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No XXIX.

Bulletin autrichien sur le combat de la Ferté du 27 février 1814, daté du quartier-général de Colombé le même jour.

Pour éviter les combats de détail, qui ne peuvent être d'aucune utilité pour le but de nos opérations, le Prince de Schwarzenberg avoit retiré la grande armée dans une position concentrée derrière l'Aube, pendant que l'armée de Blücher passa le 24 cette rivière à Bau-de-Mont, pour attaquer le général Marmont, qui étoit encore à Sézanne, et commencer ainsi, d'accord avec les généraux Wintzingerode et Bülow, ses opérations offensives. L'ennemi ne suivoit la grande armée, sur les deux routes de Bar-sur-Seine et Bar-sur-Aube, qu'avec les corps de Victor, Oudinot et Macdonald, et la cavalerie de Milhaud.

Hier, l'ennemi déboucha de Bar-sur-Aube et occupa en même temps les hauteurs d'Arconval et le bois de Levigni. Les cinquième et sixième corps d'armée l'attaquèrent; il essaya d'abord de s'emparer des hauteurs de Vernonfait, en attaquant vivement, à la faveur de la forêt, notre aile droite avec des masses de cavalerie. Pendant que l'infanterie du Comte de Wittgenstein se replioit

sur les réserves du Prince Gortchakoff, le général Pahlen, soutenu par le Prince Eugène de Wurtemberg, tomba, par les hauteurs de Tranne et Levigni, sur les derrières de l'ennemi. En même temps l'infanterie et les réserves réunies attaquèrent l'ennemi à la bayonnette, et le chassèrent de cette position avantageuse, en lui causant une grande perte. L'ennemi voulut, par une violente attaque de cavalerie qu'il répéta jusqu'à trois fois, rétablir l'échec que ses troupes venoient d'éprouver; mais un feu de mitraille, supérieurement dirigé de la batterie russe, rendit vaines toutes ses tentatives, et porta le désordre et la confusion dans ses rangs. Il chercha alors à se maintenir sur la dernière hauteur de Bar-sur-Aube; mais une attaque de flanc bien conduite. par le général Tolzmann, et une autre commandée par lonel bavarois Hertling, soutenues par la cavalerie du général Spleny, lui enlevèrent cette dernière position, de manière que dès-lors ses dernières colonnes destinées à attaquer suivirent ses divisions fuyantes. Une résistancé qu'il essaya encore dans les défilés de la ville de Bar-sur-Aube fut infructueuse; le Comte de Wrede emporta cette ville d'assaut, malgré les batteries ennemies placées sur les hauteurs qui sont derrière la ville, et décida ainsi de la victoire.

le co

Les résultats de cette journée glorieuse ne sont pas encore parvenus, parce que la cavalerie poursuit encore l'ennemi. Jusqu'à présent il est tombé entre nos mains beaucoup de prisonniers, plusieurs canons et un grand nombre de fusils (1).

No XXX.

Proclamation du général Woronzoff, datée du quartier-général de Réthel le 27 février 1814.

FRANÇOIS, habitans des Ardennes, de l'Aisne et de la Marne, j'apprends avec regret, en parcourant votre pays avec un corps de troupes faisant partie de l'armée du Prince-Royal de Suède, qu'à l'instigation des commandans de quelques petites places dans le voisinage, et par suite de leurs rapports mensongers, plusieurs de vos communes se sont armées contre nous. D'habitans paisibles vous devenez des brigands; car chaque habitant qui a pris les armes, ne pouvant

(1) A ce rapport un bulletin officiel, daté de Colombé le premier mars, ajoute quelques détails : le nombre des prisonniers se montoit, au premier mars, à huit cents, et parmi eux se trouvoit le colonel Moncey, frère du ma¬ réchal. Le Prince de Schwarzenberg et le Comte de Wittgenstein y furent légèrement blessés.

combattre les troupes, attaque les voyageurs, les traîneurs, et, refusant d'obéir aux autorités militaires, doit être traité en voleur.

François, écoutez la voix de ceux qui ne veulent que votre bien. L'illustre chef de l'armée à laquelle nous appartenons est François comme vous; il vous est garant de notre sincérité. Ce n'est pas contre vous qu'il a pris les armes, mais contre votre Empereur qui, en vous sacrifiant, vouloit réduire toute l'Europe en servitude. Les Russes ne seroient pas ici, si une ambition folle et abominable n'avoit conduit vos frères à Moscou. Maintenant que nous sommes ici, nous ferons tout ce qui sera possible pour diminuer chez vous les maux inséparables de la guerre.

Habitans, je suis toujours là pour vous aider, pour vous protéger, pour punir ceux qui voudroient vous maltraiter. Venez avec confiance auprès de moi et auprès de chaque commandant russe, on aura égard à toutes vos plaintes; mais d'un autre côté conduisez-vous aussi comme de paisibles sujets soumis aux lois; cela sera le meilleur moyen pour assurer votre bien-être. Chaque commune, chaque village qui, après avoir reçu cette proclamation, sera encore rebelle et s'armera contre les troupes, sera détruit

de fond en comble: les maisons seront brûlées, et les habitans traités en brigands.

Signé Le Comte DE WORONZOff, lieutenant-général commandant un corps russe.

No XXXI.

Rapport du Comte de Wittgenstein sur le combat de la Ferté du 27 février 1814, daté de Barsur-Aube le 28 du même mois.

D'APRÈS les premières dispositions, le général Wrede devoit attaquer l'ennemi; le Prince Eugène de Wurtemberg forma la première ligne, et le Prince Gortschakoff conserva sa position sur les hauteurs de Lignot. Le Comte de Wittgenstein proposa de tourner par Arçonval l'aile gauche de l'ennemi, afin de menacer le pont de Doulencourt par lequel l'ennemi avoit débouché le 26 pour attaquer le général Wrede. Le Prince de Schwarzenberg adopta ce plan. Pendant que les Bavarois commencèrent leur attaque sur Bar-surAube, le Comte de Wittgenstein marcha en trois colonnes par les hauteurs vers Bar et Arentière. Le Comte de Pahlen avec toute la cavalerie et quelques bataillons d'infanterie se dirigea par Vernonfait et le moulin de Levigni vers Arçon

TOME IV.

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