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homélies des Pères. D'autres ont pour objet spécial de réfuter les prétentions de l'incrédulité. Ainsi dans l'explication de l'Evangile du quatrième dimanche de l'Avent, le prélat prouve l'authenticité de l'Evangile. Ailleurs, il établit d'autres vérités que ce siècle a méconnues, et tonne contre notre indifférence et notre froideur à l'égard de la religion. Il entremêle ainsi la doctrine et la morale, fait aimer la foi en même temps que la vertu, et fait rougir l'homme de ses erreurs en même temps que de ses foiblesses. Nous prenons pour exemple un morceau où M. de la Luzerne montre les obstacles qui devoient empêcher l'établissement du christianisme. Le tableau est assez long; nous n'en détacherons qu'une très-petite partie :

« Au milieu de cette religion, si solidement fondée, si universellement révérée, relentit tout à coup l'annonce d'une religion nouvelle, absolument différente de toutes les autres, qui étoient venues successivement s'incorporer à l'ancienne. C'est une religion insociable; c'est un culte incompatible avec tous les cultes antiques; c'est un dieu ennemi de tous les autres dieux. Peuples égarés dans la religion de l'erreur, tout ce que vous avez cru est des fables; tout ce que vous avez révéré est des chimères; tout ce que vous avez adoré est des démons. Arrachez de vos coeurs les principes que vous suçâtes avec le lait; abjurez aux pieds des nouveaux autels les dogmes que, par une succession immémoriale, vous ont transmis vos ancêtres; effacez de vos esprits vos séduisantes fictions; brisez les ressorts de vos gouvernemens, et que vos souverains consentent à perdre l'appui que prêtoient à leur autorité vos pompeuses cérémonies. Les apôtres l'ont dit ; ils ont ordonné aux nations de fouler aux pieds tout ce qui avoit été · jusque-là l'objet de leurs respects. Et qu'y substitueront-ils? Par où remplacerout-ils tout ce qu'ils anéan

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tissent? Au lieu de ces divinités, que l'imagination multiplioit et embellissoit à son gré, ils présentent aux adorations de la terre un homme né parmi le peuple le plus méprisé, et dont la vie, passée dans l'humiliation et dans la bassesse, a été terminée par l'arrêt d'un président romain, dans le supplice le plus infâme, dans un supplice que Rome n'inflige qu'aux esclaves, et dont ses citoyens ne doivent pas être souillés. A ces fictions. enchanteresses, qui charmoient et élevoient les esprits, ils substituent des mystères qu'il est'ordonné de croire, défendu de sender, impossible d'approfondir. Quelle force s'est donc trouvée dans ces dogmes si austères, dans ce culte tout spirituel, pour que le genre humain se soit vu contraint de leur sacrifier tout ce que depuis une multitude de siècles il étoit accoutumé à révérer et à chérir? Je cherche le paganisme, et je ne le vois plus. Il a disparu de la terre qu'il gouvernoit; et le christianisme règue à sa place. Toutes les idoles sont en poudre, et Jésus-Christ est sur tous les autels ».

En général ces explications sont nourries, solides; elles abondent en développemens; elles sont de plus écrites avec intérêt, quelquefois même avec chaleur. Elles ne peuvent qu'ajouter à la réputation de leur illustre auteur, et fournir aux pasteurs et aux fidèles des sujets d'exhortations publiques et de lectures privées, également utiles pour faire connoître et aimer une religion aussi pure dans ses dogmes que consolante dans sa morale.

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

ROME. Le cardinal Ferdinand - Marie Saluzzo, qui vient de mourir, étoit né à Naples, le 21 novembre 1744, de la famille des ducs de Conigliano. Il donna dès sa jeunesse des marques de sagesse et de piété. Lorsqu'il

eut terminé, à Rome, le cours de ses études, il fut admis daus le collégé des protonotaires apostoliques, puis nommé vice-légat de Ferrare, et il fit même les fonctions de légat en l'absence du cardinal Borghèse, qui fut appelé au conclave après la mort de Clément XIV. Etant retourné à Rome, Pie VI lui donna la place de Ponent de la consulte, et en 1784, il l'envoya, comme nonce, en Pologne, charge dont M. Saluzzo s'acquitta avec prudence et dextérité au milieu des troubles de ce pays. Au retour, il fut fait président d'Urbin, et gouverna cette province avec beaucoup de droiture et d'équité. Le 23 février 1801, le Pape régnant le nomma cardinal du titre de Sainte-Marie del Popolo, qu'il quitta peu après pour celui de Sainte-Anastasie. Outre les congrégations de la Propagande, du concile, des rits, et des évêques et régulières, dont il étoit membre, il étoit depuis 1714 préfet de celle du bon gouvernement. Ce cardinal s'étoit fait aimer par sa franchise, sa candeur et par ses qualités sociales. Ses funérailles eurent lieu, le 7 novembre, dans l'église de Sainte-Marie in Vallicella. Le saint Père y assista avec le sacré collége. De là le corps fut transporté dans l'église de Sainte-Anastasie. Il a prié le souverain Pontife, par son testament, d'accepter un tableau de l'Assomption.

Les gens de lettres de cette capitale ont revn avec plaisir le P. Andres, Jésuite, qui vient d'arriver de Naples, PARIS. Mme, la princesse de Condé, qui a depuis longtemps renoncé au monde pour embrasser les austérités de la vie religieuse, n'avoit pu, malgré son désir, reprendre la clôture depuis son retour d'Angleterre. Il avoit fallu disposer l'hôtel du Temple, que S. M. lui a donné pour s'y réunir avec ses sœurs. Les travaux viennent enfin d'être terminés, et la princesse y est entrée le 3 novembre au soir. Elle se propose de n'en plus sortir, et d'y observer la règle dans toute sa rigueur. La maison a été distribuée comme il convenoit pour une

communauté. On a pratiqué provisoirement une chapelle dans une des salles, qui est la pièce même qu'occupa Louis XVI lorsqu'il fut amené dans ce lieu, et avant qu'on le conduisît à la tour. Ce n'est pas sans dessein probablement que l'on a choisi cette salle pour en faire un lieu de prières. La princesse y retrouvera les souvenirs de sa famille, et ce sera un nouveau motif pour les religieuses de l'Adoration perpétuelle de joindre à leurs pieuses méditations des prières pour d'illustres victimes, et des voeux pour le Roi et pour l'Etat.

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. Le Roi continue d'entendre la messe dans ses appartemens. S. M. est cependant rétablie, et elle a reçu tous ces jours derniers.

MONSIFUR et les Princes ses fils sont allés, le 30 novembre, à Saint-Denis. Les maisons de la ville étoient décorées de drapeaux et d'emblêmes. LL. AA. RR. sont descendues dans la grande cour de la maison royale d'éducation, et y ont été complimentées par M. le grand chancelier de la Lé gion d'honneur, et par Mme. la surintendante. MONSIEUR a dit à M. le duc de Tarente: « Monsieur le maréchal, c'est avec un vrai plaisir que je viens visiter cet établissement. Le Roi a suivi le vœu de son cœur en le prenant sous sa protection. Le bonheur de cette maison est fondé sur la religion, dont ces dames donnent un si touchant exemple, et sur le véritable honneur françois. Personne ue le connoît mieux que vous, Monsieur le maréchal ». Les Princes se sont rendus ensuite à la chapelle, où ils ont été reçus par M. l'abbé de Quélen, vicaire général de la Grande- Auinônerie, et par MM. les aumôniers de la maison. Les élèves ont chanté devant LL. AA. RR., qui ont visité la pharmacie, les ateliers et les classes, et qui les ont trouvés tous dans le meilleur or dre. A deux heures elles ont paru au réfectoire, où les élèves étoient réunies. On a porté une santé au Roi et à la famille royale. MONSIEUR y a répondu en buvant à la santé des dames et des élèves, et à la prospérité de la maison. Le Prince a

passé ensuite en revue, sur la place, la garde nationale et les troupes de la garnison.

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M. le duc de Luxembourg est arrivé à Paris, et a repris son service auprès du Roi comme capitaine des gardes. M. Camille Jordan, de la chambre des députés, est nommé conseiller d'Etat. M. Benoist, de la même chambre, cesse de faire partie du conseil.

Une ordonnance du Roi porte que la promulgation des lois et ordonnances résulte de leur insertion au Bulletin officiel.

M. Varenne de Fenille est nommé secrétaire général de la préfecture de l'Ain.

M. Landré-Beauvais, médecin en chef de la Salpêtrière, est nommé, en la même qualité, pour l'Ecole polytechnique; et M. Gaultier de Claubry, ancien chirurgien-major de la garde, est nommé chirurgien du même établissement.

Les étudians en droit de Paris ont adopté la louable coutume de déposer, au commencement de l'hiver, quelque somme pour les pauvres, en prenant leurs inscriptions. Leurs offrandes se sont montées, cette année, à 1677 fr. 65 c., qui sont destinés pour les pauvres de ce quartier.

Plusieurs légions changent en ce moment de garnison. Celle de la Vendée, forte d'environ quatre cents hommes, se rend à Paris. Celles du Jura et de la Haute-Saône, sont en marche pour Strasbourg, d'où celle du Bas-Rhin doit se rendre à Besançon....

-La frégate l'Hermione est arrivée, le 25 novembre, à Brest, yenant de Rio-Janeiro, et en dernier lieu de Lisbonne. M. le duc de Luxembourg étoit sur ce bâtiment.

-Trente-huit bâtimens françois ont apporté, à Marseille, cent vingt mille quintaux de morue, produit de la pêche de Terre-Neuve.

Des lettres de la Guadeloupe annoncent que tout y étoit tranquille; mais un ouragan violent avoit causé de grands

ravages.

Le dernier duc de Modène et le dernier rejeton de la maison d'Este, Hercule III, étoit mort à Trévise, après avoir été obligé de quitter ses Etats, et avoir demandé, en mourant, à être enterré dans la cathédrale de Modène, à côté du saint patron que la ville regarde comme son protecteur.

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