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ersonnages qui ne sont connus que par des crimes. Ecoutez-le : vous parle d'un député, nommé...... d'un conseiller, ommé......, etc.; vous croiriez qu'il s'agit de noms obsurs; et ces noms sont fameux par les meurtres, par les illages auxquels ils ont servi de signal! J'ai dit qu'il copioit es autres historiens ; j'aurois dû dire qu'il se copie lui-même, t qu'il y a dans son Histoire de France des pages entières qui ont été transcrites de son Histoire Universelle, comme il y en a dans celle-ci qui ont été prises mot à mot de ses autres ouvrages. Mais, puisqu'on n'a cherché à le defendre que sur les expressions peu convenables qu'il emploie en parlant de nos Saints, montrons du moins qu'on l'a très-mal défendu. M. Anquetil, dit en parlant de Saint Louis, Louis que nous appelons le Saint; il m'a semblé que cette expression n'étoit pas convenable, et j'ai cru devoir témoigner ce que j'en pensois. Voilà M. Salgues qui s'élève contre moi. « Ne sait-il pas, » s'écrie-t-il, qu'on dit tous les jours Edouard-le-Saint, » Henri-le-Saint? La mémoire de ces deux princes, l'un, » roi d'Angleterre, l'autre, roi de Hongrie, est-elle flétrie, » parce que l'épithète est placée après leur nom, au lieu de » l'être avant? Et, d'ailleurs, quelle querelle M. Guairard vient» il chercher à M. Anquetil, puisqu'il avoue que dans le titre » de son chapitre sur ce monarque, il l'appelle Saint Louis?» lly a dans ce passage trois phrases et quatre étourderies. Et d'abord, je n'avoue pas que M. Anquetil ait dit nulle part Saint Louis j'ai dit au contraire que dans le titre de son chapitre sur ce monarque et dans le haut de ses pages, il l'appelle Saint Louis-Neuf. Il y a entre ces deux dénominations une différence assez remarquable: c'est que la première est la bonne, et que l'autre est très-ridicule. Secondement, je prie M. Salgues de m'indiquer le livre où il a trouvé la vie de Saint Henri, roi de Hongrie. J'ai peur qu'il ne soit né avec ce qu'il sait de l'histoire; pour moi, j'ai parcouru plusieurs fois la liste des rois de Hongrie, et je n'y ai pas trouvé un seul Henri. Il me demande si je ne sais pas qu'on dit tous les jours Edouard-le-Saint, Henri-le-Saint. Vraiment, non, je ne le sais pas. Où dit-on cela? Est-ce au Bureau du Courrier des Spectacles? C'est une autorité que je récuse; et en attendant qu'on m'en cite une autre, je dirai, comme tous les historiens, Edouard-le-Confesseur, Henrile-Boiteux ; ce qui ne les empêche pas d'être Saint Edouard et Saint Henri. Ce dernier, n'en déplaise à M. Salgues, étoit empereur et fils d'un duc de Bavière.

On voit que l'érudition de M. Salgues est sans contredit beaucoup plus légère que son style. Je suis faché de n'avoir pas le temps et l'espace nécessaire pour développer ici les

principes qu'il s'est faits sur la manière d'écrire l'histoire: i sont au niveau de son style et de son érudition. Par exemple il pose gravement pour première règle : qu'un historien n'est d'aucun temps, d'aucun pays, d'aucune secte: d'où je con clus qu'il ne doit écrire en aucune langue, et qu'il ne doit parler de rien; car il est bien clair qu'un historien n'est pas de ce monde. Selon M. Salgues, un historien assiste à la chute des empires, comme lui-même assiste au spectacle, sans s'y intéresser, uniquement pour en rire ou pour le louer, selon qu'il lui plaît; de sorte qu'un bon Français ne seroit pas en état d'écrire une bonne Histoire de France, et qu'un bon chrétien le seroit encore moins car un historien ne doit étre d'aucune secte.

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Après avoir fait connoître les principes de M. Salgues, j'aurois voulu faire connoître aussi quelques uns de ses raisonnemens. Je me borne à en citer un qu'il a eu la bonté de me prêter. En parlant du respect que M. Anquetil témoigne toujours pour la religion chrétienne, j'ai dit que ce respect ne paroissoit pas avoir dans son cœur des racines très-profondes; et voilà M. Salgues qui me fait aussitôt tirer cette conclusion que M. Anquetil fut un hypocrite. Non, Monsieur, non, je vous le dis encore ce n'est pas de vous que je veux apprendre, ni comment on doit raisonner, ni ce que je dois penser de M. Anquetil. Je vous dirai seulement qu'un bon Français et un homme de bien, lorsqu'il a eu le malheur de ne pas croire assez fermement à la religion chrétienne, ne laisse pas que d'en parler avec respect, parce que c'est la religion de son pays, et que, dans ce cas, loin de me paroître un hypocrite, il ne m'en paroît que plus honnête homme. Inspice, inspice, et fac secundum exemplar.

Je me hâte de transcrire le passage qui a été la véritable occasion de cette trop longue réponse. « Nous vivons, dit » M. Salgues, dans un temps où des esprits sombres, durs, » mélancoliques, veulent rétablir la religion par la force, » assujétir toutes les consciences à leur empire..... C'étoit » l'esprit des siècles de barbarie. » De quelle terreur veut-il donc parler? Nous savons trop dans quels égaremens la terreur peut conduire des hommes d'ailleurs honnêtes, pour desirer d'en voir rétablir le règne. Est-ce la terreur des bûchers, des jugemens ecclésiastiques? Est-ce à nous qu'il reproche de vouloir régner par la terreur, à nous qui maintenons à peine la liberté de nos pensées et de nos consciences contre les clameurs et les mensonges des philosophes, à nous qui ne nous élevons avec tant de force contre ces clameurs et ces mensonges, que parce que nous sommes bien convaincus qu'ils ont, comme nous, depuis plus long-temps que nous,

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liberté de leur pensée et de leur conscience, et qu'aucune , aucune puissance ne sévira contre eux! Mais contitons: « N'a-t-on pas vu, ajoute M. Salgues, n'a-t-on pas vu déjà, dans un de nos journaux, un écrivain d'ailleurs recommandable par ses talens, établir qu'on ne feroit rien des Juifs, qu'en les refaisant totalement, et insinuer que pour les refaire totalement, il ne seroit pas mal de les soumettre à quelques-unes de ces petites corrections que nos pères appeloient des Actes de foi, etc.?» La plume échappe des mains. Et dans nel journal a-t-on insinué de pareilles horreurs ? Et comment vons-nous pu, je ne dis pas vous, M. Salgues, mais ous tant que nous sommes de journalistes, ne pas nous élever ontre de pareilles insinuations? Quoi, vous en riez! Vous ppelez cela des petites corrections! Vous accusez nos pères le s'en être rendus coupables! Vous dites qu'un homme de alent les a conseillées! Mensonges que tout cela: citez le journal et la page: nommez son infàme auteur. Jusques-là, je dirai que vous calomniez tout à-la-fois, non pas seulement les journalistes, mais nos pères, mais tous les talens: nos pères, parce que, excepté dans ces vingt dernières années, on n'a jamais vu en France rien qui ressembât à des auto-da-fé; et les talens, parce que jamais aucun homme distingué par ses talens n'a conseillé d'aussi épouvantables mesures.

GUAIRARD.

VARIÉTÉS.

LITTÉRATURE, SCIENCES, ARTS, SPECTACLES, IT NOUVELLES LITTÉRAIRES.

On a donné, mercredi dernier, sur le théâtre de l'Impératrice, la première représentation d'un opéra bouffon, intitulé: Il Podesta di Chioggia. La musique est d'un jeune élève de Cimarosa, nommé Orlandi. Cette composition médiocre a été médiocrement exécutée. Contre l'ordinaire des opéras bouffons, celui-ci a un but : il ne s'agit de rien moins de ridiculiser l'autorité et les institutions les plus respectables. L'ouvrage a été représenté avec le plus grand succès à Milan, dans un temps où un gouverneur, un juge étoit nécessairement le plus atroce des scélérats ou le plus stupide des imbécilles. C'est, comme on le pense bien, sous ce dernier rapport que le poète a envisagé son sujet. Aussi le gouverneur

que

de Chioggia est-il le plus bête des hommes, sauf les droits de l'auteur.

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On a publié cette semaine deux ouvrages, dont nous rendrons compte incessamment: l'un est le Dictionnaire de la Bible, de Chompré (1), revu et considérablement augmenté per M. Petitot; l'autre est une nouvelle traduction de Thompson, par M. F. de B.

MODES du 30 novembre.

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Le discrédit des rotondes de drap et des fichus à manches, bordés de fourrure, n'a pas été de longue durée: beaucoup de redingotes de drap ont une ample rotonde, postiche sans doute, et le nombre des te fichus écarlates est augmenté.

Pour les capotes, c'est toujours le velours noir qui domine avec des rouleaux ou bourrelets de satin blanc, rose, jaune d'or, phssca dans leur plus petite dimension.

Sur le devant de quelques chapeaux, à petit bord, penche une grande plume blanche ou noire, à pointes panachées de jaune. Plus communément, c'est un gros nœud de velours, ou une cocarde moitié satin, moitié velours, qui garnit le devant d'un chapeau.

Nous avons dit que les demi-losanges étoient passées de mode; ce qu'il nous faut ajouter maintenant, c'est que quelques modistes adaptent des losanges entières, en satin, à des passes de capotes de velours.

PARIS, vendredi 5 décembre.

N. B. Nous avons promis de donner un Supplément toutes les fois que l'importance des nouvelles politiques nous prescriroit ce sacrifice; nous ajoutons, en conséquence, une feuille de supplément à ce numéro, afin de pouvoir publier en entier les deux dernières séances du Sénat conservateur. (Voyez plus bas.)

XXXIV BULLETIN DE LA GRANDE-ARMÉE.

Berlin, le 23 novembre 1806. On n'a point encore de nouvelles que la suspension d'armes, signée le 17, ait été ratifiée par le roi de Prusse, et que l'échange des ratifications ait eu lieu. En attendant, les hostilités continuent toujours, ne devant cesser qu'au moment de l'échange.

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(1) Un vol. in-8°., papier fin, imprimé avec soin, en petit-texte, sur deux colonnes. Prix: 4 fr. 50 c., et 5 fr. 50 e. par la poste. — Idem, I vol. in-12, mémes caractères. Prix : 3 fr., et 4 fr. par la poste.

A Paris, chez le Normant, rue des Prètres S. Gerin. l'Aux., no. 17.

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Le général Savary, auquel l'EMPEREUR avoit confié le commandement du siége de Hameln, est arrivé le 19 à Ebersdorff, devant Hameln, a eu une conférence, le 20, avec le général Lecoq et les généraux prussiens enfermés dans cette place, et leur a fait signer la capitulation ci-jointe. Neuf mille prisonniers, parmi lesquels six généraux, des magasins pour nourrir dix mille hommes pendant six mois, des munitions de toute espèce, une compagnie d'artillerie à cheval, 300 hommes à cheval sont en notre pouvoir. Les seules troupes qu'avoit le général Savary étoient un régiment français d'infanterie légère, et deux régimens hollandais que commandoit le général hollandais Dumonceau. Le général Savary est parti sur-le-champ pour Nienbourg, pour faire capituler cette place, dans laquelle on croit qu'il y a 2 ou 3000 h. de garnison.

Un bataillon prussien de 800 hommes, tenant garnison à Czentoschau, à l'extrémité de la Pologne prussienne, a capitulé le 18 devant 150 chasseurs du 2 régiment, réunis à 300 Polonais confédérés qui se sont présentés devant cette place. La garnison est prisonnière de guerre; il y a des magasins considérables.

L'EMPEREUR a employé toute la journée à passer en revue l'infanterie du 4 corps d'armée, commandé par le maréchal Soult. Il a fait des promotions, et distribué des récompenses dans chaque corps.

Capitulation pour la remise de la place, des forts et de la garnison d'Hameln à l'armée française et hollandaise, sous les ordres du général de division Savary, aide-decamp de S. M. I. et R., grand-officier de la Légiond'Honneur, colonel des gendarmes de la garde, décoré du grand cordon de Bade, et représenté par le général de division Dumonceau, conseiller d'Etat, membre de la Légion d'Honneur, commandant en chef des troupes ho!landaises en Allemagne, par M. le général-major Van Schæler, commandant la garnison, place et forts de

Hameln.

Articles proposés.

Art. Ier. La garnison sortira le 22 novembre, à neuf heures du matin, avec armes et bagages, enseignes déployées, c›n^ns, tambours battans et mèche allumée, par la porte nommée Oster-Thor, et sera libre de rejoindre son armée.

Réponse. La garnison sortira par la porte désignée, avec les honneurs de la guerre, se mettra en bataille sur la chaussée de Hanovre. Elle y fera

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