Je voulois chanter sur ma lyre Ermenonville et Chantilly,
Mais le printemps vient de sourire Dans les bocages de Marly: Epris de ses graces nouvelles, Mon cœur y vole sur les ailes · Et de Zéphyre et de l'Amour. Que j'aime ces légers portiques Couronnés de ces bois antiques, Que respectent les feux du jour !
Vénus n'est plus dans Amathonte, Vénus habite ces jardins; L'Olympe céderoit sans honte Au charme de ces lieux divins. Là, quand la paisible Diane, Promenant son char diaphane, De ses feux argente les airs, Des Nymphes la troupe folâtre Danse, et foule d'un pied d'albâtre L'émeraude des tapis verts.
Toujours sur ces rives fleuries Les Graces cueillent leurs bouquets; Toujours les tendres rêveries Sont errantes dans ces bosquets; Des fleurs l'haleine parfumée, Le doux bruit de l'onde animée, Tout rend ces bords délicieux : L'oeil s'y plaît, le cœur y soupire; C'est ici que j'aimai Delphire!... Muse, couronne ces beaux lieux.
Par M. LE BRUN, de l'Institut.
Faits en voyant le Tableau d'une Scène de Déluge; par M. Girodet.
D'HORREURS et de beautés quel sublime mélange D'un peuple transporté captive ici les yeux ? Le divin Raphaël et le fier Michel-Ange, Pour animer la toile, ont-ils quitté les cieux. ?
Quoi ! le tendre pinceau qui, sous d'épais feuillages, Des amours, du sommeil traça l'aimable accord (1), M'offre des élémens les combats, les ravages,
Et les tristes mortels luttant contre la mort?
Tableau touchant, affreux, dont l'aspect m'épouvante, Qui fais couler mes pleurs, qui séduis mes regards, J'éprouve en te voyant, et la pitié charmante, Et la douce lerreur que je demande aux arts!
Poursuis, cher Girodėt : rival de la nature, Suis d'Homère immortel le vol audacieux; Vénus, ainsi qu'à lui, te prêta sa ceinture, Et, comme lui, tu peins les Héros et les Dieux.
J. B. DE SAINT-VICTOR.
(1) Tout le monde connoît le beau tableau d'Endymion, de M. Girodet.
Ces trois mots nous offrent l'emblème
De la course agile du temps: Des Dieux la sagesse suprême Ainsi partagea nos instans; Notre vie, hélas ! est pareille Au jour ténébreux ou serein; De ce jour l'enfance est la veille, La vieillesse, le lendemain.
La veille, amour vit d'espérance; Le jour, amour est satisfait; Le lendemain vient en silence Le souvenir ou le regret. Le desir fatigué sommeille.... Amans, tel est votre destin: Vous êtes plus heureux la veille Que le jour et le lendemain!
Damis, avant le mariage,
Paroft tendre, empressé, soumis. Le jour vient; dès qu'hymnen l'engage, On ne reconnoît plus Damis;
Amour s'endort, soupçon s'éveille.
D'où vient ce changement soudain ?...
C'est qu'il étoit amant la veille,
Qu'il est époux le lendemain.
Pour le méchant, dans la nature, Il n'est plus un seul jour serein; Mais l'innocence, calme et pure, Ne craint jamais le lendemain. L'homme de bien quand il sommeille, Voit en onge sur son chemin Les heureux qu'i' a faits la veille,
Ceux qu'il fera le lendemain.
IRIS, aux yeux des grands ma vue est importune; Quoique flatteur, humble et respectueux, Je ne fais pas souvent fortune.
Une lettre de moins mon sort est plus heureux; Car tous les matins j'emprisonne
Les trésors de ton sein et ta taille mignonne.
LOGO GRIPHE.
Je suis gracieux et brillant,
Et pourtant je suis invisible.
Tantôt je suis affable, honnête, sémillant, Tantôt méchant, bourru, dangereux et terrible. Si je me montre arrogamment, Souvent aussi j'aime à ne point paroître.' Enfin c'est moi qui, seul en ce moment, Chloé, vous aide à me connoître.
Six pieds forment mon corps, et vous y trouverez Ce qui du laboureur renferme le salaire;
L'ordre prescrit pour nos devoirs sacrés; Ce que tous les cinq jours on donne au militaire; Un plant de qui le fruit subjugue la raison;
Ce que l'on voit, Chloé, voltiger sur vos traces; Et sans décomposition,
Chez vous j'accompagne les Grâces.
MON premier, chez les grands, est un titre d'honneur Mon second, à tes yeux, offre un lieu solitaire,
Où, parfois, un amant à sa tendre bergère Exprime sur mon tout son amoureuse ardeur.
Le mot de l'Enigme du dernier No. est Epingle. Celui du Logogriphe est Secrétaire.
Celui de la Charade est Pa-ris.
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