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Avant l'arrivée de l'Empereur, un courrier apporta la nouvelle que le Duc de Vicence étoit arrivé à Châtillon-sur-Seine. Une heure avant lui, le lieutenant-colonel Comte de Thurn, commandant les avant-postes de l'avant-garde, y étoit entré. Il se rendit auprès du ministre françois pour prendre ses ordres. Le Duc répondit: C'est au vainqueur à en donner. Le Prince de Schwarzenberg envoya sur-le-champ à Châtillon le général Herzogenberg pour garantir la personne du Duc de Vicence de toute espèce de désagrément, et pour le prévenir en même temps que son arrivée ne pouvoit pas suspendre les opérations militaires.

S. M. l'Empereur François, le Lord Castlereagh et le Prince de Metternich seront demain 23 à Vesoul, et après-demain à Langres. La colonne du lieutenant-général Comte de Pahlen, du sixième corps d'armée, se dirige sur Joinville; les têtes de l'armée de Silésie et du cinquième corps d'armée sont placées sur la même ligne. Les gardes russes et prussiennes sont cantonnées près de Langres. S. A. R. le Prince Royal de Wurtemberg poursuit l'ennemi sur tous les points.

No XIX.

Bulletin du Prince Royal de Suède, en date de Buxtehade, le 31 janvier 1814.

LE général Bülow a attaqué l'ennemi, qui avec quinze ou seize mille hommes avoit pris position à Hoogstraten et à Wœst-Wesel, et malgré une résistance opiniâtre, l'a obligé à se retirer précipitamment à Anvers. Si les mauvais chemins n'eussent pas empêché la colonne du général Oppen d'arriver à temps, la retraite eût été coupée à tout le corps ennemi. Deux jours après cette affaire, le général Bülow entreprit une reconnoissance du côté d'Anvers, de concert avec le général Graham, commandant les troupes angloises envoyées en Hollande. Le général Oppen chassa de ses retranchemens un corps ennemi de cinq à six mille hommes. Les corps des généraux Graham et Thümen emportèrent le poste de Merxen, fortement retranché par l'ennemi, qui y perdit beaucoup de monde. Une partie périt dans les fossés par la rupture de la glace.

Dans ces différens combats, qui font beaucoup d'honneur aux talens militaires du général Bülow et à la bravoure de ses troupes, l'ennemi

a eu cinq cents hommes faits prisonniers, et plus de deux mille tués et blessés ; de ce nombre sont un général et plusieurs officiers.

Le général Macdonald a été contraint de se retirer de Gueldres à Mastricht; le général Bülow est resté maître d'attaquer, et a pu préalablement laisser un peu reposer ses troupes. Le général Borstell, qui s'est signalé à l'attaque de Hoogstraten, y a reçu une contusion. Le général Thümen a agi avec son activité accoutumée, et les généraux Oppen et Kraft ont déployé cette bravoure qui leur a si souvent fait honneur. Le général Graham a aussi montré les connoissances militaires et le courage qui l'ont déjà avantageusement distingué en Espagne, où il a combattu sous l'illustre chef auquel ce pays doit sa délivrance. Le colonel Melnikoff a, avec un détachement de Cosaques, chassé de Turnhout l'ennemi, qui lui étoit très-supérieur en force, et mérite, ainsi que la brave cavalerie sous ses ordres, la mention la plus honorable. Le colonel Didrichs, chef de la division d'artillerie russe attachée au corps d'armée de Bülow, a dans toutes les occasions montré du sang-froid et un courage héroïque.

Le colonel Colomb a attaqué l'ennemi dans sa position de Meyl, lui a tué beaucoup de

monde, lui a pris un officier et cinquante soldats, et ramené soixante-dix chevaux de bagage.

Le général Wintzingerode a passé le Rhin à Dusseldorf. Le colonel Benkendorf, qui aborda le premier sur la rive gauche avec cent cinquante chasseurs et soixante Cosaques, marcha hardiment, avec cette poignée de monde,. à la rencontre du général Lorge, qui vouloit l'attaquer avec mille hommes et deux canons, et l'obligea, après lui avoir fait trente prisonniers, à se retirer à la faveur de la nuit. Le général Sébastiani, qui étoit à Cologne avec cinq mille hommes, n'osa rien entreprendre; il se contenta de jeter deux mille hommes dans Juliers, et se retira à Liége. Un détachement de l'avant-garde du général Wintzingerode a eu, avec la garnison de Juliers, une affaire très - brillante, dans laquelle elle a fait quelques centaines de prisonniers.

Le général Tchernitcheff a encore donné des preuves de cette infatigable activité qui a fait

tant de mal à l'ennemi. Le lieutenant-colonel Barnikow et le capitaine Schilling se sont distingués aussi.

Aussitôt que la gelée a permis de passer à pied sec les inondations des environs de Haarbourg, le général Comte de Stroganoff a fait attaquer les villages situés en avant des retran

chemens de l'ennemi, et d'où il tiroit une partie de ses vivres. On a fait dans cette occasion quatre cents soldats et dix officiers prisonniers, et quelques compagnies des troupes assaillantes ont pénétré jusque dans la ville, mais le feu de l'artillerie du château les a obligées de se retirer; elles ont néanmoins encloué vingt canons ennemis de gros calibre.

Le général Stroganoff loue surtout la conduite des généraux majors Jeltukin et Gleboff, et du Comte Galati. Les troupes russes ont en cette occasion combattu avec leur bravoure reconnue.

Deux jours après cette affaire, une colonne d'infanterie ennemie, pourvue de canons, sortit de Haarbourg pour essayer de surprendre le Comte Stroganoff; mais ce projet fut déjoué par la vigilance de nos troupes. Le major Staroff étoit si bien sur ses gardes, qu'il repoussa la colonne ennemie, et, indépendamment d'un certain nombre d'hommes, lui prit quatre canons.

Le général en chef Bennigsen, 'qui ne laissoit pas passer un seul jour sans alarmer la garnison de Hambourg, avoit ordonné une attaque générale sur tous les postes occupés par l'ennemi en avant des ouvrages extérieurs de la place, et fait semblant de menacer en même temps les ouvrages extérieurs du côté d'Altona et de Wands

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