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Art. I. Le bataillon déposera, demain à midi, les armes à Sommerda; sur des voitures, pour être conduit de suite à 1 citadel'e a Esturt. MM. les officiers conserveront leurs chevaux, leurs épées et tout leur bagage, et les soldats leurs sacs.

II. Les fusils, gibernes et sabres des soldats seront déposés à la citadelle d'Erfurt, pour être ensuite rendus, s'il y a lieu, d'après les ordres de S. M. l'EMPEREUR et Roi, ainsi que les caissons de munitions et les

canons.

III. MM. les officiers donneront leur parole d'honneur par écrit, pour eux et pour leurs soldats, dont il sera forni une liste exacte, signée da commandant, de ne pas servir contre S. M. 1 EMPEREUR et Roi ou ses alliés, pendant la guerre actuelle et jusqu à leur parfai; éch nge.

IV. Un capitaine, deux lieutenans et deux sous-lieutenans, conduiront le bataillon en Saxe, par une route dont l'itinéraire sera donné par M. le général Clarke, gouverneur d'Erfurt. MM. les officiers recevront des passeports pours y rendre individuellement.

V. La présente capitulation ne s ra valable qu'après avoir été ratifiče par M. le général Clarke.

Fait double entre nous, au petit Sommerda, le 23 octobre 1806.

(Suivent les signatures.)

Sur la demande de M. le baron de Hund et des officiers d son bataillon de grenadiers, et au nom de S. M. 1 Empereur des Français et Roi d'Ita lie, par égard pour S. A. S. l'électeur de Soxe, j'accorde, en ratifiant la présente capitulation, que les armes déposées sur des voitures an petit Sommerda, en vertu de l'article, c'est-à-dire, les fusils, gibernes et sabres seulement des soldats, lesquels devoient être déposés à la citadelle d'Erfurt, resteront sous la garde d'un officier, de dix grenadiers saxons, et que ces armes suivront le bataillon saxon, vingt-quatre heures après son départ, par la même route, et pour être re.nis au bataillon à Rochlitz, le 31 octobre. Le bataillon partira demain da petit Sommerda, et se rendra à une liene au-delà de Butte'stadt, le 27 à Cambourg, le 28 à Zeitz, le 29 à Altenb urg, le 30 à Ro hlitz. Il restera le 3 à Roch itz, pour recevoir les armes, et le novembre il ira à Eitzdorf, le 2 à Wildsdruff, et le 3 à Dresde.

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A Erfurt, le 25 octobre 1806.

Le general de division, gouverneur d'Erfurt,

Signé, CLARKE. (Ce bulletin est le dernier publié jusqu'aujourd'hui, vendredi 7 novembre au soir.)

-Le général Marmont mande du Vieux-Rogue, en date du 4 oc'obre 1806, qu'il avoit à peine fait quelques dispositions relatives à la remise qui devoit lui être faite des Bouches du Cattaro, que l'amiral rosse S navin, informé de la nouvelle rupture, temporisa encore sons divers prétextes, et chercha même à s'opposer à l'enlèvement des approvisionnemen, que le général Marmont avoit rassemblés à M.lonta.

Après s'être retiré au Vieux-Raguse, le général Marmont ent connoissance d'un rassemblement de 6000 Russes et de 9 à 10,000 Monténégrins, à Castel-Novo dans la vallée de Satorina et sur le coi de D. bilibrich; it résolut de les attaquer et sur tout de les déposter de ce col par où ils menaçoient sa communication avec Ragus.

La nuit du 29 au 30 septembre, le genéral Marmont se mit en marche avec un corps d'environ six mile hommes cou posé des 5°, 11, 23° et 79° de ligne du 18 d'infanterie légère et de la garde i alienne. Les voltigeurs et grenadiers des 5°, 23° et 79" régimens, le général Lauriston à lear tête, dispersèrent les avant-postes russes, et soutenus par le 11°, ils emparèrent du col de Débil brich, malgré la vive résistance des Monténégrins dont une soixantaine resta sur le carreau; l'ennemi se retira de Position en position sans combattre : la difficufté du terrein ne permettait pas de le forcer a un engagement.

Le lendemain, le général Marmont continua sa marche et s'approcha de Castel-Novo, dirigeant le 79, 23°, 18° régimens et la garde, par échelons dans la vallée, et fai-ant attaquer les hauteurs en face de la ville par les troupes d'élite et par le 11 égiment. Le général Launay enleva, à la tête de ses grenadiers, celle position, défendue par une nuée de Monténégrins et par un bataillon russe. Le 11° régimen, commandé par le colour Bachelu et le général Aubrée, culbuta à la baïonnette deux bətaillons russes et dispersa les Monténégrins. Il lais-èrent 400 des leurs sur le champ de bataille.

Cette position enlevée, la colonne qui agissoit par la vallée, déboucha et arriva sur une ligne da 4000 Russes rangés en batalle; le 79° formé en colonnes se précipite aussitôt sur cette ligne et l'ébranle; le 23o arrive, le général Delzons à sa tête; le général Marmont Ini fait prendre la droite, fait déployer le 79° en l'appuyant aux hauteu ́s de la gauche, et pendant que ce dernier régiment entretient un feu de mousqueterie très-vif avec l'ennemi, il ordonne au 25° de charger en colonne. Ce régiment s'avance, le 18 vient prendre sa place en ligne et la garde reste en réserve; l'ennemi ne peut résister à la charge conduite par le général Delzons; sa droite est coupée, son centre debordé; il se retire en désordre sous le canon de la place et de la flotte russe qui envoie des chaloupes pour assurer sa faite.

La perte de l'ennemi dans cette journée, a été de 500 hommes tués, antant de blessés et 200 prisonniers : nous avons eu 25 hommes tués et cent bles és. L'adjudant-major Couturier da 23°, et l'aide-de-camp du général Marmont, Gayet, ont été tués, le sous-lieutenant Courtot du 79 a été bies é en prenant un drapeau russe.

Les Monténégrins n'avoient cessé d'inquiéter les avant-postes du général Marmont, même pendant la suspension des hostilités, il a ordonné qu'on brûlât leurs villages et le faubourg de Castel-Novo, centre de leurs intrigues, une seule ma son dont le maître avoit sauvé la vie à un Français, a été respectée.

Pendant que les villages brûloient, plusieurs milliers de Monténégrins se sont présentés pour nous attaquer; mais ils ont été bientôt dispersés par les et 79° régimens, et par la garde italienne, qui en ont tué ou blessé deux à trois cents; le chef de bataillon Rossy, de la garde, a été blessé.

Après avoir ainsi jetté l'épouvante et la terreur parmi ces bandes de brigands, le général Marmont a ramené son armée au Vieux Raguse, et et n'a pas vu un seul Russe ni un Monténégrin dans sa marche.

L'airal Sinavin continue de croiser; mais l'échec qu'il a éprouvé le met dans l'impossibilité de rien tenter; ses moyens sont épuisés. Totes les troupes se sont distinguées, le général Marmont fait l'éloge de tous les généraux et chefs de corps. ( Moniteur.)

La division du général Davoust poursuit le petit corps d'armée du général Blucher. Au départ du dernier courrier, l'on s'attendoit à recevoir, d'un moment à l'autre, la nouvelle que ce général avoit été forcé de mettre bas les armes. On ne doute pas que le duc de Weimar et le petit nombre de troupes qu'il a réunies, ne soit réduit à prendre le même parti.

FONDS PUBLICS.

DU VENDREDI 7. Cp. 0/0 c. J. du 22 sept. 1806, 70f 900 71f 710 25c 6 c. 72f 72f 25 728 71f 750 72f

Idem. Jouiss. du 22 mars 1807. 69t 50c oof ooC COLOC

Act. de la Banque de Fr. 1225f 12301 oco ooc. 0000f, 000of com

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(SAMEDI 15 NOVEMBRE 1806.)1

MERCURE

DE FRANCE.

POÉSIE.

ÉLÉGIE PREMIÈRE,

TRADUITE DE L'ANGLAIS, DE JAMES GREME (1).

Au retour du printemps l'alouette ravie,

Fait retentir les airs de ses accens d'amour.
Déjà le laboureur, à la terre engourdie,
De ses nobles travaux demande le retour;
Et décoré déjà de sa feuille légère

(1) James Grame, auteur de ces Elégies, et de plusieurs autres pièces où respirent la plus douce sensibilité et une mélancolie profonde, étoit né à Carnwath en Lancastershire, le 15 décembre 1749. Son père, fermier peu riche, ne négligea rien pour l'éducation de ses nombreux enfans, et fut payé de ses sacrificés par les succès rapides qu'ils obtinrent dans leurs études, particulièrement le plus jeune de tous, celui qui est l'objet de cette note. A l'âge de dix-neuf ans, Grame fut choisi par un seigneur anglais pour achever l'éducation de ses enfans. Retiré avec eux dans la paroisse de Dunshyre, il consacra aux Muses tous les instans que lui lais soient les devoirs de sa place. En 1769, l'Université de Saint-André le mit au nombre de ses professeurs; mais, entraîné par son penchant, il quitta sa chaire pour s'abandonner entièrement à la poésie. C'est alors qu'il fit paroître ces Elégies, qui l'ont fait placer par la nation anglaise au rang des meilleurs poètes de cette époque. En 1771, il écrivoit à un amis « Je sens que je vais mourir... Je ne puis faire quelques pas sans souffric T

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Le chêne, sous l'effort des autans furieux,

Ne courbe plus sa tête altière :
Fils majestueux de la terre,

Il cache son front dans les cieux.

Du printemps l'active puissance,
De son philtre amoureux enivre l'univers;
Du calice des fleurs que le zéphir balance,

Mille parfums s'exhalent dans les airs.
Au murmure flatteur de l'onde fugitive,
Du chantre des bosquets s'unit la voix plaintive;
Echappant au joug des hivers,

L'agneau revient bondir sur l'émail de la plaine;

» cruellement... Ma tête et ma poitrine ne me laissent aucun repos. Je >> respire difficilement. Je suis accablé de défaillances continuelles ; et les >> sueurs de foiblesse dont je suis mouillé à chaque instant ne m'annoncent » que trop ma dissolution prochaine. Si je vis encore une semaine, je >> vous écrirai, mon ami.......... Si je ne vous écris plus... que Dieu ait pitié » de moi ! » Sa dernière lettre est datée du 13 octobre 1771; après avoir gémi un instant sur son sort, il reprend : « Vous me mépriserez, mon » ami, pour tant de foiblesse.......... Ah je puis offrir à toutes mes connois>> sances un front serein; je puis parler de sang froid avec elles; mais » quand je pense à vous, mon ami, le cœur me manque, et ma raison ne » peut persuader à mon cœur que ce soit une tâche si facile de quitter >> celui que j'aimois tant! Quelque désespéré que soit mon état, il faut pour» taut vous montrer plus de fermeté, et tâcher de retenir dans mes yeux > affoiblis le peu de larmes qui me restent............ Je n'ai pas besoin de vous > dire que ma maigreur augmente tous les jours.... Je ne suis déjà plus » qu'une ombre... Mes joues sont creuses et pâles... Mes yeux sont ternes > et caves... Je ne m'abuse plus... J'entends dans mes reins et dans ma » poitrine une espèce de glas de la mort... Je ne prends plus que du lai> tage et quelques fruits : c'est l'ordonnance de mon médecin, et je m'y » soumets, décidé à mourir, secundum artem, dans toutes les règles de » l'art.... Le major White et son épouse me soignent comme un fils... » Que Dieu les récompense de leur bonté ! Je ne puis plus que les bénir... » Et vous, mon ami, quand vous verrai-je?.. Ah, j'entends une voix dans » mon cœur qui me répond: jamais!... Adieu, mon ami. Que Dieu te >> favorise et te conserve pour l'ornement utile de la société !... J'aspirois » à ce bonheur... Dieu ne l'a pas voulu....... Adieu, mon ami. »

Græme languit tout l'hiver, et expira sans un murmure, le 26 juillet 1772, dans sa vingt-deuxième année. Sa vie avoit été innocente et vertueuse, sa mort fat pieuse et exemplaire; et son tombeau modeste fut arrosé des pleurs de tous ceux qui avoient connu cet intéressant et malheureux jeune homme. (Note du Traducteur.)

L'Amour anime tout de sa féconde haleine :

De la nature il a brisé les fers.

Il enflamme l'oiseau dans le vague des airs;

Dans les vallons, au sommet des montagnes,
Dans les sombres forêts, sur les vastes campagnes,
Il rappelle au plaisir mille animaux divers;
De son souffle de flamme il agite les mers;
Le papillon s'unit à la rose naissante;
Et des rugissemens de son ardeur brûlante;
Le tigre fait gémir les antres des déserts.
Hélas, cette commune ivresse
Semble ajouter à mon malheur !

Tout parle autour de moi de plaisirs, de tendresse;
Et l'infortune est dans mon cœur !

Pour moi vous n'avez plus de charmes,
O lieux jadis témoins de mon bonheur !
Mes yeux, en vous voyant, laissent couler des larmes:
Je n'entends plus ces chants mélodieux
Que redit l'écho du bocage.

Je n'entends plus Zéphir agiter le feuillage,
Ou caresser la fleur de son souffle amoureux.

Jours fortunés du plus tendre délire,
Où ma voix s'unissant, aux accords de ma lyre
Chantoit avec trasport la nature et l'amour!
Jours si beaux, êtes-vous écoulés sans retour?
Ne chanterai-je plus la fraîcheur du bocage,
Le ruisseau dont les fleurs tapissent le rivage,
L'ombre de nos forêts et l'émail de nos champs?
Ne chanterai-je plus les rapides torrens,
Sur le sommet des monts la vapeur descendue,
L'éclair qui déchire la nue,

Et les doux parfums du printemps?
Ne te verrai-je plus encourager mes chants,
O toi, qui de mes vers eas le premier hommage?
Mon bonheur a passé comme une jeune fleur,
Dont l'approche du noir orage

A flétri les appas, a terni la fraîcheur.

Hélas, j'eus son éclat, j'eus sa beauté naissante;
Et, comme elle, je cède au souffle destructeur !
O doux zéphir, de mon ame expirante
Recueille les soupirs; et dis à l'inconstante
Qu'elle seule a causé tous les maux de mon cœur,
Et que mes derniers vœux sont tous pour son bonheur !
C. T. Piror, de l'Isle de France.

Ta

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