DEPE DE LA 437(N° CCLXXXIII.) a (SAMEDI 20 DÉCEMBRE 1806) 5 MERCURE DE FRANCE. POÉSIE. cen FRAGMENT D'un poëme intitulé: LE CONTEMPLATEUR RELIGIEUX (1). SEINE EUTROPE, un vil eunuque, un homme sans pudeur, A force de ramper parvint à la faveur. (1) Ce poëme, en quatre chants, vient d'être imprimé à Toulouse. On en trouve des exemplaires chez le Normant. Prix: 1 fr. 50 cent., par la poste. et 2 fr. Demandent à grands cris la tête du coupable. Eutrope consterné croit voir des échafauds Mais enfin la fureur augmente par degrés: >> Je vous donne à la fois le précepte et l'exempls: » Pardonnons au tyran ! Qu'il trouve dans ce temple,* » Au pied de ces autels dont il est entouré, » Un asile paisible, un refuge assuré, >> Le droit dont il voulut dépouiller ses victimes!... » Peut-être un jour la loi vengera tous ses crimes. » Le prélat s'interrompt: un murmure confus A son vœu magnanime annonce leur refus. « Je le vois, reprend-il, ce triomphe honorable » N'est point fait pour vos cœurs. Eh bien, que le coupable » Cesse donc de gémir sur sa férocité : >> S'il fut persécuteur, il est persécuté ! » Mais vous, en punissant des forfaits qu'il expie, >> Lâches imitateurs de son audace impie, >> De quel front direz-vous au Dieu que nous servons : » DAIGNE NOUS PARDONNER COMME NOUS PARDONNONS! >> Eutrope est votre frère; et tandis que l'Eglise » Vous, sans aucun respect pour cette mère tendre, >> Et tournant contre moi vos parricides armes, » Confondez dans son sang et mon sang et mes larmes ! » Venez votre pasteur vous attend sans pâlir: : » Mon devoir me l'ordonne, et je sais le remplir ! »> Cependant le prélat, malheureux à son tour, Eutrope garde encor son stupide silence : ENIGME. DE Thémire, innocente encore, Et de la raison et des sens. J'excite une aimable tempête Dans la prison qui me dérobe au jour; Mais l'amant seul devine mon langage............ LOGOGRIPHE. A Philis, qui m'avoit demandé un Logogriphe. ARMÉ de mes sept pieds, je plane dans les airs..... Car, parole d'honneur, je ne suis volatile. Je t'offre, dans mon tout, quatre mots bien divers : Un lieu qu'on dit sans fond; un plat pour le friand; CHARADE. Mon premier vit de mon dernier ; De la mort et du temps il attend les victimes; L'amour souvent, hélas ! a causé mon entier. Mots de l'ENIGME, du LOGOGRIPHE et de la CHARADE insérés dans le dernier Numéro. Le mot de l'Enigme du dernier N°. est Feuillet. Celui de la Charade est Mai-tresse. Suite des RÉFLEXIONS SUR LE STYLE ET LA LITTÉRATURE. (Voyez les Numéros des 18 août et 13 décembre.) Jx passe aux peuples modernes : L'éducation de la société chrétienne commença, comme doit commencer celle de l'homme civilisé, par l'enseignement des vérités morales, base nécessaire de tout autre enseignement, et cause puissante de tout progrès, même dans les arts; et, au premier âge des nations modernes, la littérature ne fut guère que l'étude de la dialectique et de la théologie. Mais quand les esprits, mûris par le temps, s'élevèrent à de nouveaux développemens, et cherchèrent à embellir la raison de toutes les richesses de l'imagination, la littérature proprement dite commença au centre même de la Chrétienté, c'est-à-dire, de la civilisation. Elle préluda par l'épopée ; et l'épopée prit son premier sujet dans l'événement le plus remarquable et le plus général de la société chrétienne. Le Tasse parut; et son poëme, égal ou même supérieur, dans quelques parties, aux chefs-d'œuvre les plus renommés de l'antiquité, et que les temps postérieurs n'ont pu surpasser, fut l'expression fidelle des progrès de la constitution sociale, et de toutes les idées qui s'y rapportent. L'Iliade étoit la naïve peinture des temps héroïques du paganisme; la Jérusalem délivrée fut le tableau sublime des temps héroïques ou chevaleresques de la chrétienté. Tout est public dans le sujet du poëme; tout est élevé dans les motifs; tout est noble dans les moyens; tout est juste et vrai dans les idées, si l'on en excepte une fiction empruntée de la littérature païenne, que des esprits qui n'en connoissoient pas d'autre devoient, à leur premier essor, admirer sans choix et imiter sans précaution. C'est la société tout entière qui prend les armes pour venger la Divinité et l'homme des outrages d'un peuple barbare, et reconquérir des lieux honorés par les plas grands prodiges de la toute-puissance et de l'amour de l'Etre-Suprême envers le genre humain ; c'est l'Europe qui lutte contre l'Asie, et bien mieux que dans Homère ou un petit pays d'Europe se consume pendant dix ans devant une ville d'Asie; ou plutôt, c'est la civilisation contre la barbarie, et le ciel contre l'enfer. Le pouvoir est sans foi |