Page images
PDF
EPUB

femme de madame; on l'appelait seulement demoiselle ou damoiselle, quand même elle aurait été princesse ; au lieu qu'aussitôt que son mari était devenu chevalier, il pouvait être appelé messire et monseigneur, et son épouse, dame.

Il y avait des écuyers qui n'avaient pas assez de biens pour parvenir à la chevalerie. C'est ce qui obligeait souvent les rois à établir une pension à ceux qu'ils faisaient chevaliers, et qui n'avaient pas de quoi soutenir cette dignité.

Les écuyers n'avaient en temps de guerre que la demipaye des chevaliers, à l'exception des écuyers-bannerets; ces derniers se trouvant seigneurs de bannière, et en état de mener leurs vassaux à la guerre, et parmi lesquels il y avait quelquefois des chevaliers, avaient la paye de chevaliers-bacheliers, qui était la demi-paye des chevaliersbannerets.

Cette grande subordination servait à les exciter d'un violent désir de se rendre dignes de la chevalerie, nonseulement par des actions de valeur et de bonne conduite; mais aussi par celles de la vertu, qui était essentielle pour faire un parfait chevalier.

Des Damoiseaux.

Le mot de Damoiseau est un diminutif de dom, dominus, qui signifie seigneur; les noms de dame et de demoiselle s'appliquent aux femmes ; le premier à celles qui sont mariées, ou qui sont de la plus haute condition; et le dernier aux filles, excepté celles qui sont du sang royal,

La qualité de damoiseau est fort ordinaire en Gascogne. Elle a été usitée dans la maison de Sarbruche, et à d'autres seigneurs qui ont possédé la seigneurie de Commercy.

Nos anciens titres nous apprènent que les damoiseaux se nommaient en latin Domicelli. Aimery de Poitiers. est qualifié damoiseau par Philippe le Bel, en 1297. Fi delis Aimericus domicellus, etc. Mahère, ou Mathieu de Lorraine, fils de noble prince le duc Thiebaut II, prend ordinairement le nom de noble damoiseau, dans les titres de 1309, 1317 et 1319, etc.

Des Valets ou Varlets.

Le terme de valet a été autrefois un titre honorable. Les fils des empereurs étaient appelés varlets ou valets.

Dans le Poitou, les valets étaient aussi considérés que les écuyers dans les autres provinces; le nom de valet n'était donné qu'à ceux qui apprenaient la profession des

armes.

Fauchet et Pasquier nous apprènent que les écuyerstranchants étaient appelés varlets.

Duchesne, dans l'histoire de la maison de Richelieu, rapporte un titre de l'an 1201, dans lequel Guillaume du Plessis se qualifie valet, qui signifie, dit l'historien, la même chose qu'écuyer ou damoisel; et il ajoute cette particularité, que les nobles, qui s'intitulaient valets, donnaient à connaître par là qu'étant issus de chevaliers ils prétendaient à l'ordre de chevalerie obtenu par leurs pères. Il cite ensuite plusieurs titres anciens, où un particulier qualifié valet se dit fils d'un chevalier.

[ocr errors]

Quelques auteurs dérivent le mot de valet du mot hébreu valad, qui signifie un enfant; d'autres de bar, qui veut dire fils, et que les Espagnols ont reçu des Sarrazins, et l'ont changé en varo, d'où l'on a fait varolet, et par syncope varlet, comme on disait autrefois, et comme il se lit encore dans les anciens hérauts d'armes.

Ducange dit qu'on a appèlé valeti les enfants des grands seigneurs qui n'étaient pas faits chevaliers, et qu'on a donné ce titre d'abord à des officiers honorables, comme valets-tranchants, valets-échansons, valets-servants de salle, etc.

Ce nom est demeuré aux tranchants du roi, depuis appelés écuyers-tranchants, et ces charges d'écuyers-tranchants ont été exercées par les plus grands seigneurs du

royaume.

Il y a plusieurs valets. Le premier valet-de-chambre du roi est un officier considérable qui couche au pied de son, lit, et qui est toujours dans sa chambre et garde sa cassette. Les autres valets-de-chambre habillent le roi, et servent par quartier aux offices de sa chambre.

Des Chevaliers-Bannerets.

Quoique le caractère de la noblesse soit uniforme, et qu'il soit en quelque façon vrai de dire qu'un gentilhomme n'est pas plus gentilhomme qu'un autre, il y a cependant toujours eu divers degrés entre les nobles qui ont composé différents ordres entr'eux; car les uns ont été plus relevés que les autres, à raison des dignités qui leur étaient conférées par le prince; les autres par les prérogatives que les qualités et les titres de chevaliers leur donnaient de sorte que l'on a toujours remarqué trois degrés et trois ordres de noblesse.

[ocr errors]

Le premier est celui de baron, qui comprenait tous les gentilshommes qui étaient élevés en dignité, tant à cause des titres qui leur avaient été accordés, qu'à cause de leurs fiefs en vertu desquels ils avaient droit de porter la bannière dans les armées, et d'y conduire leurs vassaux. C'est pourquoi ils sont ordinairement reconnus sous le nom de bannerets, et souvent sous le terme général de barons; ce qui a fait dire à Divæus, que barones vocari solent ii proceres, qui vexillum in bellum efferunt. Le second ordre était celui des bacheliers, ou des simples chevaliers, et le troisième celui des écuyers.

Dès la première race des rois de France, les nobles se séparèrent de leurs inférieurs, portèrent de longs cheveux à l'exemple des princes de la maison royale, pour marque de leur ancienne liberté.

Les bannerets étaient des gentilshommes qui avaient de grands fiefs qui leur donnaient droit de porter la bannière; ils étaient obligés de soudoyer cinquante arbalétriers qui devaient les accompagner.

Selon M. du Tillet, le banneret était celui qui avait autant de vassaux gentilshommes qu'il en fallait pour lever bannière, et faire une compagnie de gendarmes ou gens à cheval, entretenus à sa table et soudoyés à ses dépens. Il devait avoir un château, avec vingt-quatre chefs de famille qui lui prétassent hommage.

Pour parvenir à cette dignité, il ne suffisait pas d'être puissant en fiefs et en vassaux, il fallait encore être gentilhomme de nom et d'armes. Dans une bataille ou un tournoi, le banneret s'y trouvait, et faisait présenter, par un héraut, le panon de ses armes au roi, ou aux maréchaux de l'armée en l'absence du prince, et demandait

la permission de lever bannière, selon son rang de récep

tion.

On croit que le terme de bannière est dérivé de ban, qui signifie proclamation publique d'aller à la guerre.

Le droit de lever bannière était très-honorable, et la cérémonie s'en faisait avec pompe.

Selon un ancien cérémonial, un banneret devait avoir cinquante lances, 'outre les gens de trait, les archers et les arbalétriers qui lui appartenaient, savoir: vingt-cinq pour combattre et autant pour garder sa bannière, et chaque homme d'arme avait à sa suite deux chevaux.

Les bannerets étaient ordinairement connus sous ce nom comme sous le titre de barons; et comme ils avaient souvent la qualité de chevalier, c'est ce qui les a fait peler chevaliers-bannerets.

ap

Il y avait aussi des écuyers-bannerets qui possédaient des fiefs avec le droit de bannière; mais n'ayant pas encore reçu l'honneur de la chevalerie, ils ne pouvaient s'en attribuer le titre.

Dans les commencements le titre de banneret était personnel, et celui qui l'avait ne tenait cet honneur que de son épée et de sa bravoure; mais il devint dans la suite héréditaire, passant à ceux qui possédaient la terre ou le fief d'un banneret, bien qu'ils n'eussent pas l'âge nécessaire, et qu'ils n'eussent donné aucune preuve de leur valeur pour mériter cette qualité. Cet ordre fut changé à cause du ban et arrière-ban, parce que, lorsqu'il était assemblé, chaque banneret était tenu de servir son seigneur souverain; ainsi ce devoir, qui était personnel, devint purement réel, suivant le fief et la nature de son inféodation.

Il y avait des terres de haubert et de bannière, comprises sous le nom de militia ou de haubert; d'autres appelées fiefs et terres nommées baculariæ, ou de bachelerie; d'autres enfin appelées vavassories. Le vavasseur avait des vassaux, mais la seigneurie dépendait d'un autre seigneur.

Il y avait, entre le banneret simple et le banneret-chevalier, cette différence que celui-ci acquérait cette qualité par sa vertu, ses faits héroïques, et souvent aux dépens de son sang dans les armées; et que l'autre ne l'avait qu'à cause du fief auquel était attachée la bannière.

C'est une erreur de croire qu'il n'y eut point de différence entre le baron et le banneret; le contraire se prouve

par les arrêts du 2 et 7 juin 1401, qui contienent que messire Guy, baron de Laval, soutint à messire Raoul de Coëtquen, qu'il n'était point baron, mais seulement. banneret, et qu'il avait levé la bannière, dont on se moquait, en l'appelant chevalier au drapeau quarré.

Le banneret avait souvent des supérieurs bannerets. Le vicomte de Thouars avait sous lui trente-deux bannières. Le banneret avait le privilége du cri de guerre, que l'on appèle cri d'armes, qui lui était particulier, et qui lui appartenait privativement à tous les bacheliers et à tous les écuyers, parce qu'il avait droit de conduire ses vassaux à la guerre, et d'être chef de troupes et d'un nombre considérable de gendarmes; et en 1285, Philippe-le-Hardi fit un réglement portant qu'un chevalier qui aurait 3,000 1. de terre ou plus, ou un banneret, pourrait avoir trois paires de robes par an, et que l'une des trois serait pour

l'été.

La paye de chevalier-banneret était différente de celle du chevalier-bachelier, comme la paye de celui-ci l'était de celle de l'écuyer.

Les bacheliers étaient du second ordre, c'est-à-dire inférieurs en dignité aux barons et aux bannerets; ceux-ci recevaient l'investiture par la bannière quarrée, et le bachelier par un panon qui se terminait en queue, qui était l'enseigne avec laquelle il conduisait ses vassaux.

à

Le bachelier n'ayant ni assez de biens ni assez de vassaux pour les mener à la guerre ses dépens, marchait et combattait sous la bannière d'autrui, et tâchait de mériter le titre de banneret.

Ces bannerets et ces bacheliers tombèrent durant les divisions du royaume, arrivées sous Charles VIII; on leur ôta la liberté de faire la guerre de leur propre autorité; ils perdirent le commandement des armées et en même temps la qualité de bannerets. C'était néanmoins une très-belle et très-honorable milice, à laquelle tous les hommes braves aspiraient.

L'écuyer était le dernier étage des nobles, car souvent les écuyers étaient à la suite des chevaliers-bannerets et des bacheliers, portant leurs écus, et c'est de là sans doute qu'ils étaient appelés écuyers, scutiferi et scutarii.

« PreviousContinue »