Page images
PDF
EPUB

Berlin et de la Prusse, et a déjà arrêté toutes les bases de l'organisation intérieure du pays.

Le roi de Hollande marche sur Hanovre, et le maréchal Mortier sur Cassel.

XXVI BULLETIN DE LA GRANDE-ARMÉE.
Berlin, 3 novembre.

On n'a pas encore reçu la nouvelle de la prise des colonnes du général Blucher et du duc de Weimar. Voici la situation de ces deux divisions ennemies et celle de nos troupes Le général Blucher, avec sa colonne, s'étoit dirigé sur Stettin. Ayant appris que nous étions déjà dans cette ville, et que nous avions gagné deux marches sur lui, il se reploya de Gransée où nous arrivions en même temps que lui, sur Neustrelitz, où il arriva le 30 octobre, ne s'arrêtant point là, et se dirigeant sur Wharen, où on le suppose arrivé le 31, avec le projet de chercher à se retirer du côté de Rostock pour s'y embarquer. Le 31, six heures après son départ, le général Savary, avec une colonne de 600 chevaux, est arrivé à Strelitz, où il a fait prisonnier le frère de la reine de Prusse, qui est général au service du roi. Le 1er novembre, le grand-duc de Berg étoit à Demmin, filant pour arriver à Rostock, et couper la mer au général Blucher. Le maréchal prince de Ponte-Corvo avoit débordé le général Blucher. Ce maréchal se trouvoit le 31, avec son corps d'armée, à Neubrandebourg, et se mettoit en marche sur Wharen; ce qui a dû le mettre aux prises dans la journée du 1 avec le général Blucher.

La colonne commandée par le duc de Weimar étoit arrivée le 29 octobre à Neustrelitz; mais, instruit que la route de Stettin étoit coupée, et ayant rencontré les avant-postes français, il fit une marche rétrograde le 29 sur Wistock. Le 30, le maréchal Soult en avoit connoissance par ses hussards, et se mettoit en marche sur Wertenhausen. Il l'a immanquablement rencontré le 31 ou le 1". Ces deux colonnes ont donc été prises hier ou aujourd'hui au plus tard. Voici leurs forces: Le général Blucher a 30 pièces de canon, 7 bataillons d'infanterie, et 1500 hommes de cavalerie. Il est difficile d'évaluer la force de ce corps; ses équipages, ses caissons, ses munitions ont été pris: il est dans la plus pitoyable situation. Le duc de Weimar a 12 bataillons et 35 escadrons en bon état; mais il n'a pas une pièce d'artillerie. Tels sont les foibles débris de toute l'armée prussienne : il n'en restera rien. Ces deux colonnes prises, la puissance de la Prusse est anéantie, et elle n'a presque plus de soldats. En évaluant à 10,000 hommes ce qui s'est retiré avec le roi sur la Vistule, çe seroit exagérer.

M. Schullembourg s'est présenté à Strelitz pour demander n passeport pour Berlin. Il a dit au général Savary: « Il y a

huit heures que j'ai vu passer les débris de la monarchie prussienne. Vous les aurez aujourd'hui ou demain. Quelle destinée inconcevable et inattendue! La foudre nous a frappés. » Il est vrai que depuis que l'EMPEREUR est entré en campagne, il n'a pas pris un moment de repos. Toujours en marches forcées, devinant constamment les mouvemens de l'ennemi. Les rẻsultats en sont tels qu'il n'y en a aucun dans l'histoire. De plus de 150,000 hommes qui se sont présentés à la bataille d'Jéna, pas un ne s'est échappé pour en porter la nouvelle au-delà de l'Oder. Certes, jamais agression ne fut plus injuste, jamais guerre ne fut plus intempestive. Puisse cet exemple servir de leçon aux princes foibles, que les intrigues, les cris et l'or de l'Angleterre excitent toujours à des entreprises insensées!

La division bavaroise, commandée par le général Wrede, est partie de Dresde le 31 octobre. Celle commandée par le général Deroy est partie le 1 novembre. La colonne wirtembourgeoise est partie le 3. Toutes ces colonnes se rendent sur l'Oder; elles forment le corps d'armée du prince Jérôme.

Le général Durosnel a été envoyé a Odesberg avec un parti de cavalerie, immédiatement apr`s no're entrée à Berlin, pour intercepter tout ce qui se jetteroit du canal dans l'Oder. Il a pris plus de 80 bateaux chargés de munitions de toute espèce qu'il a envoyées à Spandau.

On a trouvé à Custrin des magasins de vivres suffisans pour nourrir l'armée pendant deux mois.

Le général de brigade Macon, que l'EMPEREUR avoit nommé commandant de Leipsick, est mort dans cette ville d'une fièvre putride. C'étoit un brave soldat et un parfait honnête homme. L'EMPEREUR en faisoit cas, et a été trèsaffligé de sa mort.

ÉTAT MAJOR GÉNÉRAL.

Au quartier-général impérial à Berlin, le 2 novembre 1806.

ORDRE DU JOUR.

L'armée est instruite que Custrin s'est rendu au maréchal Davoust. Le général de division Gudin y est entré hier à sept heures du soir. S. M. a vu avec plaisir les corps de cette division, qui se sont tant distingués à la bataille d'Jéna, recueillir la plus belle récompense, en entrant les premiers dans cette belle et magnifique place forte. Il y avoit dans la place 4000 hommes qui ont été faits prisonniers, go pièces d'artillerie sur les remparts, parfaitement approvisionnées, et des magasins de subsistances considérables. La colonne du général prussien de Bila a été faite prisonnière le 31 octobre sur les frontières de

la Pomeranie suédoise, après le combat d'Anclam. Le général de division Becker, à la tête de la brigade de dragons Boussard, chargé vigoureusement l'ennemi, l'a fait prisonnier, et l'a obligé à capituler. S. M. témoigne sa satisfaction au général de division Becker et à la brigade de dragons Boussard. Elle a déjà vu avec plaisir la conduite du général Becker aux combats

de Zehdenick et de Viemendorf.

Le prince de Neuchâtel et Vallengin, major-général de la Grande-Armée,

Ordre du jour du

Signé maréchal ALEX. BERTHIer. corps d'armée de réserve, au quartiergénéral à Boulogne le 8 novembre 1806, contenant le 21 bulletin de la Grande-Armée.

Soldats,

Vous lirez quinze jours de suite dans vos chambrées la proclamation sublime de S. M. l'EMPEREUR et Roi à sa GrandeArmée; vous l'apprendrez par cœur; chacun de vous attendri répandra les larmes du courage, et sera pénétré de cet enthousiasme irrésistible qu'inspire l'héroïsme. Souvenez-vous toujours de ces mots sacrés de S. M.: « Soldats, je ne puis >> mieux vous exprimer les sentimens que j'ai pour vous, » qu'en vous disant que je vous porte dans mon cœur l'amour » que vous me montrez tous les jours. »>

Signé maréchal BRUNE.

XXVII BULLETIN DE LA GRANDE-ARMÉE.

Berlin, le 6 novembre 1806.

On a trouvé à Settin une grande quantité de marchandises anglaises, à l'entrepôt sur l'Oder on y a trouvé 500 pièces de canon et des maga sins considérables de vivres.

:

[ocr errors]

Le 1er novembre, le grand-duc de Berg étoit à Demmin, le a, Teterow, ayant sa droite sur Rostock. Le général Savary étoit le 1er à Cratzebourg, et le 2, de bonne heure, à Wharen et à Jabel. Le prince de Ponte-Corvo attaqua le soir du 1o1 à Jabel, l'arrière-garde de l'ennemi. Le combat fut assez sontenu, le corps ennem fut plu ieurs fois mis en déroute; il eût été entièrement enlevé si les lacs et la difficulté de passer le pays de Mecklenbourg ne l'eussent encore sauvé ce jour-là. Le prince de Ponte-Corvo, en chargeant avec la cavalerie. a fait une chute de cheval, qui n'a eu aucune suite. Le maréchal Sou't est arrivé le 2 à Plauer.

Ainsi l'ennemi a renoncé à se porter sur P'Oder. Il change tous les jours de projets. Voyant que la route de POder lui étoit fermée, il a voulu se retirer sur la Pomeranie suédoise. Voyont celle-ci également interceptée, il a voulu retourner sur l'Elbe; mis le maréchal Sout Payant prévenu, il paroît se diriger sur le point le plus prochain des côtes. Il doit avoir été à bout le 4 ou le 5 novembre. Cependant tous les jours un ou deux bataillons et même des escadrons de cette colonne tombent en notre pouvoir. Elle n'a plus ni caissons, ni bagages, Le maréchal Lannes est à Stettin;

Le maréchal Davoust à Francfort;

Le prince Jerôme en Silésie.

Le duc de Weimar a quitté le commandement pour retourner chez lui, et l'a laissé à un général peu reconnu.

L'EMPEREUR a passé aujourd'hui la revue de la division de dragons du général Beaumont, sur la place du Palais de Berlin: il a fait différentes promotions.

Tous les hommes de cavalerie qui se trouvoient à pied, se sont rendus à Postdam, où l'on a envoyé les chevaux de prise. Le général de division Bourcier a été chargé de la direction de ce grand dépôt. Deux mille dragons à pied qui suivoient l'armée, sont déjà montés.

On travaille avec activité à armer la forteresse de Spandau, et à rétablir les fortifications de Wittemberg, d'Erfurt, de Custrin et de Stettin. Le maréchal Mortier, commandant le 8 corps de la Grande-Armée, c'est mis en marche le 30 octobre sur Cassel. Il y est arrivé le 31. Voici la note que le chargé d'affaires de France a présentée au prince, vingt-quatre heures auparavant.

Note.

Du 29 octobre 1806.

«Le soussigné chargé d'affaires de S. M. I'EMPEREUR DES FRANÇAIS et Roi d'ITALIE, est chargé de déclarer à S. A. S. le prince de HesseCassel, maréchal au service de Prusse, que S. M. l'EMPEREUR a une parfaite connoissance de l'adhésion à la coalition de la Prusse de la part de la cour de Cassel;

[ocr errors]

Que c'est en conséquence de cette adhésion que les semestriers ont été appelés, des chevaux distribués à la cavalerie, la place de Hanau approvisionnée, et abondamment pourvue de garnison;

» Que c'est en vain que S. M. a fait connoître à M. de Malsbourg, ministre du prince de Hesse-Cassel à Paris, que tout armement de la part du prince de Hesse-Cassel seroit regardé comme une hostilité; que pour toute réponse, la cour de Cassel a ordonné à M. de Malsbourg de demander des passeports à Paris, et de retourner à Cassel;

"

Que depuis, les troupes prussiennes sont entrées à Cassel; qu'elles y ont été accueillies avec enthousiasme par le prince héréditaire, général an service de Prusse, qui a même traversé la ville à leur tête;

» Que ces troupes ont traversé tous les Etats de Hesse- Cassel pour attaquer l'armée française à Francfort;

» Qu'immédiatement après, le plan de campagne de l'armée française étant venu à se développer, les généraux prussiens ont senti la nécessité de rappeller tous leurs détachemens pour se concentrer à Weimar, afin de livrer bataille;

>> Que c'est donc par l'effet des circonstances militaires, et non de la neutralité de la Hesse, que les troupes prussiennes ont rétrogradé sur leurs lieux de rassemblemens;

>> Que pendant tout le temps que le sort des armes a été incertain, la cour de Hesse-Cassel a continué” ses armemens, toujours en opposition aux déclarations de l'EMPEREUR, qu'il considéreroit tous armemens comme un acte d'hostilité;

>> Que les armées prussiennes ayant été battues, et rejetées au-delá de l'Oder, il seroit aussi imprudent qu'insensé de la part du général de l'armée française de laisser se former cette armée hessoise qui seroit prête à tomber sur les derrières de l'armée française, si elle éprouvoit un écher;

[ocr errors]

Que le soussigné a donc reçu l'ordre exprès de déclarer que la

reté de l'armée française exige que la place de Hanau et tout le pays de Hesses Cassel soient occupés; que les armes, canons, arsenaux soient remis à l'armée française, et que tous les moyens soient pris pour assurer les derrières de l'armée contre l'inimitié constante qu'a montrée, à l'égard de la France, la maison de Hesse-Cassel.

» Il reste au prince de Hesse-Cassel à voir, dans la situation des choses, s'il veut repousser la force par la force, et rendre son pays le théâtre des désastres de la guerre. Toutefois cela étaut incompatible avec une mission politique le soussigné a reçu ordre de demander ses passeports et de se retirer de suite. »>

Signé SAINT-Genest. Voici ensuite la proclamation qu'a faite le maréchal Mortier.

Proclamation.

Edouard Mortier, maréchal de l'Empire, etc.

Du 31 octobre.

Hahitans de Hesse, je viens prendre possession de votre pays. C'est le seul moyen de vous éviter les horreurs de la guerre. Vous avez été témoins de la violation de votre territoire par les troupes prussiennes. Vous avez été scandalisés de l'accueil que leur a fait le prince héréditaire. D'ailleurs, votre souverain et son fils, ayant des grades au service de Prusse, sont tenus à l'obéissance aux ordres du commandant en chef de l'armée prussienne. La qualité de souverain est incompatible avec celle d'officier au service d'une puissance, et la dépendance des tribuuaux étrangers.

Votre religion, vos lois, vos mœurs, vos priviléges seront respectés ; la discipline sera maintenue; de votre côté, soyez tranquilles. Ayez confiance au grand souverain dont dépend votre sort: vous n'y pourrez éprouver que de l'amélioration.

Signé ED. MORTIER.

Le prince de Hesse-Cassel, maréchal au service de Prusse, et son fils, général au service de la même puissance, se sont retirés : le prince de Hesse-Cassel, pour réponse à la note qui lui fut remise, demanda de marcher à la tête de ses troupes avec l'armée française contre nos ennemis : le maréchal Mortier répondit qu'il n'avoit pas d'instruction sur cette proposition; que ce prince ayant armé après la déclaration qui avoit été faite à Paris à M. de Malsbourg, son ministre, que le moindre armement seroit considéré comme un acte d'hostilité; son territoire n'avoit pas été seulement violé par les Prussiens, nais qu'ils y avoient été accueillis avec pompe par le prince héréditaire; que depuis ils avoient évacué Cassel par suite de combinaisons militaires, et que ce ne fut qu'à la nouvelle de la bataille d'Jéna que les armemens discontinuèrent à Ca-sel; qu'à la vérité le prince héréditaire avoit eu le grand bonheur de marcher à la tête des troupes prussiennes, et d'insulter les Français par toutes sortes de provo

cations.

Il paiera cette frénésie de la perte de ses Etats. Il n'y a pas en Allemagne une maison qui ait été plns constamment ennemie de la France. Depuis bien des années, elle vendoit le sang de ses sujets à l'Angleterre pour nous faire la guerre dans les deux mondes, et c'est à ce trafic de ses troupes que le prince doit les trésors qu'ils a amassés, dont une partie est, dit on, enfermée à Magdebourg, et une autre a été transportée à l'étranger. Cette avarice sordide a entrainé la catast ophe de sa maison, dont l'existence sur nos fontières est incompatible avec la sûreté de la France. Il est temps enfin qu'on ne se fasse plus un jeu d'inquiéter qua

« PreviousContinue »