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Du 10. L'armée française se porte rapidement en avant; une partie est déjà parvenue au-delà de Steinwissen. On s'attend à des nouvelles importantes. L'armée prussienne paroît vouloir se tenir sur la défensive, ou du moins attendre les Français dans la position concentrée qu'elle occupe, depuis Erfurt jusques du côté de Hof; elle a, en conséquence, évacué la principauté de Bayreuth, ainsi que les pays de Cobourg et de Meinungen. La ville de Bayreuth a été occupée par le maréchal Soult, qui s'avançoit avec son corps par le HautPalatinat.

Avant-hier, les Français ont ramené ici environ 20 chariots chargés de tonneaux de farine, qui faisoient partie d'un magasin prussien établi à Erlang, et qui n'a pu être entièrement évacué.

Le quartier-général du roi de Prusse est actuellement à Erfurt.

:

Franefort, 12 octobre.

On vient de recevoir à l'instant même, connoissance d'un ordre du jour, que S. M. l'Empereur des Français a fait publier et distribuer dans tous les corps de la grande armée immédiatement après son arrivée au quartier-général à Wurtzbourg. S. M. ordonne dans cet ordre du jour, la création d'aufant de dépôts qu'il y aura de corps d'armée. Chaque dépôt aura un officier qui établira le dépôt dans les villes suivantes celui du premier corps d'armée à Kronach, place de la principauté de Bamberg, située sur les frontières du duché de Saxe-Cobourg; celui du troisième corps d'armée, dans la même ville; celui du quatrième corps d'armée, à Forcheim, entre Nuremberg et Bamberg; celui du cinquième corps d'armée, à la citadelle de Wurtzbourg; celui du sixième corps d'armée à Forchheim; celui du septième corps d'armée, à la citadelle de Wurtzbourg; celui de la division du général Dupont, dans la même citadelle. Tous les dépôts de cavalerie, c'est-à-dire, tous les hommes et chevaux qui ne seront pas en état de suivre l'armée, cantonneront dans le voisinage de Forchheim, et se rendront, si cela est nécessaire, dans cette place. Le grand-duc Joachim (prince Murat) nonumera un général pour commander tous ces divers dépôts. Lorsque l'armée sera en marche, tout ce qui viendra de la France ou des hôpitaux en Baviere, se rendra directement à l'endroit où se trouveront les petits dépôts des reconvalescens de leurs corps il est expressément ordonné, que dès à présent, personne ne partira sans un ordre du major-général, qui désignera la route

à prendre. On formera de ces tronpes des détachemens, qui seront ensuite dirigés sur l'armée. S. M. ordonne de plus, d'envoyer tous les équipages des états-majors, ainsi que des divers corps d'infanterie et de cavalerie, les femmes et tout ce qui peut être à charge, dans les endroits designés pour les dépôts. Dès que l'armée s'avancera, on indiquera les nouvelles places fortes, qui serviront aux dépôts; le grand état-major déterminerà le jour où les dépôts de la première ligne se rendront aux places de la nouvelle ligne. Les généraux et commandans des corps remarqueront que, comme les dépôts se trouvent dans des places fortes, rien de ce qui s'y trouve ne court aucun risque. Les états et pièces des régimens, les magasins et tout ce que les officiers et les soldats ne portent pas avec eux, restera dans les dépôts. Les commandans des places de Wurtzbourg, Forchheim et Kronach, désigneront autant de dépôts particuliers, qu'il y aura de corps d'armée, dont les reconvalescens, se trouvent dans leurs forteresses, etc.

PARIS, vendredi 17 octobre.

Le Journal officiel d'aujourd'hui n'a point encore donné des détails de la victoire remportée par S. M. l'Empereur, sur l'armée prussienne, le 11 octobre. Voici tout ce que l'on sait jusqu'ici d'une manière certaine : Les hostilités ont com→ mencé le 10; les armées se sont également battues le 1, et l'armée française poursuit ses victoires. Le premier corps prussien battu, est celui commandé par le prince Hohenlohe: on lui a fait six mille prisonniers, pris trente canons; et le prince Ferdinand, cousin du roi de Prusse, a été tué sur le champ de bataille.

-Lord Lauderdale a quitté Paris le 11 octobre, pour retourner en Angleterre.

L'EMPEREUR a rendu, le 7 octobre, à son quartier-général de Bamberg, le décret suivant:

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Art. 1. Tous les Français au service militaire de la Prusse sont rappelés. 2. Ceux qui, avec ou sans autorisation, sont dans ce service en qualité d'officiers, et qui, en exécution de l'art. 1, ne seront pas rentrés sur le territoire de l'Empire français dans le mois de la date du présent, perdront, conformément à l'art. 21 du code civil, leur qualité de Français, ne pourront rentrer en France qu'avec notre permission, et recouvrer la qualité de Français qu'en remplissant les conditions imposées à l'étranger pour devenir citoyen. 3. Ceux desdits officiers qui seroient pris les armes à la main, seront punis de mort. 4. Ceux desdits officiers qui seroient pris sur le territoire étranger, même sans avoir les armes à la main,

seront

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seront punis de mort, s'il est prouvé qu'ils ont com de servir après le délai d'un mois accordé par l'art. 2. Tant sous-officier et soldat qui profitera de la première occation pour obéir au rappel fait par l'art. 1o, sera censé avoir été jusque-la retenu par la force, et ne sera soumis à aucune peine. 6. Tout Français qui rentrera, se présentera aux avantpostes, et déclarera s'il veut, ou non, prendre du service; et dans le cas où il n'en demanderoit pas, il lui sera délivré un passeport pour l'intérieur.

Hier, à midi, en exécution des ordres de S. M. l'EMPEREUR et Ror, S. A. S. Mgr. le prince archichancelier de l'Empire s'est rendu au sénat.

Le prince a été reçu avec le cérémonial accoutumé; et après avoir pris séance, il a dit:

« MESSIEURS,

» La lettre que S. M. l'EMPEREUR et Roi écrit au sénat, et les communications que je viens faire de sa part, ont pour objet de vous instruire d'une résolution devenue nécessaire par la conduite du gouvernement prussien. On se demande quelles sont les causes d'une rupture difficile à prévoir, d'après la bonne intelligence qui depuis plusieurs années a régné entre la France et la Prusse, et sur-tout d'après les rapports d'intérêts communs aux deux nations. La solution de cette question se trouve dans les rapports faits à S. M. par son ministre des relations extérieures, et dans plusieurs notes échangées par les ministres des deux puissances.

» La lecture que vous allez entendre de ces pièces vous convaincra, Messieurs, que S. M. n'a rien négligé pour la conservation de la paix, et qu'elle en a eu long-temps l'espérance. Vous reconnoîtrez aussi que la dignité de sa couronne et les obligations qu'imposent à S. M. la protection et la garantie qu'elle accorde aux Etats confédérés du Rhin, ont då la déterminer à repousser la force par la force. Aucun souverain n'est moins que l'EMPEREUR dans le cas de redouter la guerre ; aucun ne sera, dans tous les temps, plus disposé à arrêter l'effusion du sang, par le rétablissement de la paix.

» Dans la guerre qui commence, comme dans celles qui ont été si glorieusement terminées, S. M. a pour elle le témoignage de sa conscience et la justice de sa cause: elle compte sur l'amour de ses peuples et le courage de ses armées ; elle place aussi une confiance entière dans votre zèle si souvent éprouvé pour son service et pour le bien de l'Etat, qui en est inséparable. »

S. A. S. a remis ensuite, 1°. une lettre de S. M. l'EMPEREUR et Roi, à MM. les président et membres du sénat; 2°. deux

rapports adressés à S. M. l'EMPEREUR et Rot par le prince de Bénévent, ministre des relations extérieures; 3°. six notes diplomatiques; desquelles pièces la teneur suit:

Lettre de S. M. l'EMPEREUR et Roi.

་ « Sénateurs,

>> Nous avons quitté notre capitale pour nous rendre au milieu de notre armée d'Allemagne, dès l'instant que nous avons su avec certitude qu'elle étoit menacée sur ses flancs par des mouvemens inopinés. A peine arrivé sur les frontières de nos Etats, nous avons eu lieu de reconnoître combien notre présence y étoit nécessaire, et de nous applaudir des mesures défensives que nous avions prises avant de quitter le centre de notre Empire. Déjà les armées prussiennes, portées au grand complet de guerre, s'étoient ébranlées de toutes parts; elles avoient dépassé leurs frontières; la Saxe étoit envahie; et le sage prince qui la gouverne étoit forcé d'agir contre sa volonté, contre l'intérêt de ses peuples. Les armées prussiennes étoient arrivées devant les cantonnemens de nos troupes; des provocations de toute espèce, et même des voies de fait, avoient signalé l'esprit de haine qui animoit nos ennemis, et la modération de nos soldats, qui, tranquilles à l'aspect de tous ces mouvemens, étonnés seulement de ne recevoir aucun ordre, se reposoient dans la double confiance que donnent le courage et le bon droit. Notre premier devoir a été de passer le Rhin nous-mêmes, de former nos camps, et de faire entendre le cri de guerre. Il a retenti aux cœurs de tous nos guerriers. Des marches combinées et rapides les ont portés en un clin-d'œil au lieu que nous leur avions indiqué. Tous nos camps sont formés; nous allons marcher contre les armées prussiennes, et repousser la force par la force. Toutefois, nous devons le dire, notre cœur est péniblement affecté de cette prépondérance constante qu'obtient en Europe le génie du mal, occupé sans cesse à traverser les desseins que nous formons pour la tranquillité de l'Europe, le repos et le bonheur de la génération présente; assiégeant tous les cabinets par tous les genres de séductions, et égarant ceux qu'il n'a pu corrompre; les aveuglant sur leurs véritables intérêts, et jes lançant au milieu des partis, sans autre guide que les passions qu'il a su leur inspirer. Le cabinet de Berlin lui-même n'a point choisi avec délibération le parti qu'il prend; il y a été jeté avec art et avec une malicieuse adresse. Le roi s'est trouvé tout-à-coup à cent lieues de sa capitale, aux frontières de la confédération du Rhin, au milieu de son armée, et vis-à-vis des troupes françaises dispersées dans leurs can

tonnemens, et qui croyoient devoir compter sur les liens qui unissoient les deux Etats, et sur les protestations prodiguées en toute circonstance par la cour de Berlin. Dans une guerre aussi juste, où nous ne prenons les armes que pour nous défendre, que nous n'avons provoquée par aucun acte, par aucune prétention, et dont il nous seroit impossible d'assigner la véritable cause, nous comptons entièrement sur l'appui des lois et sur celui de nos peuples, que les circonstances appellent à nous donner de nouvelles preuves de leur amour, de leur dévouement et de leur courage. De notre côté, aucun sacrifice personnel ne nous sera pénible, aucun danger ne nous arrêtera, toutes les fois qu'il s'agira d'assurer les droits, l'honneur et la prospérité de nos peuples.

>> Donné en notre quartier - impérial de Bamberg, le 7 octobre 1806. » Signé NAPOLEON. Premier rapport adressé de Mayence à S. M. l'EMPEREUR et Roi, par le ministre des relations extérieures, le 3 oct.

SIRE,

Votre Majesté, à la première nouvelle qu'elle reçut des armemens de la Prusse, fut long-temps sans y croire. Forcée d'y croire, elle se plut à les attribuer à un mal-entendu. Elle espéra que ce mal-entendu seroit promptement éclairci, et qu'aussitôt ces armemens cesseroient. Les espérances de V. M. avoient leur source dans son amour constant pour la paix. Elles ont été trompées. La Prusse n'en est plus à méditer la guerre, elle la fait par quels motifs? Je l'ignore, et je ne Iui en connois aucun.

Si la Prusse eût eu quelque sujet de plainte, quelque grief, quelque raison d'armer, se seroit-elle obstinée à les taire? Le ministre de V. M. à Berlin n'en auroit-il pas été instruit? M. de Knobelsdorff n'auroit-il pas été chargé de les faire connoître? Tout au contraire, M. de Knobelsdorff n'a apporté à V. M. qu'une lettre du roi fort amicale, et il a reçu des assurances également amicales de la bouche même de V. M. Le ministre de V. M. à Berlin voyoit les préparatifs se poursuivre, l'arrogance s'accroître, les provocations s'accumuler, à mesure que V. M. montroit plus de modération et d'im passibilité. Mais s'il demandoit quels pouvoient être les griefs de la Prusse, on n'en articuloit aucun, on ne lui donnoit aucune explication; de sorte que sa présence étoit devenue inutile à Berlin; de sorte qu'il n'y étoit plus que le témoin de procédés et de mesures contraires à la dignité de la France.

En supposant que des bruits absurdes, accueillis avec une inconcevable crédulité, eussent inspiré au cabinet prussien de vaines alarmes, V. M., qui avoit tout fait V. M., qui avoit tout fait pour les prévenir,

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