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est possédé : l'ambitieux ne jouit de rien; ni de sa gloire, il la trouve obscure; ni de ses places, il veut monter plus haut; ni de sa prospérité, il sèche de dépit au milieu de son abondance... C'est un Aman, l'objet souvent des désirs et de l'envie publique, et qu'un seul honneur refusé à son excessive autorité, rend insupportable à lui-même. L'ambition rend donc malheureux; mais, de plus, elle avilit et dégrade. Que de bassesses pour parvenir! Il faut paraître, non pas tel qu'on est, mais tel qu'on nous souhaite. On encense l'idole qu'on méprise ; on essuie des dégoûts, on dévore des rebuts; on ne pense pas d'après soi-même. Ajoutez à cela l'injustice, vous aurez les principaux caractères de l'ambition. Un ambitieux ne connaît de loi que celle qui le favorise; le crime qui l'élève est comme une vertu qui l'ennoblit. Ami infidèle, il trahit l'amitié si la trahison peut servir sa passion; mauvais citoyen, il est prêt à sacrifier le repos public; il sacrifie l'Etat, s'il le faut, à sa jalousie; il voit avec moins de regret les affaires publiques périr entre ses mains, que sauvées par les soins et les lumières d'un autre. Telle est l'ambition dans la plupart des bonimes; inquiète, honteuse, injuste. »

8. De sa nature, l'ambition n'est qu'un péché véniel; mais il devient aisément mortel, lorsque les moyens qu'elle emploie sont injustes, qu'elle est prête à sacrifier un grave intérêt dont la libre disposition ne lui appartient pas (Lig., lib. iv, no 66).

9. Dans le beau climat de la Grèce, dit M. Alibert, lorsque, autrefois, un infortuné se trouvait en proie à la passion dévorante de l'envie, les prêtres d'Esculapelui prescrivaient d'aller visiter les ruines du mont Ossa. Son ardeur se calmait en contemplant les gouffres épouvantables où furent précipités les Titans. Il écoutait le vain bruit des vagues du Pénée, qui s'élancent avec fracas dans les airs, et viennent mourir au pied des rochers. Il ne tardait pas à se convaincre qu'il faut remplir avec calme sa destinée, et que les jouissances inquiètes de la gloire sont loin de valoir le pur bonheur que goûte le sage dans une parfaite sécurité. » L'histoire de la mort de la plupart des ambitieux serail, je crois, un meilleur remède à l'ambition. Nous ne pouvons la faire ici. Je me contenterai de présenter la fin des présidents de la Convention. Sur 76 membres qui ont dirigé cette assemblée, on en trouve;

Guillotinés.. Suicidés.. Déportés.

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Incarcérés..

Mis hors la loj. Aliénés..

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Presque tous les secrétaires de celle trop fameuse assemblée ont eu une fin non moins déplorable (Voy. Descuret, Médecine des passions).

AMENDE.

C'est une peine pécuniaire imposée par

la justice aux divers genres d'infractions à la loi. L'amende criminelle est une prestation pécuniaire au profit du trésor public; elle entraîne toujours la contrainte par corps ; l'amende imposée par les tribunaux civits n'est qu'une simple indemnité en faveur du trésor, et n'est pas considérée comme une peine. Les amendes de simples contraventions sont aujourd'hui de 1 fr. à 15 fr.: elles sont affectées aux communes pour les délits et les crimes, leur minimum et leur maximum sont déterminés par la disposition du jugement. Les plus faibles sont de 16 francs, el il en est dont le maximum est en quelque sorte indéfini. Nous allons indiquer les principaux art. du Code pénal qui contiennent des amendes: 9, 11, 52, 53, 55, 105, 113, 120, 128, 129, 131, 133, 164, 169 à 172, 174, 175, 176, 177 à 181, 184 et suiv., 192 à 195, 196, 197, 199, 200, 207, 224, 236, 254, 257, 260 à 262, 287 et suiv., 292 et suiv., 306 et 307, 311, 314, 318,319, 320, 330 et suiv., 346, 358 et suiv., 371 et suiv., 387, 399, 401, 405, 406, 410, 411, 412, 413 et suiv., 430, 437, 463, 466, 467, 468, 471 et suiv.

Si nous considérons l'amende par rapport à la conscience, nous reconnaissons qu'elle n'est d'obligation que quand elle a été prononcée par la sentence du juge; mais après cette condamnation on est obligé de la payer si on est en état de le faire. L'amende peut quelquefois paraître disproportionnée à la gravité du délit, mais il est bon d'observer que la peine n'est pas laissée par notre législation à la pleine volonté du juge; elle est déterminée par la loi seulement il y a la distance du maximum au minimum qui est abandonnée à sa discrétion. S'il use un peo trop rigoureusement de son droit, ce n'est point au coupable à réformer de sa propre autorité le jugement qui a été porté, il doit se soumettre et payer entièrement, se rappelant que le juge tient la place de Dieu, qui veut qu'on venge les crimes.

AMENDE HONORABLE.

L'amende honorable était une peine infamante qui consistait à avouer publiquement son crime, et à en demander pardon à genoux et la corde au cou. On emploie encore cette expression pour désigner les réparations d'honneur qu'on est obligé de faire. — On fait aussi des amendes honorables à Dieu, au saint sacrement, à la sainte Vierge. Les formules de ces amendes honorables se trouvent dans tous les livres d'Eglise.

AMÉNITÉ.

Douceur dans le caractère, dans les mœurs, et surtout dans la conversation; l'aménité est une des plus excellentes filles de la charité. Dans son livre des Devoirs de l'homme, Silvio Pellico nous a fait un tableau magnifique de l'aménité; nous ne pouvons résister au plaisir de le transcrire.

« Que tous ceux qui ont à traiter avec toi te trouvent affable.

«En te donnant des manières bienveillantes, celte affabilité te dispose véritablement à aimer. Celui-là ouvre son cœur à des seuti

ments de malveillance, qui dans ses rapports avec les autres est brusque, soupçonneux, méprisant. Le manque de politesse produit de grands maux: il corrompt le cœur de celui qui s'y livre, il irrite ou afflige celui à qui il s'adresse.

<< Ne t'étudie point seulement à rendre tes manières affables; que cette aménité s'étende sur toutes les conceptions, sur ta volonté et même sur tes sentiments.

« L'homme qui ne cherche point à délivrer son âme des pensées ignobles, et qui souvent s'y abandonne, ne tarde pas à être entraîné par elles à de viles actions.

« N'imite point ces hommes qui, bien que d'une condition qui n'est point celle du valgaire, font des plaisanteries grossières et tiennent un langage inconvenant. Le lien, sans être d'une élégance étudiée, doit être pur de toute expression triviale, de toutes ces exclamations communes dont les gens sans éducation sèment leurs discours, de toutes ces bouffonneries qui trop souvent offensent les mœurs.

« C'est dès la jeunesse qu'il faut t'efforcer d'acquérir cette beauté du langage. Celui qui à vingt-cinq ans ne la possède pas, ne l'aura jamais. Je te le répète, ce n'est point l'élégance que tu dois rechercher, mais une manière de l'exprimer honnête et élevée, qui porte dans les âmes la joie, la consolation, la bienveillance, le désir de la vertu,

• Efforce-toi, par le bon choix des expressions et par la juste modulation de ta vox, de rendre ta parole agréable.

« L'homme qui parle agréablement captive, ceux qui l'écoutent; et s'il s'agit d'éloigner du mal ou d'exciter au bien, sa parole est plus persuasive et plus puissante. Nous sommes obligés de perfectionner tous les instruments que Dieu nous donne pour l'utilité de nos semblables, et par conséquent celui à l'aide duquel nous exprimons nos pensées.

« Cette négligence excessive que l'on apporte dans la manière de parler, de lire, de se présenter, de gesticuler, est plutôt le fruit d'ane honteuse indolence, que d'une impuissance réelle de mieux faire. On ne veut point songer que l'on se doit la perfection et à tous le respect.

Impose-toi l'obligation d'être affable et souviens-toi que c'est une obligation réelle, puisque nous devons agir de telle sorte que notre présence, loin d'être un sujet de peine pour personne, doit être pour tous un plaisir et un bienfait; ne l'emporte point toutefois contre les gens sans éducation; songe que la fange quelquefois enveloppe les diamants; il vaudrait mieux, sans doute, qu'elle ne les souillât pas; mais pour souiller le diamant, a-t-il perdu son prix?

« Un des plus grands mérites de l'aménité est de tolérer avec un sourire infatigable de pareilles gens, comme aussi la multitude infinie des ennuyeux et des sots. Quand tu n'as pas d'occasion de leur être utile, tu peux les éviter; mais ne leur fais jamais sentir qu'ils te déplaisent: tu les affligerais et tu t'atlirerais leur haine.»>

AMEUBLEMENT.

C'est une clause particulière qui se trouve quelquefois dans les contrats de mariage. Voy. COMMUNAUTÉ, n. 8.

AMICT.

L'amict est un des habits prescrits pour célébrer le saint sacrifice de la messe. Il doit être en toile de lin, et non en coton. Dire la messe sans amict serait nn péché véniel. II n'y aurait pas même péché de célébrer, si on n'avait pas d'amict et qu'il y eût raison de dire la messe.

AMITIÉ.

1. Aucun sentiment n'a été plus exalté que l'amitié. Les poëtes ont mis leur muse à son service, les philosophes leurs méditations. L'amitié est le plus grand bien de la terre. Un véritable ami devient l'œil de son ami, il l'éclaire s'il est dans les ténèbres, il le ramène quand il s'égare, il le soutient dans ses faiblesses, il le nourrit lorsqu'il a faim. L'importance de l'amitié demande que nous en développions les lois.

Les hommes peuvent se rapprocher, former des unions intimes, se lier par les liens du plus vif comme du plus ardent amour; sans cependant posséder cette véritable amitié, le plus beau présent que le ciel ait fait à la terre. L'amitié véritable n'est pas aveugle comme l'amour, il ne se jette pas dans les plaisirs sans se demander si les suites en seront heureuses. L'amitié est moins ardente, moins impétueuse que ce bouillant amour qui fascine la jeunesse et la précipite dans le malheur. Fondée sur la raison, elle ne donne son affection qu'à l'objet qui en est digne, elle ne la donne qu'au degré avoué par la raison, ou en d'autres termes, l'amitié sincère est fondée sur un attachement sans passion, sur une confidence sans indiscrétion, sur une condescendance sans faiblesse.

2. La passion est aveugle de sa nature; emportée par le délire, l'œil en feu, elie se précipite à la poursuite de ce qu'elle aime. Que la chaleur s'apaise, que le feu s'éteigne, souvent on n'aperçoit dans l'objet du plus violent amour que vice et défaut; on devient honteux de l'objet de son attachement. II n'en est pas ainsi de l'amitié, elle est basée sur des qualités réelles. L'esprit plus que le cœur en est le principe. Un homme étudie une personne, il pèse, juge son esprit, mesure la bonté de son cœur, compare son caractère et ses habitudes. Lorsque sous tous les rapports, il juge une personne digne d'estime et de confiance, son cœur se trouve heureusement entraîné, les liens les plus doux se forment. Deux personnes semblent n'en for mer plus qu'une seule. Elles ont les mêmes pensées et les mêmes désirs. Elles se communiquent tout ce qui se passe dans leurs âmes. Cette communication peut aussi avoir ses vices, car, nous l'avons dit, dans l'amitié, la confidence doit être accompagnée de discrétion.

3. Ce qui fait le plus grand coarme de l'a

mitié, c'est la communication des pensées et des sentiments. Non, il n'y a rien de plus doux que de pouvoir ouvrir son cœur, que de déposer sans crainte dans le sein d'un ami, ses joies et ses peines, ses succès et ses revers, ses desseins et ses travaux. L'âme éprouve alors un je ne sais quoi dont l'agrément ne peut se définir. Cette communication, par sa douceur même, a des dangers et de grands dangers. Dans les doux épanchements d'un cœur, on se persuade qu'un ami est un autre soi-même, et on lui découvre les secrets qu'on avait reçus, ou dont le hasard avait donné connaissance. On ne se croit point coupable en dévoilant à un ami les fautes et les défauts du prochain : c'est là une grande illusion de l'amitié. Qu'un ami se rappelle que le secret et la réputation du prochain ne lui appartiennent point, et que de même qu'il ne pourrait sans injustice livrer à un ami un dépôt qui lui a été confié, il ne peut pas plus lui livrer son secret et ses vues.

4. La familiarité peut encore engendrer un autre écueil bien redoutable pour les mœurs. Deux amis se communiquent leurs tentations, peut-être leurs chutes; ils ne voient point qu'ils déposent une semence de mort, qui germera et produira des fruits de corruption. Entre amis, il ne doit y avoir aucune conversation libre, moins encore de criminelle. Il ne doit pas y avoir sur la pudeur une parole qu'on ne puisse prononcer au milieu d'une assemblée nombreuse.

5. L'amitié suppose le dévouement; il n'y a de véritables amis qu'entre ceux qui sont prêts à soutenir et à défendre leurs mutuels intérêts. Il est beau de voir un ami sacrifier sa fortune, son nom, sa vie pour un ami. Mais l'amitié, quelque vive qu'elle soit, ne doit jamais rien demander ni accorder de contraire à la justice et à l'honnêteté. Si jamais un ami nous demandait quelque chose de contraire à l'honnêteté, rappelons-nous le dialogue de deux amis cités par Cicéron (De Offic. 11, n. 43) et Valérius (Lib. 1. 4): A quoi me sert ton amitié, dit l'un, si tu me refuses ce que je te demande ? A quoi me sert la tienne, lui répondit l'autre, si elle doit in'obliger à agir contre mon honneur? Que cette belle réponse demeure à jamais gravée dans l'esprit des amis.

AMOUR DE DIEU. Voy. CHARITÉ, n. 8.

AMOUR DU PROCHAIN.

Voy. PROCHAIN.

AMOUR (PASSION DE L').

Voy. LUXURE.

AMOUR-PROPRE.

Voy. ORGUEIL.

AMULETTE.

Amulette, image, caractère, remède et genéralement toute matière consacrée par la superstition, et que l'on porte sur soi comme des préservatifs d'accidents, de maladies et autres malheurs.

La dévotion aux amulettes est fort accré`ditée en Orient; elle ne l'est pas moins en

Europe, parmi les sots et les faibles : et l'on ne peut nier que ce ne soit à la honte de la raison et du christianisme. L'Eglise a condamné de tout temps, et condamne toutes les pratiques superstitieuses qui consistent à porter sur soi certaines plaques ou médailles, certaines ligatures, certaines figures, certaines herbes, qui n'ont aucune vertu par elles-mêmes, et dont l'application est plus ou moins mystérieuse, ou se fait en prononçant certaines paroles. Nous nous contenterons de rapporter sur cette matière le sentiment de la faculté de théologie de Paris, qui déclare, dans sa censure de 1398, « qu'il y a un pacte tacite (pactum implicitum) dans toutes les pratiques superstitieuses, dont on ne doit pas raisonnablement attendre les effets ni de Dieu ni de la nature. » Ainsi toutes les manières de guérir qui paraissent surnaturelles, toutes les observances, toutes les pratiques, toutes les abstinences, toutes les cérémonies, toutes les oraisons qui ne sout pas approuvées par l'Eglise, et auxquelles on attribue des effets merveilleux, sont de véritables superstitions. Il faut ranger dans la même classe tous ces prétendus secrets de famille, tous ces remèdes qui guérissent en les appliquant tel jour, tel mois, à telle heure, sur telle ou telle partie qui n'a point de rapport avec le siége du mal, et dont on ne peut rendre aucune raison naturelle. Se faire imprimer sur le front un morceau de fer, un anneau, une clef, un petit cor de chasse, comme cela se pratique en plusieurs endroits pour se préserver de la rage, est une pratique superstitieuse; et, si l'Eglise ne la condamne pas ouvertement, c'est qu'elle l'envisage comme un acte de religion, et non comme un préservatif infaillible. Non-seulement elle ne tolère pas, mais elle condamne toutes les autres espèces d'amulettes et superstitions en usage parmi le peuple en voici quelques-unes des plus remarquables, et c'est ici surtout qu'est le pacte tacite dont parlent les théologiens.

Garder des morceaux de pain bénit des trois messes de Noël, et en prendre pour remède contre diverses maladies.- Faire passer par un écheveau de fil les personnes qui sont malades de la colique, et celles qui ont des descentes de boyaux.- Faire durcir un œuf au feu, et le metire dans une fourmilière, afin de guérir de la jaunisse. Ficher des épingles dans le suaire d'un mort, porter sur svi ou une dent de loup, ou l'œil droit d'un loup, après l'avoir fait sécher, afin de n'avoir point de peur. Prendre une branche de prunier, et l'attacher à la cheminée, afin qu'elle sèche, pour guérir du mal de gorge.Ecrire, ainsi que quelques bergers et quelques porchers le pratiquent, sur un billet le nom de S. Basile, et attacher ce billet au haut d'une houlette ou d'un baton, pour empêcher que les loups ne fassent aucun mal aux brebis et aux porcs. Empêcher qu'on ne s'enivre, en disant, avant que de boire, ce vers latin :

Jupiter his alla sonuit clementer ab Ida.

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L'anatocisme consiste à tirer les intérêts des intérêts. C'est proprement l'usure pratiquée par les Grecs, comme l'a observé Scaliger. Saint Basile et saint Ambroise ont détesté cette pratique comme un très-grand mal qui entraîne la ruine des familles. L'anatocisme était défendu en termes exprès par la loi, Ut nullo modo, au Code de Usuris, par l'ordonnance de Philippe le Bel de l'an 1311. Aujourd'hui selon les lois civiles, les intérêts échus des capitaux peuvent produire des intérêts, ou par une demande judiciaire, ou par une convention spéciale, pourvu que, soit dans la demande, soit dans la convention, il s'agisse d'intérêts dus au moins pour une année entière. Néanmoins les revenus échus, tels que fermages, loyers, arrérages de rentes perpétuelles ou viagères, produisent des intérêts du jour de la demande ou de la convention. Cod. civ., art. 1154, 1155. Il faut appliquer à cette loi les principes que nous établirons relativement à l'usure.

ANGELUS.

1. L'Angelus est une petite prière commençant par ce mot, et qui se dit le matin, à midi el le soir, pour honorer le mystère de l'aunonciation et de l'incarnation du Verbe. La pratique de dire l'Angelus est universelle dans l'Eglise, elle est éminemment propre à nourrir la piété, et à inspirer un profond respect pour le mystère fondamental du christianisme. Il n'y a cependant aucune obligation sous peine de péché de réciter celte prière, à moins qu'on ne l'omette par respect humain. On ne peut trop recommander aux fidèles d'être exacts à remplir cet acte de piété chrétienne.

2. Pour en propager la pratique, les souverains pontifes y ont attaché de grandes indulgences. On a fait remonter le commencement de cette indulgence jusqu'à Adrien VI, mort en 1523; on l'a attribuée ensuite à Clément XI; mais il est hors de doute que Clément XIII, par un bref du 14 septembre 1724, accorda à perpétuité une indulgence

plénière à ceux qui réciteraient cette prière avec dévotion au sou de la cloche, le matin, à midi ou le soir, une fois par jour au moins, pendant un mois, le jour de ce même mois qu'ils choisiront, sous la condition de se confesser, de communier et de prier pour les fins ordinaires : il accordait de plus cent jours d'indulgence à chaque fois qu'on la réciterait avec un cœur contrit et repentant. Sur la demande faite par quelques maisons religieuses, il permit aux religieux qui ne pourraient pas dire l'Angelus au son de la cloche, de gagner la même indulgence en le récitant après.

3. Benoît XIII prescrivit de dire cette prière à genoux; Benoît XIV déclara, le 20 avril 1724, qu'on la dirait debout depuis le samedi, à l'heure de vêpres, jusqu'au dimanche soir. Conséquemment en carême vêpres se disant avant midi, il faut réciter l'Angelus de midi debout; dans tous les autres temps, ce n'est que le soir qu'on doit le faire. Benoît XIV prescrivit encore que l'Angelus serait remplacé par le Regina cœli au temps pascal, et que durant tout ce temps cette prière se dirait debout.

4. Plusieurs fidèles, soit à cause de leur éloignement de l'église, soit à cause de tout autre motif, n'entendant pas sonner l'Angelus, peuvent le dire à peu près vers l'heure où il se récite ordinairement. Par un bref du 18 mars 1781, Pie VI leur a accordé la faveur de pouvoir gagner l'indulgence.

ANIMAUX.

1. Les animaux peuvent être du domaine de l'homme, il peut en acquérir la propriété. Lorsqu'ils sont en son pouvoir, il est tenu de les empêcher de nuire. Nous voulons considérer les animaux, 1° sous le rapport de la propriété, 2o sous celui des dommages qu'ils peuvent causer.

1° De la propriété des animaux. - 2. Les animaux peuvent se diviser en trois classes: les uns sont privés, les autres sont apprivoisés et les autres sauvages. Les animaux privés sont ceux qui sont réduits à l'état de domesticité; tels sont les bestiaux, les poulets, etc. La propriété de ces animaux est absolue, ils continuent à appartenir à leur propriétaire, quoiqu'ils aient passé sur le terrain d'autrui. Ces animaux sont l'objet d'une multitude de conventions. Le cheptel est un des principaux contrats qui les concernent. Voy. CHEPTEL.-Les animaux apprivoisés sont ceux qui ont l'habitude d'aller et de revenir tels sont les pigeons des colombiers, les lapins des garenne. On conserve la propriété de ces animaux tant qu'ils conservent l'habitude de revenir; mais s'ils ont disparu assez longtemps pour faire croire qu'ils ont perdu cette habitude, la propriété en est perdue pour l'ancien propriétaire, et elle est acquise au premier occupant (Leg. 6, § 5, ff. de Acquis. rer. dom.). Sur ce principe, les pigeons qui ont pour habitude de revenir n'appartiennent plus au propriétaire, mais au maître du colombier qu'ils fréquentent habituellement. Les animaux sau

vages sont ceux qui, rendus à la liberte, fuient loin de la demeure des hommes. Ces animaux sont restés dans l'état de communauté négative. Nous en perdons la propriété dès qu'ils ont cessé d'être en notre pouvoir, et qu'ils ont recouvré leur liberté naturelle. Un animal sauvage, blessé à mort par le chasseur, n'a pas recouvré sa liberté naturelle, parce qu'il fait quelques pas avant d'expirer.

2° Du dommage causé par les animaux. 3. L'ordre qui lie les hommes en société ne les oblige pas seulement à ne nuire en rien par eux-mêmes à qui que ce soit, mais aussi il oblige chacun à tenir tout ce qu'il possède à un tel état, que personne n'en reçoive ni mal, ni dommage; ce qui contient le devoir de retenir les animaux qu'on a en sa possession, de sorte qu'ils ne puissent ni nuire aux personnes, ni causer dans leurs biens quelque perte ou quelque dommage.

Le dommage le plus fréquent que causenc les animaux est celui que font les bestiaux de la campagne, en pâturant dans des lieux ou dans des temps où l'on n'a pas ce droit. Nous nous contenterons de rapporter ici des règles générales relatives au dommage causé par les animaux.

4. 1 Le dommage causé par des ani maux, de quelque nature qu'il soit, accident, blessure, coup, dommage dans les propriétés, impose l'obligation de le réparer, même avant la sentence du juge, s'il y a de la faute du propriétaire de l'animal. Ainsi un propriétaire a un boeuf qui a l'habitude de frapper de la corne, il ne l'a pas retenu, il a blessé quelqu'un ; le propriétaire en est responsable. Un chien a la coutume de mordre, s'il n'est pas tenu à l'attache, son maître est tenu du dommage qu'il cause. Le propriétaire d'une bête féroce répond aussi du tort fait par elle quand il ne l'a pas mise en état de ne pas nuire. Si elle avait causé du dommage par le fait d'un autre, V. g. si quelqu'un, par malice, avait ouvert la porte de la loge, il est certain que le propriétaire n'aurait aucune responsabilité, elle retomberait entièrement sur celui qui aurait ouvert la loge.

5. 2° Si un chien ou un autre animal ne mord ou ne fait quelqu'autre dommage que parce qu'il a été agacé ou effarouché, celui qui a donné sujet au mal en est tenu, et si c'est lui-même qui l'a souffert, il se le doit imputer.

La loi ff. 8, Si quadr. paup., disait que si la bête qui a causé du dommage, a été effarouchée par quelqu'autre bête, c'est le propriétaire de celle-ci qui en est tenu. Cette même loi dit que si deux béliers ou deux bœufs appartenant à deux maîtres viennent à s'entrechoquer, et que l'un tue l'autre, le maître Ju bœuf ou du bélier, qui a le premier frappé, est tenu d'abandonner la bête qui a frappé, ou de réparer le dommage. Ces Ces règles sont souverainement sages, elles sont suffisantes pour éclairer les propriétaires sur les obligations de réparer les dommages causés par leurs animaux.

ANNEXES.

1. Il y a des paroisses trop étendues pour que le service puisse se faire dans une seule église. De là est venu l'usage d'élever des temples dans les hameaux séparés de la partie principale de la paroisse. Ces églises détachées se nomment annexes; elles sont communément desservics par le curé el quelquefois par un vicaire.

2. Lorsqu'un curé est chargé d'un double service, il doit savoir concilier ses devoirs de pasteur avec la nécessité de conserver sa santé. Un curé doit aux habitants de son annexe tout ce qu'il doit à ses paroissiens, l'instruction, les sacrements, le bon exemple. Afin de ne pas négliger cette partie du troupeau trop souvent abandonnée, plusieurs évêques ont prescrit de faire les instructions tous les dimanches alternativement dans chacune des églises. Ainsi le prêtre n'est pas surchargé, et le service ne s'en fait que mieux. Nous croyons que ce serait un grand acte de sagesse de régler tous les exercices pour les annexes.

ANTÉCÉDENTE (IGNORANCE).

L'ignorance antécédente est celle à laquelle la volonté n'a aucune part, parce qu'elle précède son action. Elle influe efficacement sur l'acte que l'on fait, en sorte qu'elle en est tellement le principe, que si l'on eût été instruit, l'on eût agi différemment. Un homme épouse une femme déjà mariée en pays étranger, sans avoir la moindre connaissance ni le plus léger soupçon de son premier mariage; il ne l'eût certainement pas épousée s'il eût su que le premier mari vivait encore: son ignorance est ce qu'on appelle dans le style de la vieille école une ignorance antécédente et efficace. Ce n'est rien autre chose que l'ignorance invincible. ANTIDATE.

Date d'une lettre, d'un acte, d'un titre, indiquant que ces choses ont été faites un certain jour, quoiqu'elles ne l'aient été que postérieurement. L'antidate est un mensonge d'action; elle ne peut être permise. De sa nature elle est un péché véniel, elle peut devenir mortelle, si elle nuisait notablement au prochain. Il y a cependant des circonstances où l'antidate ne nous paraît pas un mensonge : c'est lorsque, par suite de convention ou de tolérance elle n'est de nature à tromper personne. Ainsi deux personnes ont conclu un marché il y a quinze jours, elles passent seulement l'acte aujourd'hui, mais elles le datent du jour où la convention a été arrêtée; nous ne pensons pas que ce soit un mensonge. Un conseil prend une délibération, un jour, mais elle n'est écrite que le lendemain, et prend la date de la délibération. Ce n'est pas non plus un mensonge, parce qu'il est reçu qu'on peut prendre date du jour où l'affaire a été terminée.

ANTICHRÈSE.

L'antichrèse est un contrat par lequel le débiteur, pour parvenir à sa libération, donne

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