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pour empêcher que l'eloquence d'un professeur ne sembla trop à celle d'un écolier de rhétorique.

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On a vu plus haut M. Chénier promettre l'exposé des philosophiques qui doivent, dit-il, présider à son cours en tier, afin de le rendre digne des principes élevés que maintient la raison publique chez les grandes nations de l'Europe. J'ai trouvé en effet, dans son discours, bon nombre de ces expressions si chères aux philosophes modernes; raison, raison publique, fanatisme, superstition, nature, perfectionnement de l'espèce hum zine, etc. J'y ai trouvé ce néologisme et ces tournures à prétention, si péniblement maniérées, que les écrivains de cette école adoptent de préférence, pour donner une apparence de profondeur et de nouveauté aux pensées les plus vulgaires; exemples: « Sans doute Charlemagne aima les lettres, puisqu'il avoit bien conçu la pensée de la gloire. Ces hordes septentrionales, qui dans les âges précédens, avoient envahi les provinces romaines, subissoient elles-mêmes l'inévitable ascendant d'une civilisation supé rieure. Ici nous retrouvons encore cette filiation des littératures qui nous a guidé jusqu'à présent dans les ténèbres du moyen âge. - - Dans tout ce qui appartient, soit à la raison, soit à la mémoire, malgré les signes accidentels d'une décadence qui souvent n'est qu'apparente, par cela seul que l'imprimerie existe sans jamais risquer de périr, elle rend indéfiniment progressive la marche nécessaire de l'esprit humain, etc. etc.

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Pour les vues philosophiques, je les ai bien cherchées partout, mais je n'ai pu les trouver, à moins qu'on ne veuille honorer de ce nom des idées telles que celles-ci : « La gloire >> suprême appartient à ceux qui ont le plus allégé le fardeau des antiques erreurs. » On devine ce que M. Chénier entend par les antiques erreurs. Or, comme ni Corneille, ni Racine, ni Boileau, n'ont jamais pensé à les combattre, il résulte du principe établi par M. Chénier, qu'il leur revient beaucoup moins de gloire qu'à Helvétius ou à Diderot; beaucoup moins sur-tout qu'aux philosophes de la révolution qui, comme on sait, avoient rejeté bien loin ce fardeau des antiques erreurs.

Est-ce encore une vue philosophique que le parallèle entre les deux derniers siècles, par lequel l'auteur termine son. discours? Les avantages qu'ils ont l'un sur l'autre, lui pareissent compensés: il faut lui savoir gré de cette modération. On pourroit peut être lui représenter que si le dix-huitième siècle compte plusieurs grands écrivains, ce sont les hommes de génie et de goût qui ont persévéré dans la route que leur avoient tracée leurs prédécesseurs. Mais M. Chénier n'est-il Tt

pas trop fermement décidé à admirer tout, sans restriction, dans les philosophes, et le fatras obscur de Diderot, et les déclamations ampoulées de Rayual, et le cynisme de Voltaire? Et quels raisonnemens pourroient convaincre ceux que dix années de malheurs et de crimes n'ont pu forcer à reconnoître toute la vanité de leurs systèines. Au lieu de répéter inutilement tout ce qu'on a dit à ce sujet, j'aime mnicux terminer cet article d'une manière plus agréable pour le lecteur et pour M. Chénier, en transcrivant un passage de de son discours, qui m'a paru bien pensé et bien écrit, et par conséquent très-supérieur à tout le reste.

L'auteur veut prouver qu'on a exagéré dans beaucoup de livres, l'ignorance des grands et leur dédain pour les lettres, dans les temps de féodalité. « Sans doute, dit-il, il existoit » parmi eux de ces ames tyranniques, isolées dans une fausse » grandeur, fermées aux plus douces communications de la » pensée, et condamnées à ne jamais sentir les douceurs de » la littérature; mais les grands qui ne savoient ni lire ni » écrire, attendu, disoient-ils, leur qualité de chevaliers, » sont aujourd'hui justement inconnus. On peut, au con» traire, en citer une foule d'autres qui ont aimé, encouragé, » cultivé les lettres. La seule liste des Troubadours présente >> un nombre considérable de chevaliers renommés entre les >> guerriers de leur siècle, plusieurs dames illustres par leur » naissance et par leur beauté; des prélats, des grands » vassaux de la couronne, des feudataires de l'empire, un » prince d'Orange, un comte de Foix, un comte et même » une comtesse de Provence, un dauphin d'Auvergne, un » roi de Sicile, deux rois d'Arragon, le célèbre roi d'Angle» terre, Richard coeur-de-lion; et Frédéric Barberousse, empe>> reur plus célèbre encore. A l'époque où la littérature fran»çaise, proprement dite, imita et remplaça la littérature »provençale, on retrouve encore beaucoup d'exemples du » nême genre. Si, vers la fin du seizième siècle, et quand » l'art d'écrire, déjà perfectionné, devenoit plus difficile, les >> princes l'ont cultivé plus rarement, du moins les princes >> remarquables en furent toujours les soutiens. On peut » même affirmer que, dans tous les temps, dans tous les pays, » sous toutes les formes de gouvernement, les hommes puis

sans qui ont légué à l'histoire un glorieux souvenir ont » constamment honoré la littérature, comme la plus bril>>lante et la plus féconde des études humaines, le plus noble » des plaisirs, le lien le plus doux des sociétés, l'ornement, la » gloire, l'appui des empires et des républiques. »>

On voit que lorsque les idées de M. Chénier sont justes,

son style devient à la fois plus naturel, plus correct et plus. éloquent. Il reste à souhaiter qu'il ait quelquefois de ces bonnes fortunes dans les dissertations critiques où il va s'engager : 11 faudra en féliciter en même temps le professeur et les diseiples. C.

VARIÉTÉ S.

NOUVELLES LITTÉRAIRES.

Les dernières lettres de M. de Chateaubriand, quoique reçues depuis peu à Paris, sont datées de Constantinople, 15 septembre.

Ceux qui savent apprécier dignement la réunion si rare d'un grand talent et du caractère le plus noble, liront avec intérêt cet Itinéraire rapide tracé par le voyageur lui-même :

« Depuis mon départ de Trieste je suis venu en onze » jours sur les côtes de la Morée. On m'a débarqué à Modon. J'ai traversé tout le Péloponèse, visité Sparte, Argos, » Mycènes, Corinthe; de là passé dans l'Attique. D Athènes, »je me suis rendu au cap Sunium, où je me suis rem» barqué pour Smyrne, en m'arrêtant aux principales îles de » l'Archipel. De Smyrne, je suis venu à Constantinople

par terre, à travers l'ancien royaume de Crésus et celui de » Pergame. J'ai souffert prodigieusement de la chaleur et de » la fatigue. J'ai été saisi d'une fiévre qui m'a retenu trois » jours dans un village de l'Attique. Il faut dormir partout » sur la terre, dévorer quelques morceaux de pain noir » et marcher le pistolet à la main. J'ai mis deux mois » à faire cette course; et j'en mettrai encore trois autres à » accomplir mon voyage. Je vais m'embarquer pour la » Syrie j'irai voir Jérusalem; je descendrai ensuite à » Alexandrie; et si les troubles de l'Egypte me le permettent, »je tâcherai de jeter un regard sur les Pyramides. De là, je » me ferai mettre à terre dans quelque port de l'Europe; » et je serai vers la fin de décembre, ou au mois de janvier,

>> à Paris. »

MODES du 25 décembre.

Les toques de velours, les plus parées, n'ont pas de bord : au-dessus du front, et sur les tempes, c'est un diademe de fleurs qui leur en tient lieu. De très-petits lilas sans feuilles, ou des jacinthes entremêlées de roses muscades, composent ce diadême : ordinairement, les fleurs en sont parfumées.

A Pimitation des tuniques de bal, on fait des robes de dessus qui descendent jusqu'à la garniture de la première robe. Les souliers un peu babillés ne se portent plus montans, mais décolletés.

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NOUVELLES POLITIQUES.

Londres, 19 novembre.

Nous sommes toujours sans nouvelles officielles du continent. Notre impatience est d'autant plus grande, qu'pa annonce chaque jour que les Prussiens ont remporté de grands avantages sur les Français. On dit aussi que le prince Hohenlohe a été fait prisonnier, et que l'empereur de Russie a envoyé faire des propositions de paix à BONAPARTE, etc. etc. Mais nous serons bientôt instruits d'une manière positive, attendu que lord Hutchinson part demain chargé d'une mission particulière auprès de S. M. prussienne. Il sera accome pagné de son frère le colonel Hutchinson, de M. Frère, comme secrétaire de légation, et de M. Hervey, comme secrétaire particulier. Il fera voile d'Yarmouth, à bord de la frégale l'Astrea, qui doit le conduire dans la Baltique.

L'Oracle annonce que lord Hutchinson, parti pour remplir une mission particulière auprès de S. M. prussienne est accompagné non-seulement de son frère, mais aussi du général sir Robert Wilson, et du général Eustace, qui tous les trois se sont distingués en Egypte.

(Sun.) Le marquis de Douglas a reçu ordre de se tenir prêt à partir pour son ambassade en Russie.

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Du 24 paroît d'après un ordre du conseil, inséré dans la gazette de samedi soir, que les points en discussion entre l'Angleterre et la Prusse sont tout-à-fait réglés. La libre navigation de l'Elbe, de l'Ems et du Weser est rétablie sur le pied où elle se trouvoit autrefois, et on révoque en conséquence l'ordre qui avoit été donné de retenir les vaisseaux prussiens et pappenbourgeois, On s'attend pareillement que le baron de Jacobi, ministre prussien, va reprendre ses fonctions auprès de la cour de Londres.

Du 26.

(Morning-Chronicle.)

Du 25. Enfin nous recevons de Hollande los 22°, 23°, 24 et 25 bulletins de la Grande-Armée. Il ne reste plus aucun doute sur la défaite du prince Hohenlohe, etc. etc. Nous avons recu des nouvelles de la Jamaïque jusqu'au 11 du mois dernier. On annonce que Miranda avoit fait voile d'Aruba à bord de la frégate la Seine avec toutes ses troupes, et l'on supposoit qu'il devoit se rendre à Curaçao et à la Barbade, afin de s'y recruter pour pouvoir faire un autre débarquement dans l'Amérique espagnole,

Les troupes de Dessalines ont eu un engagement avec le général Ferrand, et elles aut été défaites avec perte de 4 à 5000 hommes tués ou blessés.

(Courrier.)

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D: 27. On annonce actuellement que l'intention des ministres est que le parlement soit convoqué pour le 15 dé cembre, jour désigné par la proclamation de S. M. (Star.) Du 28. Les malles de Hambourg sont arrivées hier, et nous ont apporté les nouvelles les plus déplorables, telles que la prise d'assaut de Lubeck, la capitulation du brave général Blucher, la reddition de Magdebourg, et la mort du brave, du bon, du respectable duc de Brunswick.

BONAPARTE ayant ainsi réduit tout le pays de ce côté-ci de l'Oder, est sur le point de porter ses armes en Pologne. La division de Davoust est arrivée à Posen. Il n'y a pas de doute qu'il n'ait résolu de rétablir le royaume de Pologne, et de donner la couronne à une personne de sa famille. La procla mation publiée par un émigré polonais ne doit plus laisser d'incertitude à ce sujet.

On assure que les Français sont entrés à Hambourg. Le gouvernemeut danois doit être dans de vives inquiétudes, attendu que BONAPARTE profitera de tous ses avantages pour exécuter son plan favori de fermer le Sund aux Anglais. Du 1er déc. La nouvelle désastreuse que nous annonçâmes samedi matin 29, fut confirmée peu de temps après par une lettre du secrétaire d'Etat des affaires étrangères au lord maire de la cité de Londres:

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«La ville de Hambourg a été occupée, le 19 novembre, par un corps de troupes françaises sous les ordres du général Mortier; les propriétés des négocians anglais ont été confisquées, et les anglais eux-mêmes qui avoient été arrêtés dans la nuit du 21, n'ont été relâchés que sur parole de se représenter jusqu'à ce qu'on eût reçu les ordres de Bonaparte, M. Thorntou notre ministre à Hambourg, s'est réfugié, dans le Holstein. » (Times.)

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Fonds publics. Onnium, 172 à 374..

Trois pour cent consolidés,, 58 78.

La nouvelle de la signature d'un armistice eutre la France et la Prusse continue à s'accréditer sur le continent. Sir Samuel Hood est parti hier matin pour Portsmouth, où il doit s'embarquer et faire voile sur-le-champ avec l'es cadre destinée pour une expédition-secrète. (Sun.)

Samedi,, on a reçu la nouvelle de la capture de Hambourg par les Français,, sous. les ordres du général Mortier, et de la confiscation des propriétés anglaises, Elle fut comuniquée par lord Howick au lord maire; elle produisit une alarme géné➡ rale parmi la classe commerçante; et les fonds baissèrent-considérablement.

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