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verain et ses généraux, en sa juste cause, en sa force, et Dieu fut avec lui. Faites de même, car, comme eux, nous combattons pour la liberté de la patrie.

Que la confiance en Dieu, le courage et la patience soient nos devises.

Signé FRÉDÉRIC-GUILLAUME.

N° IV.

Ordre du jour du général Blücher, du 23 mars 1813.

PRUSSIENS,

Nous franchissons les limites de notre territoire, et nous entrons dans un pays étranger non comme ennemis, mais comme libérateurs. Combattant pour notre indépendance, nous ne voulons pas opprimer un peuple voisin, parlant la même langue, professant la même foi que nous, ayant autrefois souvent joint ses troupes aux nôtres, éprouvant la même haine contre l'oppression étrangère, et n'ayant pu jusqu'à présent prendre les armes contre les satellites de la tyrannie étrangère, parce que la politique erronée de son gouvernement abusé par les artifices de la

France l'en a empêché. Montrez-vous doux et humains envers ce peuple, et regardez les Saxons comme les amis de la cause sacrée de l'indépendance de l'Allemagne, cause pour laquelle nous avons couru aux armes; regardez-les donc comme devant être un jour vos alliés. Les habitans de la Saxe, de leur côté, satisferont d'une manière convenable à vos justes demandes. Imitez l'exemple de vos frères d'armes du corps d'armée d'York. Quoiqu'ils soient depuis long-temps sur un territoire étranger, ils ont, par leur discipline sévère, maintenu l'honneur du nom prussien.

Quant à l'indigne individu qui profane par des violences la renommée de la discipline prussienne, je ne le reconnoîtrai pas pour un des nôtres; mais mais je ferai châtier son crime par des peines déshonorantes. Soldats de mon armée, vous me connoissez; vous savez que j'ai pour vous la sollicitude d'un père; mais vous savez aussi que je ne souffre pas les écarts, et que vous trouverez en moi un juge inexorable. Que l'on ait à se conformer à ceci.

Bunzlau, le 23 mars 1813.

Signé BLÜCHER.

N° V.

Proclamation adressée aux Saxons par le général Blücher, en date du 23 mars 1813.

SAXONS "

C'EST nous, vos voisins les Prussiens, qui entrons sur votre territoire, en vous tendant une main amie. Le Dieu des armées a, dans l'orient de l'Europe, prononcé une sentence terrible, et l'ange de la mort a par l'épée, le froid et la faim, fait disparoître de dessus la face de la terre trois cent mille de ces étrangers qui, dans la présomption de leur bonheur, voulurent la subjuguer. Nous allons où nous dirige le doigt de la Providence, afin de combattre pour la sûreté des anciens trônes, et pour notre indépendance nationale. Avec nous vient un peuple brave qui a rejeté avec fierté l'oppression étrangère, et qui, plein du noble sentiment que lui inspirent ses victoires, promet la liberté aux peuples subjugués. Nous vous apportons l'aurore d'un jour nouveau. Le temps est enfin arrivé de rejeter un joug odieux, qui depuis six ans pesoit affreusement sur nous.

Une guerre commencée malheureusement et encore plus malheureusement terminée, nous

arracha le traité de paix de Tilsit; mais des articles si durs de ce traité, on ne nous en a pas tenu un seul. Chaque traité qui suivit aggrava la dureté des conditions de celui qui l'avoit précédé. C'est pourquoi nous rejetons ce joug honteux, et nous volons aux combats pour recouvrer notre des exploits glorieux.

liberté par

Saxons, vous êtes un peuple généreux et éclairé, vous savez que sans indépendance tous les biens de la vie n'ont aucun prix pour les hommes qui ont des sentimens nobles; que l'esclavage est ce qu'il y a de plus ignominieux; vous ne pouvez supporter, vous ne supporterez pas plus longtemps la servitude; vous ne souffrirez pas plus long-temps qu'une politique fausse et artificieuse pour exécuter ses projets artificieux et dévastateurs, exige le sang de vos enfans, épuise les sources de votre commerce, paralyse votre industrie, anéantisse votre liberté de la presse, et rende votre pays, jadis si heureux, le théâtre de la guerre. Déjà le vandalisme des étrangers qui vous oppriment a détruit inutilement et méchamment votre plus beau monument d'architecture, le pont de Dresde (1). Levez-vous, réunissez-vous

(1) Ce fut le maréchal Davoust qui ordonna la destruction de ce pont, cité avec raison par les Saxons parmi

à nous, levez l'étendard de l'insurrection contre les usurpateurs étrangers, et soyez libres.

Votre souverain est au pouvoir des étrangers. 11 est privé de la liberté de prendre un parti. Déplorant les démarches qu'une politique perfide l'a forcé à faire, nous voulons aussi peu les lui imputer que vous en faire porter la peine. Ce n'est que pour votre souverain que nous prenons l'administration des provinces de votre pays, que la fortune, la supériorité de nos armes, et la bravoure de nos troupes nous soumettront. Satisfaites aux besoins de nos soldats, et attendezvous de notre part au maintien de la discipline la plus sévère. Que tout homme foulé ait accès auprès de moi qui commande les Prussiens; j'écouterai toutes les plaintes, j'examinerai toutes les requêtes, je punirai rigoureusement toutes les infractions à la discipline.

Tout individu, même le plus mince, peut s'approcher de moi avec confiance, je l'accueillerai avec bienveillance.

les monumens dont la capitale pouvoit s'honorer. Si, comme on l'assure, et comme les événemens subséquens paroissent l'avoir prouvé, cette destruction étoit inutile, le maréchal Davoust peut se vanter d'avoir, par cet acte, fait plus de tort à l'Empereur Napoléon que par la perte d'une bataille rangée.

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