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proéminent. Des végétations s'élèvent çà et là sur leur visage; le nez est rouge et bourgeonné. Leur démarche est pesante, gênée. Les muscles, atrophiés, sont sans force. Toutes les fonctions vitales s'affaiblissent. La respiration et la circulation s'altèrent; les éruptions, les ulcères, de quelque nature qu'ils soient, les plaies faites par le chirurgien, ou accidentellement, se détériorent et présentent une résistance opiniâtre à tous les moyens curatifs. Les viscères abdominaux éprouvent aussi de nombreuses altérations. Toutes les infirmités semblent se réunir pour faire le supplice des amis de la table. Les hydropisies, la gravelle et surtout la goutte, sont les plaisirs réservés aux hommes de bonne chère, à moins qu'un mal plus terrible ne vienne les frapper car l'apoplexie est la compagne terrible de l'ivrognerie, et la terminaison ordinaire de ce vice dégoûtant (1).

Si le vin, pris avec modération, aiguillonne l'esprit, s'il en aiguise la pointe, il l'anéantit lorsqu'il est pris avec excès. Alors la vie semble quitter la tête pour passer dans le ventre, qui s'arrondit aux dépens du cerveau. L'esprit s'affaiblit, les idées sommeilent, la mémoire s'abolit. Si quelquefois les éclairs brillent, c'est un éclat qui dure un instant, et les ténèbres n'en deviennent que ples épaisses. Combien d'hommes, distingués par leurs talents, capables d'occuper les postes les plus éminents, sont tombés dans la somnolence et l'hébêtement! Leur esprit s'est obscurci dans les fumées du vin et de la bonne chère.

5. L'intempérance n'a pas une moins fâcheuse influence sur les mœurs que sur l'esprit et le corps. En portant le désordre dans les organes, elle pousse l'homme à tous les vices. Il y a une alliance intime entre le vin et l'amour. En célébrant celui-là, les poëtes ont toujours chanté les triomphes de celui-ci. Une audace criminelle pousse l'homme ivre aux plus horribles attentats contre la pudeur. L'intempérance est donc le promoteur du libertinage, elle excite aussi la colère, pousse au meurtre et au suicide. M. Descuret a constaté que le sixième des suicides a eu lieu pendant l'ivresse (2)

6. Les effets de l'intempérance sous le rapport social sont aussi très-funestes. Elle est une des sources les plus fécondes du paupérisme, cette grande plaie de la société. L'homme de bonne chère néglige sa fortune: que ses champs soient couverts de ronces et d'épines, que sa maison tombe en ruine, que ses biens se dissipent, il ne s'en inquiète pas; s'il peut satisfaire sa passion, il est content. Faut-il pour cela dépouiller une épouse, priver de pain de pauvres enfants qui pleurent d'avoir un père sur la terre? Fautil vendre la misérable couche sur laquelle repose toute sa famille, il le fait sans honte et sans scrupule. Que son épouse fasse enleudre une plainte, que le murmure erre sur

(1) Voyez le docteur Descuret, Médecine des passions, art. IVROGNERIE et GOURMANDISE, passim.

les lèvres de ses enfants, il se livre à la colère, il frappe, meurtrit ce qui tombe sous ses coups. Après un tel tableau peut-on crier trop haut: Anathème, anathème à la bonne chère et surtout à l'ivrognerie! C'est bien l'une des plus grandes plaies du monde.

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Cette funeste passion avilit tellement l'homme, qu'il m'est venu à la pensée de comparer la dégradation qu'elle produit avec la dégradation primitive qui dépouilla notre premier père de ses plus beaux priviléges. La dégradation des homines qui se sont laissé subjuguer par les appétils charnels, qui sont devenus les esclaves de leur ventre, est plus grande, plus honteuse que celle d'Adam. Dans son état déchu, l'homme conserve encore la conscience de sa grandeur primitive. Mais lorsqu'il cèle à l'instinct vorace, il se dégrade et s'avilit; il se place au-dessous de l'animal sans raison. La plupart des animaux cessent de manger lorsqu'ils ont pris une alimentation suffisante; l'homme, abruti par les excès, ne connaît plus de règle.

7. De toutes les maladies morales, la plus difficile à guérir est peut-être la passion dont nous venons de décrire les malheureux effets. L'habitude de l'ivresse est presque incurable. La plupart des législations traitent l'ivresse avec une grande sévérité. Dracon, chez les Athéniens, la punissait de mort. Lycurgue fit arracher les vignes de Sparte. Une ancienne loi romaine ne permettait le vin aux hommes qu'à l'âge de trente ans ; il était entièrement interdit aux femmes. Un sénateur ayant tué sa femme qui buvait au tonneau, fut absous de son crime. Nos rois se sont montrés très-sévères dans différentes circonstances. François Ier ordonna le bannissement après un certain nombre de récidives. Ces dispositions législatives nous étonnent, parce que nous sommes habitués au silence de nos lois. Elles avaient cependant un fondement bien réel. Si jamais vice mérita l'attention du législateur, c'est bien celui-ci; car il faut une autorité puissante et des moyens énergiques pour guérir ce mal. Dans l'état actuel, nous ne connaissons aucun remède efficace. Les uns commandent de se modérer sur l'usage du vin; mais le goût seul de cette liqueur traîtresse fait oublier les plus fermes résolutions; les autres défendent rigoureusement toute espèce de liqueur enivranle ce traitement est facile à prescrire ; le faire exécuter, c'est autre chose. Un médecin, M. Fournier, a guéri complétement deux femmes du vice de l'ivrognerie, en faisant mettre clandestinement du tartre stibié dans tous les spiritueux dont elles faisaient journellement usage. Dégoûtées par les vomissements continuels que leur occasionnaient de tels breuvages, ces femmes renoncèrent à un plaisir devenu pour elles un véritable supplice.

II. De la sobriété.

8. Le christianisme ne s'est pas contentê (2) Médecine des passions, 210.

de mettre la gourmandise au nombre des pé chés capitaux, il a aussi mis en honneur la sobriété. A son origine, cette vertu influa sur les mœurs des païens. Les néoplatoniciens du mir et du IVe siècle remirent en honneur la sévérité pythagoricienne relative à la sobriété. Aussi, lorsqu'on lit le traité de Porphyre sur l'abstinence de la chair des animaux, on est, dit Bergier, presque tenté de croire qu'il a été écrit par un solitaire de la Thébaïde, ou par un religieux de la Trappe. Les institutions catholiques du jeûne et de l'abstinence ont, au jugement des hommes les plus experts, un triple but d'économie rurale, d'hygiène et d'expiation. Elles prouvent autant d'élévation d'esprit dans les auteurs de ces lois, que de petitesse dans ceux qui les critiquent. Pour faire estimer la sobriété à sa juste valeur, nous allons en faire connaître les principaux effets; ensuite nous en développerons les règles.

I. Des effets de la sobriété.

Il y a longtemps qu'on a dit que la sobriété est la mère de la santé. Quel est le premier remède de toutes les maladies? c'est la diète, une des filles de la sobriété. Les hommes sobres vivent longtemps. Nous ne pouvons résister au plaisir de citer un exemple remarquable de la puissance de la sobriété.

9. Un noble Vénitien, dès l'âge de trentecinq ans, se trouva réduit à un tel dépérissement et à une telle complication d'infirmités précoces et de maladies, et surtout à une si grande inertie du système digestif, que les plus habiles médecins déclarèrent que le mal avait fait trop de progrès pour qu'on pût en arrêter le cours. L'espérance n'abandonna pas le patient. It essaya vainement de tous ies remèdes pendant cinq aus. Voyant que tous les secours de l'art étaient inutiles, il voulut éprouver ce que produirait l'abstinence, et il fit heureusement mentir le pro. verbe des gourmands, que ce qui est bon au palais est bon à l'estomac. Les vins forts, les melons, les salades, les pâtisseries, avaient flatté son goût en ruinant sa constitution; il y renonça et ne mangea plus que des choses qui convenaient mieux à ses facultés digestives, mais en si petite quantité qu'il sortait toujours de table avec un peu d'appétit. Par là il se mit bientôt en état de se borner à douze onces de nourriture par jour, et se de livra insensiblement de toutes ses infirmités, au point d'étonner tous les médecins et de les faire crier au miracle. Il s'était trop bien trouvé de son régime pour le quitter. Il continua de mener la vie sobre qui lui avait si bien réussi, et ne cessa de jouir de la plus parfaite santé. A l'âge de soixante-quinze ans, il céda aux instances de ses amis qui le conjurèrent d'ajouter quelque chose, ne fût-ce que deux onces, à la quantité de nourriture et de boisson qu'il prenait. En conséquence, au lieu de douze onces de nourriture, il en prit quatorze, et sa boisson, qui n'était que (1) Traité de fêtes mobiles, I. 223.

de quatorze onces, fut portée à seize. Il ne tarda pas à s'en repentir; sa santé s'en altéra. Il reprit son premier régime, et vécut jusqu'à l'âge de cent ans, ayant toujours conservé l'usage de toutes ses facultés (1). J'ai aujourd'hui sous les yeux un vieillard de quatre-vingt-douze ans,gai, droit comme un jeune homme, n'ayant aucune infirmité, ni de corps ni d'esprit. Jamais il n'a fait un excès. Il doit sa belle vieillesse à sa sobriété.

10. La sobriété sert bien plus encore l'esprit que le corps. « L'homme ne se ressemble pas avant et après le repas. A jeun, il a plus d'empire sur ses facultés; sa pensée a toute sa pointe, sa volonté toute son énergie; a vie n'est point partagée, absorbée dans les fonctions de la digestion. Elle ne se sent point dans le corps, s'il est en pleine santé, et elle s'applique tout entière aux choses de l'esprit. Aussi, que la matinée est bonne pour travailler, quand tout est renouvelé, rafraîchi en nous! quand les sens ont leur vivacité, l'imagination sa couleur, la raison sa vigueur, l'esprit sa subtilité, l'intelligence sa vue perçante! L'âme, légère au sortir du sommeil, s'élève plus facilement avec le lever de l'aurore, et envoie avec joie sa prière et sa louange vers le Créateur, comme les plantes et les fleurs des champs exhalent plus abondamment leur parfum vers le ciel aux premiers rayons de l'astre du jour. Quand notre esprit, engagé dans une méditation profonde, ou enlevé sur les ailes de la contemplation, perçoit la vérité en elle-même et dans ses rapports, ou quand notre cœur, détaché un instant des fantômes de la terre et du monde, est entré, par l'élan de la volonté et le transport de l'amour, en rapport avec Dieu, si tout d'un coup l'heure du repas nous interrompt, à peine commençons-nous à manger qu'il s'opère une précipitation subite, et nous retombons à terre de toute la hauteur où nous nous étions élevés. L'esprit supérieur qui nous avait transportés nous abandonne, et, par le seul contact de l'esprit physique qui entre en nous par la nourriture, notre disposition intérieure change, et nous ne pouvons plus contempler, penser, ni prier, comme tout à l'heure. Nous sommes redevenus hommes de la matière, en touchant de nouveau la terre qui nous alimente. Chacun a éprouvé ce qu'il vaut pour le travail de l'esprit après le repas: on ne peut s'y appliquer sans efforts, et toujours au détriment de sa santé. Ces deux affections se nuisent réciproquement en se disputant la force vitale; on pense mal et on digère mal. Rien n'est plus défavorable au mouvement intellectuel qu'une alimentation succulente et l'âme ette corps ; et ceux qui mangent beauabondante. L'excès de nourriture appesantit coup brillent rarement par les qualités de l'esprit et du cœur. La sobriété, ou au moins la tempérance, est une condition nécessaire de la vie spirituelle (2). »

II. Règles de la sobriété.

Les effets de la sobriéte sont évidemment (2) Bautain, Phil. morale, I. 183.

mmenses pour l'homme et pour la société. Il importe donc d'en connaître les règles; nous les tracerons en peu de mots. L'attention doit se porter sur la manière de se conduire à table, sur la quantité et sur la qualité des aliments dont on veut se nourrir.

11. Quoique la sobriété semble étrangère à la manière de se tenir à table, elle doit cependant s'en occuper; car le maintien est Souvent un indice des dispositions à l'intempérance. Quand on voit une personne ra¬ massée sur son assiette, travaillant de ses deux mains à satisfaire sa gloutonnerie, c'est une preuve de son penchaut malheureux à la gourmandise. L'homme sobre modère son appétit; il mange sans précipitation comme sans lenteur; toujours maître de luimême, lors même que le besoin le presse, on ne le voit jamais se précipiter sur les aliments.

Il faut prendre des aliments avec une trèsgrande modération, éviter les excès avec le plus grand soin. Une règle de tempérance sur ce sujet, c'est de sortir de table ayant toujours un peu d'appétit. Nous regardons comme une faute importante d'en prendre de manière à se rendre incapable de s'appliquer à la prière, à l'étude, aux exercices ordinaires de la vie. La sobriété prescrit une règle spéciale relative au vin; c'est d'en boire rarement sans être mêlé d'un peu d'eau.

Il y a des personnes qui aiment les tables splendides, les mets recherchés. C'est encore une loi de la tempérance de préférer les plus simples et les plus communs aux plus succulents. Les premiers donnent une alimentation solide, ils forment les bons tempéraments; les seconds excitent des goûts, un appétit factice, qui dégénèrent souvent en maladie: celte espèce d'alimentation donne naissance à de nombreuses indispositions, dont on veut trop ignorer la cause.

On est tenté d'enfreindre les lois de la sobriété lorsqu'on se trouve dans de nombreuses réunions. Les mets sont plus délicats, les vins plus généreux. La tempérance est plus nécessaire alors, parce qu'on a besoin de toute la liberté de son esprit. Le froid observateur comprend alors toute la puissance de la sobriété, en contemplant la folie de T'homme emporté par la chaleur du vin.

Saint Paul recommande spécialement de rapporter à Dieu l'action de boire et de manger; c'est parce que ces actions étant sensuelles et dangereuses, il a voulu nous faire comprendre la nécessité de nous rappeler à la sobriété par un acte de religion.

GOUVERNEMENT.

Tous les hommes sont égaux par leur nature, mais dans cette égalité de nature ils sont distingués par d'autres principes qui rendent inégales leurs conditions, et forment entre eux des relations et des dépendances qui règlent les différents devoirs de chacun envers les autres, et leur rendent nécessaire l'usage d'un gouvernement.

La première distinction qui assujettit des personnes à d'autres est celle que met la

naissance entre les parents et les enfants. Et celte distinction fait une première espèce de gouvernement dans les familles où les enfants doivent obéissance à leurs parents qui en sont les chefs.

La seconde distinction des personnes est celle que met entre tous les hommes la nécessité des divers emplois qui doivent assortir leur société et les unir tous en un corps dont chacun est membre. Car, comme Dieu a rendu nécessaire à chaque homme le secours de plusieurs autres pour divers besoins, il a distingué leurs conditions et leurs emplois, afin de satisfaire à tous ces besoins. Mais il faut un chef pour unir et régir le corps de la société que ces divers emplois doivent former, et maintenir l'ordre entre chaque état et chaque condition

C'est en conséquence de ces principes qu'il faut une autorité qui ait assez de pouvoir pour maintenir l'ordre et pour réprimer les entreprises de nature à le troubler. Ce pouvoir vient nécessairement de Dieu, qui, ayaut constitué la société, lui a accordé tout ce qui est nécessaire à son existence.

On voit assez, par ces causes de la nécessité d'un gouvernement, quel en est l'usage: c'est en général de maintenir l'ordre public dans toute l'étendue des diverses parties qui composent la société, de contenir les particuliers dans la paix, de réprimer les entreprises de ceux qui la troublent, de faire rendre la justice à tous ceux qui se trouvent obligés de la demander, et de pourvoir à tout ce qui peut être nécessaire pour le bien commun d'un Etat.

De là suivent pour les sujets différents devoirs, dont le principal est l'obéissance. Au mot OBÉISSANCE, nous consacrons un article à l'obéissance due aux souverains.

GRANDEUR,

Les hommes sont naturellement amis du beau et du grand. Leur amour se manifeste par deux sentiments entièrement opposés, l'affection et la haine. La grandeur élève l'âme, comme le beau excite l'admiration. Ils apportent l'un et l'autre une jouissance intime, secrète, qu'il est difficile de ne pas rechercher. L'impossibilité d'atteindre à la grandeur fait naître la haine et le mépris ; alors on se plaît à l'avilir et à la rabaisser <«< Puisque nous ne pouvons arriver à la grandeur, dit Montaigue, vengeons-nous-en à en médire. »>

La grandeur est un puissant mobile d'action. Dans tous les siècles elle a enfanté des prodiges. Ce mobile est très-légitime. Dieu ne nous a pas créés pour demeurer station naires; il veut que nous marchions sans cesse. Il ne nous propose d'autres bornes à notre élévation et à notre perfectionnement que sa propre grandeur Ut sitis perfecti, sicut Pater vester cœlestis perfectus est. Plus nous sommes élevés, plus nous devons gravir.

'Il y a un écueil à craindre dans la poursuite de la grandeur; il est très-facile de faire fausse route. Il y a plusieurs chemins qui paraissent y conduire et qui cependant eu

éloignent. Il y a plusieurs objets qui paraissent grands et qui n'en ont que l'apparence. Le premier soin du sage doit être de distinguer la véritable grandeur : pour la reconnaître, il faut remonter jusqu'à Dieu, qui en est la source; lui demander ce qui, dans les places, les dignités, les honneurs, mérite les poursuites de l'homme. Qu'on recherche alors ces dignités, moins pour soi que pour Dieu, de qui elles découlent, et pour la société, dont elles doivent être l'ornement et l'appui. Par ce motif, la poursuite de la grandeur sera dépouillée de tout ce qu'elle pourrait avoir d'humain et de mauvais, pour être dirigée par l'intérêt de Dieu et de la société.

GRAVURES

Voy. TABLEAUX.

GREFFIER.

La fonction du greffier est de mettre par écrit les sentences ou jugements, les dépositions des témoins, les procès-verbaux et autres actes qui se sont passés dans les tribunaux de judicature.

D'après le décret du 6 juin 1810, art. 55, les juges doivent présenter et faire admettre au serment le nombre de commis-greffiers nécessaire pour le service de leurs tribunaux. Les greffiers peuvent se faire suppléer par leurs commis assermentés, même aux assemblées des chambres et aux audiences solennelles, en cas d'empêchement (Décret du 18 août 1810, art. 24 et 25).

Un greffier est responsable solidairement de toutes les amendes, restitutions, dépens et dommages-intérêts résultant des contraventions, délits ou crimes, dont ses commis se seraient rendus coupables dans l'exercice de leurs fonctions, sauf son recours contre eux, ainsi que de droit (Décr. 6 juill. 1810, art. 59; 18 août 1810, art. 27).

Puisque les greffiers ne sont que les instruments dont se servent les juges dans leurs fonctions, ils doivent écouter attentivement ce que le juge prononce, l'écrire scrupuleusement de la manière qu'il a été prononcé.

GROSSE.

C'est la copie authentique d'un acte délivré en forme exécutoire. Voy. COPIE.

GROSSE (CONTRAT a La).

Voy. PRÊT A LA GROSSE.

GUERRE.

La guerre est une suite ordinaire des dif

HABIT ECCLÉSIASTIQUE.

férends qui peuvent survenir entre les souverains de deux nations, qui, étant indépendants l'un de l'autre, et n'ayant pas de juge commun, se font eux-mêmes justice par la force des armes, quand ils ne veulent ou ne peuvent pas avoir de médiateurs qui fassent leur paix. Alors ils prennent pour loi et pour décision de leurs différends l'événement que Dieu donne aux guerres.

Toute espèce de guerre ne peut être juste. a e même que poursuivre en justice la réparation d'un tort imaginaire, est une gave injustice, ainsi faire la guerre sans motifs suffisants, c'est un grand crime. Pour qu'une guerre soit légitime, il faut qu'elle soit juste en elle-même et qu'elle soit conduite avec justice.

Pour rendre une guerre juste, elle doit être ordonnée par le souverain et pour des motifs légitimes. Il n'appartient, en effet, qu'au souverain de déclarer la guerre. Quiconque commence de sa propre autorité des entreprises belliqueuses, soit sur terre, soit sur mer, se substitue à la place du souverain et fait acte d'usurpation; il encourl l'obligation de réparer tout le dommage qu'il

a causé.

Le souverain ne peut entreprendre une guerre sans un motif suffisant. Nous n'entrerons pas ici dans l'exposition des cas de guerre, cela est plutôt l'objet du travail des hommes politiques. Nous nous contentons de donner une règle fondamentale qu'ils doivent sans cesse avoir devant les yeux pour les diriger dans la détermination des cas de guerre. Il faut, pour rendre la guerre légitime, une espèce de nécessité capable de contrebalancer les désordres et les malheurs qui l'accompagnent. Une guerre entreprise pour la gloire d'un monarque est donc injuste, parce qu'il n'y a pas ici nécessité de prendre les armes.

Il ne suffit pas que la guerre soit juste en elle-même, elle doit encore être conduite avec justice. Ce point de droit public vient se confondre avec les devoirs des militaires qui dirigent ou qui exécutent. Nous remettous au mot MILITAIRE à traiter comment, en temps de guerre, on doit se conduire, soit à l'égard des ennemis, soit à l'égard de ses compatriotes.

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comme le peuple, lorsqu'ils ne remplissaient pas de fonction sacrée. Il en fut de même dans la primitive Eglise. Mais vers le sixième siècle les membres du clergé prirent un habit particulier; les conciles leur en firent une obligation. Le saint concile de Trente renouvela leurs décrets. Voici comment il

Nous entendous ici par habit ecclésiastique le vêtement que les clercs doivent porter hors des fonctions de leur ministère. Au mol ORNEMENTS, nous traitons de ceux dont ils doivent être revêtus dans les fonctions de leur ordre. Les lévites de l'ancienne loi étaient vêtus s'exprime: Etsi habitus non facit mono

chum, oportet tamen clericos vestes proprio ordini congruentes semper deferre, ut per decentium habitus extrinseci morum honestatem intrinsecam ostendant... Propterea omnes ecclesiasticæ personæ, quæ aut in sacris fuerint... aut qualiacumque beneficia ecclesiastica obtinuerint, si postquam ab episcopo suo, etiam per edictum publicum moniti fuerint, honestum habitum clericalem, illorum ordini non congruentem, et juxta ipsius episcopi ordinationem... non detulerint, per suspensionem ab ordinibus, ac officio et beneficio, ac fructibus... ipsorum beneficiorum, nec non si semel correpti, denuo deliquerint, eliam per privationem officiorum ac beneficiorum... coerceri possint et debeant, constitutionem Clementis V, in concilio Viennensi editam, quæ incipit, QUONIAM innovando et applicando (Sess. 14, cap. 6, de Reform.)

Conformément à ce décret du concile, la pupart des évêques ont imposé aux ecclésiastiques qui sont dans les ordres sacrés l'obligation de porter la soutane, sous peine de suspense. Dans les diocèses où une semblable loi existe, l'ecclésiastique qui, au dehors de sa maison, ne porte pas habituellement la soutane, se rend coupable de péché mortel. Celui qui porterait quelquefois un habit laïque convenable, ne pécherait pas mortellement pour cela. Nous pensons qu'il faut le porter pendant un temps notable pour se rendre coupable de péché mortel et encourir la censure. Un mois consécutif nous paraît un temps considérable.

Nous citons ici les règles des Statuts de Verdun concernant l'habit clérical; elles sont tirées, pour la plupart, des règlements diocésains qui ont paru.

10. Nous recommandons de nouveau à tous les ecclésiastiques de notre diocèse de se conformer dans leur conduite extérieure à l'avertissement remarquable du saint concile de Trente que nous avons rappelé au commencement: Sic decet omnino clericos, etc. Ils auront soin d'observer dans leurs habits, leur aineublement et leur table, ces règles si sages de la modestie cléricale, qui s'éloignent en même temps des recherches d'un luxe mondain et d'une parcimonie aussi indécente qu'indigne du caractère sacerdotal (1).

11. Nous ordonnons à tous les ecclésiastiques engagés dans les ordres sacrés de porter la sontane dans le lieu de leur résidence et dans notre ville épiscopale. Nous leur faisons la même injonction pour tous les lieux de notre diocèse où ils demeureraient plus de trois jours. Nous les engageons à en user de même dans leurs autres voyages, s'ils ne doivent pas s'éloigner beaucoup du diocèse (2). Lorsqu'ils croiront devoir quitter la soutane pour le voyage, ils la rempla ceront par une lévite ou soutanelle, ou au moins par une redingote d'une forme et d'une couleur convenables à la gravité de leur saint état (3). Nous sommes heureux que l'habitude si édifiante où est notre clergé de porter constamment la soutane, nous dispense de recourir à toute voie de sé

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vérité pour obtenir l'accomplissement de ce devoir dans les usages de la vie civile.

12. Néanmoins, pas respect pour la sainteté des fonctions ecclésiastiques, nous défendons à tout prêtre, sous peine de suspense encourue par le fait, de célébrer la sainte messe, de remplir aucune fonction sacrée dans l'église, et de porter le saint viatique aux malades, sans être revêtu de la soutane. Nous exceptons le cas de nécessité, où il s'agirait, par exemple, de porter sans délai les sacrements à un mourant, ou de se transporter dans des lieux éloignés et d'un difficile accès (4).—Les prètres étrangers seront tenus de se conformer à cette disposition, lorsqu'ils séjourneront plus de huit jours dans quel

que lieu de notre diocèse.

13. Tous les ecclésiastiques porteront la tonsure cléricale telle qu'elle est prescrite par les saints canons; ils auront soin de la faire renouveler assez souvent pour qu'elle paraisse toujours bien marquée (5).

14. La convenance exige que l'on porte avec la soutane, le rabat, la ceinture ou le ceinturon et le chapeau ecclésiastique, sans lesquels le costume ne serait pas complet.

HABITS (MODESTIE DANS LES).

Depuis que, par sa désobéissance, notre premier père a changé le paradis contre un lieu de peines, de souffrances et de péché, le vèlement est devenu une nécessité.

La rigueur et l'intempérie des saisons nous imposent l'obligation de nous vêtir pour nous protéger contre le froid et nous défendre de la chaleur. Le vêtement est donc un moyen de développement et de conservation; c'est là une des fins essentielles de son institution. Ce serait un oubli bien déplorable que de s'en servir pour détériorer, affaiblir, détruire la santé qu'il doit fortifier. Il y a cependant sur ce point un abus étrange. Beaucoup de jeunes personnes recherchent l'habit comme un moyen de paraître avec plus de grâce; voulant mieux dessiner leurs formes, elles affaiblissent les organes les plus essentiels à la vie. C'est un attentat contre la nature, qui nous a donné la liberté de nos membres aliu qu'ils puissent se fortifier plus aisément. Jamais l'indignation ne pourra s'exprimer avec assez d'énergie contre un aussi effrayant abus, disons mieux, contre un tel crime.

Le vêtement a encore un autre but, c'est de protéger la pudeur. Dans le paradis terrestre, Adam comprit déjà la nécessité de se couvrir. Il n'est pas une nation si barbare, un peuple si sauvage qui n'ait porté un vêlement protecteur de l'innocence. Quelques hommes, égarés par l'esprit de système, ont osé contester cette nécessité. Mais de quelle illusion et de quelle erreur n'est point capable celui qui veut tout contredire? Il ne faut pas discuter avec lui, il faut le laisser avec ses sophismes. Contentons-nous de rappeler les règles de la modestie relatives aux vêtements.

La modestie demande que nous ne parais

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