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Se glissent divisés à travers le feuillage,
Et blanchissent au loin les roses du bocage!
Du globe des viva s, du terrestre ho izon,
Détache à cet aspect ton cœur et ta raison.
Suis mes pas sans effroi : viens; nouveaux Prométhées,
Dérobons tous leurs feux aux voûtes argentées,
Et, nous applaudissant de ce noble larcin,
Réveillons la vertu qui dort dans no re sein.
Entre au sein du foyer où la foudre s'allume,
Où du rapide éclair bouitionne le bitume;
Mesure sans pâlir, dans son orbe trompeur,
Cet astre vagabond qu'exagère la peur,
Qui, les cheveux épars, et la queue enflammée,
S'offre comme un fantôine à la terre alarmée.
Dans son horrible éclat vois un ciel orageux....
Mais plutôt, affranchi du tourbillon fangeux
Qui pesoit sur ton ame et la tenoit captive,
Dans un ciel tout serein que ta vue attentive,
S'égarant au hasard de beautés en beautés,
Compte du firmament les berceaux enchantés.
L'alégresse, l'amour, dans ton cœur se confondent....
Tu viens parler aux cieux, et les cieux te répondent.
Quels sublimes objets! Quel loxe éblouissant!

Le jour n'a qu'un soleil à l'horizon naissant,
Et de mille soleils la nuit est éclairée.
Mille astres, à ma vue interdite, égarée,
Epanchent à la fois des torrens lumineux,
Qui sans les fatiguer réjouissent mes yeux.

Oh, que je puisse encore égarer ma pensée,
Au gré de mes desirs dans l'espace élancée !
Qu'elle suive le vol de ces astres lointains....
Desirs présomptueux! Efforts trop incertains!
Je ne puis avancer, ma foiblesse su combe;

Un long voile s'etend, et sur mes yeux retombe.
Dica seul et les esprits, chef-d'œuvre de ses mains,
De cet autre univers connois ent les chemins.

Faut-il donc s'étonner qu'aux jours de l'ignorance Ces astres, qui des Dieux nous offrent l'apparence, Aient usurpé l'encens des crédules mortels? sage dans son œur lui dresse des autels, Et respectant des cieux la majesté suprême, Au milieu de la nuit se demande à lui-même : "Quel art dut présider à ce dôme éclatant

Le

Dd a

» Sur un fleuve d'azur sans orage flottant?

» Rien dans son noble auteur n'annonce l'indigence : » La sagesse et le choix, l'ordre et l'intelligence, » Savamment combinés brillent de toutes parts. » Un seul lien unit tant de mondes épars.

» O surprise! Tandis qu'un mouvement rapide » Les emporte à travers cet océan du vide,

» Que tout part, va, revient, se balance, s'étend, » Roule, vole, et se suit dans un ordre constant, » Quel repos solennel plane sur la nature ! >> Quelle main de ces corps dessina la stature ? » Quel invisible bras, par la force conduit, » Peupla d'or et de feux les déserts de la Nuit, » De ces astres roulans étendit la surface, » Et versa leurs rayons au milieu de l'espace, » Plus nombreux mille fois que les sables des mers » Les perles du matin, les frimats des hivers, » Et tous ces flots brûlans qu'en sa course agrandie, >> Au dessus des cités entraîne l'incendie?

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» C'est en vain que l'impie ose élever sa voix, » Et dépouiller encor l'Eternel de ses droits. » Le hasard n'a point fait le monde planétaire, » Ni ces globes qu'emporte un mouvement contraire. » Il est sans doute un chef qui sous ses pavillons

» De ce peuple étoilé range les bataillons,

» Les lie à ses drapeaux sans trouble et sans murmure,

>> Fait d'un or immortel resplendir leur armure,

» Campe leurs légions dans un ciel radieux,
» Discipline leurs rangs et les arme de feux. >>

Oui, la Religion est fille d'Uranie:
Tout d'un Dieu créateur dévoile le génie.
Mais combien il éclate avec plus de grandeur
Dans ce vaste appareil de flamme et de splendeur !
Vous, astres lumioeux, vous, planètes errantes,
Et de lois et de moeurs famille différentes,
Qu'importe, dites-moi, cet éclat fastueux ?
Palais aériens, temple majestuenx,

Loges-tu l'Eternel?... Insensé, quelle audace!
Dès que je nomme Dieu, toute pompe s'efface:
La terre,
comme un point, disparoît devant moi,
Et le sujet se perd dans l'éclat de son Roi.

Et l'homme, chaque nuit, témoin de ces spectacles, Pour croire à l'Eternel, demande des miracles!

Des miracles!... Ingrat, contemple l'univers!
Dieu, sur tous les soleils, tous les mondes divers,
Grave en lettres de feu son nom et sa puissance;
Il nous poursuit partout de sa magnificence.

M. BAOUR-LORMIAN.

FRAGMENTS

Du poëme intitulé: LE JARDin de KensingTHON.

Ici, sur l'arboisier, sur ces jeunes boutons,
La chèvre en bondissant conduit ses rejetons :
Ils se livrent, joyeux, des guerres innocentes,
Entrechoquant leurs fronts et leurs cornes naissantes.
Là, savourant les fleurs du cytise et du thym,
Sur l'herbe humide encor des perles du matin,
A peine revêtu de sa toison légère,
L'agneau suit en bêlant les traces de sa mère,
Et n'a point à frémir, au sein de ses ébats,
D'un cerbère aboyant qui harcèle ses pas.

Navigateur pompeux, là le cygne nageant,
Promène avec orgueil son plumage d'argent.
Tantôt au bruit flatteur des ondes carressantes
Il livre aux vents légers ses voiles frémissantes,
Tantôt dans le cristal qui réfléchit les cieux
Il se mire, il se plonge, ou par un vol joyeux
Effleure en s'agitant sa limpide surface.

Mais si mon œil admire et sa forme et sa grace,
Mon ame admire encore un attrait plus charmant,
L'instinct, ce doux instinct, rival du sentiment.
Tandis que sur son nid sa compagne fidelle
Couve en paix sur la rive, il voltige autour d'elle;
Soudain quelque étourdi vient-il au bord de l'eau
De ses tendres enfans effrayer le berceau,
Il s'élance, son cou se dresse, son œil brille,
Et sur son lit de jonc il défend sa famille.

DUPUY-DES-ISLETS.

ENIGME.

A DEUX choses bien différentes,

Un même nom convient Ce nom, qu'il faut trouver
Sans le secours des remarques suivantes,
Pourroit, lecteur, te faire trop rêver.

Pour te filiter ce que tu te proposes,
Je te dirai que l'une de ces choses
S'exprime en genre masculin,
Et l'autre en genre feminin.
L'une est gracieuse, agréable,
D'un accueil doux et favorable,
Et très-volontiers se produit;
L'antre toujours est ténébreuse,
Timide, inquiète, ombrageuse,
Et s'effarouche au moindre bruit.
L'une fait toujours bonne mine;
L'autre ne vit que de rapine,

Et ravage partout où son corps peut passer.
L'une n'est qu'on gâte ménage:

D'amour et d'amitié l'autre est un témoignagne;
Mais un moment aussi suffit pour l'effacer.

LOGOGRIPHE.

UN acolyte, un bac, un arc, un lit,
Le troc, le broc, le lec et le cabrit,
Un abricot, le roi, l'air et la Loire,
Ali, Lia, le bari et le bail,

Roc, taire, un bloc, l'abri, le lait et l'ail,
Clio, le Caire, Erato, lire et boire,
Coire, la Brie, un lac et le Loiret,
La tile, Albi, de la cire, un carbet,
Jusqu'au rolet de ce bon La Fontaine ;
Tous c s objets, qui forment un hachis,
Ou, pour mieux dire, un tudesque gachis,
Ami lecteur, se rencontrent sans peine,
En combinant les neuf pieds de mon nom:
J'offre à tes yeux la machine légère
Avec laquelle un autre Phaëton

Semble vouloir tout réduire en poussière.

CHARADE.

LORSQU'ENFLAMMÉ de mon dernier,

On veut te ravir mon premier,
Tu es rempli de mon entier.

Mots de l'ENIGME, du LOGOGRIPHE et de la CHARADE insérés dans le dernier Numéro.

Le mot de l'Enigme du dernier N°. est Parapluie.

Celui du Logogriphe est Pierre, où l'on trouve père, prière.
Celui de la Charade est Re-belle.

Histoire de P. d'Aubusson-la-Feuillade, grand-maître de Rhodes; par le Père Bouhours, de la Compagnie de Jésus. Quatrième édition, augmentée de Notices sur quelques uns des personnages de la maison de P. d'Aubusson, qui se sont distingués dans ces derniers temps; par M. de Billy, ancien grand-vicaire de Langres, et chanoine honoraire de Besançon, Un vol. in-4°. Prix : 9 fr., et 11 fr. 50 cent. par la poste. A Paris, chez Goujon, libraire, rue du Bacq, n° 84 Brunot, libraire, rue de Grenelle Saint-Honoré, n° 17; et chez le Normant, imprimeur-libraire.

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Les bons livres sont aujourd'hui si rares, que l'on est presque toujours assuré du succès quand on réimprime des livres anciens. L'histoire que nous annonçons méritoit les honneurs d'une nouvelle édition. Le respectable éditeur n'a' rien négligé pour la rendre complète; et l'on ne lit pas sans intérêt une Dissertation sur Zizime, et des Notices sur quelques personnages illustres de la maison d'Aubusson. Nous suivrons la méthode que nous nous sommes tracée depuis long-temps, de parler avec autant d'étendue d'un bon livre réimprimé, que si nous avions à annoncer un ouvrage nouveau. Le public a paru approuver cette méthode, qui a l'avantage de fournir l'occasion d'appliquer les anciens et les seuls bons principes de la littérature.

Parmi les vies des grands hommes des temps modernes, il en est peu qui fournissent une plus belle matière à l'historien que celle du grand-maître d'Aubusson. Distingué dès sa jeunesse par des exploits contre les Turcs, honoré de la bienveillance de Charles VII et de l'empereur Sigismond, il abandonna, à l'âge des passions, les délices d'une cour voluptueuse, pour se consacrer entièremeut à la défense de la religion. Entré dans un Ordre militaire très-célèbre alors, et que l'exemple des excès des Templiers et de leur châtiment sévère avoit rappelé au but de son institution, d'Aubusson se distingue aussitôt qu'il paroît dans cette nouvelle carrière. Sans employer les ressources de l'intrigue, il parvient par degrés aux premiers grades de l'Ordre. Les papes, les grands-maîtres, conçoivent de lui les plus flatteuses espérances. Les dangers extrêmes que court la chrétienté, menacée par les armes vic

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