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favorables auspices; mais qui pouvait prévoir quel vent ferait tourner la tête du roi de Suède? Ce prince malencontreux prit très-mal la lettre de M. Netzel, et M. de Wetterstedt lui-même reçut d'une manière très-dure l'ordre de témoigner à M. Netzel le mécontentement de son souverain, de ce qu'il avait osé prendre sur lui de se rendre chez un ministre français, et plus encore de ce qu'il était entré avec ce ministre dans une conversation politique qui, cependant, n'était qu'une conversation. Le roi ne se borna pas à des reproches: M. Netzel vint m'annoncer, les larmes aux yeux, qu'il avait ordre de quitter Hambourg sur-le-champ, et sans attendre son successeur; il regardait sa disgrace comme complète.

J'eus le plaisir de revoir M. Netzel, en 1809, à Hambourg, où il vint chargé d'une mission du roi Charles XIII.

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dises jetées à la mer.- La peine de mort pour un pain de sucre. -Le Continent armé contre la rhubarbe.

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tie des conseillers de Bonaparte. La forêt de Fontainebleau plantée en betteraves. Brutalité du système continental. De son exécution.

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Indignation générale. L'or et la fraude.-Les douanes de Hambourg.Lettre particulière à l'empereur. Énormes bénéfices

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sur les denrées coloniales. Mes avis adoptés par l'emet soixante millions de bénéfices pour lui. — Inpereur, fluence politique, et cause de rupture avec la Russie. Licences prodiguées. Visite que me fait Bernadotte prince royal de Suède. Conseils sur les douanes. Impossibilité d'exécution. — Influence du système continental sur la chute de Napoléon.

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Le fameux système continental, dont on a tant parlé, va actuellement m'occuper; plus qu'aucun autre, peut-être, j'ai été à même d'en connaître toute la fourberie et d'en apprécier les funestes ré

sultats. Ce système naquit pendant la guerre de 1806, le vingt-un novembre, enfanté par un décret daté de Berlin (1). D'ineptes conseillers l'avaient conçu, et voyant la juste indignation de l'empereur contre la duplicité de l'Angleterre, contre la répu

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Walter Scott, le mal avisé, cite un décret de Hambourg, de 1807. Napoléon n'est jamais venu à Hambourg. Quant au fameux décret de Berlin, le voici :

Extrait des minutes de la secrétairerie d'État.

En notre camp impérial de Berlin, le 21 nov. 1806.

Napoléon, empereur des Français et roi d'Italie, considérant :

1° Que l'Angleterre n'admet point le droit des gens suivi universellement par tous les peuples policés;

2° Qu'elle répute ennemi tout individu appartenant à l'État ennemi, et fait, en conséquence, prisonniers de guerre non-seulement les équipages des vaisseaux de commerce et des navires marchands, mais même les facteurs de commerce et les négocians qui voyagent pour les affaires de leur négoce ;

3° Qu'elle étend aux bâtimens et marchandises du commerce et aux propriétés des particuliers le droit de conquête, qui ne peut s'appliquer qu'à ce qui appartient à l'État ennemi;

4° Qu'elle étend aux villes et ports de commerce non fortifiés, aux hâvres et aux embouchures de rivières, le

gnance britannique à arriver avec lui à des négociations sérieuses, enfin contre les ennemis qu'elle lui suscitait sans cesse sur le Continent, ils le déterminèrent à lancer le décret que je ne puis regarder que comme un acte de démence et de ty

droit de blocus, qui, d'après la raison et l'usage des peuples policés, n'est applicable qu'aux places fortes;

5° Qu'elle déclare bloquées les places devant lesquelles elle n'a pas même un seul bâtiment de guerre, quoiqu'une place ne soit bloquée que quand elle est tellement investie, qu'on ne puisse tenter de s'en approcher sans un danger imminent;

6° Qu'elle déclare même en état de blocus des lieux que toutes ses forces réunies seraient incapables de bloquer, des côtes entières et tout un empire;

7° Que cet abus monstrueux du droit de blocus n'a'. d'autre but que d'empêcher les communications entre les peuples, et d'élever le commerce et l'industrie de l'Angleterre sur les ruines de l'industrie du Continent;

8° Que, tel étant le but de l'Angleterre, quiconque fait sur le Continent le commerce de marchandises anglaises favorise par là ses desseins et s'en rend complice;

9° Que cette conduite de l'Angleterre, digne en tout des premiers âges de la barbarie, a profité à cette puissance au détriment de toutes les autres;

10° Qu'il est du droit naturel d'opposer à l'ennemi les armes dont il se sert, et de le combattre de la manière qu'il combat, lorsqu'il méconnaît toutes les idées de jus

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rannie européenne. Ce n'était pas un décret, mais des flottes qu'il fallait; sans flottes, sans marine, il était ridicule de déclarer les îles Britanniques en état de blocus, tandis que les flottes anglaises bloquaient de fait tous les ports français. C'est pour

tice et tous les sentimens libéraux, résultat de la civilisation parmi les hommes:

Nous avons résolu d'appliquer à l'Angleterre les usages qu'elle a consacrés dans sa législation maritime.

Les dispositions du présent décret seront constamment considérées comme principe fondamental de l'empire, jusqu'à ce que l'Angleterre ait reconnu que le droit de la guerre est un, et le même sur terre que sur mer; qu'il ne peut s'étendre ni aux propriétés privées, quelles qu'elles soient, ni à la personne des individus étrangers à la profession des armes; et que le droit de blocus doit être restreint aux places fortes réellement investies par des forces suffisantes.

Nous avons, en conséquence, décrété et décrétons ce qui suit:

ART. 1°. « Les Iles Britanniques sont déclarées en état de blocus.

ART. 2. «Tout commerce et toute correspondance avec Ies Iles Britanniques, sont interdits. En conséquence, les lettres ou paquets adressés ou en Angleterre, ou à un Anglais, ou écrits en langue anglaise, n'auront pas cours aux postes, et seront saisis.

ART. 3. « Tout individu de l'Angleterre, de quelque état

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