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લોથલ અને

NOTES

ET

ÉCLAIRCISSEMENS HISTORIQUES.

Exposé du ministre des relations extérieures sur la conduite réciproque de la France et de l'Autriche, depuis la paix de Lunéville. '

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Toute l'Europe sait que, dans la guerre, au milieu même des succès les plus signalés et les plus décisifs, l'empereur des Français n'a pas cessé de désirer la paix, qu'il l'a souvent offerte à ses ennemis ; qu'après les avoir réduits à la recevoir comme un bienfait, il la leur a donnée à des conditions qu'ils n'auraient pas osé se promettre, et qui ont rendu sa modération non moins éclatante que ses victoires. Il sent tout le prix de la gloire acquise par les armes dans une guerre juste et nécessaire; mais il est une gloire plus douce et plus chère à son cœur son premier vou, le but

I Cet exposé étant extrêmement long, nous avons cru devoir en supprimer tout ce qui ne se rapporte pas directement aux choses auxquelles M. de Bourrienne fait allusion dans ses Mémoires.

Note de l'éditeur.

constant de ses efforts, ont toujours été la tranquillité de l'Europe, le repos et la félicité des peuples.

L'Autriche, après avoir éprouvé deux fois, à l'issue de deux guerres malheureuses, aux époques des traités de Campo-Formio et de Lunéville, jusqu'à quel point la France aimait à se montrer généreuse envers un ennemi vaincu, n'avait pas, comme la France, religieusement observé ses traités. Nonobstant leurs stipulations formelles, la dette de Venise n'était point acquittée, elle était même déclarée anéantie. L'empereur savait que ses sujets de Milan et de Mantoue éprouvaient un déni de justice, et que la cour de Vienne n'en payait aucun, au mépris des engagemens solennels qu'elle avait contractés.

Dans le partage des indemnités en Allemagne, l'Autriche avait été traitée avec une faveur qui devait combler ses désirs, et passer même ses espérances. Cependant ses démarches annonçaient que son ambition n'était point satisfaite.

Comme moyen d'agrandissement, elle ne craignait pas d'employer des usurpations évidentes, qu'elle cherchait à voiler par des formes légales. C'est ainsi que, sous le prétexte d'un droit d'épave, (droit auquel elle avait expressément renoncé par un traitè), elle s'appropriait des possessions qu'elle feignait de croire en déshérence et sans propriétaires légitimes, quoique le recès en eût formellement disposé pour la répartition des indemnités.

Le recès de l'empire, conséquence et complément du traité de Lunéville, avait pour objet, indépendamment de la répartition des indemnités, d'établir, pour cette répartition même, dans le midi de l'Allemagne, un équilibre qui

en assurât l'indépendance, et de prévenir les causes éventuelles de mésintelligence et de guerre qu'un contact immédiat des territoires de la France et de l'Autriche aurait pu fréquemment faire naître.

L'Autriche renversait donc ce que le recès avait établi si sagement, lorsque, par ses acquisitions en Souabe, elle affaiblissait la barrière qui devait la séparer de la France, lorsqu'elle tendait à s'interposer entre la France et les principaux états du midi de l'Allemagne; et lorsque, par un système combiné de sequestres, de prétentions, de caresses et de menaces, elle tendait sans relâche à s'assurer une influence exclusive sur cette partie de l'empire germanique. Elle violait donc évidemment tous les traités.

Depuis la rupture du traité d'Amiens, l'Autriche s'était plus d'une fois montrée partiale en faveur de l'Angleterre.

Tous ces faits étaient connus de l'empereur: plusieurs excitèrent sa sollicitude. C'étaient de véritables griefs; ils auraient été de justes motifs de guerre; mais, par amour de la paix, l'empereur s'abstint même de toute plainte, et la cour de Vienne ne reçut de lui que de nouveaux témoignages de déférence.

L'Autriche répondit par des protestations également amicales et pacifiques, et l'empereur quitta l'Italie avec la douce persuasion que la paix du Continent serait maintenue.

Quel fut son étonnement, lorsque, à peine de retour en France, étant à Boulogne, hâtant les préparatifs d'une expédition qu'il était enfin au moment d'effectuer, il reçut de toutes parts la nouvelle qu'un mouvement général était imprimé à toutes les forces de la monarchie autrichienne, qu'elles se portaient à marches forcées sur l'Adige, dans le

Tyrol et sur les rives de l'Inn, qu'on formait des magal

sins.

L'empereur ne put d'abord croire que l'Autriche voulût sérieusement la guerre.

Maître par deux fois de priver pour toujours la maison d'Autriche de ses états héréditaires, loin de diminuer sa puissance, il l'avait accrue : s'il ne pouvait pas compter sur sa reconnaissance, il croyait pouvoir compter sur sa loyauté.

L'empereur se plaisait à s'affermir dans ces favorables présomptions. La cour de Vienne ne négligea rien pour en prolonger l'illusion; elle multiplia les déclarations pacifiques; elle chercha enfin, soit par des explications plausibles, soit par des négations formelles, à dissiper les soupçons que ces mesures pouvaient faire naître.

Cependant, les préparatifs hostiles, redoublant tous les jours d'activité et d'étendue, devenaient plus difficiles à justifier. Quatre jours consécutifs, M. de Cobentzel, sur l'invitation de l'empereur, se rendit chez le ministre des rela tions extérieures qui mit sous ses yeux les dépêches précédemment reçues et celles qui arrivaient successivement de tous les points de l'Allemagne et de l'Italie. L'empereur në pouvait donner une preuve plus convaincante de sa bonne foi. L'ambassadeur de Vienne prenait connaissance des renseignemens les plus positifs qui, de toutes parts, annonçaient l'éclat prochain d'une guerre toujours préparée et si soigneusement dissimulée.

Toutefois, l'empereur ne voulut pas rejeter tout espoir de rapprochement. Il se persuada que l'Autriche pouvait être entraînée par des suggestions étrangères; il lui représenta que si elle ne voulait pas la guerre, tous ses prépara

tifs étaient sans objet, puisque tous ses voisins étaient en paix; qu'elle servait alors, contre son intention et à son insu, le parti de l'Angleterre, en faisant en sa faveur une diversion non moins puissante et plus nuisible à la France, que ne le serait une guerre déclarée.

La conduite de la cour de Vienne affaiblissait chaque jour l'espérance. Loin de cesser ses préparatifs, elle les augmentait. Elle effrayait, par ses armemens, les peuples de la Bavière et de la Souabe; elle faisait craindre à ceux de l'Helvétie de se voir ravir le repos que l'acte de médiation leur a rendu. Tous invoquaient la France comme leur appui, comme garant de leurs droits.

Cependant, elle dissimulait encore, et, comme un.gage de ses intentions pacifiques, elle offrait une sorte d'intervention qu'il est difficile de caractériser, mais qui, à ne considérer que son objet apparent, pouvait être regardée comme oiseuse et puérile. L'empereur de Russie avait fait demander des passe-ports pour l'un de ses chambellans qu'il était dans l'intention d'envoyer à Paris. L'empereur ignorait quelles étaient les vues du cabinet de Pétersbourg; mais, toujours prêt à saisir tout ce qui pouvait conduire à un rapprochement, il avait accordé les passe-ports sans délai comme sans explication. Toute l'Europe sait quel était le prix de sa déférence. L'empereur apprit ensuite que le dessein de la cour de Russie avait été d'essayer, par des pourparlers, de faire goûter à Paris un système de médiation fort étrange, d'après lequel elle aurait à la fois stipulé pour l'Angleterre, dont elle avait, disait-elle, des pleirs pouvoirs, et négocié pour son propre compte; de sorte que, médiatrice de nom, elle aurait été partie de fait, et à deux titres différens.

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