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soirement l'attaque, se bornant à se maintenir dans la partie de la ville dont on avoit réussi à se rendre maître. A la nuit tombante, les tirailleurs trouvèrent moyen de s'emparer du cimetière, d'où l'ennemi fut chassé. Trois compagnies marchèrent au pas de charge contre les barricades, et chassèrent l'ennemi d'un abattis après l'autre jusqu'au pont. On espéroit le sauver et s'en servir pour passer le fleuve; mais l'ennemi le fit sauter en l'air avec une telle précipitation, qu'une partie de sa troupe fut engloutie dans les flots ou écrasée par les décombres. L'ennemi laissa à Nogent beaucoup de morts et de blessés; plusieurs soldats s'étoient cachés dans les maisons et y furent pris.

Sur ces entrefaites, un régiment russe étoit arrivé ; il se chargea d'occuper la ville, et les troupes bavaroises partirent pour Bray, pour Bray, afin de passer la Seine à cet endroit. Dans la nuit du 12 au 13, le général Wrede y avoit transporté son quartiergénéral; le 13, à quatre heures du matin, le pont fut achevé, grâce à l'activité du major Becker du corps du génie : à cinq heures les troupes y pas

sèrent.

Le général étoit sur le point de faire exécuter les dispositions tracées pour avancer sur Dam

marie et Provins, lorsqu'il apprit que des détachemens ennemis arrivoient de Dammarie et avoient déjà occupé le village de Saint-Sauveur. Il ordonna sur-le-champ au général Delamotte de marcher en avant sur cette route avec la troisième division bavaroise, et au feld-maréchallieutenant Baron Spleny d'aller avec le régiment de hussards de Szekler et le régiment de dragons de Knesewich à Everly, pour couvrir la route de Nogent et Provins. Comme le général Baron Frimont ne pouvoit arriver qu'à midi avec les divisions Hardegg et Rechberg, il lui laissa l'ordre de faire suivre la division Rechberg sur la route de Dammarie, de placer la division Hardegg à Lesormes, et la division Spleny à Everly.

L'avant-garde du général Delamotte attaqua vivement l'ennemi à Saint-Sauveur, et le repoussa jusqu'à Contrelles. La brigade de Vieregg eut l'ordre de suivre cette division. Le capitaine Lodron du quatrième régiment de chevau-légers chargea un escadron ennemi et fit prisonniers un capitaine et plusieurs chasseurs. Le capitaine Madroux du même régiment chargea l'avantgarde et lui fit plusieurs prisonniers.

On apprit par ces prisonniers que le corps ennemi auquel on étoit opposé étoit le corps du

maréchal Oudinot, Duc de Reggio; qu'il étoit allé en marches forcées à Dammarie, que récemment dix à douze mille hommes de vieilles troupes étoient arrivées d'Espagne sur des voitures, et que trois mille hommes de ces troupes avoient rejoint le corps du Duc de Reggio.

Cependant le général Wrede avoit suivi l'avantgarde de Delamotte jusqu'au village de Contrelles qu'il trouva fortement occupé par l'ennemi; les hauteurs, qui derrière le village offroient une excellente position, étoient garnies par une nombreuse infanterie, avec beaucoup de cavalerie et d'artillerie.

Le général Wrede fit déployer la troisième division sur une hauteur située hors du village de Vaimpel; mais comme il se convainquit que la position ennemie ne pouvoit être forcée par le front qu'avec une perte considérable, tandis qu'on pourroit l'attaquer avec avantage à droite par le village de Lusetaine, il ordonna au général-major Comte de Rechberg, chef de son étal-major-général, d'occuper ce village avec un bataillon du huitième régiment d'infanterie de ligne, soutenu par six escadrons de la première brigade de cavalerie bavaroise, placés par échelons.

A peine cela eut-il été fait, que l'ennemi déta

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cha successivement de son aile gauche trois bataillons pourvus de trois canons, pour reprendre le village, par la possession duquel son flanc gauche étoit tourné. Il s'éleva un violent feu d'artillerie et de mousqueterie, et l'ennemi auroit pu, à cause de la supériorité du nombre, atteindre son but, si le Comte de Wrede n'avoit envoyé à l'instant même au Comte de Rechberg un soutien, savoir le cinquième bataillon de Munich, avec une demi-batterie. Deux compagnies de ce bataillon et quatre compagnies du huitième régiment du Duc Pie attaquèrent l'ennemi à la baïonnette et le repoussèrent sur les hauteurs de Dammarie.

A quatre heures du soir, le Comte de Rechberg étoit entré dans la ligne avec la première division. En même temps on reçut la nouvelle qu'une forte colonne ennemie étoit arrivée sur les hauteurs de Parrois, où elle étoit engagée avec la division Hardegg. C'étoit le corps du Duc de Bellune qui, après la perte de Nogent, s'y étoit retiré par Provins. Le poste de Lusetaine étant ainsi devenu très-important, le général Wrede le renforça par deux bataillons d'infanterie, une demi-batterie et le reste de la première brigade de cavalerie bavaroise. La nuit étant survenue, et la possession de cet endroit suffisant seule pour forcer l'enne

mi de renoncer à sa position, le général fit cesser l'attaque, et ses troupes passèrent la nuit en face de l'ennemi.

Ainsi que le Comte de Wrede l'avoit prévu, l'ennemi quitta sa position vers minuit; quelque silence qu'il observât, ses mouvemens ne purent échapper à la vigilance des vedettes. Le général Wrede le fit suivre par le major Karwinski avec une division du cinquième régiment de chevaulégers de Linange, et du sixième bataillon de Lindau. Le 14, à 2 heures du matin, ces troupes avoient déjà occupé Dammarie et amené plus de cinq cents prisonniers, la plupart des corps revenus d'Espagne. Au dire de ces prisonniers, le général françois Gauthier, blessé dans l'affaire du 13, est mort en route.

Le général Wrede avança sur Dammarie avec toute l'armée bavaro-autrichienne. Ce jour, la principale force de l'ennemi étoit devant Nangis; les attaques qu'il avoit faites sur les divisions de cavalerie postées en avant avoient été fortement repoussées, et le capitaine de cavalerie Gravenreuth trouva occasion de montrer une bravoure éclatante.

Le 15, au point du jour, l'ennemi continua sa retraite; l'avant-garde de la division du général Delamotte et le régiment de hussards de l'Archiduc Joseph occupèrent Nangis. Le général

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