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l'Eglise, ne balanceroient pas à donner encore cellelà, et à faire, s'il en étoit besoin, quelque sacrifice à l'unité et à la paix; et de même que Louis XIV apporta dans cette affaire une sage condescendance, des égards constans pour le saint Siége, et un sincère désir de mettre fin aux discussions, nous sommes assurés aussi que les mêmes motifs inspireroient la même conduite à la sagesse de son auguste et religieux petitfils. Tout ce qui s'est fait est un gage rassurant pour le peu qui reste à faire. Espérons donc une issue prochaine et heureuse. Ce n'est pas quand on est d'accord sur le fond, qu'on doit craindre d'être long-temps divisé pour quelques incidens. Il paroît que le premier projet a subi quelques modifications. Nous avions parlé de quatrevingt-douze siéges, et c'étoit en effet le nombre primitivement convenu, qui pourroit être cependant un peu réduit, mais en laissant toujours subsister les anciens titres, et même en permettant aux diocèses qui voudroient faire les frais nécessaires de se rétablir comme auparavant. On croit que déjà la plupart des nominations sont faites. Tout ce qu'il nous est permis de présumer sur cette partie du travail, qui doit être fort secrète, c'est qu'à en juger par la pureté des vues du prélat chargé des choix, l'intrigue et l'ambition seront écartées, et que l'on consultera, non pas la naissance, la faveur, les brigues, mais la piété, la capacité, le zèle. Puisse la juste sévérité qui présidoit aux nominations, dans le siècle dernier, sous le ministère du cardinal de Fleury, se reproduire sous un prélat non moins vertueux! elle auroit les suffrages de tous les amis de la religion, dans un moment où les bons évêques sont plus nécessaires que jamais.

Nous avons cité dans le temps l'ordonnance de Sa Majesté qui rétablissoit les aumôniers dans les régimens, et l'on a applaudi à une mesure si sage et si salutaire. Il convenoit en effet de ne pas priver des secours du christianisme ceux qui s'exposent pour le

bien de l'Etat ; et plus ils ont de dangers à courir, soit dans la licence des camps, soit dans les événemens de la guerre, plus il étoit à souhaiter qu'on leur ménageât les remèdes ou les préservatifs que l'Eglise présente à ses enfans. Ceux qui ne songeoient qu'à satisfaire leur ambition et leur cupidité, et qui ne craignoient ni d'égorger ni de pervertir les générations, pourvu qu'ils parvinssent à leur but, favorisoient les vices du soldat pour se l'attacher davantage par cette condescendance perfide. Mais un Roi qui est le père de ses sujets, et qui s'intéresse surtout aux braves qui défendent son trône, devoit leur procurer les moyens de servir Dieu librement. Jadis on comptoit dans les troupes, des officiers, des soldats qui se faisoient un honneur de leur fidélité à leurs devoirs de chrétiens; et il n'étoit pas de régiment où l'on ne trouvât plusieurs de ces guerriers irréprochables, modèles de piété à l'église, et de valeur dans les combats. Pourquoi ces heureux exemples ne se reproduiroient-ils pas parmi nous? Déjà des ecclésiastiques ont été attachés, comme aumôniers, à tous les régimens de la garde royale, et l'accueil qu'ils y ont reçu leur présage des consolations. M. le ministre de la guerre, qui s'est occupé avec zèle de leur rétablissement, avoit sans doute donné des ordres pour que ces ecclésiastiques fussent reçus convenablement, et MM. les officiers leur ont témoigné toutes sortes d'égards et de politesses. C'est effectivement en honorant leur ministère qu'on les mettra dans le cas de le rendre utile. On s'occupe aujourd'hui de procurer le même avantage aux légions départementales, et on dit que Mer. le grand-aumônier à déjà désigné les sujets qu'il a jugés les plus propres à ces fonctions importantes. Des prêtres vertueux se sont offerts pour les remplir et il semble que Dieu, qui proportionne les moyens aux besoins, ait développé dans cette circonstance une vocation particulière pour ce genre de bonnes œuvres. Ainsi, un état périlleux ne sera point laissé sans secours, et nos braves soldats pourront pratiquer leur religion,

à l'exemple de ce Prince qu'ils ont vu, dans le midi, supporter avec eux les fatigues, marcher à leur tête, et partager leurs dangers dans une malheureuse mais mémorable campagne; et qui, digne fils de saint Louis, allie si bien les pratiques de la religion avec les exercices militaires, et se montre à la fois chrétien plein de piété et guerrier plein d'honneur.

- Le jeudi 21, on a célébré, au séminaire SaintSulpice, la fête de la Présentation de la sainte Vierge, marquée pour le renouvellement annuel des voeux cléricaux. M. l'évêque d'Amyclée officioit. MM. les évêques de Bayeux et de Troyes étoient présens, ainsi que plusieurs curés et ecclésiastiques de la capitale, qui venoient puiser l'esprit ecclésiastique dans cette maison où s'étoit formée leur jeunesse, et où ils avoient reçu l'exemple de tant de vertus.

-M. l'abbé Doilliamson, ancien abbé commendataire d'Hermières, vicaire général et archidiacre_de Reims, vient d'être enlevé à l'Eglise et à sa famille. Déporté en 1792, il se retira en Angleterre, et il exerça les fonctions d'aumônier dans le régiment d'Hervilly, levé au service de cette puissance. Il passa ensuite, avec la même qualité, dans le corps noble du comte Doilliamson, son frère, qui étoit destiné à venir en France, et il le suivit à Quiberon et à l'Ile-Dieu. Ses soins pour les malades et les blessés le firent chérir et respecter. Il fut également utile en Normandie, auprès des armées royales, Après la mort de son frère, tué à cette armée, il fut contraint de retourner en Angleterre, et ne revint dans sa patrie qu'après la paix d'Amiens. Il se retira à Coulibeuf, près Falaise, dans le sein de sa famille et il vient d'y mourir à l'âge de 73 ans. Ses parens, ses amis, et les pauvres qu'il assistoit, donneront long-ten: ps des regrets à sa mémoire.

BEAUVAIS. La mission qui vient de se terminer ici,

s'est prolongée par le zèle des Missionnaires, et par l'ardeur des habitans à y correspondre. Elle ne devoit être d'abord que de quelques jours, et elle a duré cinq semaines. La dernière n'avoit pas été finie, et avoit besoin de ce complément. Le départ subit des Missionnaires au 20 mars, et l'esprit fatal qui domina pendant les cent jours, avoient altéré les bons effets de leur première visite. Les résultats de celle-ci promettent d'être plus stables. Les instructions des Missionnaires ont été fréquentes et assidument suivies. Ils se partageoient pour le ministère de la parole et pour le tribunal de la pénitence. La confiance qu'ils ont inspirée a triomphé de toutes les préventions. Des incrédules leur ont adressé des objections qu'ils ont résolues publiquement. Des larmes abondantes ont été versées; et si ces marques de sensibilité et de repentir ne paroissoient pas prouver assez une conversion réelle, on sera au moins forcé de convenir que des restitutions en supposent une sincère et véritable. Or, il y en a eu plusieurs, et d'importantes. La mission a été terminée par les exercices accoutumés. Le jour de la Toussaint, il y a eu communion générale, où quatre cents hommes et huit cents femmes ont paru à la sainte table; quelques-uns mêmes disent davantage. Le dimanche 3 novembre, on a planté la croix, hors de la ville, sur un terrain donné par un particulier. Quatorze paroisses voisines y étoient venues processionnellement. La garde nationale et un régiment de dragons maintenoient l'ordre; mais ce qui le maintenoit encore mieux, c'étoient les dispositions des habitains. Le clergé et les fidèles chantoient des hymnes. La croix, de trente pieds de long, étoit portée par des hommes qui se relayoient; il y en avoit trois cents d'inscrits pour cela. M. le préfet et les principales autorités de la ville suivoient M. de Janson, qui faisoit fonction de célébrant, et qui, arrivé au Calvaire, prononça un discours que l'on entendit avec recueillement. La croix fut dressée au son de toutes les cloches, et la procession

revint dans le même ordre, chacun paroissant pénétré de l'esprit de cette pieuse cérémonie. Les Missionnaires ont fait leur adieux en chaire, et ont excité bien des regrets et fait verser bien des larmes. Ils ont promis de revenir. Les habitans de Breteuil avoient demandé à M. de Janson deux Missionnaires; il n'a pu se rendre à leurs désirs, ayant promis de partir de suite pour Poitiers, où il doit être même déjà rendu avec ses Missionnaires, tandis que M. Rauzan, avec plusieurs autres, a déjà ouvert à Caen le cours de ses instructions. Ainsi, ces hommes infatigables se multiplient avec que rien n'arrête, et ne se délassent de leurs travaux qu'en en entreprenant de nouveaux.

un zèle

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. Le Roi va de mieux en mieux. S. M. ces jours-ci.

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Le 19, avant la messe, S. Exc. M. l'ambassadeur de Sardaigne a eu une audience particulière du Roi, dans laquelle il a présenté à S. M. une lettre de son souverain.

-Les princes sont allés passer deux jours à Fontainebleau.

- La cour a pris le deuil jeudi, pour trois semaines, à l'occasion de la mort de S. M. le roi de Wurtemberg. Ce deuil se portera en noir les onze premiers jours, et en blanc les dix derniers.

-M. Manos, chargé d'affaires de la sublime Porte près la cour de France, est arrivé à Marseille, et doit se rendre à Paris dès qu'il aura rempli les conditions prescrites par les réglemens de santé.

-Sur la proposition de S. Exc. le ministre secrétaire d'Etat de la guerre, S. M., par un nouvel effet de cette bonté paternelle qu'elle étend à tous ses sujets, vient de dé◄ cider que tous les employés des différens services administratifs de l'armée, qui, à raison de l'infériorité de leur grade, n'ont pu jusqu'à présent participer aux avantages résultans

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