EN FRANCE EN ITALIE ET EN ESPAGNE RECHERCHES SUR LEUR ÉTAT DEPUIS LEUR DISPERSION JUSQU'A NOS JOURS DE LA LÉGISLATION, DE LA LITTÉRATURE ET DU COMMERCE PAR I. BÉDARRIDE BATONNIER DE L'ORDRE DES AVOCATS, A LA COUR IMPERIALE DE MONTPELLIER PRÉFACE Nous sommes encore trop voisins de l'époque où les Juifs, privés de leurs droits, étaient soumis aux plus humiliantes distinctions, pour que la prévention dont ils ont été trop longtemps victimes se soit entièrement effacée. Grâce aux progrès des lumières et aux bienfaits de nos institutions, ce reste d'un vieux préjugé disparaît chaque jour; la piété, plus éclairée, apprend à regarder tous les 'hommes en frères; elle ne voit plus dans le culte qui diffère du sien un outrage fait à la Divinité, et respectant ce que Dieu permet, elle ne se persuade pas que la sagesse divine, pour assurer le salut d'une partie du genre humain, ait condamné l'autre à une réprobation éternelle. C'est lorsque les idées religieuses se sont ainsi épurées, qu'il est possible d'apprécier avec impartialité ces nombreuses accusations qui, pendant tout le cours du moyen âge, n'ont pas cessé de poursuivre les Juifs, au milieu de tous les peuples et dans toutes les parties du monde. Étrange spectacle que celui de ces hommes, qui, pour conserver le dépôt sacré de leur foi, bravaient les persécutions et le martyre; qui, ne pouvant désarmer le fanatisme, ne trouvaient de refuge ni dans la charité des prêtres, ni dans la justice des rois; qui, s'efforçant d'enrichir leur pays par leur industrie, leurs connaissances, leurs talents, ne pouvaient parvenir à se faire considérer comme des hommes; qui, demandant en vain une patrie, n'obtenaient de leurs oppresseurs que des massacres, des spoliations, du mépris, jusqu'à ce qu'enfin la mesure étant comblée, leurs cœurs avaient cessé de comprendre toute idée du juste et de l'injuste. Véritables cadavres vivants qui ne savaient plus que deux choses: pratiquer avec scrupule leurs observances reli a |