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Parmi ces heureuses excursions, durant lesquelles on a fait constamment un nombre de prisonniers plus ou moins considérable, sans que nous ayons perdu beaucoup de monde, on remarquera les suivantes :

Le février, l'ennemi fut inquiété à la fois sur différens points, et, tandis qu'on lui enlevoit plusieurs postes avancés, il fut réduit à faire des signaux, et d'une très-grande distance à faire jouer sa grosse artillerie contre de petites patrouilles.

Le, l'ennemi, rassuré par la petite attaque de la nuit précédente, laissa approcher si près de Wilhelmsbourg une forte colonne sous les ordres du général Bulatof, et tirée du corps de Markoff, qu'elle réussit à surprendre plusieurs postes d'officiers, et à s'avancer jusqu'à la chaussée de communication entre Hambourg et Haarbourg; alors les batteries de Hambourg et de Haarbourg commencèrent à tirer sans nous causer le moindre dommage. Après avoir atteint ce but principal que l'on avoit eu en vue, nous rentrâmes dans nos cantonnemens avec les prisonniers que nous avions faits. La prompte retraite de l'ennemi nous a empêchés de le couper de

ses canons.

Le, le général Markoff entreprit une expédition contre Wilhelmsbourg, culbuta tous les postes de cette ile, et alarmant à la fois Hambourg et Haarbourg, il perça entre ces deux places en traversant les îles de Wilhelmsbourg, de Billwerder et d'Ochsenwerder, jusqu'au côté opposé où le général Doctoroff qui y commandoit avoit envoyé quelques bataillons au-devant de lui. Le résultat de ces trois expéditions est très - satisfaisant auprès de la petite perte qu'elles nous ont coûté et qui se monte à environ vingt hommes tués et blessés. On a aú contraire tué et blessé beaucoup de monde à l'ennemi, et on lui a pris huit officiers et trois cent trente-trois soldats.

Le

20 février

5 mars

le Prince Bagration, qui commande les avant-postes du côté d'Altona, après avoir journellement harcelé l'ennemi, entreprit une petite expédition contre Wilhelmsbourg; il culbuta les postes de carabiniers soutenus par de l'infanterie, et fit prisonniers treize cuirassiers et dix-huit fantassins, quoiqu'il n'eût eu que trois Cosaques de blessés.

La nuit suivante le

21 février

6 mars

le général Bulatof surprit les ouvrages extérieurs du fort de l'Étoile,

et, avec une perte aussi insignifiante, fit prisonniers dix officiers, six sous-officiers et soixante

neuf soldats.

27 au 28 février

II au 12 mars

Dans la nuit du le Prince Bagration surprit si heureusement le grand poste ennemi de carabiniers sur Wilhelmsbourg, qu'il enleva quarante-trois cuirassiers et trente-neuf chasseurs à cheval, sans avoir un seul de ses gens de tués. Les prisonniers assurèrent qu'un de leurs officiers avoit été tué.

Du côté de Haarbourg, où le général anglois Lyons commande actuellement une partie de l'armée assiégeante, il y a eu plusieurs petits engagemens; toutes les sorties que l'ennemi a voulu faire ont été repoussées avec perte. Les troupes hanovriennes, postées de ce côté, savent tenir l'ennemi en respect. Le général en chef a au reste pris les mesures convenables contre les sorties que peut faire la garnison de Hambourg. Les généraux de cavalerie Tschaplitz et Chepelef ont le commandement de tous les avant-postes, et les généraux Doctoroff, Tolstoy et Markoff les soutiennent avec leurs divisions d'infanterie. Le général Lyons as devant Hambourg, un corps mêlé de Russes, de Hanovriens et de Hanseatiques..

Le général en chef a de nouveau détaché vers le Rhin plusieurs corps de cavalerie, et n'en conserve devant Hambourg et Haarbourg que ce qui est nécessaire pour y faire le service; il fait venir au contraire des détachemens considérables d'infanterie pour se renforcer. Le dégel, qui sans doute va bientôt se faire sentir, exigera devant Hambourg et Haarbourg un nouveau genre d'opérations auxquelles on se prépare. Plusieurs déserteurs, parmi lesquels se trouvent même des officiers françois, nous ont mis bien au fait de la force et de l'esprit de la garnison. Si on n'a égard qu'au nombre, la garnison de Hambourg forme encore un corps considérable, mais en considérant son état moral et physique on doit la réduire à la moitié.

A la demande du Prince souverain des PaysBas le général commandant a permis de former à Blankenese une compagnie composée de prisonniers et de déserteurs hollandois qui sera envoyée en Hollande. De cette manière plusieurs centaines de ces infortunés sortis de Hambourg, cette ville malheureuse qu'on doit regarder comme une des dernières prisons qui restent à Napoléon, sont allés combattre pour l'indépendance de leur patrie.

8.

Ordre du jour, daté de Pinneberg le 6 avril 1814.

L'ENNEMI ne cesse de brûler et de dévaster d'une manière révoltante pour tout homme qui n'a pas perdu tout sentiment d'humanité. Il n'existe pas de motif militaire qui puisse justifier une conduite dont rougiroient les hordes barbares de l'Afrique et de l'Amérique méridionale. Que l'on porte les yeux sur les environs de Hambourg et de Haarbourg! Près de la dernière de ces villes l'ennemi vient de brûler les villages d'Eisendorf, Appenbuttel, Edelsdorf, Lieberode, Ronneberg, Wilsorf et Neuhof, sans que les paisibles habitans de ces lieux aient fourni le moindre prétexte à une conduite si atroce. Ne doit-on pas chercher la source de cette fureur insensée dans le désespoir auquel les garnisons françoises renfermées dans Haarbourg et dans Hambourg ont sans doute été réduites en apprenant que les armées françoises ont été battues en France sur tous les points; que les alliés sont près de Paris; que le général Wellington s'est avancé jusqu'à Bordeaux où il a été reçu à bras ouvert et avec des acclamations universelles? 11 seroit injuste de ne pas

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