Page images
PDF
EPUB

Elles ont été envoyées à la commission des pétitions. La cham bre avoit ajourné l'admission de MM. Carré, Cambout de Coislin, André, Piet, Castel, de Berckheim, de la RocheTullon, Héroult de Hottot et Jounneau. Ces députés, ayant fourni les pièces requises, sont définitivement admis. Le président rend compte de la présentation de l'adresse faite à S. M., et rapporte la réponse du Roi. M. de Marcellus dit qu'il est obligé de déclarer que, dans la séance du 14, il n'a pas été d'avis d'adopter l'adresse telle qu'elle est conçue. Il ne croit pas qu'il fût à propos de parler des libertés de l'église gallicane, dans le moment où le premier de nos vœux et de nos besoins est un accord prompt et définitif avec le saint Siége, et le rétablissement d'une religion.... Ici l'orateur est interrompu par un grand nombre de voix. M. le président lui fait observer qu'il ne peut plus être question de la discussion de l'adresse qui a été votée par la chambre. M. de Marcellus, après quelques efforts pour se faire entendre, descend de la tribune. M. Clausel de Coussergues demande la parole. On a parlé de l'unanimité de l'adresse, dit-il : je déclare aussi que je me suis levé contre son adoption. Les murmures redoublent. Le président dit que cette réclamation auroit dû être faite lorsqu'on a lu le procès-verbal. Le silence s'étant rétabli, le président fait l'appel des députés qui n'étoient pas présens à la séance royale. Ils prêtent leur serment, et la chambre se forme à une heure et demie en comité secret, pour recevoir une communication du bureau. Elle étoit relative aux secrétaires et messagers de la chambre. Il a été décidé que MM. Aymé Martin et Couchery, secrétaires-rédacteurs, Giraud et Caron, messagers d'Etat, continueroient leurs fonctions.

Le 20, le 21 et le 22, il n'y a pas eu de séance publique. Les députés se sont réunis dans les bureaux pour la discussion préparatoire du budjet.

LIVRE NOUVEAU.

-unes des

Explication des Evangiles des Dimanches et de quelquesprincipales Fêtes de l'année; par C. G. de la Luzerne, évêque de Langres nouvelle édition de Paris, beaux caractères, contenant 4 gros volumes in-12, broches; prix, 12 fr. et 16 fr. franc de port. Au bureau du Journal.

Nous rendrons compte sous peu de cet ouvrage.

(Mercredi 27 novembre 1816.)

(N°. 240.)

Beautés de l'Histoire d'Italie, ou Abrégé des Annales italiennes, avec le Tableau des mœurs, des sciences, etc.; par M. Giraud (1).

A ce nom d'Italie, mille souvenirs à la fois agréables et funestes viennent se présenter en foule à notre esprit. C'est au sein de cette grande contrée que s'éleva cette maîtresse du monde qui mit le titre de citoyen romain au-dessus même de la dignité de roi. Héritière de la littérature des Grecs, qu'elle respecta même après les avoir asservis, Rome répandit les con noissances dans le reste de l'Europe, qui depuis tant de siècles ne cesse d'admirer ses poètes, ses historiens, ses orateurs. Cependant son plus grand triomphe n'est fondé, ni sur les exploits de ses guerriers, ni sur les talens de ses écrivains. Une gloire plus douce lui étoit réservée, et un empire plus durable a succédé à celui que les armes lui avoient acquis. C'est là que le premier des apôtres de J. C. a fixé son siége; c'est là qu'il versa son sang, c'est là que s'établit le centre de cette religion qui devoit pénétrer plus loin que les aigles romaines, et soumettre des nations que le peuple-roi n'avoit ni domptées ni même connues; et l'étendard de là croix, flottant depuis dix-huit siè̟cles sur le capitole, a fait plus de conquêtes et obtenu plus de respects, que les drapeaux des Césars, dont l'orgueil et la bassesse faisoient autant de dieux. Cependant, au milieu de cette double illustration de

(1) 2 vol. in-12; prix, 6 fr. et 8 fr 25 c. franc de port. A Paris, chez A. Eymery, rue Mazarine.

Tome X. L'Ami de la Religion et du Ro1. E

l'Italie, combien n'a-t-elle pas essuyé de désastres, vu de crimes, compté de révolutions? Ravagée tour à tour par ses propres enfaus et par les étrangers, déchirée par des divisions presque continuelles, elle a surtout été en proie aux inondations des barbares, qui l'ont couverte de sang et de ruines. La foiblesse de l'empire romain les attira dans son sein pour s'en partager les débris, et cette époque fut pour elle lę commencement d'une longue chaîne de calamités. Des hordes renaissantes se précipitent sur ce colosse ébranlé. Les Hérules, les Goths, les Lombards, se succèdent, se battent, se détruisent. L'Italie est partagée en différens Etats qui conspirent leur ruine mutuelle; des principautés se forment, des républiques s'élèvent, et de ces morcellemens naissent des rivalités, des guerres, des révolutions fréquentes. Sans doute cette succession de carnages et de catastrophes mérite pen le nom de Beautés, et ce titre ne fur ja mais plus mal appliqué qu'à une histoire féconde en crimes et en horreurs de toute espèce. Il convient d'autant moins à l'ouvrage de M. Giraud, qu'aucun fait n'y est omis; qu'il ne paroît pas avoir songé à faire un choix, et que l'ordre des dates n'est jamais interrompu dans son récit.

Nous voulons croire que l'auteur est étranger à une annonce qui sent un peu le charlatanisme. Il ne nous semble pas devoir être confondu avec les compilateurs ordinaires. Son ouvrage ne manque pas de critique, sa narration est claire et rapide, son style a du mouvement et de la chaleur; quelquefois même il y en a trop. Ainsi, dans l'Avant-propos, où il veut prendre un ton beaucoup trop haut, il n'évite pas la déclamation et l'enflure. J'ai un autre reproche

plus grave à lui faire. L'histoire des Papes ne forme pas la portion la moins intéressante de l'histoire d'I talie. Or, M. Giraud ne paroît pas avoir envisagé ce sujet sous son vrai point de vue, et dans cette partie de son travail il a trop donné à l'esprit de son siè→ cle. L'impartialité exigeoit qu'en racontant le mal il tînt aussi note du bien. Il y a eu des papes ambitieux, il y en a eu de guerriers, il y en a eu de peu édifians. Mais s'il y a lieu de s'étonner de quelque chose, c'est qu'une si nombreuse succession de souverains n'offre pas plus de taches. Il n'est assurément aucune histoire qui, dans un égal nombre de princes, ne présentât plus de caractères indignes d'estime, plus de règnes affligeans, plus d'actions répréhensibles.

M. Giraud, qui rappelle soigneusement tout ce qu'il y a eu de plus fâcheux en ce genre, n'auroit-il pas dû retracer avec la même exactitude les exemples contraires? Pendant trois siècles, le saint Siége ne fût occupé que par des saints auxquels l'Eglise a élevé des autels; et depuis même que la charité se fut un peu refroidie, combien de grands hommes ont été élevés sur la chaire apostolique! Les Gélase, les Léon, les Innocent, les Grégoire, les Nicolas mériteroient d'être cités pour leurs bienfaits envers la société, quand ils ne le seroient pas pour leurs hautes vertus, et leurs services envers la religion. Ces éminens personnages calmoient les différends, réconcilioient les rois, arrêtoient la fureur des barbares, et, étendant partout leur sollicitude, étoient dans les pays les plus éloignés les protecteurs du pauvre et de l'opprimé, la lumière de l'ignorant, le conseil et l'appui du foible. Leurs nombreuses lettres montrent dans eux les apôtres de l'humanité autant que de la foi; et leur

réputation à cet égard étoit si bien établie, qu'on recouroit à eux de toutes parts, comme à des arbitres et à des pacificateurs.

Ces titres honorables devoient peut-être être rappelés ici; mais l'historien, trop fidèle à suivre les exemples de quelques-uns de ses devanciers, a jugé que son abrégé ne comportoit pas ces détails, et a été fort sobre de ce qui eût le mieux cadré avec son titre de Beautés. Il a jugé très-légèrement plusieurs papes, et leur a donné tort, même dans des circonstances et sur des contestations où il seroit aisé de prouver qu'ils n'étoient pas répréhensibles. Ainsi, il dit qu'on reproche avec raison à saint Grégoire-le-Grand d'avoir étendu sa haine contre les faux dieux jusqu'à la littérature des païens, et qu'on croit qu'il fit détruire quantité de monumens des lettres et des arts, et principalement les livres conservés dans la bibliothèque du MontPalatin. M. Giraud auroit dû consulter des critiques instruits, qui lui auroient fait voir la fausseté de ces imputations malignes. Il en auroit vu la réfutation dans l'Art de vérifier les dates; il l'auroit trouvée encore mieux dans un Eclaircissement placé à la suite du Christianisme de Bacon. Le savant éditeur y discute ce point d'histoire, et montre que l'accusation contre saint Grégoire n'est fondée que sur le témoignage de Jean de Sarisbery. Saint Isidore et les autres contemporains n'en parlent pas et Machiavel et Montaigne, qui l'ont répétée, méritent d'autant moins de créance à cet égard, qu'ils font le même reproche à tous les papes et à tous les évêques; ce qui est manifestement calomnieux. La destruction de la bibliothèque du Mont-Palatin est surtout un fait dénué de toute vraisemblance. On a de fortes raison de croire

« PreviousContinue »