hutin, les habitants de plusieurs petites villes, et presque tous ceux de la campagne, étaient encore serfs; l'on n'avait alors que peu ou point changé l'état où ils s'étaient trouvés au commencement de la monarchie, lorsque les Francs les ayant assujétis par leurs armes ne leur avaient conservé la vie que pour profiter de leurs travaux, en les réduisant à un honteux esclavage.

Les peuples Français étaient pour la plupart gens de corps, gens de main-morte, gens de proüeste, assujétis en tout à la puissance de leurs seigneurs. Il n'y avait que les grandes villes qui eussent conservé leur liberté. Mais les moindres villes, les bourgs et les villages étaient demeurés dans leur premier état ; et quoiqu'il fût permis aux habitants d'avoir quelques terres, en quoi ils différaient des esclaves pris à la rigueur, cependant eux et leurs enfants ne pouvaient point sortir du domaine du seigneur où ils étaient nés, ils ne pouvaient s'établir ailleurs, ni s'y marier, sans encourir les peines portées par la loi de ce qu'on appelait fors-fuïage et fors-mariage; c'est-à-dire, des mariages faits hors de la terre du Seigneur sans sa permission. Ils ne pouvaient disposer de leurs biens en faveur des églises sans le consentement de leurs seigneurs.

C'est là l'état où était la France au treizième siècle et même encore au quatorzième; non pas d'une manière tout-à-fait uniforme, y ayant divers usages et diverses dérogations, autorisées par les seigneurs en différentes seigneuries. Les affranchissements ont commencé en France dès le règne de Louis le Gros. Et Philippe le Bel rendit la liberté à divers villages. Depuis le quatorzième siècle les affranchissements devinrent presque généraux.

Le nom

Du titre d'Ecuyer.

d'Écuyer vient de ce que les nobles portaient des écus et armoiries, qui sont des marques de noblesse, comme les images des aïeux l'étaient parmi les romains. Et Budée prétend que les armes de nos gentilshommes ont succédé à ces images. Pline nous apprend que c'é

tait la coutume de son temps de faire graver des figures sur les boucliers: Scutis continebantur imagines.

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Autrefois l'écu était si considéré, qu'on punissait ceux qui le quittaient, et non ceux qui quittaient leurs lances; parce que l'écu servait comme de rempart et de défense dans l'armée; c'est pourquoi le noble qui portait l'écu était joint au chevalier combattant dans les tournois pour lui servir de second, et pour lui conserver son écu blasonné de sa devise; ce fut sans doute pour cette raison que les écuyers furent appelés Scutarii. Le grand écuyer de France est appelé dans les anciennes chartres latines, Scutifer et Armiger, parce qu'il portait l'écu du roi.

La qualité d'écuyer est encore appliquée à ceux qui avaient du commandement sur l'écurie; mais on qualifiait ceux qui avaient ces charges, écuyers d'écurie.

La fonction de porter des boucliers étant toute militaire, et par conséquent exercée par des nobles, cette qualité a toujours exprimé la noblesse de celui qui l'a portée, même depuis que les boucliers ou écus ne sont plus en usage à la guerre.

La qualité d'écuyer ne se donnait cependant pas indifféremment à tous les nobles ; et jusqu'au commencement du quinzième siècle elle dénotait un ancien gentilhomme. Les barons, les plus grands seigneurs, et même des princes du sang se sont qualifiés écuyers dans leur jeune âge, jusqu'à ce qu'ils fussent parvenus à l'ordre de chevalerie; ils étaient dans une subordination si grande à l'égard des chevaliers, qu'ils ne faisaient point de difficulté, non-seulement de leur céder les places d'honneur en tous lieux, de ne se point couvrir en leur présence, et de n'être point admis à leur table, de leur obéir; mais aussi de les servir et de porter leur écu ou bouclier.

Ils ne pouvaient sceller leurs actes comme les chevaliers, lesquels pouvaient être représentés à cheval, armés de toutes pièces. Il y a des exemples sous le treizième et quatorzième siècles, par lesquels il paraît qu'ils remettaient à autoriser des actes de leur sceau, quand ils seraient parvenus à la chevalerie.

Ils ne pouvaient porter d'éperons dorés, mais seulement blanchis. Les habits, les éperons dorés et les ornements de fourrures étaient réservés aux chevaliers. Le roi Charles VIII, en 1486, leur permit les habits de soie, à l'exception des velours.

Un écuyer n'était jamais qualifié de messire, ni sa

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