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misseaux de terre, vous voudriez vous y opposer! Je ne dois rendre compte de ma conduite qu'à Dieu et à Jésus-Christ. Croyez-vous que je sois homme à baiser la mule d'un pape? Si cela ne dépendoit que de vous, vous me couperiez le nez, vous me couperiez les cheveux, vous me tondriez, vous me jetteriez dans un couvent, comme Louis-le-Débonnaire, et vous me relégueriez en Afrique. Ignorans! imbécilles! prou. vez-moi par l'Évangile que Jésus-Christ a établi un Pape pour son vicaire, comme successeur de saint Pierre, et qu'il a le droit d'excommunier les souverains. Ne savez-vous pas que toutes les puissances viennent de Dien? Si vous voulez espérer ma protection, suivez la doctrine de l'Évangile, selon la manière dont les apôtres l'ont prêchée. Si vous êtes de bons citoyens, je vous protégerai; sinon, je vous chasserai de mon empire je vous disperserai comme les Juifs. Vous êtes sous l'évêché de Malines; présentezvous devant votre évêque, faites- y votre confession, signez-y le concordat; il vous fera con noître mes intentions. J'établirai un autre évêque à Bois-le-Duc pour ce district là.

Y a-t-il ici un séminaire, demanda Napoléon, et sur l'affirmative, il dit au préfet des Deux-Nethes Monsieur, vous aurez soin qué

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ceux-ci prêtent le serment sur le concordat. Allez visiter le séminaire; faites qu'on y enseigne la pure doctrine de l'Évangile, afin qu'il en sorte des hommes plus éclairés que ces imbécilles-ci de Louvain, où l'on n'enseigne qu'une doctrine bizarre. Monsieur le préfet, vous arrangerez les affaires des églises d'une manière convenable, égale pour les cultes, afin que je n'en entende plus parler.

No II.

Message du Roi de Hollande au Corps législatif, du 1er juillet 18:10.

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LE ROI AU CORPS LEGISLATIF,

MESSIEURS

JE charge mes ministres assemblés en conseil privé de communiquer à votre assemblée la résolution à laquelle je me suis vu forcé par l'occupation militaire de ma capitale. Les braves soldats françois n'ont d'autres ennemis que ceux de la cause commune, les ennemis de la Hollande et les miens; ils avoient droit à être reçus avec tous les égards et toutes les prévenances, et ils l'ont été. Il n'en est pas moins certain que

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dans la situation actuelle de la Hollande, lorsque toute une armée, une troupe de douaniers, l'armée nationale elle-même, soustraite au pouvoir du gouvernement, lorsque, en un mot, tout, la seule capitale exceptée, se trouve sous les ordres d'un général étranger, que dans ces circonstances j'ai dû déclarer au maréchal Duc de Reggio et au chargé d'affaires de l'Empereur, que, si l'on occupoit la capitale et son arrondissement, je regarderois cette mesure comme une violation manifeste du droit des gens, et des droits les plus sacrés de l'homme. C'est ce qui m'a déterminé à refuser aux douaniers l'entrée de Muyden, Narden et Diemen. J'en avois le droit, puisque le traité ne permet la présence des douaniers que sur les côtes de la mer, et aux embouchures des fleuves.

Le 16 juin je reçus, par le chargé d'affaires de l'Empereur, l'assurance que l'intention de S. M. n'étoit pas d'occuper Amsterdam. Vous recevez ci-joint copie de cette déclaration. Je formai l'espérance qu'on reviendroit à observer exactement et à ne plus violer un traité dont les conditions avoient été présentées par S. M. l'Empereur lui-même. Malheureusement cette illusion a été de courte durée, et j'ai reçu la communication que vingt mille hommes de

troupes françoises se concentroient près d'Utrecht et dans les environs. Malgré la rareté du numéraire et les embarras de nos finances, je me suis engagé à pourvoir ces troupes de vivres et de tout ce dont elles auroient besoin, quoique le traité dise que six mille hommes seulement seront entretenus aux frais de la Hollande. Mais je craignois en même temps que cette réunion de troupes ne se fît dans d'autres desseins préjudiciables à notre gouvernement; je ne me suis pas trompé; car avant-hier, 29, je reçus l'avis officiel que S. M. l'Empereur insiste sur l'occupation de la capitale et sur la translation du quartier-général dans cette ville.

Vous ne devez pas douter, Messieurs, que dans cet état des choses je ne me fusse soumis avec résignation à de nouvelles humiliations, si j'avois pu me livrer à l'espoir de me soutenir dans cet ordre de choses et de prévenir au moins de nouveaux malheurs, Mais je ne puis me livrer plus long-temps à des illusions. J'ai signé un traité prescrit par la France, parce que je vivois dans la persuasion que les points de ce traité les plus désagréables à la nation et à moi ne seroient pas exécutés, et qu'en renonçant pour ainsi dire à moi-même dans cet acte, toutes les autres difficultés entre la Hollande et la France seroient

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aplanies. Il est vrai que le traité renferme une foule de motifs spécieux pour de nouvelles plaintes et des inculpations; mais celui qui en cherche peut-il manquer de prétexte? Je dus donc me confier aux déclarations et aux communications qu'on me fit pendant la rédaction du traité; je - dus me promettre tout des déclarations formelles et expresses que je ne pouvois m'empêcher de faire. C'est ainsi que, par exemple, je déclarai que les douaniers ne se mêleroient que des affaires du blocus ; que les troupes françoises n'occuperoient que les côtes; que les domaines des créanciers de l'état et ceux de la couronne seroient

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respectés ; que la France se chargeroit des dettes pays cédés; enfin du nombre de troupes à fournir seroient déduites celles qui dans le moment se trouvent à la disposition de la France en Espagne. De la même manière on devoit accorder un délai convenable à l'égard des préparatifs de mer. Je me flattois sans cesse que le traité seroit modifié en beaucoup de points. Je me suis trompé ; et si le dévouement absolu à mon devoir n'a servi, au premier avril, qu'à prolonger l'existence du pays pendant trois mois, j'ai la douloureuse satisfaction d'avoir rempli mon devoir jusqu'au dernier moment, et, s'il m'est permis de me servir de cette expression, d'avoir

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