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NOVEMBRE 1806.

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»>Que conclure, en géné al, de cette déclaration et de ces menées nouvelles? sinon que la guerre s'est encore faite par les instig, ti ns et pour l'intérê de l'Angleterre. Après qu'elle a sacrifié à ce projet cruel les avantages qu'on lu proposoit, il est singulier qu'elle ose en ore ac user l'ambition de la France et qu'elle lui rep oche de vouloir envahir au moment même où la France lui faisoit des cess ons qui ont étonné l'Europe.

» Mais ce qui frappe sur-tout dans la déclaration de la cour de Londres c'est que ceux que l'Angleterre a pelle selles ont évidem ment les ennemis de la France. D'où il suit que l'empereur Napoleon est dans la nécessité de les réduire à l'impossibi ité de reuer eur éternelles coalitions contre la France. La Grande-Bretagne le force à augmenter l'ascensant et la prépondérance dont elle se plaint, et elle montre évidemm nt que la paix doi être ajournée jusqu'à ce que l'Agleterre soit tout-à-fait exclue des affaires du continent. » (Traduit de l'Argus. )

XXIII BULLETIN DE LA GRANDE-ARMÉE.

Berlin, 30 octobre 1806.

Le duc de Weimar est parvenu à passer l'Elbe à Havelberg. Le maréchal Soult s'est porté le 29 à Rathnau, et le 30 à Wertenhausen. Le 29, la colonne du duc de Weimar étoit à Rhinsberg, et le maréchal prince de Ponte-Corvo à Furstemberg. Il n'y a pas de doute que ces 14,000 hommes ne soient tombés ou ne tombent, dans ce moment, au pouvoir de l'armée française. D'un autre côté, le général Blucher avec 7000 hommes, quittoit Rhinsberg, le 29 au matin, pour se porter sur Stettin. Le maréchal Lannes et le grand-duc de Berg avoient trois marches d'avance sur lui. Cette colonne est tombée en notre pouvoir, ou y tombera sous 48 heures.

Nous avons rendu compte, dans le dernier bulletin, qu'à l'affaire de Prentzlow, le grand-duc de Berg avoit fait mettre bas les armes au prince de Hohenlohe et à ses 17,000 hommes. Le 29, une colonne ennemie de 6000 hommes a capitulé dans les mains du général Milhaud à Passewalk. (Copie de cette capitulation est ci-jointe.) Cela nous donne encore 2000 chevaux sellés et bridés, avec les sabres. Voilà plus de 6000 chevaux que l'EMPEREUR a ainsi à Spandau, après avoir monté toute sa cavalerie. Le maréchal Soult, arrivé à Rathnay, a rencontré cinq escadrons de cavalerie saxonne qui ont demandé à capituler. Il leur a fait signer la capitulation cijointe. C'est encore 500 chevaux pour l'armée.

Le maréchal Davoust a passé l'Oder à Francfort. Les alliés bavarois et wirtembergeois, sous les ordres du prince Jérôme, sont en marche de Dres le sur Francfort. Le roi de russe a quitté l'Oder et a passé la Vistule; il est à Graudentz. Les places de Silésie sont sans garnison et sans approvisionnemens. Il est probable que la place de Stettin ne tardera pas a tomber en notre pouvoir. Le roi de Prusse est sans armée, sans

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artillerie, sans fusils. C'est beaucoup que d'évaluer à 12 du 15,000 hommes ce qu'il aura pu réunir sur la Vistule. Rien n'est curieux comme les mouvemens actuels. C'est une espèce de chasse, où la cavalerie légère, qui va aux aguets des corps d'armée, est sans cesse détournée par des colonnes ennemies qui sont coupées.

Jusqu'à cette heure nous avons cent cinquante drapeaux, parmi lesquels sont ceux brodés des mains de la belle reine, beauté aussi funeste aux peuples de Prusse, que le fut Hélène aux Troyens. Les gendarmes de la garde ont traversé Berlin pour se rendre prisonniers à Spandau. Le peuple qui les avoit vus si arrogans il y a peu de semaines, les a vus dans toute leur humiliation.

L'EMPEREUR a fait aujourd'hui une grande parade, qui a duré depuis onze heures du matin jusqu'à six heures du soir. Il a vu en détail toute sa garde à pied et à cheval, et les beaux régimens de carabiniers et de cuirassiers de la division Nansouty: il a fait différentes promotions, en se faisant rendre compte de tout dans le plus grand détail. Le général Savary, avec deux régimens de cavalerie, a déjà atteint le corps du duc de Weimar, et sert de communication pour transmettre les renseignemens au grand-duc de Berg, au prince de PonteCorvo et au maréchal Soult.

On a pris possession des Etats du duc de Brunswick. On croit que ce duc s'est refugié en Angleterre. Toutes ses troupes ont été désarmées. Si ce prince a mérité à juste titre l'animadversion du peuple français, il a aussi encouru celle du peuple et de l'armée prussienne : du peuple, qui lui reproche d'être l'un des auteurs de la guerre; de l'armée, qui se plaint de ses manœuvres et de sa conduite militaire. Les faux calculs des jeunes gendarmes sont pardonnables; mais la couduite de ce vieux prince, âgé de 72 ans, est un excès de délire, et dont la catastrophe ne sauroit exciter de regrets. Qu'aura donc de respectable la vieillesse, si, aux défauts de son âge, elle joint la fanfaronnade et l'inconsidération de la jeunesse ?

Capitulation provisoirement conclue entre M. Hagel, brigadier commandant le régiment de Treunfels et la colonne détachée du prince de Hohenlohe, et le lieutenant-colonel Guillaume, du 15 régiment de chasseurs à cheval, au nom de M. le général Milhaud, commandant la cavalerie d'avant-garde, et par ordre de S. A. I. le grand-duc de Berg et de Clèves.

Art. I. La colonne tournée par la cavalerie du général Millaud, et composée ainsi qu'il suit: Infanterie. De Treuen

fels, de Zeuge, de Siech, du prince Ferdinand. Cavalerie. Du comte de Heukel, d'Husing, de carabiniers, de Suenting, de Holzendorf, de Balliodz; un reste du train d'artillerie, huit pièces de six, un caisson et un détachement de hussards de Bila sont mis au pouvoir des troupes françaises.

II. L'infanterie et la cavalerie mettront bas les armes sur le terrain qui sera désigné, et la colonne ainsi désarmée sera prisonnière de guerre. M M. les officiers de cavalerie, d'infanterie, d'artillerie et train d'artillerie, conserveront leurs chevaux et bagages, et se retireront sur parole, si S. A. Mgr. le grandduc de Berg et de Clèves veut bien le permettre. Accordé par ordre du grand-duc. Signé BELLIARD.

III. MM. les officiers feront la remise de tous les effets et chevaux appartenans au roi de Prusse ; et considérant que la colonne est entièrement tournée et mise dans l'impossibilité d'agir, les chevaux de suite des officiers seront conservés, jusqu'à ce que le prince grand-duc de Berg et de Clèves ait statué sur la faveur accordée aux officiers prussiens de pouvoir reprendre tous leurs chevaux.-Par ordre du grand-duc, les officiers conserveront tous leurs chevaux.

IV. Les régimens prussiens mettront bas les armes devant le 13 régiment de chasseurs à cheval et le 9° de dragons. MM. les colonels Demangeot, commandant les chasseurs, et Maupetit, commandant les dragons, seront chargés de l'exécution de cette capitulation.

Fait à Passewalk, le 29 octobre 1806.

(Suivent les signatures. ) GRANDE-ARMÉE. - Quatrième corps.

Au quartier-général de Rathnau, le 29 octobre. S. E. M. le maréchal de l'Empire Soult, commandant en chef le quatrième corps de la Grande-Armée, prenant en considération la confiance avec laquelle les troupes saxonnes ci-après dénommées se sont rendues à lui, et la déclaration que lui ont faite les principaux officiers de ces troupes, que cette démarche a eu pour motif l'intime persuasion 'où ils sont qu'il existe entre S. M. l'Empereur des Français et Roi d'Italie, et S. A. l'électeur de Saxe, une convention qui ne permet pas de douter que la paix ne soit déjà rétablie entre les deux puissances; autorise ces troupes saxonnes à se retirer à Dessau, à la charge par elles de tenir la promesse qu'elles ont faite sur parole d'honneur de ne pas porter les armes pendant la guerre actuelle, ou jusqu'à parfait échange, contre les armées de S. M. l'EMPEREUR et Roi, ni contre celles de ses alliés, dans le cas où la convention dont il a été question n'existeroit pas réellement.

S. E. M. le maréchal invite les autorités militaires de la Grande-Armée à laisser passer librement ces corps de troupes saxonnes, et à leur prêter assistance.

Ils tiendront l'itinéraire suivant: Partant le 26 de Rathnau, iront le même jour à Bramme; le 30, à Brandebourg; le 51, à Belzig; le 1er novembre, à Dessau, destination provisoire. M. le commandant de ce corps aura l'attention de se faire précéder dans les endroits de passage par un officier qui en annoncera l'arrivée. Ce corps est composé ainsi qu'il suit; savoir: Détachement du régiment, 15 officiers, 124 sousofficiers et soldats, et 117 chevaux. Détachement du prince Albert, 14 officiers, 134 sous-officiers et soldats, et 128 chevaux. Détachement du prince Clément, 18 officiers, 173 sous-officiers et soldats, et 168 chevaux. Détachement cuirassiers de Kochlizki, 3 officiers, 68 sous-officiers et soldats, et 54 chevaux. Détachement de Polentz, 1 sous-officier, et 2 chevaux. Détachement de carabiniers, 4 sous-officiers et soldats, et 4 chevaux. Détachement de hussards, 14 sousofficiers et soldats, et 9 chevaux. Corps du génie, I officier, 5 sous-officiers et soldats, et 2 chevaux. Détachement d'artillerie volante, 2 sous-officiers et soldats, et 2 chevaux. Total, 51 officiers, 515 sous-officiers et soldats, et 486. chevaux.

A Rathnau, l'an et jour ci-dessus.
Par ordre de M. le maréchal,

Signé le général de brigade, chef de
Létat-major-général.

Au quartier-général de Rathnan, le 29 octobre 1806. Nous soussignés, officiers de tout grade faisant partie de divers détachemens composant un corps de troupes saxonnes, qui, dans l'intime persuasion qu'il existe entre S. M. l'Empereur des Français et Roi d'Italie, et S. A. l'électeur de Saxe, une convention qui ne permet pas de douter que la paix ne soit déjà rétablie entre ces deux puissances, s'est rendu au corps d'armée commandée par S. E. M. le maréchal d'Empire Soult, sur la demande de S. E. et en considération des bons motifs sur lesquels il l'a fondée, acceptons l'autorisation qu'il a bien voulu nous accorder de nous retirer avec nos troupes à Dessau, ou tout autre endroit qui pourroit être ultérieurement désigné par S. A. le prince de Neuchâtel et Vallangin, ministre de la guerre, à la charge par nous de nous engager, comme en effet nous nous engageons sur notre parole d'honneur, pour nous et nos subordonnés, à ne plus porter les

armes contre les troupes de S. M. l'EMPEREUR et Roi, et celles de ses alliés, dans le cas où contre notre persuasion, la convention précitée n'existeroit pas réellement; nous nous engageons en outre, dans ce cas, à faire à l'armée française, à sa première réquisition, la remise de nos armes et de nos chevaux: notre engagement cesseroit dans le cas de paix ou de parfait échange.

En foi de quoi, nous avons signé la présente promesse, à Rathnau, l'an et jour ci-dessus.

Signé WELDIES CHRISTOPHE BARNER, colonel et comman dant de détachemens de cavalerie saxons.

(Suivent les signatures de tous les officiers des différens corps compris dans la capitulation.)

XXIV BULLETIN DE LA GRANDE-ARMÉE.

Berin, le 31 octobre 18.6.

Stettin est en notre pouvoir. Pendant que la gauche du grand-duc de Berg, commandée par le général Milhaud, faisoit mettre bas les armes à une colonne de 6000 hommes à Passewalk, la droite, commandée par le général Lasalle, sommoit la ville de Stettin, et lui imposoit la capitulation cijointe. Stettin est une place en bon état, bien armée et bien palissadée: 160 pièces de canon, des magasins considérables, une garnison de 6000 hommes de belles troupes, prisonnière; beaucoup de généraux, tel est le résultat de la capitulation de Stettin, qui ne peut s'expliquer que par l'extrême découragement qu'a produit sur l'Oder et dans tous les pays de la rive droite, la disparition de la grande armée prussienne. De toute cette belle armée de 180,000 hommes, rien n'a passé l'Oder. Tout a été pris, tué, ou erre encore entre l'Elbe et l'Oder, et sera pris avant quatre jours. Le nombre des prisonniers montera à près de 100,000 hommes. Il est inutile de faire sentir l'importance de la prise de la ville de Stettin, une des places les plus commerçantes de la Prusse, et qui assure à l'armée un bon pont sur l'Oder et une bonne ligne d'opérations.

Du moment que les colonnes du duc de Weimar et du général Blucher, qui sont débordées par la droite et la gauche, et poursuivies par la queue, seront rendues, l'armée prendra quelques jours de repos.

On n'entend point encore parler des Russes. Nous desirons fort qu'il en vienne une centaine de milliers. Mais le bruit de leur marche est une vraie fanfaronnade. Ils n'oseront pas venir à notre rencontre. La journée d'Austerlitz se représente à leurs yeux. Ce qui indigne les gens sensés, c'est d'entendre l'empe

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