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et celles des animaux ; 3° avec la botanique, non-seulement par les secours fournis à la matière médicale, mais aussi par les lumières et la précision que l'étude des familles naturelles tend à porter dans la thérapeutique.

Après avoir dévelopé ces aperçus que nous indiquons à peine, M. de Jussieu a fait l'énumération rapide des travaux qui ont été exécutés dans le sein de l'Ecole, pour contribuer aux progrès des sciences médicales, et cite avec éloges les dissertations inaugurales les plus remarquables; il passe ensuite aux relations intérieures de l'Ecole; et ici l'histoire de la science se lie dans son discours, aux annales de l'Empire, à la gloire et à la sollicitude du héros qui, chaque jour, en agrandit les destinées.

«Un événement honorable pour l'école, dit M. de Jussieu, >> ne peut être passé sous silence; on se rappelle cette cam>>pagne mémorable, que la postérité aura peine à concevoir ; » cette campagne d'Allemagne où le magnanime Empereur » des Français, menacé par une fédération de plusieurs >> grandes puissances de l'Europe, transporta subitement son » armée au milieu du pays occupé par les troupes ennemies, » sépara par des marches savamment combinées, leurs dif»férens corps, les défit successivement, s'empara de leurs » villes principales, et de plusieurs de leurs provinces, » pénétra jusque dans la capitale de l'Autriche; remporta, >> par le double ascendant de la science et de la valeur, une » victoire décisive, et montra autant de modération après » le combat, qu'il avoit mis de courage, d'activité et de » génie pour vaincre. Ces opérations militaires, exécutées au » milieu des frimats et dans moins d'un mois, ne peuvent » être égalées ou surpassées que par la campagne actuelle >> rapide encore dans ses mouvemens et ses succès, et dont » l'antiquité n'offre aucun exemple. Alors, comme main» tenant le nombre des prisonniers fut considérable: des » colonnes d'Autrichiens, de Russes désarmés, furent diri»gées dans divers lieux de la France, et placées dans des » bâtimens qui parurent propres à les loger : la fatigue d'une » longue marche, l'impossibilité de changer ou de réparer » les vêtemens, la négligence des divers moyens d'hygiène, » l'entassement de beaucoup d'hommes dans un même local, >> enfin l'abattement et le désespoir résultèrent du chagrin » d'être vaincu et transporté loin de sa patrie: toutes ces » causes donnèrent lieu à des fièvres d'hôpital, très-graves, » qui se manifestèrent à Autun, Semur et dans d'autres lieux. » L'évêque d'Autun, le respectable Defontanges, ne s'étant » pas contenté d'offrir un séminaire pour y placer les ma¬

» lades, il leur prodigua ses soins avec autant de charité » que de courage, donna l'exemple du plus grand zèle, et >> mourut victime de son dévouement dans l'exercice des » vertus hospitalières.

» Déjà la sollicitude du grand homme qui gouverne la >> France étoit excitée, et par sa volonté aussi bienfaisante » que puissante, l'Ecole de Médecine de Paris fut chargée, >> par le ministre de l'intérieur, d'envoyer des commissaires » sur les lieux ravagés par l'épidémie. M. Desgenettes fut » nommé, et eut pour adjoints MM. Geoffroy et l'Erminier. » Leur présence répondit à l'objet de leur mission, et par les >> mesures qu'ils firent prendre aussitôt, la source du mal fut »tarie, le foyer de la contagion atteint, le calme rétabli » dans les esprits, et le gouvernement put recueillir dans » cette portion de l'Empire un juste tribut de reconnoissance » pour sa sollicitude paternelle. » M. de Jussieu a rappellé plusieurs autres circonstances dans lesquelles l'Ecole de Médecine de Paris a pris part à différentes mesures de police médicale et de salubrité publique. Il a terminé son discours par une exposition rapide des travaux de la Société académique de l'école de Médecine de Paris, chargée de remplacer l'Académie de chirurgie et la Société royale de médecine. Le discours de M. de Jussieu a été immédiatement suivi de la distribution des prix pour l'an 1806, dans l'ordre

suivant :

PRIX DE L'ECOLE PRATIQUE, 1806.

PREMIÈRE CLASSE.

Anatomie.

Premier prix.-M. Achille-Cléophas Flaubert, âgé de vingt-deux ans, né aux Granges, département de l'Aube. Accessit.MM. Guitton, Blancheton.

Chimie.

Premier prix.-M. Antoine Blancheton, âgé de vingtdeux ans, né à Vertaizon, département du Puy-de-Dôme. Accessit. - MM. Guitton, Flaubert.

Médecine.

Premier prix.-Antoine-Nicolas Guitton, âgé de vingtsept ans, à Merry-sur-Yonne. Accessit. - MM. Breschel, Baiker.

PREMIÈRE CLASSE.

Chirurgie.

Gilbert Breschel, âgé de 25 ans, né à Clermont-Ferrand, département du Puy-de-Dôme. Accessit. - MM. Guitton, Nouailles.

DEUXIÈME CLASSE.

Anatomie.

Premier prix partagé entre Pierre Calemard - Lafayette,

âgé de 23 ans, né au Puy, département de la Haute-Loire ; Jean-Jadioux, âgé de 22 ans, né à Luzy, département de la Nièvre. Accessit. -MM. Louis-René-Luc Leclerc Jacques-Sylvain Thillaye.

Physique et chimie.

Prix partagé entre MM. Calmard-Lafayette, déjà nommé; Benjamin-Elie Lefebure, âgé de 28 ans, né à Rouen, dépar tement de la Seine-Inférieure. Accessit. — M. Jadioux, déjà nommé.

TROISIÈME CLASSE.

Anatomie.

-

Premier prix partagé entre MM. Louis Imbert, âgé de 21 ans, à Ville-Croze, département du Var. Edme Lesauvage, âgé de 26 ans, né à Caen, département du Calvados. Accessit. - MM. Guillaume-Joseph Closson, MichelJules Lemazurier.

Chimie.

Prix partagé entre MM. Louis Imbert, déjà nommé ; Guillaume-Joseph-Célestin Closson, âgé de 20 ans, né à Liége, département de l'Ourthe. Accessit.-MM. PasquierBenedic Poret, Louis-Justin Monnet.

- On promet, pour la semaine prochaine, plusieurs nouveautés dramatiques : à l'Opéra, la reprise de Tamerlan ; à la Comédie Française, la première représentation d'Octavie, tragédie en cinq actes et en vers; au théâtre de l'Impératrice, il Podestà di Chioggia, musique d'Orlandi. On donne aujourd'hui même sur ce théâtre, la première représentation d'une comédie nouvelle en trois actes et en prose, intitulée la Journée aux Interruptions, ou Comme on travaille à Paris. Les Faux Somnambules, représentés mercredi dernier, sur le Théâtre Français, ont été sifflés à l'unanimité : quoique cette prétendue comédie n'eût qu'un acte, le public la trouvée encore trop longue; elle n'a pas été achevée. Le nouvel opéra comique, l'Avis au Public, a obtenu quelques succès. Les paroles sont de M. Desaugiers, et la musique de M. Alexandre Piccini, fils du célèbre compositeur de ce nom. Le théâtre de Molière fera samedi, 29 novembre, son ouverture par deux pièces étrangères qui ont une grande réputation en Allemagne et en Angleterre. La première est l'Avis aux Vieillards, comédie en cinq acles, traduite de l'allemand; la seconde intitulée la Fille de quinze ans : cette comédie en deux actes, est du célèbre acteur Garrick. Ce théâtre sera désormais exclusivement consacré aux pièces étrangères. Molière ne prête que son nom dans cette affaire: ce qui n'empêche pas, comme chacun sait, que cet établisse

ment ne soit très-propre à former le goût, et à augmenter le nombre des auteurs de mélodrames : et dans le fait il y a bien assez long-temps que Corneille, Racine, Voltaire et Molière règnent exclusivement sur notre scène.

-Les obsèques de M. Ledoux ont été célébrées au milieu d'un concours nombreux de ses amis et de ses élèves. M. Vignon, son confrère, a prononcé sur sa tombe un discours : il l'a terminé par la proposition aux élèves, d'un concours dont le prix sera une médaille de 500 fr., et le premier volume du grand ouvrage que M. Ledoux n'a pas eu le temps d'achever. M. Luce de Lancival, exprimant le regret de ne pouvoir louer dignement son ami, a cru devoir honorer sa mémoire en récitant sur sa tombe des vers extraits du poëme de l'Imagi nation, et en consacrant en quelque sorte dans cette triste circonstance, ce tribut de la Muse de M. Delille au talent de M. Ledoux.

Voici ces vers:

Et pourrai-je oublier tes talens et ton zèle,
O toi, de l'amitié le plus parfait modèle,
Respectable Ledoux ! artiste citoyen,
Partout le nom français s'énorgueillit du tien.
C'étoit peu d'élever ces portes magnifiques,
De la ville des rois majestueux portiques;
A l'honneur des Français que n'eût point ajouté
Le généreux projet de ta vaste cité (1)!
Là seroit le bonheur; là, de la race humaine
Le monde eût admiré le plus beau phénomène;
Les modest s réduits, les superbes palais,
Les fontaines coulant en limpides filets,
Les comptoirs de Plutus père de la fortune,
Les forges de Vulcain, les chantiers de Neptune,
Les temples de Thémis, les arsen ux de Mars,
Les dépôts du savoir, les ateliers des arts,
Le cirque des combats, les pompes de la scène,
Où vient rire Thalie et pleurer Melpomene;
Tout ce que, dans le sein d'une vaste cité,
Commande le plaisir ou la nécessité;

Tout ce qui, des humains fécondant l'industrie,
Pare, enrichit, éclaire, et défend la patrie.
Qu'Amphion, aux accords d'un luth miraculeux,

Bâtisse des Thébains les remparts fabuleux,

Sur de plus grands bienfaits notre hommage se fonde :
Il fit aftre une ville, et tu bâtis un monde.

Gloire te soit rendue! et puissent tes vieux ans
Habiter le séjour dont tu traças les plans!

(*) M. Ledoux avoit conçu l'idée d'une ville où tous les genres de travaux, tous les objets d'utilité et d'agrément auroient été placés, à portée l'un de l'autre, et dans une situation favorable à leur perfectionnement.

-

Les cours du Collège de France s'ouvriront le 24 novembre 1806, dans l'ordre suivant : Astronomie : professeur, M. de la Lande, ancien directeur de l'Observatoire; les mardis, jeudis et samedis. Mathématiques M. Mauduit, id. Physique générals: M. Biot, id. — Physique experimen tale: M. Lefevre Gineau; les lundis, mercredis, vendredis et samedis. Médecine: M. Hallé; mardis, jeudis et samedis. -Anatomie: M. Portal; lundis, mardis et jeudis. --Chimie: M. Thénard; lundis, mercredis et vendredis. Histoire naturelle M. Cuvier; lundis, mercredis et vendred. — Droit de la nature et des gens: M. Pastoret; lundis, mercredis et vend. - Histoire et Philosophie morale: M. Charles l'Evêque; mardis, jeudis et samedis. Langue hébraïque: M. Audran; lundis, mercredis et vendredis. Langue arabe: M. Caussin; lundis, mercredis et vendredis. Langue turque M. Ruffin; id. Philosophie grecque M. Bosquillon; id.-Littérature grecque : M. Gail; id. - Eloquence latine M. Dupuis; mardis, jeudis et samedis. Poésie latine M. Delille, et M. Legouvé suppléant, lundis, mercredis et vendredis, à une heure, Ce cours commencera le mercredi 3 décembre. - Littérature française: M. Cournand; mardis, jeudis et samedis, à 5 heures du soir.

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-L'Athénée de Paris, rue du Lycée, no. 2, ouvrira ses cours le 1. décembre prochain. On lit dans le programme qui annonce cette ouverture « que les administrateurs ont pris les plus grands soins pour en régler l'ordre de manière à varier l'instruction et à satisfaire les goûts des abonnés qui viennent chercher dans son amphithéâtre des lumieres, et dans ses salons des plaisirs. »

Les professeurs sont : MM. Fourcroy, pour la chimic; Sue, pour l'anatomie; Richerand, pour la physiologie; Cuvier, pour l'histoire naturelle des animaux; Assenfratz, pour la technologie; Chénier, pour les belles-lettres; Ginguené, pour l'histoire littéraire moderne; Daunou, pour l'histoire romaine; Robert, pour la langue anglaise ; Boldoni, pour la langue italienne.

Discours prononcé par M. de Fontanes, président du CorpsLégislatif, à l'occasion de la cérémonie de la pose de la première pierre de la nouvelle façade du palais de ses

séances.

Messieurs et chers collègues,

L'érection de ce monument est en quelque sorte un hommage rendu par l'EMPEREUR lui-même à la nation française. Il veut réunir les députés qu'elle envoie au Corps-Législatif dans un édifice plus majestueux, et digne, au-dehors comme

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