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nombre de ses tirailleurs, auxquels il fallut en opposer de notre côté, et balaya toute la ligne avec sa nombreuse artillerie à laquelle nous n'en avions guère à opposer. Lorsqu'enfin de nouvelles colonnes de troupes ennemies arrivèrent de Melun, Nangis et Bray, et que notre artillerie presque détruite ne put les empêcher d'avancer, le Prince Royal, pour ne pas tout sacrifier, se décida à la retraite.

On renvoya d'abord les deux régimens de cavalerie, nos 2 et 5, qui seuls avoient pris part à l'affaire, et ensuite ce qui restoit de l'artillerie. Ces deux armes furent sauvées; l'artillerie, mise hors d'état de service, ayant été renvoyée auparavant. La retraite de l'infanterie se fit avec autant d'ordre qu'il étoit possible d'y mettre en défilant sur le pont qui joint le faubourg à la ville, mais, comme on peut bien le penser, avec une très-grande perte. La brigade de Hohenlohe qui, comme réserve, étoit placée derrière le pont, fut appelée; mais comme la cavalerie et l'artillerie défiloient justement, elle dut attendre, pour ne pas causer de désordre. Ensuite le régiment n° 6 avança, la baïonnette au bout du fusil, purgea une partie des rues, et procura à beaucoup de nos troupes l'occasion de sortir de la ville.

Les troupes furent rassemblées près de Marolles; l'arrière-garde bivouaqua près de Latombe, le gros près de Bazoches. Le 19, les troupes du Roi allèrent par Nogent à la Chapelle; le 20, elles marchèrent sur Troyes, où toute l'armée, y compris celle de Blücher, doit se rassembler pour reprendre l'offensive.

On ne peut fixer avec exactitude la perte éprouvée dans cette journée, les régimens n'ayant pas fourni leurs listes. Quelque grande que soit celle des troupes du Roi, on doit leur rendre la justice que, depuis huit heures du matin jusqu'à quatre du soir où commença la retraite, elles ont combattu avec un courage remarquable contre un ennemi de beaucoup supérieur, et commandé par l'Empereur Napoléon en personne: on peut, sans exagération, porter son nombre à quarante mille hommes, et cinquante à soixante canons. La perte constatée jusqu'à ce moment consiste en cinq officiers tués, trente prisonniers et blessés, et vingt-cinq blessés; le nombre des soldats tués, blessés ou manquant est de trois mille. En canons et caissons, le corps du Roi n'a rien perdu.

No XXVI.

Extrait d'un rapport du général Wrede, sur les événemens qui se sont passés depuis l'affaire de Montereau, le 18 février, jusqu'à celle de Bar sur-Aube, le 26 du même mois.

LE 19, à dix heures du matin, le corps d'armée commandé par S. A. R. le Prince Royal de Wurtemberg s'étoit replié sur l'armée bavaro - autrichienne, qui se chargea de former l'arrière-garde de la grande armée; sa cavalerie ayant été renforcée par la troisième division de cuirassiers le lieutenant général commandée par Grekoff, le général Wrede confia toute sa cavalerie au général Frimont, pour former la queue, Comme l'ennemi avoit forcé à Montereau le passage de la Seine et de l'Yonne, le général Wrede quitta la position de Bray, et se retira vers Mâcon; sa marche ne fut pas inquiétée un ins

russes,

tant.

Le 20, l'armée bavaro-autrichienne prit position à Fontaine-les-Grès; le 21 elle y resta sans être sérieusement occupée par l'ennemi.

Le 22 elle continua, par suite des opérations combinées, sa retraite sur Troyes, où le général Wrede prit une nouvelle position, en plaçant

sa cavalerie comme première ligne, et son mfanterie comme seconde; la troisième étoit formée par le Grand-Duc Constantin avec douze régimens de cuirassiers russes mis à la disposition du général Wrede; Troyes fut occupée par l'infanterie du deuxième corps d'armée autrichien.. Vers midi les différens corps de la grande armée furent attaqués; l'armée bavaro - autrichienne conserva sa position; mais à minuit la retraite fut ordonnée.

Le 23, le général Wrede avoit son quartiergénéral à Troyes; l'infanterie autrichienne, commandée par le général Baron Volkmann, resta dans cette ville pour la défendre on ferma les portes et on garnit les remparts de canons. Le général françois Pircy la fit sommer de se rendre; sur le refus du général Volkmann, il fit canonner la ville; la garnison elle-même mit le feu aux faubourgs en y jetant des grenades. A dix heures du soir une batterie ennemie de pièces de 16 s'étoit approchée de la porte de Lapreze à une distance de soixante pas. Il y eut une brèche dans les anciens ouvrages mal entretenus; l'ennemi tenta l'assaut, mais sans succès. Il répéta ces tentatives à onze heures et vers minuit, sans être plus heureux.

Le 24, à deux heures du matin, le général

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Volkmann, d'après les ordres qu'il en avoit reçus, quitta Troyes; l'ennemi y entra à six heures du matin, après que deux escadrons de hussards de Szekler qui y étoient restés comme arrièregarde eurent encore exécuté une belle charge sur la cavalerie de la garde françoise, à laquelle on fit plusieurs prisonniers.

Cependant le gros de l'armée bavaro - autrichienne étoit arrivé au défilé de Montiéramey; pour pouvoir le passer sans obstacle, le Comte de Wrede fit charger l'ennemi par les deux régimens de hussards de l'Archiduc Rodolphe et de Szekler qui firent beaucoup de mal à l'ennemi et le forcèrent à se retirer. Mais à peine la cavalerie eut-elle passé le défilé, que l'ennemi se rassembla aussi et attaqua trois bataillons de la deuxième brigade d'infanterie qui avoit été laissés à Montiéramey. Le général Frimont se mit à la tête de ces bataillons, la brave infanterie soutint la charge de la cavalerie ennemie et la repoussa à une distance considérable.

Le 25, à la pointe du jour, l'armée bavaroautrichienne arriva à Bar-sur-Aube. Le quatrième corps d'armée du Prince Royal de Wurtemberg, placé à Vandoeuvre, formoit l'arrière-garde. Les troupes eurent ce jour-là quelque repos, et purent,

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