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SEINE

soulagement aux maux physiques qui s'accumuloient sur tat depuis quelque temps avec rapidite. Il étoit mu suroubpar le besoin de contempler celui qu'il appeloit sans cssel Re parateur de tous les maux de son pays.

» Que ceux qui ont admiré, qui ont aimé Barthez, sẽ retracent les derniers jours de sa vie, et ils y trouveront sans doute des motifs de consolation. Avani de terminer

il vit récréer la monarchie dans laquelle, suivant Montesa
qu'il citoit souvent, les peuples viennent se reposer
de Jeurs
longues agitations.

» L'anguste souverain de la France aggrandie et bientôt sans rivaux, combloit Barthez des témoignages de sa munificence, de son estime et de sa confiance. Conservant au milieu des infirmités l'étendue de sa mémoire, la rectitude de son jugement, toute la force de sa tête et sa philosophie, il a su repousser les vaines terreurs de la mort. Tranquille sur l'avenir, il a vu ses écrits consacrés par l'admiration publique; et l'envie, qui n'avoit point épargné sa renommée, réduite au silence, s'est vu forcée d'honorer sa némoire.

» Dieux! à combien de regrets l'Ecole de Montpellier estelle donc destinée ?... Tandis que nous rendons ici, Messieurs, aux restes de Barthez ces honneurs funèbres, Fouquet a dû cesser de vivre, et une semblable cérémonie réunit peut-être autour de ses mânes ses concitoyens éplorés!...... »

MODES du 20 octobre.

Un froid subit a fait recourir aux costumes d'hiver; cependant nombre de femmes tiennent encore au blanc, sur-tout aux capotes de perkale, qui se portent avec des douillettes, même avec des redingotes de drap. Les douillettes, presque toutes froncées dans le dos, ont un collet chiftonsé et des manches à l'espagnole. Quelques robes qui tiennent beaucoup des douillettes, montent jusqu'au col, se ferment sur la gorge, et ont des pattes au bas de la taille. On a supprimé des pélerines à quelques redin~gotes ; à d'autres, la pélerine se trouve plus ample et descend plus bas que l'année dernière. Une petite toucle d'or, pour serrer la ceinture d'une redingote, tire ce vêtement de la classe commune. Toutes les redin→ gotes sont de couleurs foncées.

Les modistes n'ont encore fait que très-peu de ebapeaux de velours; mais elles ont drapé avec du velours beaucoup de chapeaux, et rayé en velours nombre de capotes. Il en est des chapeaux de velours plein,' comme des redingotes; les demi-élégantes se sont empressées de les adop ter, tandis que les femmes riches semblent ne quitter qu'à regret les Costumes d'automne.

M

NOUVELLES POLITIQUES.

WVirtemberg, 14 octobre.

Il est passé depuis ce matin cinq courriers pour Berlin; malgré le sileuce des officiers prussiens, les nouvelles de l'armée transpirent, et nous savons qu'elles sont désastreuses pour eux. La mort du prince Louis de Prusse a fait une sensation d'autant plus grande, qu'indépendamment de sa naissance, il étoit respecté et chéri du soldat comme le plus brave officier de l'armée. Il n'avoit pas encore 34 ans; son éducation avoit été dirigée, pendant quelque temps, par l'abbé Raynal.

P. S. Nous apprenons que les Français sont entrés à Leipsick; nous devons nous attendre à les voir arriver ici demain.

De Mont-de-Marsan, le 13 octobre.

Un courrier de Madrid, qui est passé hier dans cette ville, a démenti la nouvelle de la déclaration de guerre de la cour d'Espagne contre le Portugal, qui avoit été annoncée à une maison de commerce de Bayonne. Le même courrier a confirmé la sortie de l'escadre de lord Saint-Vincent du port de Lisbonne, et a ajouté que la neutralité du Portugal a été reconnue et consentie par toutes les puissances belligérantes.

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De Mayence, 18 octobre.

Aujourd'hui, vers midi, le préfet du département a reçu la lettre suivante de S. Ex. le maréchal d'Empire Kellermann : « Un courier, arrivé ce matin du quartier-général, apporte la nouvelle que, le 14, les Français ont livré bataille aux Prussiens; que leur roi commandoit en personne. Le résultat de l'affaire a été la prise de plus de 25 mille hommes et 100 canons; presque tous les généraux ennemis ont été blessés. L'armée prussienne se retire, ou plutôt fuit en désordre. » Signé, le maréchal d'empire KELLERMAN.

Aussitôt le bruit du canon et des cloches a solennellement annoncé cette victoire. La bataille s'est livrée dans les environs de Jena. L'Empereur, toujours habile à profiter des succès et a en recueillir les fruits, a poursuivi l'ennemi en personne. La journée du 13 a été remplie par de nouveaux combats et de nouveaux succès. Au départ du courrier, les Français s'étoient portés de Jena à Weimar, d'où la reine de Prusse ne s'est échappée qu'avec peine, notre cavalerie ayant pénétré dans cette ville peu de temps après sa fuite; et comme

Ja route qu'elle a prise est couverte de nos troupes, il est possible qu'elle finisse, comme on l'avoit d'abord dit, par tomber entre les mains des vainqueurs. On varie sur le sort du duc de Brunswick et du général Ruchel, que les uns disent seulement blessés, tandis que d'autres relations assurent qu'ils sont, l'un et l'autre, morts de leurs blessures. On compte parmi les blessés le prince Henri de Prusse ( que l'on dit frère du roi, et qui n'est que son cousin, à moins qu'il n'y ait erreur de nom); et l'on ajoute qu'il se trouve parmi les prisonniers six généraux et un tres-grand nombre de colonels. Notre perte, comparativement à celle de l'ennemi, est trèsfoible; le nombre des blessés ne s'élève pas tout-à-fait à 3000. Parmi les généraux, nous n'avons à regretter que le seul géné→ ral de brigade Debilly; officier distingué. Toute l'armée a fait des prodiges de valeur et d'habileté; on cite particulièrement les corps des maréchaux Soult, Lannes, Ney, et celui du maréchal Davoust qui a soutenu un combat glorieux contre le centre des Prussiens, aux ordres du maréchal Mollendorff. La cavalerie française, à la tête de laquelle on remarquoit le duc de Berg, qui étoit par-tout, et qui a semblé se multiplier. pendant ces deux journées mémorables; la cavalerie française s'est couverte de gloire : elle a fait mettre bas les armes à plusieurs bataillons carrés, qu'avoit formé l'infanterie prussienne. On dit que le roi de Prusse et le maréchal Mollendorff se retirent, avec environ 60,000 fuyards, vers Magdebourg, dans l'espoir de rallier ces débris sous le canon de cette place. On porte à 28,000 le nombre des prisonniers faits pendant la seconde journée, et quant à l'artilerie, on a enlevé à l'ennemi presque toute celle qui avoit échappé le 14.

PARIS, vendredi 24 octobre.

PREMIER BULLETIN DE LA GRANDE-ARMÉE.

Bamberg, le 8 octobre 1806.

La paix avec la Russie conclue et signée le 20 juillet, des négociations avec l'Angleterre, entamées et presque conduites à leur maturité, avoient porté l'alarme à Berlin. Les bruits vagues qui se multiplièrent, et la conscience des torts de ce cabinet envers toutes les puissances qu'il avoit successivement trahies, le portèrent à ajouter croyance aux bruits répandus qu'un des articles secrets du traité conclu avec la Russie, donnoit la Pologne au prince Constantin, avec le titre de roi; la Silésie à l'Autriche, en échange de la portion autrichienne de

la Pologne; et le Hanovre à l'Angleterre. Il se persuada enfin que ces trois puissances étoient d'accord avec la France, et de cet accord résultoit un danger imminent pour la Prusse.

que

Les torts de la Prusse envers la France remontoient à des époques fort éloignées. La première elle avoit armé pour profiter de nos dissentions intestines. On la vit ensuite courir aux armes au moment de l'invasion du duc d'Yorck en Hollande; et lors des événemens de la dernière guerre, quoiqu'elle n'eût aucun motif de mécontentement contre la France, elle arma de nouveau, et signa, le 1° octobre 1805, ce fameux traité de Postdam, qui fut, un mois après, remplacé par le traité de Vienne. Elle avoit des torts envers la Russie, qui ne peut oublier l'inexécution du traité de Postdam, et la conclusion subséquente du traité de Vienne. Ses torts envers l'empereur d'Allemagne et le corps germanique, plus nombreux et plus anciens, ont été connus de tous les temps. Elle se tint toujours en opposition avec la diete. Quand le corps germanique étoit en guerre, elle étoit en paix avec ses ennemis. Jamais ses traités avec l'Autriche ne recevoient d'exécution, et sa constante étude étoit d'exciter les puissances au combat, afin de pouvoir, au moment de la paix, venir recueillir les fruits de son adresse et de leurs succès.

Ceux qui supposeroient que tant de versatilité tient à un défaut de moralité de la part du prince, seroient dans une grande erreur. Depuis quinze ans la cour de Berlin est une arène où les partis se combattent et triomphent tour-à-tour; l'un veut la guerre, et l'autre veut la paix. Le moindre événement politique, le plus léger incident donne l'avantage à l'un ou à l'autre, et le roi, au milieu de ce mouvement des passions opposées, au sein de ce dédale d'intrigues, flotte incertain, sans cesser un moment d'être honnête homme.

Le 11 août, un courrier de M. le marquis de Lucchesini arriva à Berlin, et y porta, dans les termes les plus positifs, l'assurance de ces prétendues dispositions par lesquelles la France et la Russie seroient convenues par le traité du 20 juillet, de rétablir le royaume de Pologne, et d'enlever la Silésie à la Prusse. Les partisans de la guerre s'enflammèrent aussitôt; ils firent violence anx sentimens personnels du roi; 40 courriers partirent dans une seule nuit, et l'on courut aux armes. La nouvelle de cette explosion soudaine parvint à Paris le 20 du même mois. On plaignit un allié si cruellement abusé; on lui donna sur-le-champ des explications, des assurances précises; et comme une erreur manifeste étoit le seul motif de ces armemens imprévus, on espéra que les réflexions calmeroient une effervescence aussi peu motivée.

Cependant le traité signé à Paris, ne fut pas ratifié à SaintPétersbourg, et des renseignemens de toute espèce ne tardèrent pas à faire connoître à la Prusse, que M. le marquis de Lucchesini avoit puisé ses renseignemens dans les réunions les plus suspectes de la capitale, et parmi les hommes d'intrigue qui composoient sa société habituelle. En conséquence, fut rappelé; on annonça pour lui succéder M. le baron de Knobelsdorff, homme d'un caractère plein de droiture et de franchise, et d'une moralité parfaite. Cet envoyé extraordinaire arriva bientôt à Paris, porteur d'une lettre du roi de Prusse, datée du 23 août. Cette lettre étoit remplie d'expressions obligeantes et de déclarations pacifiques, et l'EMPEREUR y répondit d'une manière franche et rassurante. Le lendemain du jour où partit le courrier porteur de celle réponse, on apprit que des chansons outrageantes pour la France avoient été chantées sur le théâtre de Berlin; qu'aussitôt après le départ de M.de Knobelsdorff les armemens avoient redoublé, et que quoique les hommes demeurés de sang froid eussent rougi de ces fausses alarmes, le parti de la guerre soufflant la discorde de tous côtés, avoit si bien exalté toutes les têtes, que le roi se trouvoit dans l'impuissance de résister

au torrent.

On commença dès-lors à comprendre à Paris que le parti de la paix ayant lui-même été alarmé par des assurances mensongères et des apparences trompeuses, avoit perdu tous ses avantages, tandis que le parti de la guerre mettant à profit l'erreur dans laquelle ses adversaires s'étoient laissé entraîner, avoit ajouté provocation à provocation, et accumulé insulte sur insulte, et que les choses étoient arrivées à un tel point, qu'on ne pourroit sortir de cette situation que par la guerre. L'EMPEREUR vit alors que telle étoit la force des circonstances, qu'il ne pouvoit éviter de prendre les armes contre son allié. П ordonna des préparatifs. Tout marchoit à Berlin avec une grande rapidité; les troupes prussiennes entrèrent en Saxe, arrivèrent sur les frontières de la confédération, et insultèrent les avant-postes.

Le 24 septembre, la garde impériale partit de Paris pour Bamberg, où elle est arrivée le 6 octobre. Les ordres furent expédiés pour l'armée, et tout se mit en mouvement.

Ce fut le 25 septembre que l'EMPEREUR quitta Paris; le 28 il étoit à Mayence, le 2 octobre à Wurtzbourg, et le 6 à Bamberg. Le même jour, deux coups de carabine furent tirés par les hussards prussiens sur un officier de l'état-major français. Les deux armées pouvoient se considérer comme en présence.

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