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la première fois depuis plusieurs jours, préparer

leurs repas.

Le 26, à quatre heures du matin, le général Wrede se chargea de nouveau de former l'arrièregarde de la grande armée qui se retiroit derrière Bar-sur- Aube. Vers cinq heures, l'ennemi, qui s'étoit placé devant la ville, commença à déboucher par la ville; mais un feu d'artillerie bien dirigé lui rendit impossible l'exécution de son plan; il retira ses colonnes et ne laissa dans la ville qu'un peu d'infanterie et quelques escadrons de lanciers de la garde. Comme on étoit convenu de reprendre le lendemain l'offensive, le général Wrede crut que la possession de Bar-sur-Aube étoit indispensable. Il ordonna en conséquence à un bataillon du huitième régiment d'infanterie de ligne de prendre cette ville à la baïonnette. Malgré la résistance de l'ennemi, la compagnie des grenadiers de ce bataillon pénétra, avec une bravoure admirable, par les faubourgs, jusqu'aux postes intérieurs de la ville. Dans ce moment le major de Massenhausen, qui arrivoit à la tête des autres compagnies, fut tué; sa chute inspira aux compagnies le désir de venger sa mort. N'écoutant que la voix de leur courage impétueux, elles poussèrent jusqu'à l'extrémité opposée de la ville, où elles se virent coupées par un bataillon

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de la garde qui avoit pénétré sur leurs derrières. Mais ces braves se retirèrent, en se frayant un chemin à travers l'ennemi supérieur en nombre, et atteignirent le deuxième bataillon d'infanterie légère qui étoit maître des faubourgs. On se maintint dans ceux-ci; dans l'affaire qui y eut lieu, le second aide-de-camp du général Wrede, le lieutenant Gulhy, fut tué.

Vers deux heures après midi, le Comte de Wittgenstein attaqua l'ennemi. Celui-ci, voyant son aile gauche en danger, retira sur la rive droite sa cavalerie, pour renforcer cette aile. Sur le champ le général Wrede envoya le général Volkmann avec un régiment de dragons, un régiment de hussards et cinq bataillons d'infanterie ; et le général Vieregg avec la première brigade de cavalerie bavaroise, pour soutenir le général Pahlen, menacé par le mouvement de l'ennemi. En même temps il fit attaquer par cinq autres bataillons la ville de Bar-sur-Aube dans le flanc gauche et de front, et envoya le colonel Hertling avec quatre autres bataillons de la première division bavaroise le long de la montagne, pour prendre l'ennemi à dos. L'ennemi avoit barricadé les issues de la ville et garni toutes les maisons; il se défendit avec la plus grande opiniâtreté, jusqu'à ce que la bravoure du dixième régiment

d'infanterie de ligne, commandé par le colonel de Théobald, réussit à forcer les barricades et à entrer dans la ville, la baïonnette en avant. On se battit encore avec acharnement pendant une demi-heure dans les rues de la ville, jusqu'à ce que ledit régiment pût en expulser l'ennemi. La perte de la ville décida le sort de la journée contre l'ennemi; dès ce moment il se retira de tous côtés, et fut poursuivi par différentes divisions. Mais comme la nuit étoit survenue, le général Wrede la passa, avec le gros de son armée, en dehors de la ville.

No XXVII.

Bulletin autrichien sur les événemens qui se sont passés du 21 au 26 février 1814.

APRÈS les combats qui ont eu lieu dans les plaines entre la Seine et la Marne, entre les François et l'armée de Silésie, l'Empereur Napoléon a pris l'offensive avec les renforts qui lui étoient arrivés, consistant en trente mille hommes qu'il a fait venir de l'armée d'Espagne, dans les restes des anciens régimens et dans des conscrits et gardes nationales. On estime la force de ces renforts à cent mille hommes. Ce fut avec cette armée que l'Empereur Napoléon livra, sur la rive

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droite de la Seine, des batailles à l'avant-garde de Wittgenstein et à Montereau au corps d'armée du Prince Royal de Wurtemberg.

Le général en chef Prince de Schwarzenberg fit passer la Seine à ses troupes à Troyes. Le 21 il entreprit une grande reconnoissance, où il y eut des affaires de cavalerie dans lesquelles la cavalerie prouva de nouveau sa supériorité sur celle de l'ennemi. On reconnut en même temps le terrain de Troyes, et comme on ne le trouva pas favorable pour livrer bataille, les deux armées du Prince de Schwarzenberg et du général Blücher se séparèrent.

Le 24 on évacua Troyes, et la grande armée prit la route de Vandœuvre, tandis que le général Blücher marcha par Tercis à Sézanne. Ainsi séparées, les deux armées continuoient leurs opérations. Pendant que celle du Prince de Schwarzenberg se renforce par les réserves dont la tête a déjà passé Vesoul, et est destinée à attirer à elle l'attention de l'ennemi, l'armée de Blücher marche en hâte sur la Marne, où elle se réunira avec les corps des généraux Wintzingerode, Bülow et Stroganoff qui sont arrivés à Soissons Rheims et Châlons. Sous les ordres du général Blücher tous ces corps formeront une masse de

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cent trente mille hommes qui opérera sur les derrières et les flancs de l'ennemi,

Le 25, le quartier - général du Prince de Schwarzenberg fut transféré de Troyes à Lusigny; il fut, le 24, à Bar-sur-Aube, et le 25, à Colombé. D'après les nouvelles du 26, l'armée françoise, qui suivoit avec beaucoup de circonscription, paroissoit avoir été étonnée, et en conséquence arrêtée dans ses mouvemens par la marche latérale de Blücher et la retraite de la principale armée. En conséquence le quartiergénéral qui devoit être transféré, le 26, à Chaumont, reste à Colombé. Outre quelques événemens il ne s'est rien passé d'important.

No XXVIII.

Proclamation du gouverneur général des pays situés entre le Rhin, la Moselle et la Sarre, datée de Trèves le février 1814.

DIEU a prononcé son jugement. Le Seigneur nous a sauvés. Il est descendu visiblement sous la forme de ses illustres représentans sur terre et a délivré l'humanité gémissante. Le règne du crime est anéanti. Du milieu de ses ruines s'élève une colonne de vapeurs exhalées du sang des victimes, des larmes des orphelins; elle crie au ciel

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